Falko de Hus, un V12 encore en rodage

Portrait craché de son père Baloubet du Rouet, bien qu’ayant un modèle plus harmonieux, Falko de Hus montre un énorme potentiel qu’il exprimera sûrement de mieux en mieux avec l’âge. Gilles Botton, qui l’a monté à quatre ans, et François-Xavier Boudant, son cavalier actuel, l’estiment promis à une carrière au plus haut niveau.



Dès le premier coup d’œil, impossible de douter de la paternité de Falko de Hus (ISO 111, SF, Baloubet du Rouet x Vivaldi du Seigneur). Ce grand alezan est signé par son père Baloubet du Rouet, même s’il présente un modèle un peu plus harmonieux que ne l’était l’illustre fils de Galoubet A. Comme son père dans ses plus jeunes années, Falko de Hus a encore besoin d’apprendre à canaliser son énergie, sa puissance et son énorme amplitude, mais montre un potentiel qui semble le prédisposer à briller dans quelques années au plus haut niveau en saut d’obstacles.

Falko est né chez Xavier Marie, au haras de Hus, en Loire-Atlantique, et a tout de suite été remarqué par le propriétaire des lieux. “Quand il est né, Xavier Marie a beaucoup aimé le poulain, qui était assez charismatique et ressemblait beaucoup à Baloubet”, raconte Gilles Botton, responsable des jeunes chevaux au haras de Hus et premier cavalier de Falko. “Lorsqu’il était poulain, il a été sélectionné pour les ventes Flanders Auction, mais les enchères ne sont pas montées autant que nous l’espérions, donc nous l’avons racheté. Ensuite, nous avons reçu quelques propositions de certains grands éleveurs belges qui voulaient l’acquérir, mais nous avons refusé les offres.” Le Belge se souvient également de Venise de Hus Z (Zang, Vivaldi du Seigneur x Argentinus), la mère de Falko, qui a seulement concouru à l’âge de quatre ans: “Venise était vraiment une belle jument. Elle avait les genoux un peu bas, mais un très bon passage de dos. Elle n’était pas très grande, toisait environ 1,64 m, mais bougeait comme une déesse pour une jument aux origines orientées saut d’obstacles.”

Gardé entier, Falko est présenté aux qualificatives étalons Selle Français à deux ans, avec une petite déception à la clé. “À deux ans, nous avons commencé à le faire sauter et voyions déjà qu’il était hors normes”, explique Gilles Botton. “Le cheval était fantastique et nous l’avons présenté à l’approbation Selle Français en étant quasiment sûrs qu’il serait approuvé. À Saint-Lô, le cheval a fait bonne impression par son modèle et ses allures, et avait déjà déclenché de très grosses offres avant même qu’il ne saute. Lors de son passage, après avoir franchi quelques obstacles, il s’est tout d’un coup bloqué et n’a plus voulu sauter une barre... Il était tout à fait différent de tout ce qu’il nous avait montré avant, où il était guerrier et très volontaire. Je n’avais pas compris son comportement car il était impossible pour moi que ce cheval s’arrête. À son retour au camion, il a commencé à gratter et était en transe. En fait, il était en pleine hernie inguinale, donc nous l’avons directement conduit à une clinique vétérinaire proche, chez Christopher Stockwell. Le problème s’est heureusement réglé et il a pu reprendre sa formation à trois ans. Monté, il était incroyable, avec une énorme action et beaucoup de sang, mais très gentil et très intelligent, ce qui le rendait assez simple, même s’il avait besoin d’être assez structuré dans le travail. Il était très respectueux. S’il avait le malheur de tutoyer une barre, il était au-dessus d’un mètre sur le saut d’après! Il s’est qualifié aux Herbiers puis a été approuvé SF lors de la finale de Saint-Lô. Au testage, où il a été classé Très Prometteur, il a été apprécié par beaucoup de monde, même si c’était un cheval avec un grand physique, beaucoup d’amplitude et d’énergie et qu’il fallait attendre.” Son cavalier forme alors le jeune talent sur le Cycle classique des quatre ans, avec sept sans-faute sur onze parcours, avant que le cheval soit vendu au Groupe France Élevage d’Arnaud Évain. “À quatre ans, le cheval était au point et cherchait toujours à bien faire, mais nous ne l’avons pas emmené à la finale de Fontainebleau pour laquelle il s’était qualifié”, poursuit Gilles Botton. “Arnaud Évain était déjà très intéressé par Falko car il le suivait depuis ses deux ans. Il avait même failli l’acheter à trois ans, mais nous avions refusé. Finalement, il est revenu pour l’essayer à quatre ans. L’essai s’est très bien passé, il était admiratif et l’a acquis. Ils l’ont ensuite confié à François-Xavier Boudant, ce dont j’étais très content car je trouvais qu’il pouvait bien convenir au cheval. Je crois qu’il devrait connaître une grande carrière vu la façon dont il est géré!”



Un cheval hors normes à canaliser

Falko de Hus est donc arrivé l’hiver dernier dans les écuries de François-Xavier Boudant, qui ne tarit pas d’éloges sur le cheval qu’il pense promis à un très bel avenir, même s’il faut encore le laisser mûrir et prendre son temps. “Je pense que c’est un super cheval et qu’il est vraiment hors normes”, confirme le cavalier normand. “La priorité est d’arriver à canaliser son amplitude et son énergie, même s’il est souple et parvient facilement à se raccourcir. En revanche, il a déjà un formidable équilibre, une détente énorme et une classe de galop incroyable. Il a tellement de puissance et d’influx qu’il faut parvenir à le canaliser, mais je pense que c’est vraiment un cheval pour le grand sport. Cet excès d’énergie et de volonté est un peu handicapant pour le circuit des cinq ans, mais c’est un bon présage pour la suite. Je pense qu’il est simplement encore jeune et qu’il faut lui laisser un peu de temps. Quand on le monte, il est calme, mais dès qu’on met le moteur en route, on comprend assez vite qu’on est sur un V12 (moteur extrêmement puissant apparu dans le domaine de l’aviation dans les années 1910, ndlr). En revanche, il n’est pas du tout chaud et énervé, et je peux le monter en filet simple sans aucun problème. Juste avant le confinement, nous avions signé un super double sans-faute à Saint-Lô.”

