L'album photo de l'ancien numéro un mondial Harrie Smolders

Lauréat d'une ribambelle de Grands Prix CSI 5* en l'espace de quatre ans, Harrie Smolders, médaillé d’argent individuel des championnats d’Europe Longines de Göteborg, a vécu une remarquable ascension ces dernières années. Aux rênes des exceptionnels Don VHP Z, Zinius, Cas 2 et Colinn, le Néerlandais de quarante ans embrasse avec bonheur la meilleure phase de sa carrière. Après son portrait paru hier, découvrez l'album photo d'un ancien numéro un mondial.



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La première partie de cet article, sous forme de portrait, est parue hier. Cliquez ici pour la retrouver.

PHOTO À DROITE.

Harrie Smolders a débuté l’équitation à huit ans sur le poney de sa sœur aînée.

“J’ai été tardif en tout. Je jouais encore au foot à seize ans. À cette époque, je n’étais pas vraiment emballé par l’équitation! Comme ma grande sœur devenait trop grande pour son poney, mes parents avaient décidé de le vendre et de chercher un poney plus grand pour elle. Finalement, je leur ai ordonné de ne pas le vendre et j’ai décidé de mettre le pied à l’étrier. Au début, je n’étais pas très courageux, j’avais très peur du saut d’obstacles! Mes parents devaient descendre la barre jusqu’au sol pour que je veuille bien la sauter… (rires) À vingt ans, je n’avais pas encore sauté plus haut qu’1,30m! Après le lycée, j’hésitais à aller à l’université, où j’étais censé suivre un cursus en économie. Mes parents m’ont suggéré de partir trois mois chez Johan Heins pour m’immerger quelques temps dans le monde du cheval, afin de voir si cela pouvait me plaire. J’ai tout fait: dressage, concours complet et même attelage… J’ai même conquis plus de titres en dressage qu’en saut d’obstacles! Mon père y mettait un point d’honneur, martelant que je devais connaître les bases de l’équitation. Il ne voulait pas que je me lance trop tôt en saut d’obstacles, histoire de m’ouvrir à d’autres choses et de me laisser le temps d’apprendre un maximum de choses sur les chevaux. Après trois mois chez Johan Heins, j’étais conquis et je ne suis jamais retourné chez moi!”

PHOTO CI-DESSOUS.

À vingt ans, Harrie Smolders a lancé sa carrière internationale chez les Jeunes Cavaliers, participant notamment aux championnats d’Europe de Gijón en 2001, où il a remporté le bronze par équipes.

“À l’époque, je ne voulais vraiment pas courir de championnats parce que je ne pensais pas avoir de chevaux assez bons pour bien y figurer. Cependant, trois mois avant l’échéance, le chef d’équipe néerlandais m’a dit qu’il me sélectionnerait dans son équipe quoi qu’il arrive. Quand je lui ai dit que je n’avais pas de cheval, il m’a juste répondu: “Je me fiche de ce que tu montes, j’ai besoin de toi en tant que cavalier!” En 2001, je me suis rendu à Gijón avec Liverpool, qui m’a permis de gagner une médaille de bronze par équipes. Comme Odessa (avec laquelle il a participé aux championnats d’Europe de Hartpury en 2000, ndlr), ce cheval provenait des écuries de Johan Heins. Comme Johan ne voulait pas vraiment conserver de chevaux pour le sport, à vingt-deux ans, je suis parti chez Axel Verlooy. Même si celui-ci poursuivait aussi des objectifs commerciaux, je le sentais un peu plus passionné parle sport. Là-bas, je me suis lancé en CSI1, 2 et 3*, et j’ai progressé petit à petit. Grâce notamment à l’investisseur néerlandais Exquis, nous avons alors trouvé de très bons chevaux, qui m’ont permis d’accéder au plus haut niveau.”

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L’étalon KWPN Oliver Q a été l’une des premières montures majeures du Néerlandais, lui permettant notamment de prendre part à sa première finale de Coupe du monde en 2008 à Göteborg. 

“Oliver a été mon premier vrai cheval de haut niveau. Je l’ai récupéré quand il avait six ans. Il appartenait au cavalier japonais Ryuichi Obata, qui ne souhaitait pas participer à beaucoup de concours. Il m’a alors demandé de le monter dans des épreuves Jeunes Chevaux. À sept ans, il sautait déjà de bonnes épreuves. Il était très intelligent, montrant beaucoup de facilités, mais il avait énormément de sang, donc je ne pouvais pas aller trop vite, sinon j’étais bon pour deux ou trois mois de travail! C’était un vrai battant, il avait un cœur énorme. Il a réussi un impressionnant nombre de sans-faute au cours de sa carrière. L’objectif du Japonais était de participer aux Jeux olympiques d’Athènes avec lui. Oliver n’avait que huit ans, alors nous nous sommes lancés assez vite en Grands Prix CSI 5*. C’est avec lui que j’ai couru mon premier Grand Prix de Coupe du monde! Nous avions alors écopé d’une faute, mais terminé sixièmes. Ryuichi Obata a ensuite réussi à se qualifier pour les JO, et a réalisé son rêve là-bas! Après Athènes, il a cessé la compétition et m’a confié le cheval, dont Exquis a acquis quelques parts. Tout le monde était content. J’ai ensuite participé à ma première finale de Coupe du monde avec lui. Nous nous étions bien comportés lors de la Chasse, mais avions seulement terminé seizièmes de la deuxième épreuve, si bien que j’avais préféré ne pas repartir le dimanche. Dix jours plus tard, nous avons remporté la Coupe des nations de Madrid.”

