“Cette victoire nous a remotivés”, Michel Asseray

Le week-end dernier, l’équipe de France de concours complet a confirmé son remarquable état de forme à l’occasion CCIO 4*-S du Pin-au-Haras, où elle s’est imposée pour la quatrième année consécutive dans la Coupe des nations. Le lieutenant-colonel Thibaut Vallette, Thomas Carlile, Christopher Six et Karim Laghouag ont tous les quatre terminé dans le top cinq du classement individuel, complété par Gwendolen Fer. À l’issue de ce carton plein, Michel Asseray, directeur technique national adjoint en charge du concours complet, a confié ses impressions à GRANDPRIX.



Quel bilan tirez-vous de cette première étape du circuit FEI des Coupes des nations?

Quand on entraîne l’équipe de France, on a toujours envie de gagner, alors je suis content parce que l’objectif est atteint. Le Grand Complet du Pin est un bel événement qui nous a permis d’évaluer notre niveau par rapport aux autres nations. C’est pourquoi il était nécessaire de bien se préparer, ce qu’ont fait les cavaliers français. Au-delà des victoires et des podiums, leur façon de faire a été particulièrement intéressante. Ils ont fait preuve d’une excellente maîtrise technique, et les chevaux ont parfaitement bien sauté. Gagner ce concours n’est pas anodin! Le Haras national du Pin dispose d’un très beau terrain vallonné. Au-delà des défis techniques proposés par Pierre Le Goupil (chef de piste, ndlr), qui est un surdoué dans la construction de parcours, c’est un concours qui impose d’écouter son cheval. L’équipe de France a parfaitement rempli son contrat. Alors que nous vivons une saison difficile, cela a pour effet de nous remotiver. En raison du confinement et de l’annulation d’épreuves majeures, nous avons perdu pas mal d’objectifs, ce qui a un peu déstabilisé les cavaliers. Désormais, tout le monde pense aux prochaines échéances et a déjà hâte de revenir ici dans un mois pour la dernière étape du Grand National. Le palmarès de ce week-end est une réelle satisfaction, dont nous avions besoin! Et l’émotion est évidemment présente car nous pensons tous à Thaïs Méheust (décédée à la suite d’une chute au Haras du Pin l’an dernier, ndlr) et la victoire de l’équipe de France lui est dédiée.

Les couples français ont trusté les cinq premières places de cette épreuve, ce qui n’est pas courant… 

C’est d’autant plus satisfaisant qu’il y avait un très beau plateau de cavaliers et chevaux. Les étrangers qui ont fait le déplacement ne sont pas venus pour rien. Ils ont du talent et des chevaux performants. Presque tous ont monté leurs chevaux de tête. Ce classement est particulièrement agréable et nous le savourons. 

Quels sont les prochains objectifs pour vos cavaliers ?

Il y aura donc la dernière étape du Grand National en septembre, puis nous espérons pouvoir concourir en France comme prévu trois week-ends consécutifs au mois d’octobre, à Lignières, au Lion-d’Angers puis à Pau. Nous avons proposé aux cavaliers étrangers d’accueillir ceux qui souhaiteraient rester pendant ces trois semaines pour qu’ils puissent, eux aussi, participer aux trois épreuves. Nous voulons les aider autant que possible afin que ces compétitions puissent se dérouler dans des conditions acceptables. La France s’est bien battue pour pouvoir proposer davantage de concours internationaux et nous avons ajouté un CCI 4*-L au programme du concours de Lignières. Nous allons donc tout faire pour aider les étrangers à venir chez nous. Nous allons essayer de finir la saison au mieux et croiser les doigts pour que les Jeux olympiques puissent bel et bien avoir lieu l’an prochain car nous avons une belle équipe, bien qu’il soit encore trop tôt pour la qualifier d’équipe olympique.

Même si la situation actuelle est exceptionnelle, n’est-il pas inquiétant pour l’avenir des épreuves par équipes de voir une Coupe des nations disputée sans la moindre dotation financière? Même si cela n’a a priori pas été le cas ici, les sélectionneurs nationaux demandent parfois à des cavaliers de sacrifier leurs ambitions individuelles pour le bien de l’équipe…

Cette situation nous préoccupe tous. On ne peut pas s’en satisfaire, et je comprends que cela inquiète les cavaliers. En ces circonstances exceptionnelles, nous aurions vraiment tort de blâmer l’association organisatrice Ustica, qui a tout fait pour que le Grand Complet existe en 2020 et demeure une fête pour notre discipline. En revanche, un sensible coup de pouce de la Fédération équestre internationale (FEI) aurait été bienvenu. Pour sa part, la Fédération française d’équitation fait de son mieux à travers les dotations du Grand National, que ce concours a intégré cette année. En revanche, je ne comprends pas pourquoi la FEI est incapable de trouver un sponsor titre pour ce circuit, qui propose du très beau sport, d’autant que cela ne représenterait pas un énorme investissement pour une société privée… Et puis, la FEI n’avait-elle pas financé à ses frais les Coupes des nations de jumping quand celles-ci s’étaient retrouvées sans sponsor?