Philippe Rozier a gravé son prénom dans l’histoire (partie 2)

Invité de dernière minute à Rio en qualité de réserviste de l’équipe de France de saut d’obstacles avec Rahotep de Toscane, Philippe Rozier est rentré du Brésil avec une médaille d’or autour du cou, glanée aux côtés de Kevin Staut, Roger-Yves Bost et Pénélope Leprevost. Il a ainsi égalé son illustre père, Marcel Rozier, sacré quarante ans plus tôt à Montréal aux côtés notamment de son oncle, Hubert Parot. Après dix années passées loin de la sélection nationale, et à quatre étés d’une possible retraite sportive, le quinquagénaire a couronné sa carrière de manière aussi émouvante qu’inattendue. Portrait.



La première partie de ce portrait est parue hier.

Pendant toutes ces années loin de l’équipe de France – dix longues saisons se sont écoulées entre la Coupe des nations de Wellington en 2006 et celle d’Aix-la-Chapelle en 2016 –, Philippe Rozier a choisi de continuer à concourir individuellement à haut niveau, là où d’autres grands cavaliers auraient choisi de redescendre d’un cran. Un choix qu’il assume pleinement: “C’est en CSI 5* que je trouve mon adrénaline. Alors oui parfois je suis rentré avec le moral dans les chaussettes le dimanche soir, mais au moins j’avais essayé. Sportivement, ce n’est pas toujours confortable, mais cela m’a permis de rester au contact du haut niveau et des meilleurs.” Marcel résume parfaitement la situation: “Philippe a eu la chance d’avoir des propriétaires qui l’ont aidé à pouvoir le faire, y compris en achetant des tables dans certains concours. Sportivement, ce n’est pas ce que je préfère, mais je le comprends. Quand on redescend d’un cran, à cause de ce maudit classement mondial, il est très difficile de retrouver le plus haut niveau. De plus, Philippe l’a toujours fait dans un esprit sportif, en préparant ses chevaux sans les surexploiter.” Ce choix, Christian Baillet assure l’avoir toujours approuvé: “Je respecte son professionnalisme. Philippe ne fait quasiment pas de commerce car cela ne l’intéresse pas vraiment. Il coache un peu, mais cela reste une activité secondaire. Il se consacre aux concours et essaie toujours de se donner les moyens de ses envies. Il ne rechigne jamais devant le travail ni les kilomètres à parcourir.”

L’abnégation du cavalier et de son propriétaire finit par payer avec l’avènement de Rahotep de Toscane, arrivé à six ans à Bois-le-Roi. Patiemment formé durant deux ans et demi, l’étalon gris fait ses premiers pas en CSI 5* fin 2013, puis termine huitième de son premier Grand Prix à 1,60 m en février 2014 à Bordeaux. Suivent une neuvième place en mars dans le Grand Prix CSI 5* du Saut Hermès, et une cinquième place en juin à Saint-Tropez. Le coup de saut de Rahotep fait alors sensation et tape dans l’œil de Philippe Guerdat, qui ne tarde pas à sélectionner le couple. Toutefois, après le refus du cavalier de se rendre au CSIO 5* d’Hickstead, les relations entre les deux hommes se compliquent quelque peu. “Rahotep n’avait que neuf ans et je ne le sentais pas prêt. L’année dernière, j’ai également refusé Saint-Gall pour les mêmes raisons. Cela a suscité quelques polémiques. On a dit que je ne voulais plus monter en équipe de France, mais c’était uniquement pour protéger mon cheval. Jamais cette équipe n’a cessé de me faire rêver. Je me suis levé pour ça tous les matins.”

À l’été 2015, Philippe et Rahotep, sixièmes au Grand Palais, deuxièmes du Grand Prix CSI 5* de Madrid et quatrièmes de celui du Paris Eiffel Jumping, honorent leur première sélection à Hickstead, mais ne sont pas retenus pour la Coupe des nations. Quelques mois plus tard, l’étalon doit être laissé au repos en raison d’un début de tendinite à un postérieur, ce qui repousse encore le retour du cavalier en équipe nationale. “Je ne me suis pas inquiété quant au retour de Rahotep, car le problème a été immédiatement détecté. Finalement, cela a même été un mal pour un bien, car il a pu se reposer trois mois alors que j’avais prévu de participer à la Coupe du monde.”

