Sophie Roos ou le succès d’une enseignante française en Chine

Auparavant gérante d’une écurie, monitrice et éleveuse de poneys Connemara dans la Vienne, Sophie Roos a tout quitté en 2015 pour participer à la création du premier poney-club de Chine, à Pékin. Elle s’est fixé pour objectifs d’exporter et transmettre les valeurs, connaissances et savoir-faire de l’équitation à la française. Progressivement, la Poitevine a su s’imposer comme une référence en matière d’enseignement et de formation des moniteurs d’équitation dans le pays.



En 2014, le Comité régional d’équitation du Poitou-Charentes, le département de la Charente-Maritime et le directeur de la compagnie chinoise multi-activités Liang Yun lancent un projet unique: fonder le premier poney-club de Chine. Pour cela, l’homme d’affaire chinois achète quarante poneys à divers centres équestres français et s’entoure d’une équipe d’experts dont la mission est de développer l’équitation à la française au sein du poney-club. Parmi eux, Sophie Roos. “Le projet en a étonné plus d’un et beaucoup n’arrivaient pas y croire car cela demandait d’importants moyens, raconte cette ancienne monitrice et éleveuse, qui n’a pas hésité une seconde avant de prendre part à l’aventure. “Finalement, ce fut une bonne idée au bon moment.” Preuve en est, en seulement cinq ans, pas moins de quarante-sept poney-clubs affiliés à la Fédération française d’équitation ont été créés dans le pays.

Dès son arrivée au sein du poney-club Ipony Legend de Pékin, Sophie Roos, riche de ses dix-sept années d’enseignement en France, a formé les futurs moniteurs. “J’ai très vite été confrontée à des pratiques différentes de celles que nous avons en France en matière d’équitation. Par exemple, en Chine, il n’existait quasiment aucun cours collectif pour les enfants. De plus, il n’y avait pas vraiment de ligne directrice dans les séances que les moniteurs dispensaient. Avec l’aide de ma binôme, je leur ai donc appris à construire un cours avec des objectifs, assurer un suivi auprès de leurs élèves et faire des fiches pédagogiques”, raconte-t-elle. Autre surprise: le manque d’expérience des moniteurs. “Beaucoup d’entre eux ne montaient à cheval que depuis peu. En Chine, aucun diplôme n’est nécessaire pour enseigner. J’ai donc également dû perfectionner leur équitation.”

Afin de transmettre à l’identique les méthodes françaises, il a également fallu mettre en place le système de passage des Galops. Outre la certification d’un niveau, “ces diplômes permettent d’avancer de manière guidée et progressive dans la pratique de l’équitation”, souligne Sophie Roos. “C’est un très bon outil tant pour les moniteurs que pour les enfants.” En deux ans, elle a ainsi écrit plus de cent quatre-vingts leçons pour amener les enfants vers les Galops 2 et 3. Au-delà de l’enseignement, Sophie Roos a également initié les équipes du poney-club à l’utilisation d’un matériel adapté et de qualité. En collaboration avec deux marques françaises de selles et rênes, elle a permis aux enfants d’évoluer dans de meilleures conditions tout en important, une fois de plus, le savoir-faire tricolore en Chine. “Ces selles et rênes assurent confort et sécurité aux enfants et sont très pédagogiques. Aujourd’hui, les poney-clubs n’utilisent plus que ça”, souligne-t-elle. 



Un développement exponentiel

Si le premier contrat de Sophie Roos en Chine lui assurait de pouvoir rentrer en France un an après son arrivée, la Française a finalement fait choisi de rester en Chine et de poursuivre son activité de formation des moniteurs. “Il y a une très forte demande de la part des poney-clubs chinois d’être initiés aux méthodologies et aux pratiques créées par la Fédération françaises d’équitation. Nous avons le système éducatif le plus performant au monde”, assure l’experte, qui a donc très rapidement été contactée par d’autres structures à Pékin, Shanghai, Cixi et Chongqing. Du fait d’une demande croissante, les clubs chinois connaissent un développement exponentiel. Tous ont pour particularité d’être situés au cœur des grandes villes. “Le groupe Legend, avec lequel je travaille, a créé des poney-clubs dans des centres commerciaux”, explique Sophie Roos. “L’idée est d’amener l’équitation là où se trouve la population. En France, il serait inimaginable d’avoir un centre équestre avec des écuries et des carrières sur le toit d’un bâtiment de neuf étages!” Dans quelques mois, le groupe ouvrira d’ailleurs son dixième club. 

En parallèle de son contrat à mi-temps avec le groupe Legend, Sophie Roos réalise aujourd’hui des audits et conseille les poney-clubs souhaitant être affiliés à la FFE, tout en continuant à former cavaliers et moniteurs à travers le pays. “Aider les clubs à améliorer leurs méthodes d’enseignement est vraiment ce qui me passionne le plus aujourd’hui. Tous les membres ont une réelle envie de faire mieux, d’apprendre chaque jour de nouvelles choses. Constater que les moniteurs construisent des séances de plus en plus qualitatives et les voir épanouis dans leur travail, tout cela n’a pas de prix pour moi”, explique la formatrice française. Une aventure unique pour Sophie Roos, qui semble avoir encore un long et bel avenir devant elle dans l’empire du milieu.

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