“Je nourris encore quelques regrets quant à cette quatrième place aux JO de Barcelone”, Hervé Godignon

Durant tout l’été, GRANDPRIX retrace des victoires et des défaites fondatrices de grandes carrières et qui ont marqué l’histoire des sports équestres. Cette semaine, retour sur la frustrante quatrième place individuelle de Hervé Godignon et Quidam de Revel, lors des Jeux olympiques de Barcelone en 1992.



9 août 1992, au Real Club de Polo de Barcelone. Au cœur de l’été hispanique, la finale individuelle de saut d’obstacles des Jeux olympiques bat son plein. Tous les espoirs de médaille individuelle reposent sur Hervé Godignon et Quidam de Revel (SF, Jalisco B x Nankin). Quatre points lors de l’ultime manche leur ont coûté un podium olympique, le duo devant se contenter d’une médaille… en chocolat !

Ce jour-là, le parcours dessiné par le chef de piste Nicholas Alvares de Bahorques, composé de dix obstacles et treize efforts, ne sourit malheureusement pas au Tricolore et à son étalon de dix ans. Alors que le couple part sereinement, la deuxième barre de l’oxer à l’entrée du double n°4 tombe. Dans GRANDPRIX Heroesn°111 publié en mai 2019, Hervé Godignon est revenu sur cette faute lourde de conséquences: “La photo (en tête d’article, ndlr) a été prise un poil tôt, mais je crois que c’est cet obstacle que j’ai fait tomber en seconde manche de la finale individuelle… Sans cette faute, il y aurait peut-être eu un film intitulé “Quidam”!”, faisant là référence au film de Guillaume Canet, Jappeloup, qui revient sur l’histoire du hongre, sacré champion olympique en 1988 avec Pierre Durand. Le couple n’ajoute que ces quatre points à son compteur, la suite de l’enchaînement se déroulant sans difficulté majeure, si ce n’est une petite frayeur dans le demi-tour suivant l’oxer numéro sept, les postérieurs de l’étalon dérapant sensiblement.

Avec des “si”, on refait le monde. Mais sans cette barre, Hervé Godignon – qui participait en Espagne à ses premiers Jeux olympiques – et son Selle Français se seraient adjugés la médaille de bronze, derrière l’Allemand Ludger Berbaum en selle sur Classic Touch et le Néerlandais Piet Raymakers associé à la légendaire Ratina Z, intouchables avec respectivement un cumul de zéro et 0,25 pénalités sur cette semaine de compétition. Avec un total de 6,25 points, c’est à la rageante quatrième place qu’a conclu le couple tricolore…



“J’avais assumé mon ambition de médaille… Et j’ai raté”

Bien des années plus tard, le cavalier a avoué “nourrir encore quelques regrets quant à cette quatrième place.” Une déception d’autant plus grande à l’époque qu’une médaille était l’objectif affiché du Normand d’adoption: “J’avais plus qu’assumé mon ambition de médaille, ayant passé toute l’année à le répéter et admis que revenir sans serait un échec… Et j’ai raté.” 

Un échec qui rend cette première expérience olympique particulière, “à la fois l’un de mes meilleurs et pires souvenirs. Nous étions si proches du but…”, regrette le cavalier de Quidam de Revel. Son caractère de compétiteur a un temps pris le dessus, Hervé confiant être “resté deux ou trois jours sans pouvoir parler. Quand on est un gagneur, on ne peut pas faire bonne figure après ça, d’autant que je n’arrive pas à cacher mes sentiments, qu’ils soient heureux ou tristes.”

Quelques jours plus tôt, le 4 août précisément, l’équipe de France a fini sur la troisième marche du podium dans la compétition par équipes. Hervé Godignon, alors entouré de Michel Robert, Éric Navet et Hubert Bourdy, s’est souvenu: “Nous avions heureusement décroché la médaille de bronze par équipes, ce qui m’a un peu consolé. Il y avait une ambiance fabuleuse entre nous cette année-là. À l’époque, le vivier de l’équipe de France était plus restreint et la majorité de nos compétitions étaient des CSIO, donc des concours par équipes. De ce fait, nous étions plus soudés et avions réellement créé quelque chose. Et puis, il y avait de sacrés personnages dans ce groupe!”



“C’est plus un regret qu’une frustration”

Une médaille individuelle est ce qu’il manquera toujours au palmarès de Hervé Godignon, qui ne s’en formalise pas outre-mesure, bien qu’ayant été à un doigt d’en remporter une. “C’est plus un regret qu’une frustration. Je me suis sportivement réalisé. Cela ne remet en cause ni mon égo, ni la reconnaissance de la profession.” L’expérience lui a aussi permis de relativiser cette malheureuse barre. “Pour autant, depuis que je commente des épreuves à la télévision, je me rends compte à quel point il n’y a qu’un cheveu entre un exploit et une contre-performance…”, confie-t-il simplement.

Cependant, bien que partenaire de ses premières expériences olympiques, Quidam de Revel a laissé des souvenirs impérissables à son cavalier sans être le cheval de sa vie. “Je le répète, bien qu’il soit devenu mythique en tant qu’étalon, Quidam n’a pas été mon meilleur cheval. Du reste, nous n’avons gagné que deux épreuves en quatre ans de collaboration ! Il y a eu le Grand Prix de Rome, où nous avions signé le seul double sans-faute, et celui de New York, au terme d’un barrage de folie contre Gem Twist, Big Ben et Milton, les cracks de Ben Best, Ian Millar et John Whitaker”, détaille Hervé.

Des victoires, le cavalier en a connu d’innombrables, associé notamment à La Belletière, dont il avait raconté la folle histoire à GRANDPRIX.tv, Quidam de Revel donc ou encore Twist du Valon et Unic du Perchis, avec lesquels Hervé Godignon a décroché quatre médailles par équipes en grands championnats au cours de sa carrière. Lui qui est l’un des cavaliers les plus emblématiques de l’équipe tricolore est loin de s’être arrêté à la première déception rencontrée!

 

Revivez le parcours de Hervé Godignon et Quidam de Revel dans la finale individuelle des Jeux olympiques de Barcelone en 1992