Début 2016, le crack reprend la compétition à Vilamoura puis à Cagnes-sur-Mer. Son retour à haut niveau s’avère concluant avec une seizième place dans le Grand Prix CSIO 5* de La Baule. Son pilote attend désormais qu’on lui ouvre les portes de l’équipe. Quinze jours plus tard, il se voit sélectionné pour le CSIO 5* de Rome, mais là encore, il ne monte pas la Coupe. Malgré neuf points concédés dans un Grand Prix excessivement difficile, Philippe Rozier sent la montée en puissance de son partenaire. “À ce moment-là, je me suis dit qu’il était prêt pour les Jeux, car il a magnifiquement bien sauté ce parcours très costaud et délicat”, décrit-il. “Philippe ne se démonte pas quand il sort d’un Grand Prix avec une ou deux fautes. Il se dit qu’il fera mieux la prochaine fois. D’une manière générale, il positive les choses. C’est sans doute sa plus grande force”, ajoute Philippe Guerdat.

Le cavalier presse alors le sélectionneur de lui donner enfin sa chance. “Il grattait du pied, mais au début du printemps, je ne sentais pas son cheval suffisamment prêt et je ne voulais pas le griller”, répond le Suisse, justifiant son choix de ne pas le sélectionner au CSIO 5* de Rotterdam, considéré comme le dernier examen de passage des couples pressentis pour Rio. “Cette année, je trouve que Philippe Guerdat s’est un peu trop concentré sur les quatre ou cinq cavaliers de tête de l’équipe. Il n’était pas facile d’intégrer la Dream Team, car le pro- gramme était déjà prêt en début de saison. C’est le seul reproche que je lui ferai. Du coup, j’ai dû me concentrer sur le circuit parallèle. Tant mieux pour moi puisque ça a marché, mais monter aux JO et dans le Global Champions Tour, ce n’est pas le même métier. C’est pour cela que j’ai tant insisté. Même si je savais que mon cheval en était capable, j’en avais besoin moi pour me situer.”

Neuvième début juin du Grand Prix de Saint-Tropez, puis deuxième début juillet à Knokke, Philipe Rozier se voit finalement proposer le poste de remplaçant aux JO de Rio, assorti d’un retour en Coupe des nations au CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Le couple y contribue grandement à la deuxième place de la France avec un tour à quatre points et un sans-faute. Le cavalier navigue alors en pleine confiance, et se réjouit de s’envoler pour le Brésil. “Quand on m’a proposé d’être cinquième, j’ai accepté pour trois raisons. La première était que je sentais mon cheval apte à sauter des parcours olympiques. Je n’y serais pas allé en touriste, je n’avais pas besoin d’une nouvelle catastrophe... La deuxième était que je me sentais capable d’apporter quelque chose à mes coéquipiers à pied. La troisième était qu’après l’échec de Sydney, j’avais gardé le sentiment de ne pas avoir réussi ce que je devais accomplir le jour J. J’avais une petite revanche personnelle à prendre!”

Arrivé au complexe équestre de Deodoro avec le rôle de réserviste, le cavalier se met au service de ses coéquipiers, leur transmettant ses ondes positives et sa bonne humeur. Le 10 août, quatre jours avant le début des hostilités, coup de théâtre: il intègre finalement le quatuor de titulaires en raison de la blessure de Hermès Ryan des Hayettes (Hugo Gesmeray x Ryon d’Anzex), synonyme de douloureux forfait pour Simon Delestre. Pendant quelques heures, la France se demande même si elle ne va pas être devoir concourir à trois en raison du début de coliques de Flora de Mariposa (BWP, For Pleasure x Power Light), la crack de Pénélope Leprevost. “Après tout cela, j’étais sûrement le cavalier le plus en confiance de l’équipe. Je me sentais très à l’aise, les autres en étaient même étonnés. Quand j’ai su que j’allais finalement monter, je leur ai simplement demandé de me laisser un jour pour m’y préparer. Le lendemain, je me suis donc un tout petit peu isolé.”

