L’Obs dévoile une nouvelle affaire d’agressions sexuelles présumée dans le monde équestre

L’Obs a aujourd’hui publié un article relatant une nouvelle affaire d’agressions sexuelles présumée dans le monde équestre. Audrey Lacarde a choisi de prendre la parole et d’évoquer les violences qui auraient été perpétrées par son entraîneur pendant son adolescence.



Il y a d’abord eu la patineuse Sarah Abitbol, avant que le monde du cheval ne soit lui aussi touché. Depuis plusieurs mois, la parole se délie et les victimes de violences et agressions sexuelles dans le milieu sportif s’expriment pour que justice soit faite, et mettre en garde de potentielles nouvelles victimes. Aujourd’hui, L’Obs a publié une excellente enquête dans laquelle la cavalière Audrey Larcade raconte les violences sexuelles que lui aurait fait subir son entraîneur, surnommé “A.” dans l'article, durant son adolescence.

Aujourd’hui âgée de trente-quatre ans, la victime présumée a décidé de prendre la parole et raconte que son ancien entraîneur, “figure de l’équitation western”, installé de longue date dans le sud de l’Île-de-France, aurait commencé à avoir de premiers gestes ambigus (des bisous ou caresses déplacés) vers l’âge de dix à douze ans. Sur le site internet de l’hebdomadaire, la jeune femme revient sur les débuts de ces violences, qui auraient été perpétrées en marge d’une démonstration au Haras national de Pompadour en 2000, et qui se seraient poursuivies jusqu’à sa majorité: “À l’hôtel, il n’avait réservé qu’une chambre, avec un seul lit. C’est là qu’il a commencé les pénétrations”, explique la jeune femme. Audrey Larcade n’a alors que quatorze ans, et son coach cinquante-neuf. Sous l’emprise de cet homme dès l’âge de huit ans, lors de son arrivée dans le club, la pré-adolescente est parfois hébergée chez son entraîneur, qui aurait usé de chantage pour arriver à ses fins, sans que ses parents ne se doutent de rien. 

Après un long silence, en 2013, Audrey Larcade évoque pour la première fois les comportements présumés de son entraîneur, auprès de son amie Julie Baudouin, alors âgée de dix-huit ans. Cette dernière lui avoue qu’elle a également subi des gestes déplacés depuis l’âge de cinq ans. “Quand j’ai compris que je n’étais pas seule, tout a basculé. Je lui ai raconté ce que je n’avais jamais osé raconter avant.” Les deux jeunes femmes contactent alors d’autres cavalières, anciennement proches du gérant d’écurie. Une troisième victime présumée les rejoint pour porter plainte. Cependant, à l’époque, l’impact est minime dans le monde équestre. “Que A. ait eu des histoires avec des jeunes filles ne choquait pas grand monde”, soupire Audrey. “Il y a même eu une pétition de soutien en sa faveur! Des gens nous ont tourné le dos.” Audrey et Julie ne pensent alors pas à interpeller leur fédération.  



Une information judiciaire ouverte fin août

En 2014, les jeunes femmes subissent un véritable coup de massue lorsque l’enquête préliminaire est classée sans suite. “Sur la feuille, ils ont marqué : «faits : viol sur majeure ». Majeure? Mais j’étais mineure!” Jeune maman, Audrey, qui vient de se marier n’a “pas la force de continuer à me battre”, son bébé ayant des problèmes de santé. Désormais directrice d’un centre équestre en Seine-et-Marne, à quarante-cinq kilomètres de celui de son agresseur présumé, multiple champion de France et d’Europe en diverses disciplines d’équitation Western, notamment dans des fédérations parallèles à la Fédération française d’équitation (FFE). 

Grâce à l’électrochoc créé par les révélations de Sarah Abitbol et le mouvement de libération de la parole des victimes, Audrey Larcade a récemment décidé de reprendre son combat aux côtés de Julie Baudouin. À la suite du témoignage d’Amélie Quéguiner, qui a révélé en février dernier avoir subi des agressions sexuelles de son ancien moniteur, les deux amies ont ainsi rempli le formulaire de signalement mis en ligne par la FFE, à laquelle est affiliée la structure concernée, qui a déclaré avoir transmis le dossier à la direction de la Jeunesses et des Sports. Dans le dossier pénal, Audrey a pu découvrir la version de son agresseur présumé, qui réfute complètement les faits, évoquant un “amour” réciproque et des “rapports d’une douceur folle”. Celui-ci a refusé de répondre aux questions de L’Obs.

Fin août, le parquet a ouvert une information judiciaire, sept ans après son classement sans suite. “Je ne supporte plus l’inertie. Il faut que l’affaire sorte. La parole de Sarah a libéré ma parole. Je veux que la mienne en libère et en protège d’autres. Et maintenant”, lâche Audrey. Pour rappel, GRANDPRIX, qui travaille depuis plusieurs mois, sur un dossier concernant les violences sexuelles dans les sports équestres, et accueille les témoignages des victimes qui souhaitent s’exprimer et témoigner.