“La stabilité de mon entreprise me permet d’envisager un nouveau projet sportif”, Julien Gonin

Disciple de Michel Robert et grand formateur de chevaux, Julien Gonin a fait plusieurs apparitions remarquées au plus haut niveau. Contraint, pour vivre, de se séparer de ses meilleurs éléments, le cavalier installé à Saint-Martin du Mont, dans l’Ain, a signé un partenariat avec la Laiterie de Montaigu la semaine passée. Prêt à relever de nouveaux défis, l’ancien joueur de rugby et amoureux de l’agriculture revient sur ce nouveau tournant dans sa carrière professionnelle et sur ses méthodes de travail.



Avec Soleil de Cornu, Julien Gonin a notamment terminé cinquième d'une épreuve majeure lors du CSI 5*-W d'Equita Lyon en 2017.

Avec Soleil de Cornu, Julien Gonin a notamment terminé cinquième d'une épreuve majeure lors du CSI 5*-W d'Equita Lyon en 2017.

© Scoopdyga

Votre partenariat avec la Laiterie de Montaigu a été officialisé cette semaine. Comment avez-vous noué cette nouvelle collaboration ? 

Les propriétaires de la Laiterie de Montaigu sont des amis depuis très longtemps. Jusqu’à présent, nous n’avions pas lieu de collaborer. Il fallait que je fasse du sport mais que je vende mes chevaux en parallèle. Aujourd’hui, nous sommes à une période où j’ai vendu pas mal de chevaux et où la stabilité de mon entreprise va un peu mieux. Ce n’est jamais gagné mais je suis déjà plus confortable qu’avant. Un projet sportif était donc plus envisageable. Je suis marié, avec ma femme nous avons un bébé ; tout roule. D’avoir pris un équilibre et une stabilité dans la vie permet de faire de nouvelles choses. L’année prochaine, je devrais pouvoir compter sur plusieurs montures pour sauter de bonnes épreuves.  

Qu’attendez-vous de cette aventure ? Nourrissez-vous l’ambition de retrouver les concours 4 et 5* ? 

La semaine prochaine, je vais participer au 5* de Grimaud. J’étais déjà sélectionné avant de signer le partenariat. Le but, avec mes chevaux, est d’aller faire de beaux concours. J’ai déjà pris part à des concours importants comme Calgary par exemple. Désormais, j’aimerais rester plus longtemps à haut niveau, et pas seulement y faire des passages, avant de redescendre une fois le cheval vendu.

La Laiterie de Montaigu va-t-elle vous confier des chevaux ?

Non, je n’ai pas de chevaux confiés. En fait, j’ai déjà beaucoup de chevaux. Si je devais en récupérer de nouveaux, il faudrait que j’en vende d’autres en parallèle. Le but n’est pas que je me sépare de mes montures actuelles. Le partenariat consiste à ce que je monte avec les couleurs de la Laiterie de Montaigu. Ils sont également présents sur des événements avec des tables pour inviter leurs clients. Nous nous retrouverons donc dans ces concours et je pourrais parler de mon sport aux clients, pour donner un peu de visibilité. C’est un support de communication. Mais, à travers tout cela, il y a surtout le sport que je veux développer avec mes chevaux. Cela permet de développer une belle aventure amicale et de se voir plus souvent en concours !

Vous vous êtes révélé ces dernières années avec Soleil de Cornu, un cheval que vous avez formé de ses six à douze ans. Quel a été l’impact de sa vente, en 2018, sur votre carrière et vos ambitions à ce moment-là ?

En 2009, j’étais déjà médaillé d’or aux Jeux Méditerranéens avec Sandro, j’avais sauté des Coupes du Monde avec lui et Alascio van de Bochten et j’avais emmené Kellemoi de Pépita à haut niveau. Après, ces dernières années Soleil était mon cheval de tête. Ma politique a toujours été de vendre des chevaux. À la fin, c’est cela qui me fait vivre. Le sport coûte tellement cher qu’il est impossible de vivre uniquement avec les gains en compétitions. Si j’avais pu tous les garder, je l’aurais fait. Depuis tout gamin, je suis obligé de vendre pour vivre. C’est toujours malheureux de les voir partir. Et puis Soleil a été blessé, il est sorti du circuit, c’est dommage... Malheureusement, ce n’est pas moi qui vais l’apprendre, mais après, tout devient un peu de la grande consommation.



“Mes jeunes chevaux passent la belle saison au pré, à manger de l’herbe”, Julien Gonin

Désormais installé au coeur d'un système et d'une vie de famille stables, Julien Gonin peut se consacrer à de nouveaux projets sportifs.