Philippe se montre si confiant qu’il est finalement désigné ouvreur. “Quand on en a discuté tous ensemble la veille au soir, personne n’était très chaud, alors je me suis proposé, ce qui a un tout petit peu étonné mes coéquipiers. Évidemment, c’est une place particulière car il faut donner le tempo, mais le parcours est le même pour tout le monde et moi, je n’aime pas attendre de toute façon ! Philippe Guerdat m’a dit: “OK, on essaie”. Comme cela a bien fonctionné le premier jour, nous avons continué ainsi les deux suivants. Il faut aussi avouer que nous avons bénéficié d’un bon tirage au sort au départ (quatorzième sur quinze équipes, ndlr).”

Le coup de poker fonctionne à merveille. Le 14 août, le quinquagénaire ouvre idéalement la voie aux Bleus avec un sans-faute dans la première épreuve. Le 16, comme beaucoup de chevaux, Rahotep piétine la rivière, mais ne renverse pas la moindre barre. Enfin, le 17, l’incroyable maîtrise du cavalier et la magnifique générosité du gris, pénalisé seulement d’un point, propulsent la fusée France vers le sommet de l’Olympe. “Le jour J, nous étions motivés comme jamais. Je n’arrêtais pas de me répéter qu’il fallait que je sorte le parcours de ma vie. Dès la première rotation de cavaliers, nous avons été les premiers à ne rien faire tomber. Cela nous a boosté et a cassé le moral aux autres équipes. La France n’avait pas gagné de grande Coupe des nations depuis un moment. Et pourtant, il y avait quatre super cavaliers et quatre cracks. Je ne dis pas que c’est grâce à moi, mais avoir bousculé un peu les choses a peut-être aidé mes coéquipiers.”

Kevin Staut et Roger-Yves Bost terminent alors le travail avec un sublime sans-faute de Rêveur de Hurtebise*HDC et un fabuleux tour à un point de Sydney Une Prince. Sans même avoir besoin de faire repartir Pénélope Leprevost, les Bleus sont sacrés champions olympiques! “Nous n’avons pas gagné parce que les autres ont perdu. Je trouve ça très fort! En quatre jours, nous sommes passés de l’enfer au paradis... En France, quel que soit le sport, c’est quand rien ne va que nous sommes les meilleurs. Nous avons besoin d’avoir cette adrénaline! L’étiquette de favoris ne nous convient pas”, analyse l’ouvreur.



Un sensibilité à fleur de peau

Durant cette folle semaine, la sensibilité de Philippe Rozier a crevé l’écran, à l’image des larmes versées dès la sortie de son premier parcours, puis naturellement après le troisième. “J’avais tant à me prouver à moi-même, et je m’étais tellement concentré, que quand nous avons réussi ce sans-faute, j’ai été submergé par l’émotion. J’avais une revanche à prendre, surtout par rapport aux Jeux de Sydney.” À vrai dire, ses proches n’ont guère été surpris par l’expression de ces émotions fortes. “Ce n’était pas du cinéma! Nous sommes une famille d’écorchés vifs, de passionnés. Quand j’ai vu Philippe sortir de piste après son premier tour, j’ai versé les mêmes larmes que lui, devant ma télé. J’ai tout de suite appelé Jean-Maurice Bonneau, qui était en train de pleurer aussi! C’était un grand moment”, se rappellera longtemps Thierry Rozier. “Sa grande sensibilité est réelle. D’ailleurs, elle peut expliquer à la fois ses succès et ses échecs. Dans de très bonnes conditions, une personne sensible peut se surpasser. À l’inverse, un rien peut la faire douter. Et quand un sportif commence à douter de lui, ses résultats s’en ressentent...”, complète Christian Baillet.

