“Je voulais gagner ce titre pour Thaïs”, Anouk Canteloup
Dimanche passé, Anouk Canteloup est montée sur la plus haute marche du podium du championnat de France Jeunes Cavaliers, deux ans après son double sacre Européen à Fontainebleau, déjà glané avec Daniel Del Impermeable. Dédiant ce titre à son amie Thaïs Meheust, disparue tragiquement il y a un an, la jeune étudiante en chiropraxie est revenue sur ce nouveau succès dans sa carrière de cavalière.
Vous remportiez le week-end dernier au Haras du Pin votre premier titre national aux rênes de votre champion Daniel del Impermeable. Une satisfaction en cette année si particulière?
Exactement. Ce championnat me tenait à cœur pour deux raisons. En premier lieu, compte tenu l’annulation des championnats d’Europe Jeunes Cavaliers et le fait qu’il s’agisse d’années précieuses, l’échéance était d’autant plus importante. On a envie de se rattraper sur les championnats d’Europe de l’année prochaine, mais étant donné qu’il restait un titre de champion de France à décrocher, j’en avais fait un objectif de saison. La deuxième raison, c’est évidemment pour Thaïs. Je ne peux pas ne pas en parler. J’avais la rage de gagner ce titre pour elle. J’avoue que pendant l’hiver, j’ai connu de grosses périodes de doutes, car c’est un événement qui bouscule. Elle m’a donné la force pour continuer, et chaque jour je monte à cheval en me disant que j’ai la chance de pouvoir le faire. J’avais vraiment à cœur de remporter ce championnat pour elle.
Vous avez été en tête du championnat de bout en bout. Comment l’avez-vous géré et quelles ont été vos sensations?
Dès le début, nous avons remporté le dressage pour lequel j’étais assez sereine. Quand on regarde le classement, c’est tellement serré au niveau des points qu’il vaut mieux avoir des points d’avance dès le départ. J’étais très satisfaite de mon cheval sur ce premier test. Dans tous les cas, il est assez sûr et c’est à moi d’être précise. Cela ne se joue à rien, la présentation fait la différence. Concernant le cross du samedi, je l’ai trouvé un petit peu impressionnant pendant la reconnaissance. J’avais fait un seul concours de ce niveau-là, il y a un an au Lion d’Angers. Ce n’était d’ailleurs pas le même type de cross, car il était beaucoup plus petit avec un niveau technique à peu près semblable. Au Haras du Pin, le parcours est assez gros, avec des obstacles très massifs. Ce n’est pas le type de parcours que j’ai l’habitude de monter. Je sais que mon cheval a de bons moyens donc j’étais assez confiante. Il l’a réalisé avec une aisance incroyable, j’étais très heureuse ! En ce qui concerne le saut d’obstacles, Daniel est un très bon sauteur donc c’est à moi de ne pas trop faire de bêtises et d’être bien concentrée. Nous avons malheureusement fait tomber une petite barre, mais nous avions de l’avance grâce aux tests précédents, ce qui nous a permis de garder la tête.
Votre saison se conclura début octobre à l’occasion du CCI 3*-L de Lignières qui vous servira de qualification pour les championnats d’Europe de l’été prochain. Les championnats de France ont donc été une bonne répétition pour ce dernier rendez-vous?
C’est cela, même s’il ne faut jamais être trop confiant. Le niveau en CCI 3* est normalement légèrement inférieur à celui d’une épreuve Pro 1, donc normalement nous sommes en confiance. Après, cela ne sera pas la même durée pour le parcours de cross. Le week-end dernier, il s’agissait un cross de six minutes, ce que l’on pourrait comparer à un “sprint”. Là, lors d’un CCI 3*-L, le temps sera de plus de huit minutes. Cela n’a rien à voir, notamment en termes de gestion de la fatigue de son cheval pendant le parcours, mais aussi en vue du lendemain pour l’épreuve de saut d’obstacles. Deux minutes de plus, cela se ressent au niveau des courbatures, de la fatigue, etc. Concernant la technicité des obstacles et la grosseur du parcours, nous sommes en confiance, mais il ne va pas falloir se relâcher car on n’est jamais à l’abri d’une petite bêtise.
