“Si j’ai l’opportunité de sauter des Coupes des nations, bien sûr que j’y participerai”, Guillaume Roland Billecart

Membre du Groupe 2 de saut d'obstacles de la Fédération française d’équitation, Guillaume Roland-Billecart peut compter sur sa toute bonne Ustica des Luthiers, âgée de douze ans, pour s’imposer petit à petit sur les terrains de concours internationaux. Ce cavalier discret, qui a débuté comme simple cavalier de club, s’entraîne non loin de Lunéville, en Meurthe-et-Moselle, et a gravi progressivement les échelons menant vers les plus belles épreuves, en compagnie de cette jument qu’il forme depuis ses quatre ans. Sous les feux des projecteurs notamment depuis sa participation au Longines Deauville Classic il y a deux semaines, il n’en oublie pas pour autant son métier de formateur de chevaux et ses propriétaires qui l’entourent depuis plusieurs années.



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La semaine dernière, vous avez particulièrement été remarqué à l’occasion du CSI 3* du Longines Deauville Classic, où vous avez notamment terminé vingt-deuxième du Grand Prix phare avec seulement une faute au compteur. Comment avez-vous vécu ce week-end à Deauville? 

Étant donné la situation actuelle, j’étais très content de pouvoir concourir au Longines Deauville Classic. C’est un CSI 3* sur le papier, mais c’est un concours magnifique, avec une très bonne qualité d’accueil. Au-delà de la pluie, dont tout le monde se serait passé, j’ai beaucoup aimé cet événement! Nous faisons un sport d’extérieur, alors c’est comme ça! Avec la situation actuelle, c’était notre premier CSI 3* de la saison. Ustica a réalisé deux parcours à quatre points et un avec un point de temps dépassé. Mis à part cette petite faute dans le Grand Prix qui m’a fait de la peine, j’ai apprécié cette compétition. 

Pour les plus belles épreuves, vous pouvez compter sur Ustica des Luthiers (SF, Kashmir van Schuttershof x Bleu Blanc Rouge II), que vous avez formé dès ses quatre ans. Pouvez-vous nous parler de cette jument et de votre évolution ensemble? 

C’est un jument compétitive depuis deux ans en CSI 3*. Elle a intégré le Groupe 2 de l’équipe de France. L’année dernière, elle s’est classée deuxième du Grand Prix 3* de Dettighofen en Allemagne, troisième de celui de Reims, ainsi que dans des épreuves à 1,50m lors de gros concours, comme au CSI 4* de Grimaud. Je connais Ustica par cœur. Elle n’a jamais couru un parcours avec quelqu’un d’autre que moi. Elle est extrêmement respectueuse et a beaucoup de sang. Comme tous ces chevaux-là, elle est très sensible et a besoin d’être rassurée. Elle a beaucoup plus de qualités que de défauts! Pour moi, elle fait partie de ces chevaux extraordinaires. Elle me permet d’être compétitif et a obtenu de très bons résultats ces derniers temps. C’est facile à dire et je parle avec le cœur, mais elle est fantastique. 

Pensez-vous qu’elle puisse disputer de plus grosses épreuves, en CSI 5* par exemple? 

Je ne sais pas. Ce genre de chevaux, avec autant de qualités et de respect, on ne sait jamais jusqu’où ils peuvent aller! Nous essayerons de la suivre et le fait de l’avoir travaillée cet hiver sous l’œil du staff fédéral, avec Henk Nooren, Edouard (Couperie, ndlr) et Thierry (Pomel, ndlr) a encore fait avancer les choses. Dans une situation normale, où je pourrais aller en concours plus souvent, peut-être que nous continuerons d’évoluer. En tout cas, je le souhaite. 

Elle appartient encore à son naisseur, Jean-François Morizot. Comment se passe votre collaboration? La jument est-elle à vendre? 

Jean-François est un passionné d’élevage et me confie tous ses chevaux. Il a pas mal de juments et me soutient depuis que je me suis installé à mon compte. Ustica n’est pas à vendre, non. J’ai cette chance de pouvoir compter sur ce propriétaire dont je suis très proche. Il a décidé de me la confier pour le sport puis ensuite, nous la garderons pour qu'elle fasse des bébés! Elle est la toute première jument de son élevage à participer à des épreuves de ce niveau et dont il est encore le propriétaire. Cela a pour nous une saveur particulière.