Cerise sur le gâteau, Philippe a pu vivre cet exploit en compagnie de son père, accrédité aux JO en qualité d’entraîneur d’Abdelkebir Ouaddar. Le Marocain ayant été sorti de la compétition dès le deuxième jour, Marcel a pu vivre la dernière manche au plus près de cette équipe qu’il a représentée et dirigée avec tant de fierté par le passé. “Je n’aurais pas pu lui faire de plus beau cadeau pour ses quatre-vingts ans. Même s’il n’est jamais très démonstratif, je sais qu’il était heureux. Il a été très présent pour moi pendant toute la compétition, tout en étant discret et très en recul. En fait, nous n’avons pas changé nos habitudes!” Aussi émotif que son fils, Marcel a savouré ce moment d’histoire. “À sa sortie de piste, je lui ai juste dit: “Bravo”. Je n’ai pas trouvé d’autres mots. Mais tout était dit... C’était tellement fort. J’avais même du mal à respirer tellement j’étais heureux pour mon fils, et évidemment pour l’équipe. On nous a appelé les quatre mousquetaires pendant quarante ans. Maintenant, la relève est enfin arrivée!”

Comme son père, Philippe Rozier nourrit lui aussi le sentiment que la boucle est bouclée, fier de s’être enfin fait un prénom. “Revenir seize ans après Sydney et décrocher la médaille d’or, c’est une sacrée belle histoire! La vie est comme ça, il faut toujours y croire et ne rien lâcher. Cette médaille représente beaucoup pour moi, parce que nous sommes une famille reconnue dans l’équitation et que j’ai toujours été considéré comme le fils de Marcel. Arriver derrière un père qui a atteint les sommets, ce n’est pas toujours confortable. Pour plein de raisons très personnelles, j’avais besoin de gagner un grand titre. Peut-être aussi pour couronner ma carrière, même si je n’ai pas encore décidé de raccrocher!”

Selon ses dires, le cavalier se donne quatre ans, le temps de continuer à briller avec Rahotep et Unpulsion et, pourquoi pas, de révéler l’immense potentiel de Vincy du Gué. “Mon prochain rêve est de participer à la finale de la Coupe du monde à Bercy en 2018. Je suis en super forme, alors pourquoi pas un titre individuel? Après, je continuerai certainement le coaching, notamment avec le Maroc. C’est une mission qui me motive. Ce qui compte par-dessus tout, c’est que je continue à prendre du plaisir. À chaque sans-faute, j’ai le sentiment que c’est comme la première fois. Tous les matins je me réveille en me disant que j’adore ce que je fais. Je ne pense pas que nous soyons si nombreux à avoir cette chance!”

À vrai dire, ses proches ne l’imaginent pas vraiment prendre sa retraite en 2020. Il faut dire qu’il n’aura que cinquante-sept ans! “Il a encore de la marge et il est très en forme. À mon avis, sa carrière n’est pas finie. Quand Philippe voit Nick Skelton décrocher l’or individuel à cinquante-huit ans, cela ne doit pas lui donner envie d’arrêter...”, sourit Thierry Rozier. “Philippe est resté un grand enfant. Il s’habille comme les jeunes, écoute de la musique de jeunes et passe un temps pas possible sur les réseaux sociaux. Il n’est pas en décalage avec la génération des trentenaires. Il aime monter dans les grands concours et donner du plaisir au public. Il a besoin de cette lumière pour se surpasser”, analyse Philippe Guerdat. “Je n’accorde pas trop d’importance à cette date butoir que Philippe a annoncée. Disons que sauf accident, ce sera au moins quatre ans. Il peut se passer encore tellement de choses entre- temps... En ce qui me concerne, je ne me fixe pas non plus de limites dans le temps. Tant que j’aurai la passion et que cela m’amusera, je resterai à ses côtés”, assure Christian Baillet.

Philippe Rozier a donc encore quelques belles années de sport à vivre devant lui. Ayant assuré la relève de son père, il rêve désormais de passer le flambeau à ses propres filles, âgées de douze et deux ans. “J’aimerais leur transmettre tout ce que nous avons bâti avec mon père et mes frères, pour que cet héritage reste vivant. Évidemment, ce sont elles qui décideront, mais si elles veulent emprunter le même chemin, je ferai le maximum pour leur léguer mon expérience et mon savoir-faire, leur montrer la voie et leur rendre les choses plus faciles.” Quitte à en faire des “filles de”? “Je sais bien que s’appeler Rozier n’est pas un avantage parce qu’il y aura toujours des gens pour critiquer, mais l’essentiel est qu’elles prennent du plaisir. Pour l’instant, c’est le cas de Laura, ma fille aînée.” Rendez-vous aux Jeux olympiques de 2056?



