“Manquer le barrage aux Jeux olympiques pour deux centièmes de seconde n’a pas été facile à digérer”, Jeroen Dubbeldam

Durant tout l’été, GRANDPRIX retrace les succès et les défaites fondatrices de grandes carrières et qui ont marqué l’histoire des sports équestres. Retour sur le drame vécu par le Néerlandais Jeroen Dubbeldam et son complice SFN Zenith lors des Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016. Alors champions du monde et d’Europe en titre, ils ont manqué de disputer le barrage pour une médaille d’or pour seulement deux centièmes de seconde, terminant finalement septièmes.



Jeroen Dubbeldam, porte-drapeau des Pays-Bas aux Jeux olympiques de Rio en 2016, fait partie de ces cavaliers qui savent préparer leurs chevaux en vue d’un objectif précis. Avec le délicat SFN Zenith, il a déjà remporté le titre de champion du monde en 2014, à la surprise générale, puis a confirmé l’année suivante avec celui de champion d’Europe. Champion olympique en 2000 à Sidney avec son formidable De Sjiem, alors qu’il n’avait que vingt-sept ans, le cavalier rêve alors d’accrocher un second titre olympique à son palmarès avec le bai, pour ce qui doit être leur dernière compétition ensemble. 

Bien placés au moment d’attaquer la deuxième manche de la finale individuelle - les scores sont remis à zéro pour cette dernière -, leur sans-faute au premier tour mettait le couple était en lice pour l’or. Mais malheureusement, le chronomètre de leur dernier parcours vient faire s'envoler les espoirs de Jeroen et Zenith. Les deux complices passent à un cheveu d’un nouveau sans-faute, ou plus précisément à deux centièmes de seconde. “Ah… Zenith a encore été incroyable, mais nous avons concédé un point de temps qui nous a coûté le barrage, et peut-être l’or…”, s’est souvenu le cavalier en février 2019 dans GRANDPRIX heroes.

Pourtant, malgré la pression, le hongre semblait prendre la mesure de l’enjeu. Le Batave y a cru jusqu’au bout, avant de se décomposer en voyant le point de temps dépassé. “C’était un mélange d’émotions, entre la déception et la tristesse d’avoir disputé ce que je pensais être mon dernier parcours avec lui.” Peu de temps après, en zone mixte, les larmes ont coulé sur le visage de ce grand - au sens propre, puisqu’il mesure 1,88m, comme au figuré, puisqu’il a tout gagné, ou presque - cavalier. Quand on lui demande s’il est bouleversé, il répond avec émotion: “Oui. C’était juste un peu trop lent, tout le reste était top”. Septième, il est ébranlé par cette faute de temps, mais également parce que cela devait être sa dernière chance d’obtenir une grande victoire avec ce KWPN. Amené à s’exprimer sur son couple, il déclare: “Il est incroyable pour moi. Je n’ai pas les mots.” Les silences précédant ses réponses laissent deviner l’état d’abattement dans lequel se trouvait alors le représentant des Oranges.



“Zenith est incroyable à mes yeux”

“Manquer le barrage aux Jeux olympiques à deux centièmes de seconde près… Cela n’a pas été facile à digérer. C’était un moment très dur”, explique-t-il avec le recul. “En début de semaine, nous avons fauté sur la rivière, ce qu’il ne fait jamais d’habitude: c’est même l’une de ses spécialités. J’étais peut-être un peu trop détendu. C’est la vie.” Les regrets semblent d’ailleurs toujours présents concernant la finale. “À Rio, il était une fois de plus dans une forme fantastique. Il n’avait pas besoin de quoi que ce soit, et ne pouvait pas mieux sauter que ça. Ma préparation n’a pas été différente de d’habitude.” 

Une préparation qui avait déjà fait ses preuves. Véritable homme de championnat, pilier de l’équipe des Pays-Bas qu’il favorise contre vents et marées face à d’autres circuits plus lucratifs, Jeroen Dubbeldam a brillé en 2014 en Normandie. Grâce à Zenith, un hongre qu’il a construit patiemment jusqu’au plus haut niveau après l’avoir découvert en Allemagne alors qu’il avait sept ans, il est reparti avec le titre de champion du monde par équipes et en individuel Connaissant son cheval par cœur, il a réitéré lors des Européens d’Aix-la-Chapelle l’été suivant, puisque c’est à nouveau avec deux médailles d’or que le couple est rentré aux écuries. “Pour les livres et les palmarès, un titre de champion du monde est plus grand, mais pour moi, ces Européens étaient plus satisfaisants car plus aboutis. C’était juste incroyable! En plus, Aix est un terrain compliqué. Je pensais que gagner ce titre ne pouvait être qu’un rêve.”

Cet incroyable doublé fait entrer Jeroen dans la légende des sports équestres. “Je sais que je suis l’un des deux seuls, avec Hans-Günter Winkler, à avoir gagné les trois titres majeurs de notre sport.” Au Brésil, il a démontré avec Zenith à quel point le sport peut être parfois bien cruel, mais que les grands champions savent toujours se relever et revenir plus forts. 

Si Zenith, doué mais extrêmement sensible, a été mis aux enchères quelques semaines plus tard, il n’a cependant pas trouvé acquéreur. Il a ainsi terminé sa carrière aux côté de son pilote, sans éclats. “Toute cette période l’a marqué. Depuis lors, je ne l’ai jamais vraiment retrouvé comme avant. C’est dur… Il a gagné le Grand Prix CSI3* de Saint-Lô en 2017, mais ce n’était pas vraiment du haut niveau” Le CSI 5*-W d’Amsterdam en janvier 2019 a signé sa dernière apparition en compétition, et celui qui est l’un des meilleurs chevaux de saut d’obstacles de ces dernières décennies profite aujourd’hui sereinement de sa retraite, bien méritée. “Ce cheval représente quelque chose d’incroyable à mes yeux”, conclut le cavalier au sujet de son talentueux partenaire, qui resteront à jamais indissociables l’un de l’autre. 

Revivez le parcours de Jeroen Dubbeldam et Zenith en première manche de la finale individuelle, aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016