La nouvelle pépite de Steve Guerdat est française, et elle s’appelle Uranie de Belcour
Depuis quelques mois, Uranie de Belcour, une jument Selle Français de douze ans, fille de Flipper d’Elle, évolue aux côtés du Suisse Steve Guerdat. Et dès ses premières apparitions sous la selle du numéro un mondial, la puissante alezane a fait sensation. Formée en France jusqu’à ses huit ans, la petite fille de Diamant de Semilly, née chez Jean-Claude Lehmuller à Ronchamp, en Haute-Saône, n’a pas surpris son naisseur, ni son ancien cavalier, Aurélien Lange. Portrait de cette jument qui sera sans aucun doute un nouvel atout important pour Steve Guerdat.
Quatrième du Grand Prix 2* de l’Hubside Jumping à Grimaud début juillet, puis lauréate de celui de Gorla Minore à la fin du même mois, Uranie de Belcour a rapidement trouvé ses marques avec Steve Guerdat. Présente au Longines Classic de Deauville il y a quinze jours, l’impressionnante Selle Français a fait étalage de toutes ses qualités, sautant avec brio l’un des plus gros parcours de sa carrière. Malgré cinq points de pénalité, le nouveau duo semble paré pour la suite. Le 23 mars 2008, naît en Haute-Saône, chez Jean-Claude Lehmuller, une ravissante pouliche au croisement savamment étudié. “Je fais naître un ou deux poulains tous les ans mais je suis un petit éleveur amateur, de ville, sans terrain et sans rien”, s’empresse de préciser l’éleveur. “La mère d’Uranie, Quina de Saint Léger, était déjà née chez moi, je la connaissais donc bien. C’était une jument une grosse jument d’1,75m, un peu difficile, avec une force incroyable mais compliquée à canaliser. À un moment donné, j’ai pensé à Flipper d’Elle. Il était relativement petit donc je pensais que cela aurait produit un cheval de taille moyenne, avec une bonne tête, ce que la mère n’avait pas forcément.”
Uranie à quatre ans Montée quelques temps à cinq ans sur le Cycle classique et sur des épreuves préparatoires par Éric Lelièvre, Uranie passe sous la selle d’Aurélien Lange dès 2014. “Elle fait partie des meilleurs chevaux que j’ai montés dans ma vie, et j’en ai monté quelques-uns quand même”, salue le cavalier installé en Alsace. Rapidement, le couple se forme et les deux entament une belle aventure. “J’ai participé aux épreuves réservées aux chevaux de six ans avec, elle s’était bien comportée. Nous n’avions pas fait la finale pour ne pas l’user mais elle avait fait plusieurs sans-faute. Après j’ai participé à quelques épreuves jeunes chevaux pendant son année de sept ans, puis j’ai attaqué les 1,35m, où elle était toujours classée”, poursuit Aurélien Lange. En 2016, à seulement huit ans, Uranie de Belcour réalise sa meilleure saison de concours, totalisant plus de dix mille euros de gains. “Cela ne fait pas beaucoup de raté dans l’année !”, note son ancien cavalier. “Et elle a sauté à peine cinquante parcours cette année-là. Elle était tout le temps sans-faute.”
En fin d’année 2016, Aurélien Lange conduit sa fidèle partenaire jusqu’au Grand National de Lyon. Le couple participe au Grand Prix Pro Élite à 1,50m et boucle son premier parcours sur ces hauteurs avec une barre à terre. “Elle a toujours eu beaucoup de respect, beaucoup de force et vraiment une super tête. C’est vraiment une gagnante. Elle n’a peur de rien !”, ajoute le formateur de la belle alezane, qui semble ne lui trouver aucun défaut. “Elle est très, très sociable et vraiment gentille. C’est un cheval tout à fait différent quand il est sous la selle et au box. Même un enfant peut rentrer dans son box, elle ne bougera pas. C’est à l’opposé de sa mère. Par contre, une fois qu’elle est en concours, elle a un peu de sang”, confirme son naisseur, Jean-Claude Lehmuller, qui est resté propriétaire de la fille de Flipper d’Elle jusqu’en 2017.
