Yves Chauvin défend son bilan et démissionne de la présidence de la SHF

Président de la Société hippique française (SHF) depuis fin 2012, puis réélu en 2015 et 2019, Yves Chauvin quittera son poste début 2021, “pour des raisons personnelles”, assure-t-il. Il l’a annoncé ce matin à Paris à l’occasion de l’assemblée générale de la société-mère du jeune cheval et poney de sport. Éleveur sous l’affixe de Courcelle et ancien président du Stud-book Selle Français, le Bourguignon a ardemment défendu son bilan et promis de rester au service de l’association et de son successeur.



Un budget en baisse de 36% en 2020

© Sébastien Roullier

“Cette année a été très difficile à gérer pour la SHF, en raison de la pandémie de Covid-19, et particulièrement pour moi. C’est pourquoi, pour des raisons personnelles, je vous annonce que je quitterai la présidence de la SHF dès le début de l’année 2021 et l’élection d’un nouveau président”, a déclaré Yves Chauvin, quelques minutes après le coup d’envoi de l’assemblée générale de la Société hippique française. Une annonce que le président a aussitôt pondérée en indiquant que de nombreuses personnes concernées avaient déjà été mises au courant. Éleveur sous le célèbre affixe de Courcelle, à Bruailles en Saône-et-Loire, le Bourguignon, qui fut aussi président du Stud-book Selle Français de 2007 à 2012, est aux rênes de SHF depuis fin 2012, et il a été réélu à ce poste à deux reprises, en 2015 et 2019.

Rappelons qu’il s’agissait de l’assemblée générale traitant de l’exercice 2019, initialement programmée le 14 avril et reportée en raison de la pandémie en cours. Du reste, compte tenu des incertitudes sanitaires et de la volonté de chacun de se protéger de ce maudit coronavirus, il n’y avait qu’une bonne trentaine de personnes, dont environ vingt-cinq votants, dans la salle louée pour la SHF dans le quatorzième arrondissement de Paris. Une fréquentation bien moindre par rapport à l’assistance constatée lors des précédentes réunions de ce type, et surtout aux neuf mille adhérents de l’association, mais compréhensible. Après avoir présenté un bilan moral plutôt positif, Yves Chauvin a laissé Gérard Rameix, trésorier, analyser un bilan financier tout à fait correct puis évoquer la reconstruction du budget de cette satanée année 2020. Celui-ci anticipe une chute des recettes de près de 36%, soit 6.750.969 contre 10.522.592 euros en 2019. Cette contraction résulte de la baisse d’un petit tiers de la subvention du fonds EPERON (2,2 contre 3,2 millions en 2019) mais aussi de la baisse des produits liés aux frais d’engagement en concours. C’est inquiétant mais logique quand on se rappelle qu’aucune épreuve n’a pu se tenir entre mi-mars et le 25 mai et que les circuits de formation et de valorisation des jeunes chevaux et poneys de sport, toutes disciplines confondues, n’ont retrouvé un rythme un tant soit peu normal que fin juin, voire début juillet, et que leur calendrier a été amputé de nombreuses dates. La SHF s’en sortira, à en croire ses dirigeants et son expert-comptable, mais elle devra aussi se préparer à un exercice 2021 qui s’annonce presque aussi incertain… Tous ces bilans ont été approuvés sans réserve par l’assemblée.



“J’ai vécu des moments intenses pendant ces années”

C’est alors qu’Yves Chauvin a repris la parole pour revenir plus longuement sur sa décision de lâcher la présidence de la SHF. “Cette année a été très déstabilisante pour moi. Ce virus m’a conduit à réfléchir sur moi-même. Je me suis consacré pendant de nombreuses années à cette filière, à la tête du Selle Français puis de la SHF.” Une façon de dire qu’il était temps, peut-être, de consacrer plus de temps aux siens. “J’ai aussi une vie personnelle et cette maladie m’a marqué. C’est pourquoi je quitterai cette fonction.”

Naturellement, le président a défendu son bilan avec passion et conviction. “Quand je suis arrivé à la présidence, la SHF était devenue une société-mère, mais ce concept était encore très virtuel. Dans notre filière, il n’est jamais facile de rassembler parce que les intérêts des uns et des autres sont très divers. De plus, il n’était pas simple de marier les secteurs de l’élevage et de la valorisation, seule mission gérée précédemment par la SHF «canal historique». D’un seul coup, tout a été regroupé. Dans l’incompréhension, certains ont pu se sentir dépecés. Depuis, nous n’avons pas chômé. Je pense notamment à la création de SHF Market, en matière de commercialisation. Nous avons aussi réformé toute la gouvernance de l’élevage, ce qui nous a d’ailleurs coûté cher. Je pense aussi à SHF Vidéo, qui rend un vrai service aux éleveurs, notamment en termes de commercialisation. Que n’ai-je pas entendu au sujet de cette initiative, qui allait nous coûter des sommes folles… et qui aujourd’hui est non seulement devenue indispensable et nous rapporte en plus un peu d’argent. J’ai vécu des moments intenses pendant ces années…”, a-t-il conclu, applaudi par l’assistance puis chaleureusement salué par Pierre Tribon, responsable du bureau du cheval et des courses au ministère de l’Agriculture.



Une profonde réflexion stratégique

En 2021, la SHF changera de président, mais pas que. Cette année, deux groupes de travail ont été créés avec pour objectif d’offrir un éclairage sur les actions et moyens de la SHF dans le futur. Leur rapport a été rendu très récemment. “Sur la base de leurs conclusions, une commission stratégique, réduite à quelques administrateurs, mène une réflexion profonde sur les missions de la SHF et l’adaptation de ses moyens. Ses propositions seront soumises cet automne au conseil d’administration”, a dit Yves Chauvin. On peut alors imaginer que le prochain président sera issu de cette commission ad hoc. “Le moment du choix n’est pas encore venu”, a déclaré à GRANDPRIX le Dr Michel Guiot, président de la commission élevage, membre de cet organe et éleveur sous les affixes de Talma, de Toscane et Andalou, à la sortie de cette assemblée générale. “Nous choisirons le plus à même d’entre nous de mener les réformes nécessaires à notre avenir. En tout cas, il serait logique que le futur président suive les recommandations de la commission.” L’élection devrait être programmée début 2021. Ensuite, Yves Chauvin a promis de rester membre de conseil d’administration et se “mettre au service de la personne qui me succèdera, pour le bien de notre société-mère.”