RÉTRO RIO 2016: Les petites histoires des Jeux olympiques (partie 1)

Il y a quatre ans, les yeux de la planète équestre étaient rivés vers le Brésil où se jouaient les Jeux olympiques. Pour fêter ces quatre ans et se consoler du report des JO de Tokyo à l'année prochaine, GRANDPRIX vous propose de vous replonger dans Rio 2016. // Retour sur les petites histoires qui ont marqué ces Jeux olympiques en saut d’obstacles, qui ont notamment vu Jeroen Dubbeldam s’effondrer en larmes après n’avoir pu se qualifier pour le barrage avec SFN Zenith, ou encore Cannavaro 9 se révéler aux yeux du grand public en finissant huitième en individuel. 



La première révérence du Kaiser

Le jeudi 18 août, alors qu’il venait de clôturer ses septièmes Jeux olympiques en arrachant, au mérite d’un sans-faute avec Casello, un barrage pour le bronze finalement remporté par l’Allemagne aux dépens du Canada, Ludger Beerbaum a annoncé qu’il ne porterait plus la veste rouge de la Mannschaft. Le quadruple champion olympique a donc quitté Rio avec une vingt et unième et dernière grande médaille autour du cou. “C’est une étape difficile à passer”, a-t-il admis, avant de préciser qu’il disputerait sa dernière Coupe des nations fin septembre à Barcelone à l’occasion de la finale mondiale du circuit FEI, et qu’il continuerait encore quelques années à monter en concours internationaux. Ouf, mais Rio a donc été l’ultime virée olympique de l’un des plus grands cavaliers de l’histoire.

Les larmes de Jeroen Dubbeldam

Si ces JO ont été parsemés d’innombrables instants d’émotion, celui-ci restera parmi les plus forts. Entré idéalement dans sa finale individuelle avec un sans-faute facile en première manche, Jeroen Dubbeldam est sorti de la seconde avec un point de temps, ce qui lui a coûté sa qualification pour l’ultime barrage, et donc toute chance de médaille... L’air dépité devant les journalistes venus recueillir ses impressions, le Néerlandais a fini par fondre en larmes. Le double champion du monde et d’Europe en titre était d’autant plus triste d’être passé si près d’un nouvel exploit qu’il venait de boucler son ultime parcours avec SFN Zenith, mis en vente aux enchères sur internet en septembre... Dur.

La dure vie des individuels

Difficile de rester concentré durant trois qualificatives tout en étant spectateur des enjeux liés au concours par équipes. C’est la dure loi qui s’est imposée aux quinze couples engagés uniquement en individuels à Rio. Certains d’entre eux avaient dû batailler pendant plus d’un an pour offrir une place à leur pays et espérer que leur Fédération la leur attribue en retour. “Tout ça pour ça”, ont dû se dire ceux qui n’ont finalement pas pu se qualifier pour la finale individuelle. Ce fut notamment le cas du Belge Nicola Philippaerts, disqualifié dès le premier jour avec Zilverstar T, de l’Italien Emanuele Gaudiano, auteur d’un premier parcours pour le moins chaotique avec Caspar 232, de l’Irlandais Greg Patrick Broderick, dont la sélection avait tant fait jaser, auteur de deux premiers tours très moyens avec MHS Going Global, du Colombien René Lopez, sorti lui aussi le deuxième jour avec Con Dios III, tout comme le Marocain Abdelkebir Ouaddar, piégé deux fois de suite par la rivière – comme aux JEM de Normandie en 2014 – avec Quickly de Kreisker. L’Égyptien Karim Elzoghby, lui, aura tenu trois jours avec Amelia. Si le Belge Jérôme Guéry et la Portugaise Luciana Diniz sont bien par- venus à se qualifier pour la finale individuelle avec Grand Cru van de Rozenberg et Fit For Fun 13, ils n’ont pas été en mesure de lutter pour la victoire. Luciana a fini par craquer sur le dernier obstacle de la première manche...