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Issue du célèbre élevage de Joris de Brabander, Exquis Walnut de Muze a accompagné Harrie Smolders aux Européens de Windsor en 2009, ses premiers championnats Seniors.

“Walnut a rejoint nos écuries un peu après Oliver, à l’âge de huit ans. Elle avait d’excellentes origines, c’était une fille de Querly Chin (BWP, Chin Chin x Pachat II). Quand elle est arrivée, elle avait déjà donné dix-sept poulains (essentiellement par transferts d’embryons, ndlr). Elle avait énormément de moyens mais aussi un sacré caractère! (rires) Elle a été géniale pour moi. Pour la première fois, j’avais trois chevaux de Grands Prix assurés de rester sous ma selle: Oliver, Powerfee et Walnut. Je pouvais me concentrer vraiment sur le sport, ce qui m’a permis d’intégrer le top dix du classement mondial Longines. Quand j’ai commencé à travailler avec Axel Verlooy, il faisait beaucoup de commerce. Dès qu’il y avait de bons chevaux, nous devions les vendre. Grâce au soutien d’Exquis, Axel n’était plus obligé de sécuriser seul des chevaux pour moi. Actuellement, Walnut est stationnée dans notre écurie d’élevage, en Belgique.”

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Reconnaissable entre mille grâce à son coup de saut et son charisme, Regina Z a durablement marqué la carrière du champion, prenant la relève d’Oliver et Walnut.

“Nous travaillions avec un client américain, qui cherchait un cheval pas trop grand et plutôt énergique. J’avais dit à Axel que j’avais repéré un bon cheval dans un concours national quelques semaines auparavant, et que celui-ci pourrait convenir à notre client. C’est ainsi que Regina est arrivée dans nos écuries. Lorsque nous l’avons essayée, elle sautait de manière incroyable, mais faisait preuve d’un tempérament de feu. Elle était difficile à contrôler. Autour d’un café, le père d’Axel a dû discuter avec ses propriétaires pendant deux heures. À la sortie, il m’a dit: “Harrie, j’ai acheté cette jument, et tu vas la monter!” Ce n’était pas vraiment mon intention à la base! (rires) Au début, Regina ne comprenait pas vraiment le sport. Elle s’énervait parce que je la plaçais dans des situations difficiles. Après six mois de travail, elle a commencé à se battre pour moi et à sauter avec toute son envie. À vrai dire, elle aurait fait n’importe quoi pour moi, ce qui nous a permis de gagner un paquet d’épreuves (vingt-six sur la scène internationale, ndlr), y compris certaines qui me semblaient inaccessibles pour elle. Elle est probablement la plus intelligente de tous les chevaux que j’aie montés, et en tout cas la seule qui réponde à l’appel de son nom! Quand je vais la voir au pré et que je crie son nom, elle lève la tête et s’approche systématiquement de moi. Mon meilleur souvenir reste notre victoire dans le Grand Prix CSI5* de Shanghai en 2015. Non seulement elle l’avait vraiment méritée, mais ce succès l’a aussi davantage mise en lumière. Elle aussi se consacre aujourd’hui à l’élevage.”

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Doté d’un modèle de rêve et d’une technique parfaite, Emerald a relancé son cavalier dans sa course vers les sommets du saut d’obstacles, terminant notamment deuxième de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg, en 2016.

“Emerald est arrivé chez nous à six ans. Comme Walnut, il est né chez Joris de Brabander (pour le compte de Bert van den Branden, ndlr). Un jour, Joris m’a dit qu’il avait un bon cheval à me présenter, et me l’a laissé pendant une semaine à la maison. Dès que je l’ai essayé, j’ai ressenti un coup de foudre. Il m’a tout de suite convaincu par sa technique, son respect, sa puissance et son expression. Il a beaucoup d’énergie. Il s’est beaucoup amélioré au fil des années. Avant, il sautait beaucoup trop haut. Avec le temps et l’expérience, il est devenu plus mesuré. Outre la finale de la Coupe du monde, c’est avec lui que j’ai participé à mes premiers Jeux olympiques, qui me laissent un souvenir très particulier. C’était une expérience incroyable, que j’espère bien pouvoir revivre en 2020 à Tokyo! Ces trois derniers mois, Emerald a profité d’une pause hivernale et a accompli ses missions d’étalon. Après avoir repris à Leipzig, il devrait se produire à Bordeaux, Göteborg et Bois-le-Duc, avant de se concentrer sur la saison extérieure. De ce fait, Don VHP va pouvoir se reposer.”

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°104.

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