“Avant Herning, personne ne pensait que Bosty serait champion d’Europe”, Claude Lebon

Inutile de présenter Claudius, le fidèle groom des chevaux de Roger Yves Bost, champion olympique par équipe à Rio en 2016 avec Sydney Une Prince (SF, Baloubet du Rouet x Alpha d’Elle). En août 2013, celui que peu nomment Claude Lebon a vu sa dévotion récompensée après d’innombrables années de bons et loyaux services par la première victoire du cavalier francilien en individuel lors des championnats d’Europe d'Herning, au Danemark, sur Castle Forbes Myrtille Paulois (SF, Dollar du Mûrier x Grand Veneur). Sept ans plus tard, l'homme de l'ombre revient sur les coulisses de cet exploit.



Aviez-vous une relation particulière avec avec Myrtille Paulois? 

Je me suis toujours occupé d’elle comme de tous mes chevaux de Grand Prix, sans traitement de faveur! On est forcément toujours un peu plus attentif au cheval de tête, mais tous les chevaux bénéficient des mêmes soins car nous avons besoin que chacun d’entre eux soit dans les meilleures conditions possibles. 

Comment était-elle à l’approche des championnats d'Europe d'Herning? 

Les jours qui ont précédé le championnat, Myrtille était au meilleur de sa forme. Je ne pense pas qu’elle ait ressenti de pression particulière car elle ne paraissait pas plus stressée qu’avant n’importe quelle autre compétition. D’ailleurs, Bosty ne l’avait jamais trouvée aussi bien! À chaque fois qu’il la montait, il était ravi. Lui aussi était confiant. 

Myrtille Paulois et Roger-Yves Bost n'étaient à ce moment-là pas particulièrement pressentis pour remporter une médaille d'or individuelle...

Bosty et Myrtille n’étaient effectivement pas attendus dans ce championnat. S’ils ont été sélectionnés, c’est surtout pour leurs qualités dans les épreuves de vitesse car les résultats de la Chasse déterminaient la position de départ de l’équipe de France dans la Coupe des nations. À Herning, nous avons toutefois pu constater que Myrtille évoluait de mieux en mieux au fur et à mesure de la compétition, ce qui a eu pour effet de mettre Bosty en confiance. Comme à chaque concours, il venait la monter tous les matins pour éviter les courbatures, effectuer quelques réglages et elle se montrait toujours aussi disponible. Par chance, le terrain lui convenait parfaitement et elle adorait la piste!

Ressentiez-vous la pression comme pouvait la ressentir le cavalier? 

Tout d'abord, le jour de la finale a très mal commencé pour moi puisque le matin-même, je n’étais pas aux écuries. Je me suis fait retirer mon badge d’accès la veille car je m’étais assis sur une malle avec une cigarette qui n’était même pas allumée. Ce sont mes collègues de l’équipe de France et Bosty qui se sont occupés de Myrtille avant que je ne puisse accéder à son box. Avant les championnats, personne ne pensait que Bosty serait champion d’Europe. Mais au fur et à mesure des parcours, les sans-fautes s’enchaînaient et une fois l’équipe de France bien placée pour la finale, nous avons senti que les gens commençaient à s’intéresser à ce qu’il se passait. Nous avions des nouvelles de la France et recevions des messages pour nous informer que certains organisateurs de concours avaient disposé des écrans sur lesquels étaient retransmis les championnats d’Europe. À ce moment-là, la pression a commencé à se faire ressentir et nous avons compris qu’il se passait quelque chose de spécial.

Comment avez-vous vécu cette victoire inattendue? 

Le fait que Myrtille et Bosty aient surpris tout le monde n’a rien changé au sentiment de victoire pour moi. Mais pour lui, c’était une sorte de revanche car, même avant cela, il n’était jamais parti favori dans un tel championnat. Cette victoire a également fait plaisir a beaucoup de cavaliers concurrents et étrangers, ce qui est assez unique! Cela a marqué les gens, il y a eu un moment d’euphorie en France les mois qui ont suivi. En ce qui me concerne, c’est l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière. C’était la toute première grande victoire de Bosty en catégorie Senior et en individuel, ce qui est différent d’un titre par équipes, comme celui de champions olympiques remporté en 2016. À Rio, le sentiment était seulement similaire dans le sens où Bosty n’était pas du tout pressenti pour faire les résultats qu’il a faits et remporter la médaille d’or. La victoire de Myrtille est arrivée à un moment où cela faisait longtemps que nous attendions une consécration, mais je n’étais pourtant pas parti à Herning en pensant revenir avec une médaille en individuel. C’était le bon timing, à la fois pour le cavalier et pour la jument. J’étais fier de Myrtille, mais aussi de Bosty qui a monté à la perfection du premier au dernier jour, si bien que je n’avais que rarement vu la jument sauter d'une si belle façon. C’était leur semaine !

Revivez la victoire de Roger Yves Bost et Castle Forbes Myrtille Paulois aux championnat d'Europe d'Herning en 2013