“Il faut espérer le maintien des Jeux olympiques de Tokyo avant tout”, Arnaud Serre

À l'occasion de la Grande Semaine de Fontainebleau, GRANDPRIX a pris des nouvelles d'Arnaud Serre, venu disputer la finale des cycles classiques réservés aux chevaux de six ans avec son étalon d'avenir, James Bond de Massa. Le dresseur tire un bilan de sa reprise de la compétition et évoque ses prochains objectifs.



Comment allez-vous et quel bilan tirez-vous des trois derniers mois de reprise de la competition? 

La période post-confinement a été bien gérée et nous avons pu reprendre la compétition assez tôt. Pour nous, cette longue pause n’a pas été trop difficile puisque nous avions nos chevaux sur place. Nous sommes conscients que nous faisons partie de ceux qui ont le moins souffert parce que les propriétaires ont continué à nous faire confiance. Le manque à gagner s’est fait davantage ressentir d’un point de vue commercial, car nous n'avons pas pu faire de vente, de compétition, ni donner de cours et de stages, mais nous ne sommes pas les plus démunis. Les centres équestres, poneys-clubs et écuries de propriétaires, qui ont vu leur activité s’éteindre pendant quelques mois, sont les plus en difficulté et j’espère que la plupart parviendront à s’en sortir. C’est pour cela qu'à l’initiative de la fédération, nous avons pu organiser des stages solidaires avec Anne-Sophie. Nous l’avons fait de manière spontanée, en espérant que les dégâts auront pu être limités. 

En ce qui concerne l’entrainement des chevaux, cela n’a pas changé grand-chose. Peut-être même que cela leur a fait du bien d’avoir l’occasion de travailler un peu plus les bases, on l’a d’ailleurs vu à la reprise de la compétition. Pour mon épouse, Anne-Sophie Serre, la reprise s’est extrêmement bien passée puisqu’elle a remporté le titre de championne de France Pro Élite. Pendant ce temps, j’étais à Budapest avec notre fille, Mathilde Juglaret, et notre élève, Arthur Barthel, pour les championnats d’Europe Juniors et Jeunes Cavaliers qui se sont également avérés très positifs.

Pouvez-vous nous en dire plus sur James Bond de Massa qui vous accompagne à la Grande Semaine de Fontainebleau? 

James Bond de Massa est né à l’élevage Massa d’un père hollandais (Bon Bravour) et d’une mère Lusitanienne. Il a été acheté à l’âge de trois ans par Madame Françoise Niclaus qui me l’a directement confié pour l’entraînement. J’ai participé avec lui au circuit réservé aux chevaux de quatre ans, puis celui de cinq ans dans lequel il a été sacré vice-champion de France l’an passé. Cette saison se déroule plutôt bien pour lui et c’est un cheval en lequel je fonde beaucoup d’espoir pour l’avenir. L’objectif serait qu’il m’accompagne aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Ici à Fontainebleau, nous sommes en route pour aller chercher le podium.

En fin d’année dernière, l’équipe de France, initialement non qualifiée pour les Jeux olympiques de Tokyo, avait finalement regagné son billet. Voyez-vous d’un bon œil le report de cet échéance du point de vue de la preparation? 

Je ne sais pas vraiment. Nous sommes déjà contents qu’ils n’aient pas été annulés, mais seulement reportés. Certains diront que c’est l’idéal parce que cela permet à ceux dont les chevaux sont encore un peu jeunes de les affuter et de bénéficier d’une préparation plus optimale. À l’inverse, pour ceux dont les chevaux sont en fin de carrière, c’est une mauvaise nouvelle car cela pourrait représenter l’année de trop. Il y a du positif et du négatif, mais il faut maintenant espérer le maintien de ces Jeux olympiques avant tout. La fin d’année dernière a été éprouvante. Morgane Barbançon Mestre, Alexandre Ayache et Anne-Sophie Serre ont notamment fait beaucoup de kilomètres et d’efforts pour gagner cette place. Le fait d’avoir une équipe pour aller représenter la France au Jeux olympiques de Tokyo est déjà une excellente nouvelle pour le dressage français.

Comment se profile votre fin de saison? 

Nous sommes vraiment dans le doute. Beaucoup de concours indoor sont annulés et nous espérons qu’Equita’Lyon sera maintenu. Peut-être y aura-t-il des étapes de Coupe du monde auxquelles nous pourrons nous rendre, pas pour moi, mais plutôt pour Anne-Sophie et Actuelle de Massa. Autrement, nous attendrons la reprise de la saison extérieure en février ou mars. Si tout est annulé à cause de la pandémie, nous garderons les Jeux olympiques pour ligne de mire.