“Mon objectif est d’intégrer le circuit international”, Pauline Vanlandeghem

Un mois après avoir remporté le championnat de France Pro 2 avec Dakota de Hus, c’est avec Flying Kangoroo, un hongre noir de cinq ans, que Pauline Vanlandeghem a poursuivi la saison à Fontainebleau. Dix-septième du championnat Cycle Classique avec le fils de Finest, l’écuyère retiendra le sérieux et le comportement encourageant de son jeune cheval. La tête pleine de projets et de rêves, elle a accepté de faire le bilan de ces deux jours de compétition, et de dévoiler quelques-uns de ses objectifs. Entretien.



Comment vous sentez-vous à l’issue de cette Grande Semaine ? 

Je suis assez contente de mon cheval. D’autant plus que l’année dernière il n’est pas sorti, il est même rentré du pré en juin 2019. Cela fait donc à peu près un an qu’il est vraiment au travail. Avec lui, on y est vraiment allé doucement car il est encore en train de grandir. Les juges l’ont vu d’ailleurs ce week-end : ils m’ont dit qu’il avait encore la croupe haute. C’est sûr, il n’était pas là pour gagner les cinq ans, il n’a pas été préparé pour. À la base, Flying a été acheté dans l’optique de faire les présentations du Cadre Noir. 

Quel était l’objectif pour lui ce week-end et quels sont ses points forts

Je suis venue ici à Fontainebleau avec un objectif de formation. Le premier jour ne s’est pas très bien passé. Flying a toussé sur le ferme à ferme, du coup je n’ai pas réussi à repartir au galop à droite. Il a aussi un peu fait l’andouille. Mais en deuxième partie de reprise il s’est posé, et il a très bien fini. C’est pour cela que la note globale n’est pas très haute. En revanche, côté comportement, il était bien. Cela s’est confirmé le deuxième jour où il était très stable et sérieux sur toute la présentation. Il est assez pratique et facile. C’est un cheval qui a aussi une très bonne cadence, un très bon pas et il vient bien se rassembler au galop. Mais surtout, il est très stable. C’est un point qui a été apprécié par les juges. Et pourtant, Flying n’a pas beaucoup d’expérience, il n’est sorti que trois fois cette année, toujours au Mans. Mais je le trouve meilleur en piste qu’à la maison, il vit bien la compétition. Il sort de son tour sans transpirer, il est calme au box. C’est un bon point pour l’avenir. 

Est-il destiné à faire de la compétition ? 

Pour l’instant, ce qui est prévu, c’est qu’il participe aux activités du Cadre Noir. S’il se révèle très bon, oui, il pourrait aussi faire de la compétition. C’est une décision qui se prendra en concertation avec le maître de manège et la directrice des sports, avec qui je fais des bilans en début et fin de saison. Le cavalier a bien sûr son mot à dire. Si un cheval est moins performant en concours, il servira au Cadre Noir pour les présentations ou pour les élèves en formation.

En août, vous avez décroché le titre de championne de France Pro2 avec Dakota de Hus, huit ans, fille du regretté Don Juan de Hus. Comment avez-vous vécu cette victoire ? 

J’étais contente car je ne m’y attendais pas ! Je savais qu’elle pouvait bien faire, qu’elle serait sûrement sur le podium, mais je ne pensais pas gagner. C’était une bonne surprise. La jument a de grandes qualités et on se connaît bien toutes les deux, car elle est arrivée au Cadre Noir à l’âge de deux ans. Je l’ai débourrée et j’ai tout fait avec elle. Aujourd’hui, elle est encore en train passer des caps, notamment dans le trot. Elle commence à bien plaire aux juges. 

Quels sont vos ambitions avec elle ? 

Le Grand Prix. Ce n’était pas un objectif au départ, mais il s’est dessiné au fur et à mesure. Je ne veux pas la lancer dans le Grand Prix trop vite, car elle a encore besoin de mûrir. Il ne faut pas la précipiter. Mais aujourd’hui, Dakota a fini de grandir, elle commence vraiment à se faire une musculature. Elle participera aux Pro 1 l’année prochaine et on commencera le Grand Prix à dix ans. 