Cannavaro 9, la révélation

Outre les grands favoris, un couple a crevé l’écran à Rio. Il s’agit de l’Argentin Matias Albarracín, huitième de ces JO sur le phénoménal Cannavaro 9. Ce bai de douze ans, propriété de son riche coéquipier José María Larocca, a dû faire l’objet de bien des convoitises...

Pari artistique réussi!

Le département de l’Apparence des Jeux a réussi son pari en présentant plus d’une centaine d’obstacles différents pendant les épreuves de concours complet et de saut d’obstacles. Symbolisant les quartiers et monuments emblématiques de la ville de Rio, et plus largement du Brésil, chandeliers et soubassements ont fait l’unanimité chez les athlètes. L’un des obstacles les plus impressionnants restera l’oxer numéro neuf de la première qualificative de jumping, représentant de grandes maisons blanches typiques de l’époque coloniale. Certains chevaux ont été impressionnés pour leur caractère massif.

Les goûts et les couleurs...

Qui dit Jeux olympiques dit tenues officielles pour les délégations nationales. Et il faut bien avouer que les costumes ont été réussis pour la plupart. Des pantalons blancs plutôt distingués pour les Français, des vestes old school pour les Australiens, etc. Les cavaliers avaient l’air ravis de les porter! En revanche, les tee-shirts bariolés jaunes et bleu pâle de l’Ukraine, les survêtements britanniques et allemands, ou encore les robes Vikings des Suédoises ont suscité plus de sourires que de jalousie!



Quelques chiffres

1. Lors du barrage à six concluant la finale individuelle de jumping, l’obstacle numéro un a ruiné les espoirs de deux grands favoris au titre suprême. Deuxième à s’élancer, Steve Guerdat a donc perdu tout chance de conserver son titre avec le fabuleux Nino des Buissonnets en fautant sur ce maudit mur de palanques surmonté d’une barre. Il a finalement terminé quatrième. Cruel. Kent Farrington a, lui aussi, craqué sur cette difficulté, mais l’Américain a aussi renversé le dernier obstacle avec Voyeur, terminant cinquième.

3. Au cours de ces JO, trois disqualifications ont été prononcées par un jury intraitable pour l’usage excessif des éperons, autrement dit après que les commissaires au paddock ont constaté des traces de sang sur flancs des chevaux. Le premier a été le Belge Nicola Philippaerts, sorti par la petite porte dès le premier jour ave Zilverstar T. Le lendemain, le jury a disqualifié le Brésilien Stephan de Freitas Barcha et l’Ukrainien natif du Brésil Cassio Rivetti après leurs parcours sur Landpeter do Feroleto et Fine Fleur du Marais. Si l’équipe ukrainienne a été sortie dès ce deuxième jour, le Brésil, en course pour le podium, a dû conclure son concours à trois.

Le jury s’est montré à peine moins sévère avec Jur Vrieling. Disqualifié en individuel le premier jour pour usage excessif de sa cravache après avoir subi deux refus de VDL Zirocco Blue, le Néerlandais a tout de même pu prendre part au concours par équipes. Le lendemain, il a essuyé deux nouveaux refus, condamnant les Pays-Bas à terminer à trois...

Face aux menaces pesant sur l’avenir des sports équestres aux JO, ces décisions du jury présidé par l’Allemand Stephan Ellenbruch ont clairement démontré la volonté de la FEI de donner à voir un sport propre et intègre.

6. C’est le nombre de barragistes de la finale individuelle: Nick Skelton, Steve Guerdat, le cheikh Ali ben Khaled al-Thani, Kent Farrington, Peder Fredricson et Éric Lamaze. Six pilotes pour trois médailles. La première manche dessinée par le Brésilien Guilherme Jorge, sans doute pas assez difficile techniquement, a vu treize couples réussir le sans-faute. En 2008 à Hong Kong, la finale s’était achevée avec un barrage à huit, mais seuls deux couples avaient dû lutter pour l’or, le Canadien Éric Lamaze l’emportant avec Hickstead aux dépens du Suédois Rolf-Göran Bengtsson sur Ninja La Silla. Les six autres avaient dû batailler pour le bronze, finalement décroché par l’Américaine Beezie Madden sur Authentic.