Daniel Deusser, l’élève modèle devenu numéro un mondial (partie 1)

Valeur sûre de la Mannschaft, à l’allure du parfait élève, Daniel Deusser a vécu une superbe saison 2016, gagnant trois Grands Prix CSI 5* , la médaille de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Rio et la finale mondiale de la Coupe des nations à Barcelone. Au mérite de sa belle régularité, le cavalier allemand des écuries Stephex était redevenu numéro un mondial en janvier 2017. La récompense d’un parcours sans accroc, au cours duquel les rencontres ont été déterminantes.



Daniel Deusser est né le 13 août 1981 à Wiesbaden, célèbre station thermale et capitale du Land de la Hesse, à l’ouest de l’Allemagne. Issu d’une famille d’hommes de cheval, son grand-père et ses deux parents ayant monté en Amateur, il s’est hissé en selle dès deux ans, avant même de savoir courir! Parallèlement à ses débuts équestres, le jeune garçon suit une scolarité normale et accompagne ses camarades de classe dans d’autres activités. “Mes copains étaient complètement extérieurs à cet univers. Pour passer du temps avec eux, je devais bien faire autre chose. Comme j’aimais le sport, j’ai découvert le tennis, le tennis de table, la natation, l’athlétisme… et j’ai pratiqué le BMX pendant longtemps! J’ai même participé à un championnat régional. Pour autant, ce n’était pas une vraie passion. Je faisais ça pour le plaisir, et surtout pour être avec mes amis”, raconte-t-il avec le sourire. Daniel Deusser est un élève modèle. À dix-neuf ans, après s’être illustré dans des épreuves régionales et nationales, il décide de se lancer dans une carrière de cavalier professionnel. Il rejoint alors les écuries de Siegfried Herröder, cavalier allemand émérite. Après plusieurs mois de travail et après avoir fait ses premières armes sur le circuit Juniors, il fait la connaissance de Franke Sloothaak, figure emblématique de l’équitation allemande. “Un jour, j’ai accompagné Siegfried chez Franke parce qu’il devait y essayer un cheval. Nous avons parlé, et le contact est tout de suite passé. À la fin, il m’a glissé qu’il cherchait un nouveau cavalier à former et pour l’aider. Et j’ai obtenu le poste!”, se souvient-il. Sur les recommandations de Siegfried Herröder, il s’installe donc chez le champion olympique par équipes de 1988 avec Walzerkönig (Han, Watzmann x Absatz) et double champion du monde en 1994 avec Weihaiwej (Old, Westminster x Grannus).

En peu de temps, le jeune homme saisit et assimile les secrets de son nouveau maître. “Travailler à ses côtés pendant un an et demi m’a énormément apporté. Il m’a tout enseigné: le fonctionnement du cheval et d’une écurie de haut niveau, ainsi que monter, gérer mes programmes et bien travailler en concours. Franke a sans aucun doute été l’homme auprès duquel j’ai le plus appris”, avoue-t-il. “Depuis, nous sommes toujours restés en contact et nous appelons très souvent. Il est très sollicité en tant qu’entraîneur (Franke évolue actuellement en Chine, ndlr), mais dès qu’il en a le temps, il vient à la maison m’aider avec mes chevaux. Je ne le remercierai jamais assez.” Associé à Zaperlot FRH (Han, Zeus x Goldstern), son premier très bon cheval, Daniel intègre l’équipe d’Allemagne Jeunes Cavaliers en 2001. L’année suivante, il est sélectionné pour les championnats d’Europe de Copenhague, qu’il achève à la vingt-sixième place individuelle après avoir terminé au pied du podium par équipes. “La semaine s’était plutôt bien passée sportivement, mais l’ambiance n’était vraiment pas idéale au sein de l’équipe… En tout cas, cela a été une superbe expérience pour moi. Zaperlot a véritablement lancé ma carrière sportive. J’ai pu le monter grâce à l’appui d’une fondation allemande ayant pour mission de confier de bons chevaux à de jeunes talents. Ce concept est vraiment génial, car mes parents n’auraient jamais pu m’offrir une monture de cette qualité. À ce moment-là, j’ai compris comment fonctionnait le grand sport.”



