Uitlanders du Ter, le cheval qui a tout changé pour Benoît Cernin

Encore vainqueur d’un Grand Prix du Grand National, le 23 août à Cluny, Uitlanders du Ter n’en finit plus de démontrer ses qualités sous la selle de Benoît Cernin. Sacré champion de France Pro Élite et vainqueur du Grand Prix CSI 3* de Lons-le-Saunier en 2019, le fils de Clinton devrait désormais prendre part à moins d’épreuves et se concentrer sur les plus importantes, avec l’objectif de se produire plus régulièrement en CSI 5*. Portrait.



Uitlanders du Ter a vu le jour en 2008 à Guidel, dans le Morbihan, au sein de l’élevage de Claude Bichet. Sa mère, Gala du Ter, était une fille de Hurlevent. Issu de l’illustre Amour du Bois, ce reproducteur a notamment donné les étalons performeurs Calypso d’Herbiers et Urleven Pironnière, respectivement indicés à 179 et 181 en saut d’obstacles. Sœur utérine d’Inès du Ter, créditée d’un ISO 135, Gala du Ter avait déjà engendré deux produits lorsque Claude Bichet a décidé de la croiser avec le Holsteiner Clinton, en 2007. “Je trouvais que Clinton, et plus généralement la lignée mâle de Corrado, représentaient une opportunité d’apporter du sang étranger et de ne plus faire de consanguinité. Par ailleurs, les étalons issus de Corrado ont de l’expression. Ils dégagent quelque chose physiquement, apportent un petit peu de beauté”, explique le Breton. Si les descendants de Clinton sont connus pour avoir beaucoup de caractère, ce n’est pas tellement le cas d’Uitlanders, qui est décrit comme “gentil” par tout son entourage. “Il a toujours le même tempérament! Il chante tout le temps en sortant du box, par exemple, en concours comme à la maison”, renchérit Benoît Cernin, son cavalier actuel.

Dès ses premiers mois, le bai a été remarqué par son naisseur “pour son chic”, avant de taper également dans l’œil des associés Fences à l’âge de trois ans. Ceux-ci le sélectionnent alors pour le marché Fences de novembre, mais le bai n’est finalement pas présenté car il est repéré dès le mois d’août par ses futurs propriétaires. “J’ai découvert le cheval sur les vidéos mises en ligne sur le site internet de Fences”, explique Thierry Ghidalia. “Ce sont d’abord les allures et la qualité du galop d’Uitlanders qui m’ont plu en vidéo, ainsi que son modèle et sa manière de sauter. Quelque part, ses origines m’ont moins attiré de prime abord”, poursuit celui qui est toujours propriétaire de l’étalon avec son épouse, Isabelle.

À quatre ans et au début de son année de cinq ans, le cheval concourt dans les épreuves Formation du Cycle classique de la Société hippique française, sous la selle de Jérémy Mendoussse. Le fils de Clinton est ensuite confié à Benoît Cernin. “À l’époque, Benoît était un jeune cavalier qui gagnait énormément dans notre région. C’était le meilleur cavalier du coin, et il habitait à trente minutes de chez nous, donc nous ne voyions pas l’intérêt d’aller chercher ailleurs ce que nous avions près de chez nous”, indiquent les propriétaires du cheval. Dans les écuries du Bourguignon, Uitlanders est d’abord monté par Alizée Wauthier, qui débute avec lui lors de quelques parcours en fin d’année 2013. L’année suivante, tous deux prennent d’abord part aux épreuves du Cycle classique, puis terminent leur saison en Grands Prix Pro 2 à 1,30m.

À l’âge de sept ans, Uitlanders “commence à être un peu plus chaud”, selon Benoît Cernin, qui le reprend sous sa selle au mois d’avril. Le nouveau couple réalise alors une bonne saison, avec en point d’orgue une quatorzième place au championnat de France des chevaux de sept ans. “Cette année-là, il a vraiment montré de la puissance. En revanche, il était assez tardif et donc encore assez vert dans son fonctionnement”, ajoute le cavalier. Dès le mois de juin de l’année suivante, Uitlanders débute à 1,50m à l’occasion du CSI 3* de Lons-le-Saunier, tout en se montrant performant à 1,45m. En fin d’année, il s’adjuge la troisième place du Grand National de Lyon. “Il a réussi une bonne saison et a commencé à vraiment enchaîner les performances. Il s’améliorait au fil de l’année”, affirme Benoît Cernin, qui présente même son complice dans une épreuve de dressage de niveau Amateur 2 Préliminaire cette année-là! “C’est un cheval qui ne dit jamais non, il est très volontaire”, poursuit le Bourguignon.