Ce qu’ils disent de sa performance à Rio

Marcel Rozier (son père): “Je ne pouvais pas imaginer que cela arriverait de cette manière. C’était incroyable! Les médailles sont tellement rares dans notre sport. Je sentais que Philippe en avait envie, qu’il se sentait bien et que son cheval était très en forme. Leurs derniers Grands Prix s’étaient tous très bien déroulés. Là- bas, l’une de ses forces a été son expérience, même s’il n’avait pas sauté une Coupe des nations depuis un bail. En tenant très bien son rôle d’ouvreur, je pense qu’il a su remonter le moral de l’équipe après tous les déboires qu’elle a vécus.”

Thierry Rozier (son frère) : “Au printemps, sa sélection n’était même pas d’actualité. Un mois avant de partir, on pouvait éventuellement le placer sur une liste un peu longue. Et puis il y a eu sa deuxième place dans le Grand Prix de Knokke, début juillet, où Rahotep a sauté de façon magnifique. Là, nous avons commencé à y penser sérieusement. Il a finalement été sélectionné en tant que réserviste, et puis il y a eu cette malheureuse blessure de Ryan. Deux jours avant que Philippe entre en piste, nous avons commencé à y croire très sérieusement parce qu’il était super bien dans sa tête, très confiant. Il avait un moral en béton. En piste, il a fait preuve d’un énorme mental. Il a su se mettre un peu dans sa bulle, et s’est aussi entouré des bonnes personnes. D’habitude, chez les Rozier, on s’occupe pas mal des autres et rarement de soi. Là, Philippe a su se concentrer sur lui.”

Sophie Dubourg (directrice technique nationale de la FFE): “Être le cinquième n’est jamais facile, mais intégrer une équipe au dernier moment l’est encore moins, car on peut avoir le sentiment de profiter de la déconvenue d’un autre. Philippe n’a jamais douté et s’est montré rassurant. Concernant l’ordre de passage, nous nous sommes beaucoup concertés. Comme il se sentait capable de tenir le poste d’ouvreur, nous lui avons fait confiance, et il a été formidable! Il a su faire valoir son expérience pour produire de beaux parcours et remotiver le groupe. Il a également été notre boute-en-train! En lui demandant d’être notre réserviste, nous avions vraiment fait le bon choix, nous ne nous sommes pas trompés!”

Philippe Guerdat (sélectionneur national): “L’arrêt de Rahotep en fin d’année dernière n’a rien d’anodin. La trajectoire de Philippe m’a un peu fait penser à celle de Philippe Le Jeune avec Vigo d’Arsouilles en 2010 (Philippe Guerdat était le sélectionneur de la Belgique quand le cavalier est devenu champion du monde, ndlr). Comme il était arrêté, Rahotep n’a pas trop sauté et il est arrivé frais au bon moment. Nous les avons désignés réservistes parce que nous considérions qu’ils étaient notre cinquième meilleur couple et qu’ils seraient capables de bien se comporter si nous devions faire appel à eux. C’est finalement ce qui s’est passé. À Rio, Philippe était sûr de lui et il a plus que tenu son rôle d’ouvreur.”

Christian Baillet (propriétaire de Rahotep de Toscane): “Sincèrement, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pu imaginer un tel scénario. Le simple fait que Philippe soit sélectionné était déjà inespéré compte tenu de la blessure de Rahotep l’automne dernier. Je savais que le cheval en était capable, mais il lui manquait quelques mois pour se préparer. Du coup, je n’ai jamais vraiment ressenti de pression avant l’événement. J’espérais surtout qu’il n’y ait pas une trop grande déception à l’arrivée. Finalement, mon bonheur n’a été que plus grand.”

Cet article d’archive est paru dans le magazine GRANDPRIX n°80 en octobre 2016