Sous la protection de Jan Tops…

En 2006, aspirant à poursuivre son ascension vers le haut niveau, Daniel Deusser s’installe dans les majestueuses écuries de Jan Tops, à Valkenswaard aux Pays-Bas, succédant au Suédois Rolf-Göran Bengtsson et au Suisse Steve Guerdat. “Je voulais franchir une étape supplémentaire en montant plus de chevaux et en étant plus indépendant”, explique-t-il. Disposant désormais d’un piquet fourni et qualiteux, l’Allemand promène sa silhouette longiligne et son visage d’enfant sur les plus belles pistes de la planète. En 2007, il se voit confier Air Jordan Z (Old, Argentinus x Matador), un puissant étalon précédemment monté par la Belge Judy-Ann Melchior et le Brésilien Rodrigo Pessoa. Malgré le sacré caractère du fils d’Argentinus, les bons résultats ne se font pas attendre. Le cavalier emmagasine de l’expérience en CSI 5*, et prend ses marques au milieu des ténors, dont John Whitaker, son éternelle idole. Qualifié en 2007 pour la finale de la Coupe du monde de Las Vegas, le couple y signe une performance éclatante en terminant deuxième derrière Beat Mändli et Idéo du Thot (SF, Arioso du Theillet x Shaliman du Thot). En 2008, Daniel gagne les Grands Prix CSI 4* de Brunswick et CSI 5* de Valkenswaard et Deauville avec Air Jordan. Quelques mois plus tard, le crack est contrôlé positif à la réserpine lors d’un concours aux États-Unis, entraînant une suspension de quelques mois de la licence nationale du cavalier par la Fédération allemande. L’année suivante, le champion termine deuxième du Grand Prix CSI 5* de Cannes avec Aboyeur W (Westph, Anmarsch x Direx). “Chez Jan, j’ai acquis un maximum d’expérience en concourant régulièrement au plus haut niveau. J’ai aussi obtenu de bons résultats. Comme mes années chez Franke, cette partie de ma carrière m’a vraiment servi. Aujourd’hui encore, je me dois de remercier Jan pour la confiance qu’il m’a accordée. Sans toutes ces belles rencontres, les choses auraient sûrement évolué de manière très différente. J’ai eu beaucoup de chance”, avoue-t-il. Outre quelques performances notables avec Cabreado (Z, Canabis x Gold Sky) et Untouchable 27 (KWPN, Hors la LoiII x Heartbreaker), il fait moins souvent les gros titres au cours des trois saisons suivantes.



… Puis de Stephan Conter

Au printemps 2012, Daniel Deusser quitte les Pays-Bas pour la Belgique, où il pose ses guêtres dans les superbes écuries Stephex de Stephan Conter, à Wolvertem près de Bruxelles. Plus autonome et mieux équipé, l’Allemand s’installe durablement dans le top dix mondial. En un peu moins de cinq ans jusqu’à aujourd’hui, il obtient un très grand nombre d’accessits et soixante-huit victoires internationales, dont la Coupe des nations de Calgary en 2012, les Grands Prix Coupe du monde de Wellington et Malines en 2013, la finale de la Coupe du monde de Lyon en 2014 et le Grand Prix CSI 5* de Bois-le-Duc en 2015 avec le génial Cornet d’Amour (Westph, Cornet Obolensky x Damiani), la Coupe des nations de Calgary et la finale du Top Ten en 2013 avec Evita van de Veldbalie (BWP, Wandor van de Mispelaere x Clinton), les Grands Prix CSI 5* de Knokke, Los Angeles et Coupe du monde de Lyon en 2016 avec Equita van’t Zorgvliet (Cassini I x Darco), ou encore la finale mondiale de la Coupe des nations en 2016 avec First Class van Eeckelghem (BWP, Balou du Rouet x Feinschnitt I van de Richter). À ces succès, il convient d’ajouter trois médailles collectives: deux d’argent décrochées aux Européens de Herning en 2013 et d’Aix-la-Chapelle en 2015 avec Cornet, et le bronze olympique arraché l’an passé à Rio avec First Class. Au mérite de son excellente année 2016, Daniel Deusser est redevenu numéro un mondial en janvier 2017, une place qu’il avait déjà occupée en avril 2015, interrompant durant un mois le long règne du Britannique Scott Brash. Compte tenu du récent retour à la compétition de Cornet d’Amour et de la stabilité de son piquet, l’Allemand semble avoir toutes les cartes en main pour continuer à dominer son sport, et pourquoi pas réussir de nouvelles grandes performances en finale de la Coupe du monde, le mois prochain au Nebraska, puis aux championnats d’Europe, en août à Göteborg en Suède