“L’an passé, tous les meilleurs sont venus à Lignières”, Emmanuel Lagarde

Du 6 au 11 octobre, le Pôle du cheval et de l’âne de Lignières-en-Berry accueillera si tout va bien son traditionnel concours complet international. Actuellement en train de préparer les lieux, les membres de l’Association des Compétitions Équestres du Val d’Arnon prévoient la tenue d’un CCI 4*-L, un CCI 3*-L et un CCI 2*-S. Le Dr. Emmanuel Lagarde, directeur de l’événement, a évoqué pour GRANDPRIX les conditions particulières d’organisation liées à la crise sanitaire, ainsi que les spécificités de son concours.



En raison de la crise sanitaire, beaucoup d’organisateurs se sont vus contraints de limiter le nombre de visiteurs sur leurs concours, voire d’imposer le huis clos sur leurs événements. Qu’en sera-t-il pour le concours complet international de Lignières-en-Berry ?

Pour l’instant, nous pensons toujours accueillir du public. En effet, cela ne nous est jamais arrivé d’avoir plus de cinq mille visiteurs par jour, même l’an dernier pour la finale de l’Event Rider Masters. Cela dit, pour l’instant, je n’ai que des échanges oraux avec la préfecture, et pas de document finalisé. Dans la proposition que nous leur avons faite, nous avons maintenu l’accueil du public avec port du masque obligatoire, mesures de distanciation physique, gel hydro-alcoolique et autres gestes barrières. Si l’événement doit se dérouler à huis clos, cela risque de remettre en cause l’équilibre financier de la manifestation, et donc son maintien, car certains partenaires m’ont informé qu’ils ne viendraient pas s’il n’y avait pas de visiteurs.

Pour l’instant, comment pensez-vous assurer l’équilibre financier de l’événement ?

Les collectivités que sont le département du Cher et la région Centre nous aident. Nous sommes aussi une structure un peu moins ambitieuse que d’autres au niveau des infrastructures. Nous misons plus sur l’accueil, la convivialité… Je ne peux pas de toute façon pas vendre une piste d’aéroport, un golf ou un hôtel 5*, je ne les ai pas. Et puis, contrairement à d’autres gros organisateurs, nous ne sommes au final qu’une bande de copains qui veut se faire plaisir. Nous revendiquons un modèle économique un peu différent des autres.

Cette année, vous proposerez un CCI 4*-L en lieu et place du CCI 4*-S que vous avez organisé l’an passé. Pourquoi avoir fait le choix de mettre en place un format long ?

Nous avons répondu à une demande de la FFE pour transformer le CCI 4*-S en CCI 4*-L, parce que nous avons largement la place de le faire. Je pense qu’ils cherchaient à organiser un CCI 4*-L en fin de saison, et on nous a simplement dit que ce serait bien si nous pouvions le faire. Cela pouvait se tenir soit au Pouget, soit à Lignières, et je crois que notre terrain permet un peu plus aisément de faire la distance d’un format long. En tout cas, il n’y avait pas de rivalité entre les concours puisque nous avons le même chef de piste (Pierre Le Goupil, ndlr).



“Les équipes de l’ERM étaient satisfaites du concours”

Avez-vous déjà eu des retours de cavaliers souhaitant potentiellement s’engager pour l’un des labels proposés en octobre ?

Oui. Je me suis entretenu avec Tim Price, qui m’a dit que son épouse Jonelle et lui envisageaient de venir avec huit ou neuf chevaux. Nous avons également eu des échanges avec Michael Jung, qui hésite encore entre venir chez nous et concourir à Strzegom. À priori, Zara Tindall a fait savoir lors du Grand Complet du Haras du Pin qu’elle viendrait à Liginières avec de jeunes chevaux. En ce qui concerne les cavaliers français, j’ai parlé avec Mathilde Montginoux, la compagne de Maxime Livio, qui m’a dit qu’ils viendraient comme d’habitude avec des cavaliers qu’ils entrainent. Nous commençons aussi à avoir quelques demandes d’engagement qui arrivent via FFE Compet. J’ai notamment vu passer les noms de Luc Château et Gwendolen Fer, mais rien ne dit qu’ils confirmeront leur engagement par la suite. Michel Asseray (Directeur technique national adjoint au concours complet, ndlr) nous a dit que nous devrions normalement faire le plein de cavaliers français sur le CCI 4*-L. 

L’an passé, vous accueilliez la finale de l’Event Rider Masters. Les retombées apportées par l’insertion de votre concours dans un tel circuit ont-elles été nombreuses ?

Oui, elles l’ont été ! Tout d’abord, nous avons accueilli environ vingt des trente meilleurs cavaliers du monde sur un CCI 4*-S, et je ne suis pas sûr qu’ils seraient venus à Lignières sans cela. Nous sommes habitués à avoir presque 50 % d’engagés originaires de l’étranger et quelques têtes d’affiche, mais l’an passé tous les meilleurs sont venus en même temps. Nous avons également observé la force des images et de la télévision, ainsi que celle de la retransmission en direct des épreuves. Par ailleurs, l’ERM a un vrai savoir-faire quant à la promotion sur les réseaux sociaux, et cette couverture facilite, à mon sens, la tenue du concours complet international de Lignières en 2020. Il y a en effet beaucoup de gens qui ont pu voir le site, et qui l’ont trouvé bien. En matière d’organisation, j’ai également appris beaucoup de choses. Nous avons, par exemple, vu des influenceuses britanniques arriver, rivées derrière leur téléphone, et observer le poids que pouvaient avoir les retours transmis par ces gens-là pour faire la promotion d’un événement international. Ne serait-ce que pour ma culture personnelle, j’ai trouvé cela très intéressant.

Pour autant, Lignières ne faisait pas partie des quatre étapes qui auraient dû composer l’ERM en 2020… 

Les organisateurs nous avaient prévenus qu’ils avaient des problèmes pour boucler leur budget, et qu’ils ne pourraient organiser que quatre étapes cette année au lieu de six. Ils nous ont annoncé cela autour du mois de février, peu de temps avant qu’ils décident d’annuler totalement leur circuit en raison de la crise sanitaire. Pour autant, durant le débriefing que j’ai eu avec eux, ils m’ont dit qu’ils étaient satisfaits du concours et des retours qu’ils en avaient eus. Ils m’ont expliqué avoir eu largement autant de personnes connectées et de nouveaux abonnés à leurs plateformes à Lignières que sur leurs autres événements.

L’an passé, le CCI 4*-S était retransmis en vidéo comme toutes les étapes de l’Event Rider Masters. Avez-vous prévu de remettre en place un tel dispositif cette année ?

Non, je n’ai pas les moyens financiers d’assurer ce service. Lignières est une petite ville de mille cinq cents habitants, donc je ne peux pas mobiliser un marchand d’armes, un marchand d’avion ou une autre très grosse entreprise ici. Tout l’argent que nous gagnons est injecté dans l’accueil des cavaliers et les dotations. Après, je pense que la presse écrite va venir, et se chargera de prendre le relais. Et puis, je compte également un peu sur les réseaux sociaux, étant donné que j’ai pu observer leur impact l’an passé. Les gens qui viendront à Lignières feront des images, des vidéos, et tout le monde pourra en profiter de cette manière.