Falko de Hus est un fils de Baloubet du Rouet, que l’on ne présente plus. Gagnant d’une multitude de Grands Prix, trois fois vainqueur consécutif de la finale de la Coupe du monde, Baloubet a aussi été sacré champion olympique en 2004 à Athènes avec Rodrigo Pessoa. Depuis plus de dix ans, cet emblématique crack fait partie des meilleurs étalons mondiaux, s’imposant pendant six années d’affilée dans le top cinq du classement établi par la WBFSH, dont il a été leader en 2012 et 2013. Comptant plus d’une centaine de produits ayant évolué au plus haut niveau, on peut notamment citer Sydney Une Prince (ISO 174, SF, d’une mère par Alfa d’Elle), championne olympique par équipes à Rio de Janeiro avec Roger-Yves Bost, et Bubalu VDL (KWPN, d’une mère par Nimmerdor), champion du monde par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Normandie avec Jur Vrieling, ou d’autres vainqueurs en Grands Prix CSI 5* comme Chaman (KWPN, d’une mère par I Love You) avec Ludger Beerbaum, G&C Arrayan (KWPN, d’une mère par Grannus) avec Sergio Alvarez Moya, Bonne Chance CW (KWPN, d’une mère par Cambridge) avec Janika Sprunger, Southwind VDL (KWPN, d’une mère par Ahorn) avec Cameron Hanley et Tiffany Foster, ou encore l’incroyable Palloubet d’Halong (ISO 175, SF, d’une mère par Muguet du Manoir) avec Janika Sprunger.

 



Un petit-fils de Banda de Hus

Falko est le premier produit de Venise de Hus Z, une fille de Vivaldi du Seigneur (sBs, Chellano Z x Darco), étalon ayant accédé à de belles épreuves à 1,50m avec Marine Blondet avant d’être confié à Pénélope Leprevost à l’âge de neuf ans. Victime de graves coliques, Vivaldi du Seigneur a été retiré de la compétition pour se consacrer uniquement à la reproduction. Il est issu d’une famille maternelle riche en très bons gagnants, et compte comme frères utérins Tic Tac du Seigneur (sBs, Clinton), très per- formant avec Ben Maher, Amour du Seigneur (sBs, Schilling) et Boyfriend du Seigneur (sBs, Calvaro). La mère et la grand-mère de Vivaldi, Panama du Seigneur (sBs, Darco x Heartbreaker) et Mic Mac du Dieu Démon (sBs, d’une mère par Pachat II), ont également toutes les deux concouru sur la scène internationale. La production de Vivaldi du Seigneur est encore jeune, avec une première génération qui prend onze ans, mais compte déjà quelques gagnants à un bon niveau comme Pomerol (sBs, d’une mère par Clinton), H5 Jemousin van den Dael (BWP, d’une mère par Lipton) ou Valentino de Hus Z (Zang, d’une mère par Trophée du Rozel).

Banda de Hus (Old, Argentinus x Lefèvre), la grand-mère de Falko, avait été ache- tée par le haras de Hus à l’âge de trois ans. Après avoir débuté la compétition avec Marc Dilasser et Yoann Le Vot dans les épreuves Jeunes Chevaux, elle a déroulé une belle carrière internationale avec Kevin Staut puis Grégory Wathelet avant d’être vendue aux États-Unis. Banda a notamment produit plusieurs chevaux gagnants internationaux comme Colisée de Hus Z (Zang, Cirhus), Farouk de Hus Z (Z, For Hero de Hus) ou Uranhus (SF, Lamm de Fétan), et apparaît également comme grand-mère de Brooklyn de Hus (SF, Conrad x Fergar Mail) qui a évolué avec Abdelkebir Ouaddar avant de partir chez Cian O’Connor. Banda est aussi une sœur utérine de Cool Down 7 (Old, Catoki), évoluant à haut niveau avec Ludger Beerbaum. Issue d’une souche maternelle très riche en champions internationaux, que ce soit en saut d’obstacles ou en dressage, elle trouve des liens de parenté avec Sans Soucis Z (Zang, Surrealist van’t Paradijs x Voltaire), Blankonette II (Old, Corlando x Inschallah, AA), Casirus (Old, Casiro I x Landor S), Carlos (Old, Carolus I x Grandeur), Bangkok Girl PP (Old, Balou du Rouet x Quo Vadis), Casino Berlin (Old, Berlin x Landor S), Jackie Brown 4 (Han, Lord Pezi x Grandeur) ou encore Lord Pepsi (Old, Lord Pezi x Santander H).

Falko de Hus a débuté la monte en 2019 et ses premiers poulains sont nés cette année. Pour Gilles Botton, son avenir dans l’élevage semble aussi brillant que dans le sport. “Je pense qu’il va très bien produire. Les premiers poulains que j’ai vus sont vraiment beaux, avec beaucoup de rayons et de belles sorties d’encolure. Il devrait donner de très bons poulains avec un mental de guerrier et une volonté de bien faire. Il devrait léguer ses grandes qualités, à savoir son amplitude, son intelligence de la barre et son côté guerrier. Pour moi, il pourrait bien convenir à des juments auxquelles il faudrait ramener un peu de sang et d’action.”

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX n°118 de juillet-août 2020