“Si un jour on me donnait le choix entre concourir en 5* en complet ou en jumping, je choisirais le jumping”, Julie Simonet

Julie Simonet fait partie de l’Équipe de France Jeunes de concours complet depuis de nombreuses années. Avec Sursumcord’Or, elle s’est ainsi classée à quatre reprises dans le top dix des championnats d’Europe, avant de terminer récemment sur la deuxième marche des championnats de France. Tout en menant sa carrière sportive dans deux disciplines différentes de très belle manière, la cavalière de dix-huit ans poursuit également ses études à l’université. Rencontre.



Depuis 2016, vous avez participé chaque année aux championnats d’Europe de votre catégorie d’âge et êtes revenue de chaque édition avec une médaille par équipes et un classement dans le top dix en individuel. Lequel de ces championnats reste votre meilleur souvenir ?

Je pense sincèrement que les championnats d’Europe Longines de Fontainebleau représentent mon meilleur souvenir. Il y avait beaucoup de Français dans le public, qui étaient venus nous soutenir. En plus, nous avons été sacrés champions d’Europe par équipes et j’ai terminé quatrième en individuel. J’aurais vraiment voulu monter sur le podium, mais j’étais tout de même vraiment ravie de cette performance.

Vous avez pris part à toutes ces échéances européennes avec Sursumcord’Or, que vous avez commencé à monter en 2014. Comment avez-vous rencontré ce cheval ?

Nous avons récupéré Sursumcord’Or à la fin de son année de quatre ans chez ses éleveurs, Marie-Christine et Renaud de Laurière. J’étais très jeune, donc c’est ma mère qui lui a fait faire ses débuts en compétition. Comme il a énormément de sang, il était assez compliqué sur le dressage mais il a toujours très bien sauté. Elle l’a monté jusqu’à ses sept ans. Ils ont concouru ensemble jusqu’au CCI 2* (désormais CCI 3*), et puis elle s’est blessée, ce après quoi j’ai récupéré le cheval. Nous nous sommes tout de suite bien entendus, et il m’a permis de faire mes premiers championnats de France Juniors en 2015.

En l’absence d’échéance majeure cette année, comment avez-vous articulé son programme ?

Lorsque le confinement a été décrété, Sursumcord’Or n’avait pas encore repris la compétition en concours complet donc il a débuté sa saison lors de la reprise des concours au mois de juin. Pour autant, il a toujours continué un entrainement normal et régulier, comme s’il pouvait repartir en compétition à tout moment. Il a fait des galops, nous avons également travaillé sur le dressage, et de ce fait, il a tout de suite été prêt à performer lors de son retour. Ensuite, il fallait que nous nous requalifiions pour les championnats d’Europe, donc j’ai couru le CCI 3*-S de Sandillon en juillet. Tout s’y est très bien passé et nous avons terminé troisièmes. Il y a une dizaine de jours, nous avons disputé les championnats de France Jeunes Cavaliers au Pin, qui se sont très bien déroulés également. Dans trois semaines, il devrait concourir dans le CCI 3*-L de Lignières-en-Berry.

En parallèle des belles épreuves de concours complet, vous concourez également en saut d’obstacles avec votre cheval de tête. Pensez-vous que cela peut avoir un impact sur vos performances ?

Oui, c’est certain. Tout d’abord, les parcours que nous sautons en concours complet avec Sursumcord’Or sont moins hauts que ceux auxquels nous nous confrontons en jumping, donc nous terminons très souvent sans-faute lors du troisième test en complet. Cela m’apporte également de la technique. Et puis, le saut d’obstacles est une discipline qui me plaît énormément. D’ailleurs, si j’en avais eu la possibilité, j’aurais aimé concourir en Juniors et Jeunes Cavaliers en saut d’obstacles, mais c’est très compliqué de trouver des chevaux pour prendre part à ces épreuves-là et il faut un énorme budget.



“Je ne pourrais vraiment pas allier mes études et le sport sans mes parents”

Cette année, vous avez également présenté deux chevaux de six ans en concours, dont Enigmatik Fidjis AA dans le Cycle Classique SHF réservé aux chevaux de concours complet. Comptez-vous sur lui pour prendre la relève de votre cheval de tête ?

Jusqu’à maintenant, je n’avais pas trop eu l’occasion de former moi-même des chevaux car j’étais jeune et n’avais pas le niveau pour le faire. Enigmatik Fidjis est donc le premier cheval que je forme un peu, et je trouve cela bien car on peut vraiment apprendre à se connaître de cette manière. En plus, le circuit SHF est vraiment très intéressant pour les chevaux. Les parcours sont vraiment très bien construits pour eux, avec des directionnels qui sont encadrés, par exemple, ou encore des profils d’obstacles qu’ils rencontreront plus tard mais qui sont évidemment moins hauts sur leurs épreuves. Pour l’instant, tout se passe bien avec Enigmatik Fidjis ; il était un peu tardif mais il a quand même réalisé de belles performances. Je ne l’ai pas emmené au Critérium des six ans à Pompadour car je ne jugeais pas cela utile pour lui, par contre il devrait prendre part à un CCI 2*-L à la fin de l’année.

En plus d’être une sportive de haut niveau, vous étudiez l’économie à l’université. Comme arrivez-vous à allier votre pratique sportive et vos études ?

J’ai la chance que mes parents, qui tiennent un centre équestre, montent tous les deux à cheval, car je ne pourrais vraiment pas allier mes études et le sport autrement.  La semaine, je ne suis pas là, donc ce sont eux qui travaillent mes chevaux, que je ne monte que le week-end. Quant aux compétitions, mon statut de sportive de haut niveau me permet d’obtenir pas mal de dérogations qui facilitent les choses quand je pars en concours sur plusieurs jours et que je dois manquer des journées de cours.

À plus ou moins long terme, est-ce un objectif pour vous de concourir au plus haut niveau ?

J’aimerais beaucoup avoir un ou deux chevaux pour participer aux belles épreuves, plus tard. Après, il faut trouver des montures et cela dépendra aussi de la façon dont mes études vont se dérouler. Je pense que j’aurai une autre activité professionnelle à côté, donc il faudra voir comment je peux allier cela et les compétitions d’envergure. Je voudrais également pouvoir avoir un cheval de saut d’obstacles pour concourir dans de belles épreuves. D’ailleurs, si un jour on me donnait le choix entre concourir en 5* en complet ou en jumping, je choisirais le jumping. Malheureusement, c’est extrêmement compliqué de trouver des montures pour le très haut niveau, et cela coûte très cher.

Beaucoup de voix s’élèvent pour dénoncer la faiblesse des dotations dans les compétitions internationales de concours complet. Est-ce un sujet qui vous tient à cœur ?

En ce qui me concerne, j’ai concouru pendant plus de quatre ans en Tournée des As Juniors, qui n’était pas du tout dotée. Globalement, il est vrai que les internationaux sont également très mal dotés. Par exemple, j’ai empoché 1000 euros en gagnant une épreuve Pro 2 dans ma région, alors que c’est très compliqué de remporter cette somme en international (lors de sa victoire dans le CCI 4*-S du Pin-au-Haras cette année, Thibaut Vallette a par exemple gagné 750 euros, ndlr). Et je ne parle même pas du saut d’obstacles avec lequel il n’y a pas de comparaison possible ! Sur certains concours, on termine avec 500 euros en gagnant une épreuve à 1,35m alors que le cheval est bien moins fatigué qu’après un concours complet. Pour que les choses s’améliorent, je pense qu’il faudrait que plus de sponsors s’investissent dans notre sport, mais il n’est pas très intéressant pour eux car il est peu médiatisé.