Chevaux mutilés : le point sur une affaire bien loin d’être résolue

À ce jour, 153 enquêtes ont été ouvertes dans toute la France dans l’affaire des chevaux mutilés. Déplacement de ministres, mobilisation des gendarmes, mise en place d’un numéro vert, les actions diverses menées par les autorités n’empêchent pas les attaques de continuer.



Chaque jour, ou presque, de nouveaux cas de mutilation sur des équidés sont recensés aux quatre coins de la France. Cette semaine, il y a notamment eu le cas d’une jument retrouvée morte lundi 7 septembre dans les Côtes d’Armor, un cheval mutilé mardi 8 septembre dans le Pas-de-Calais, une ponette elle aussi mutilée le même jour dans le Tarn-et-Garonne (où un cheval avait déjà été retrouvé gravement entaillé à l’œil dimanche 6 septembre). Oreilles tranchées, organes génitaux lacérés, entailles diverses sur toutes les parties du corps, les modes opératoires sont variés. Seraient utilisés des lassos, des tord-nez, des sédatifs… Et chaque jour, ou quasi, la liste s’allonge… et s’empire ! Il semblerait que les attaques s’étendent à d’autres animaux. Ainsi on a recensé cette semaine la mutilation de deux génisses en Bretagne et d’un veau de trois jours en Lozère. 

S’il est difficile de ne pas établir de lien entre toutes ces affaires - 153 enquêtes sont actuellement ouvertes en France -, rappelons toutefois les propos “tempérés” du colonel Hubert Percie du Sert, coordinateur de la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie. Il soutient que cela ne signifie pas que tous ces faits, après analyses et enquêtes, peuvent être reliés entre eux ou relèvent d’actes malveillants. 

Un seul suspect avait été interpelé le 7 septembre, puis relâché deux jours plus, son alibi ayant pu être vérifié. D’autres mesures sont prises, ou en cours. Ainsi, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a également été sollicitée par la gendarmerie nationale pour apporter son concours aux investigations. Le 4 septembre, le GHN a, dans un courrier adressé à Mr Jean Roch Gaillet, directeur de l’IFCE, demandé la constitution d’une cellule de crise réunissant l'ensemble des institutions de la filière, le Ministère de l'Agriculture, le Ministère de l'Intérieur et les présidents des groupes “Cheval” de l'Assemblée Nationale et du Sénat pour développer une stratégie concertée et centraliser les remontées du terrain pour faire cesser ces actes.

La France du cheval est en panique. Les propriétaires et éleveurs sont en colère. Alors qu’une mère et sa fille ont été interpellées la semaine dernière en Bretagne après avoir elles-mêmes contrôlé un véhicule suspect, et vont être jugées en janvier prochain (elles risquent cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d’amende), les autorités exhortent les particuliers à ne surtout pas faire justice eux-mêmes. Le ministre de l’Agriculture a annoncé la création d’un numéro vert à l’écoute des propriétaires de chevaux, opérationnel depuis ce mercredi matin : le 0800 738 908. Dans divers départements, des mesures sont prises. Ainsi dans le Lot, le groupement de gendarmerie du Lot étend le dispositif “Opération Tranquillité Entreprises- Commerces” (O.T.E.C.) aux détenteurs de chevaux. Sur le modèle de l‘Opération Tranquillité Vacances (O.T.V.) : il est ainsi proposé aux centres équestres, associations, propriétaires ou éleveurs équins implantés sur la circonscription gendarmerie, de signaler l’emplacement de leurs propriétés, afin que des rondes soient organisées. Du côté de la Charente, André Bertrand, le président du comité départemental d’équitation, est à l’initiative d’une réunion d’information au sujet de la vague de mutilation de chevaux, qui se tiendra lundi 14 septembre à 18h au centre équestre de l’Étrier Charentais à La Couronne. La réunion est ouverte aux dirigeants, enseignants, et possesseurs d’équidés, dans l’idée de coordonner les actions en cours et à venir. Devraient être présents à la réunion, Cindy Léoni, directrice de cabinet de la préfète de la Charente et le colonel Pierre-Henri Crémieux, patron des gendarmes charentais.