Avec votre autre cheval, Sertorius de Rima Z, vous avez également remporté le championnat de France Pro 2, en 2018, un an après votre victoire au championnat de France des sept ans. Comment va-t-il aujourd’hui ? 

Il prépare son retour ! Il va très bien. L’idée est de le sortir en concours début 2021 s’il n’y a pas de problème d’ici là. Il recommencera en Pro 1 et quand il sera prêt on s’engagera en Grand Prix, certainement en 2021. 

Avec quel objectif à long terme ? 

Mettre Dakota et Sertorius en Grand Prix pourrait me permettre de participer aux concours internationaux. C’est un objectif personnel, en concertation avec mes équipes. La compétition fait partie des missions que nous devons remplir pour l’image du Cadre Noir, mais aussi pour continuer à nous former nous, les écuyers, et nos élèves.  



“Je rêve de monter à Aix-la-Chapelle”

Avec vos équipes, comment avez-vous vécu la période de confinement ? 

Au tout début, il n’y avait plus d’élève, plus personne aux écuries. Ça faisait bizarre. Et comme il faisait très beau, on avait presque l’impression d’être en vacances. C’était très calme. Pour ma part, j’en ai profité pour retravailler les bases, la locomotion de mes chevaux. Moins la technique, car il n’y avait pas d’objectif de compétition. Je suis également beaucoup sortie en extérieur. Mais surtout, je leur ai laissé davantage de repos, car ma vie personnelle – avec les enfants à la maison - ne me permettait pas de m’entraîner comme d’habitude. Et finalement, ce rythme leur allait très bien. Cela a remis en question ma méthode de travail. J’essaye désormais de travailler moins, mais mieux. D’être plus efficace.

Le travail des chevaux est-il chamboulé avec la crise actuelle que subit le milieu du sport, entre annulation et report de concours ? 

À la fin du confinement, j’ai continué à faire des séances un peu différentes. Et oui, c’est vrai, qu’au bout d’un moment, on commence à gratter du pied. Les galas et les concours nous manquent. À titre personnel, j’ai besoin d’avoir des objectifs pour me projeter. J’ai fait comme si les concours annoncés – les étapes du Grand National à Mâcon-Chaintré et Vierzon - n’allaient pas être annulés. Et ils ont finalement eu lieu donc j’ai bien fait. Les chevaux étaient heureux de ressortir eux aussi.

Vous avez intégré le Cadre Noir en tant que cavalière de saut d’obstacles, en 2006. Comment et pourquoi avez-vous finalement choisi le dressage six ans plus tard ?   

J’ai fait ce choix après avoir eu mon premier enfant. C’était compliqué de sortir en jumping en étant jeune maman. Dans cette discipline, si on ne sort pas tous les week-ends avec plusieurs chevaux, on n’est pas dans le coup. C’était difficile de profiter de ma vie de famille et d’assurer à la fois les concours, de faire de la compétition comme je le voulais. J’ai préféré ne plus en faire que mal faire. J’ai donc demandé à intégrer l’écurie “Dressage/Prestige”, davantage pour me rapprocher du Cadre Noir que de la compétition au début.C’est là qu’on m’a confié Liaison, un cheval avec lequel j’ai obtenu en 2017 la deuxième place du championnat de France Pro Élite Grand Prix. 

L’obstacle ne vous manque pas ?

J’avoue que de temps en temps je demande aux écuyers de saut d’obstacles un cheval pour sauter. Mais c’est pour me faire plaisir. Je monte à plus haut niveau aujourd’hui en dressage qu’il y a quelques années en saut d’obstacles. 

Qu’est-ce que la discipline du dressage vous apporte de plus ? 

J’adore travailler sur la locomotion des chevaux. J’aime aussi beaucoup les éduquer, leur apprendre de nouveaux mouvements et travailler la technique. Sur ce terrain-là, je m’y retrouve plus en dressage qu’en jumping. Et je pense que si je retournais en saut d’obstacles, je travaillerais mes chevaux différemment. 

Avez-vous un rêve ? 

Monter à Aix-la-Chapelle. Quand j’étais enceinte de mon premier enfant, j’y ai accompagné mes élèves. Je suis tombée en admiration devant le dressage là-bas. C’est d’ailleurs un peu ce qui a influencé mon choix de changement. J’espère vraiment y être, un jour, en tant que cavalière.