Désormais installé au coeur d'un système et d'une vie de famille stables, Julien Gonin peut se consacrer à de nouveaux projets sportifs.

© Lorène Faucompré

Vous êtes donc un excellent formateur. Cette année, vous avez pu participer aux épreuves réservées aux jeunes chevaux de la Société hippique française (SHF). Comment jugez-vous ce circuit ?

J’ai fait des concours de la SHF cette année parce qu’il y avait le Covid, mais sinon, je n’ai pas le temps de participer au circuit des jeunes chevaux. Cela m’a permis de les sortir comme c’étaient les seuls concours ouverts. J’ai d’ailleurs terminé premier et troisième au CIR de Cluny avec mes deux juments de six ans, Estrella de la Batia et Epona de Ponthual. Sinon, en temps normal, mes jeunes chevaux ne font que des épreuves préparatoires. Ils tournent en indoor l’hiver, puis passent la belle saison au pré, à manger de l’herbe. C’est plutôt logique. Quand je les rentre du pré, ils sont dans un état magnifique ! Ils attaquent vraiment à sept ans. Avant, je trouve que cela ne sert pas à grand-chose. Chez moi, ils travaillent l’hiver et vont manger de l’herbe à la belle saison. 

Vous comptez notamment sur la très prometteuse Cymba, huit ans, qui ne cesse d’enchaîner les classements. Pouvez-vous nous en dire plus sur elle ? 

Cymba est une jument que j’ai depuis qu’elle est née. Elle ne m’appartient pas, mais c’est comme si c’était la mienne. C’est mon copain Daniel Sublet Garin qui l’a fait naître. La mère de Cymba était la jument de sa fille, Mélanie. J’y vais vraiment progressivement avec elle. Elle a huit ans et n’a fait qu’une 1,45m dans sa vie, au Grand National de Cluny, où elle finit troisième. Elle sautera le Grand Prix du 2* à St Tropez la semaine prochaine. Cela ne sert à rien de tirer dessus. Elle a la flamme du concours, c’est une vraie jument de concours. Quand je rentre en piste, elle tend les rênes, se grandit et respecte les barres ; elle est géniale. Elle a eu des périodes où elle était un peu trop chaude, un peu fofolle, mais elle se calme avec l’âge et le travail. Quand tout sera en ordre, je pense qu’elle va sauter assez haut. Je suis incapable de dire aujourd’hui jusqu’où elle ira. Je n’aime pas trop faire des plans sur la comète.

Par le passé, vous aviez déjà partagé des vidéos où vous travailliez en liberté avec Soleil de Cornu notamment. Est-ce une pratique régulière dans votre quotidien ?

Oui, complètement. Avec Valou (du Lys, jument de tête de Julien Gonin, qui appartient à ses fidèles amis Daniel Sublet Garin, Jérôme Aguettaz et Fabrice Sablon, ndlr), j’ai beaucoup travaillé en liberté cet hiver. Je suis parti en balade comme cela, j’ai sauté, etc. Je le fais beaucoup car cela permet de travailler les chevaux en liberté et de se servir d’autres choses que de systèmes de leviers. Quand j’ai rattaqué les concours, Valou a tout gagné ! Alors, je pense que c’était un bon travail. En général, quand on fait quelque chose et qu’en concours, on gagne, c’est bon signe. Ce n’est pas grâce à cela qu’on va être champion olympique, mais c’est toujours un plus. 

Vous avez également pratiqué la haute école étant plus jeune. Quelle place accordez-vous au dressage et au travail sur le plat dans l’entraînement de vos chevaux ? 

Pas plus tard que ce matin (interview réalisée vendredi 18 septembre, ndlr), j’ai monté deux chevaux en bride complète et selle de dressage. Je le fais souvent pour les travailler sur le plat. Ainsi, on travaille de façon plus lente, plus calme, en étant davantage dans la rectitude. Cela demande, aux chevaux qui n’en n’ont pas l’habitude, une adaptation physique et d’allures qui augmentent considérablement le contrôle. Ce n’est pas en faisant du dressage avec une selle de dressage qu’on va arriver à être champion olympique de CSO car au final, il ne s’agit pas du même moule. Mais pour moi, cela fait partie d’une des étapes du dressage du cheval, dès six ans. Je fais de la basse école, pas de piaffer ou de mouvements avancés - même si parfois, quand certains sont sujets à le faire, je m’amuse à leur faire faire. Je fais aussi beaucoup de travail en main. Je fais sauter mes chevaux à la longe, etc. J’aime bien qu’ils sachent faire tout ce que je leur demande monté, à pieds. Et puis ça permet de les voir et de se diversifier.