“J’ai la chance de pouvoir compter sur des propriétaires fidèles”

Sur quels autres chevaux pouvez-vous compter? Vous avez l’air d’en former un paquet de jeunes! 

Mon métier est de former des chevaux, et je suis obligé d’en vendre. J’ai une jument de onze ans, Chaccare (OLD, Chacco Blue x Careful), qui a commencé tard et qui saute des épreuves à 1,45m. Je monte également Chinoubet PS (OLD, Chintan x Baloubet du Rouet), âgé de sept ans, qui a concouru au Longines Deauville Classic. C’est un cheval d’avenir, avec des moyens colossaux en lequel nous croyons beaucoup et qui n’est pas à vendre tout de suite. J’ai de plus en plus de chevaux à moi, donc à l’avenir, il sera aussi plus facile de les garder. 

Vous avez enchaîné de beaux résultats entre l’année passée et ces derniers mois. Ambitionnez-vous de gravir les échelons vers le plus haut niveau, et pourquoi pas de courir des Coupes des nations de seconde division prochainement? 

Si l’encadrement fédéral estime que c’est le bon moment, et qu’il me laissait cette opportunité de sauter ces épreuves, c’est sûr que j’irai. Je ne passerais pas mon tour! J’ai intégré le Groupe 2 grâce à mes performances, ce qui me permet de bénéficier de pas mal de choses, comme des stages réguliers avec Henk Nooren. C’est vraiment bien et cela me permet de profiter d’un cadre d’élite, ce qui est une chance énorme. 

Malgré vos récentes bonnes performances, le grand public vous connaît assez peu. Si vous deviez raconter votre parcours à nos lecteurs, que leur diriez-vous? 

J’ai débuté comme un cavalier de club et je ne suis pas du tout issu du milieu du cheval. J’ai fait un apprentissage dans ce milieu, ce qui est rare je pense. J’ai commencé chez Hervé Francart (père d'Alexandra Francart, qui a aussi formé Alexis Deroubaix entre autres, ndlr), puis j’ai baroudé! Je suis passé par plusieurs écuries, avant de me poser chez le Colombien René Lopez, qui avait déjà un sacré palmarès. J’ai longtemps été son cavalier et nous sommes toujours proches aujourd’hui. Depuis neuf ans, je suis installé à mon compte, chez monsieur et madame Thiriet, qui me confient également des chevaux. J’ai un noyau dur de propriétaires fidèles, avec notamment Jean-François Morizot mais aussi Liliane Fromer, gérante de l’élevage des Blés (et ancienne propriétaire du fableux Quickly de Kreisker, ndlr). J’ai vraiment énormément de chance. 

Avez-vous un exemple à suivre? Un cavalier dont vous admirez l’équitation et la carrière? 

Il y en énormément de cavaliers que je trouve fantastiques, avec des styles complètement différents, dont on peut s’inspirer, en France ou à l’étranger. Sincèrement, je ne peux pas donner qu’un nom. Je côtoie aussi des cavaliers pas forcément connus du grand public, que je trouve extraordinaires. Je suis admiratif de la belle et bonne équitation. Je veux monter de ma propre façon et j’ai la chance de bénéficier de conseils de plusieurs bons cavaliers. En plus du staff fédéral, je bénéficie chez Liliane Fromer des conseils d’un Suisse-Allemand, Hansueli Schmutz. Une fois par semaine, en hiver, je prends mon camion et je vais m’entraîner avec cet ancien cavalier de concours complet, qui a participé aux Jeux olympiques (ce dernier a fini onzième avec Oran aux JO de Los Angeles en 1984, ndlr)

Que peut-on vous souhaiter pour ces prochains mois? 

Que mes chevaux restent en bonne santé, que les compétitions reprennent et que cette année 2020 ne se reproduise pas! Que l’on puisse profiter des chevaux au moment où ils sont compétitifs et en âge de performer, car ce n’est pas simple en ce moment d’aller en concours.