“J’ai toujours cru qu’Uranie était une jument faite pour passer à la télé”, Aurélien Lange
Après une belle carrière en France, sous la selle d’Aurélien Lange, quelques participations à des CSI 1 et 2* et de nombreux classement jusqu’à 1,45m, Uranie est exportée en 2017. Elle reste deux ans dans les écuries du jeune italien Robert Bernasconi, vingt-trois ans. Finalement, Uranie de Belcour rejoint la Suisse, à Elgg, dans la superbe propriété du numéro un mondial, le Suisse Steve Guerdat. Éric Louradour, ancien entraîneur national des équipes italiennes Enfants, Juniors et Jeunes Cavaliers de saut d’obstacles, qui a repéré la jument chez son ancien pilote, s’est dit “heureux d’avoir cru en elle et contribué à son évolution technique.” Et “encore plus heureux d’avoir pu former le couple avec le numéro un mondial que j’estime énormément et que je cite souvent pour un exemple à observer, à la fois pour son équitation et la gestion de ses chevaux.” Décrivant la petite fille de Diamant de Semilly comme “exceptionnelle”, le coach de nombreux cavaliers, espère voir le nouveau couple écrire une longue série de victoires à son palmarès. “J’ai toujours cru qu’Uranie était une jument faite pour passer à la télé. Cela ne m’étonne pas qu’elle soit arrivée chez Steve Guerdat, ça me fait même plaisir. Elle le mérite. En plus, comme cavalier, c’est juste extra. Les chevaux ne peuvent pas beaucoup mieux tomber. Je pense vraiment que Steve va faire de grosses, grosses épreuves avec elle”, estime Aurélien Lange, pour qui Uranie gardera sans nul doute une place particulière dans sa carrière.
Pour sa part, Jean-Claude Lehmuller est bien entendu satisfait de voir un produit de son élevage arriver dans le piquet de chevaux du meilleur cavalier du monde, mais reste toutefois mitigé. “Nous ne boxons pas dans le même monde. C’est une satisfaction mais il est dommage que les éleveurs soient oubliés. Nous n’avons droit à aucune invitation”, déplore-t-il. “Je ne suis pas très loin de chez Steve Guerdat, à cent-cinquante kilomètres environ, mais je n’ai pas la clef pour aller lui dire bonjour. En tout cas, je retournerais voir Uranie en concours un jour.” Décrite comme “spectaculaire” mais “pas toujours évidente” sur le site internet du numéro un mondial, Uranie de Belcour semble promise à un bel avenir. Avant elle, Steve Guerdat avait déjà brillé avec bon nombre de chevaux français, à commencer par l’inoubliable Nino des Buissonnets (SF, Kannan x Narcos II), champion olympique à Londres en 2012 et vainqueur d'innombrables Grands Prix à travers le monde, ou plus récemment Victorio des Frotards (SF, Barbarian x Prince Ig’Or), avec lequel l’Helvète s’est récemment adjugé le dernier Grand Prix 5* de l’Hubside Jumping à Grimaud.
Avant de laisser sa jument se consacrer pleinement à sa carrière sportive, Jean-Claude Lehmuller a eu le temps de profiter de son excellente génétique. L’éleveur haut-saônois a, en effet, réalisé un transfert d’embryon en 2016, qui a donné naissance, l’année suivante, à un mâle par Utrillo vd Heffinck, Huranos du Boijoli. “Je vais essayer de le faire approuver. Je l’ai fait débourrer récemment par Jean-Marc Denis, et nous l’avons fait sauter une fois monté. Je pense qu’il est au moins aussi bon que sa mère. Il présente bien et est encore un peu plus facile que sa mère”, se réjouit l’éleveur. De son coté, Aurélien Lange, qui est ravi de voir son ancienne protégée entre les mains de Steve Guerdat, souhaite le meilleur au nouveau couple, qu’il espère voir très prochainement sur les plus belles épreuves de la planète.