“Il n’a jamais été aussi en forme qu’actuellement”, Benoît Cernin

En 2017, le couple poursuit sur sa lancée avec plusieurs performances à 1,50m, et honore une première sélection en Coupe des nations à l’occasion du CSIO 3* de Drammen, où il termine troisième avec l’équipe de France malgré deux parcours à douze points. Après des épreuves à 1,50m au CSIO 5* de St Gall, le fils de Clinton prend le départ du championnat de France Pro Élite qu’il conclut à la trente-sixième place. “Il avait quand même beaucoup de sensibilité, mais c’est en train de devenir une force”, indique Benoît Cernin, qui remporte le Grand National de Rosières-aux-Salines en juillet 2017 avec son étalon. Engrangeant de nouveau classements et podiums à 1,45m et 1,50m et se produisant sur le prestigieuses pistes de Hickstead et Šamorín, le couple conclut sa saison au mythique CHI 5* de Genève. Il décroche alors sa qualification pour le Grand Prix, conclu avec huit points au compteur.

En 2018, leur route se poursuit avec de nombreux classements jusqu’à 1,50m, et une nouvelle victoire dans le Grand National, à Mâcon cette fois. En 2019, la donne reste la même en début de saison, jusqu’au CSI 3* de Lons-le-Saunier. Sous une pluie battante, Uitlanders s’impose dans le Grand Prix à 1,55m, et renoue ainsi avec la performance à ces hauteurs. Et deux semaines plus tard, il permet à Benoît Cernin de s’imposer dans le championnat Pro Élite. Le couple participe alors avec un succès modéré aux internationaux de Dinard, Longines Deauville Classic, Valence et Mâcon, terminant tout de même deuxième d’une épreuve à 1,45m lors du CSI 4* Hubside de Valence. À Lyon, Uitlanders prend pour la première fois part au CSI 5*-W, et conclut l’épreuve à barrage à 1,60m du vendredi avec quatre points seulement. Il termine sa saison en participant aux étapes du Grand National du Mans et de Paris, puis débute 2020 dans des épreuves moins hautes à Offenburg puis Royan.

À la suite de cela, le cheval a connu “une pause de six mois, due à la Covid et à une petite blessure contractée un peu avant.” Selon son cavalier, cet arrêt lui a été très salvateur: “Il n’a jamais été aussi en forme qu’à l’heure actuelle. Même l’année dernière, lorsqu’il avait remporté coup sur coup le Grand Prix de Lons-le-Saunier et le championnat Pro Élite, il n’avait pas la même forme physique. J’ai l’impression de ne plus monter le même cheval qu’avant, aussi bien du point de vue de sa puissance que de celui de sa disponibilité.” Cette amélioration s’est avérée payante lors du Grand National de Cluny, dont le couple a remporté le Grand Prix à 1,50m face à une belle concurrence. Désormais, Benoît Cernin aimerait “cibler les beaux concours et en faire moins” avec son complice, qu’il voudrait présenter plus régulièrement en CSI 5*.

Côté élevage, Uitlanders du Ter, douze ans, ne compte que six produits enregistrés, dont les deux plus âgés ont trois ans. Ses propriétaires, qui l’ont déjà utilisé en tant que reproducteur, estiment “qu’il signe ses produits et leur apporte ses qualités, notamment sa locomotion, sa force et sa souplesse.” Claude Bichet, naisseur de l’étalon, a également prévu de l’utiliser sur l’une de ses poulinières “pour faire un inbreeding sur Corrado.” Et d’ajouter: “En plus, j’ai vendu la dernière pouliche de la mère d’Uitlanders juste avant que le cheval ne commence à vraiment performer. Je n’ai donc plus cette souche à la maison, alors j’aimerais bien avoir un poulain d’Uitlanders pour que l’histoire ne s’arrête pas là.

Revivez la seconde manche de la finale du championnat de France Pro Élite de 2019