“J’ai déjà hâte de retourner en concours alors que l’hiver n’a pas commencé”
Strzegom a lancé les “Europeans Youth Eventing Masters”, des épreuves par équipes du 8 au 11 octobre qui se substitueront aux championnats d’Europe cette année. A-t-il été question que vous y alliez ?
J’ai vu ça il y a deux jours. Mon premier ressenti a été beaucoup de joie. Cela me paraît bizarre que cela soit annoncé seulement un mois à l’avance. Normalement, pour pouvoir courir un championnat d’Europe, il faut avoir couru un CCI 3*-L, donc pour le moment je ne peux pas prendre part à cette épreuve. C’est un peu une interrogation, cela tombe un peu de nulle part. Je ne m’enflamme pas et j’attends d’en savoir plus. C’est le même week-end que Lignières, nous serons prêts à cette date-là et nous verrons où nous irons. Quand j’ai vu la nouvelle, je l’ai directement envoyée au sélectionneur, Pascal Forabosco, mais je n’ai pas eu beaucoup plus d’informations depuis, et je n’étais pas au courant de la tenue de cette épreuve avant que cela soit rendu public.
Pouvez-vous tirer un premier bilan de votre saison ?
Cela va être assez rapide car il y a eu peu de concours. Nous en avons fait quatre, en commençant par un petit national de rentrée, avant d’attaquer sur deux internationaux puis les championnats de France. Mon cheval a répondu présent à chaque concours, comme à son habitude. Je suis vraiment reconnaissante envers lui et j’ai de la chance de pouvoir compter sur lui. Je suis ravie de ma saison. Je me dis que l’hiver va arriver vite, le dernier concours est dans moins d’un mois et j’ai déjà hâte de repartir en concours. En raison de la pandémie, le planning a été complètement chamboulé. D’habitude, nous étions en concours au printemps, puis souvent les championnats d’Europe avaient lieu en juillet, donc mon cheval était en vacances juste après jusqu’en septembre, comme moi. Cette année, on l’a gardé en route au printemps, on a couru tout l’été, mais je ne regrette pas d’avoir passé mes vacances en concours !
Tous les voyants sont donc au vert pour l’année prochaine ?
Oui, comme je vous dis j’ai vraiment hâte que cela reprenne alors que l’hiver n’a pas commencé. Cela me fait un peu peur ! (Rires) Nous allons travailler encore plus pour être au top l’année prochaine, car il s’agira de notre dernière saison chez les Jeunes Cavaliers, et de notre ultime championnat d’Europe jeune si nous avons la chance d’y aller. Ce n’est pas à négliger et nous allons tout faire pour être prêts à deux cent pourcents.
Pouvez-vous évoquer Pandora Montagne, qui vous a offert votre premier titre de championne de France As Minimes en 2014 et avec qui vous avez concouru entre 2014 et 2017 ?
J’ai commencé les concours assez tard, à onze ans, grâce à un poney avec qui j’ai fait du saut d’obstacles pendant seulement deux ans. J’avais accompagné mon papa en complet (Nicolas Canteloup, huoriste et imitateur mais aussi ancien instructeur d’équitation, ndlr), et j’ai eu un coup de cœur pour la discipline ! J’avais trop envie de faire du cross. Malheureusement, mon poney avait de l’emphysème et il était déjà âgé de seize ans, donc nous savions que cela ne serait pas possible avec lui. À ce moment-là, soit je trouvais un poney pour du complet, soit je passais directement à cheval. Corinne Méheust et Pascal Forabosco m’ont conseillé d’aller voir cette jument, qui était super. Je suis allée l’essayer et tout de suite, j’ai su qu’elle allait m’apprendre énormément. J’étais en confiance, je me sentais de partir sur un parcours de cross le lendemain. Cela a été le coup de cœur. Pour la petite anecdote, nous avons fait un échange puisque j’ai récupéré la jument et ses propriétaires ont récupéré mon poney pour sa retraite. Nous nous donnions mutuellement des nouvelles ! J’ai gardé cette jument un bon petit moment. J’ai fait mes premiers championnats de France, mes premières épreuves Juniors, mes premiers internationaux avec elle. Elle passe maintenant sa retraite chez ma maman, dans le Sud. Elle m’a tout appris et j’ai tout découvert grâce à elle.