Le cru 2020 de la vente Élite Fences a de quoi redonner le moral aux éleveurs

Avec un bilan financier aux données moyennes comparables à celles de 2019, l’édition 2020 de la vente Élite Fences, préparée et menée dans des conditions rendues exceptionnelles par les conséquences de la pandémie de Covid-19, semble avoir été un vrai succès. Celui-ci devrait regonfler le moral des éleveurs, qui en avaient bien besoin après un semestre difficile, voire angoissant. Sur le plan génétique, Cornet Obolensky, Cicero Z et Contendro se sont particulièrement distingués parmi les pères, tandis que Diamant de Semilly, Baloubet du Rouet et Calvaro ont brillé du côté des pères de mères.



Sur un chemin de crête lié aux contraintes sanitaires, les associés de l’agence Fences ont réussi leur pari et apporté une belle bouffée d’oxygène à tous les acteurs de la filière de l’élevage de chevaux de sport. Sur l’ensemble des quatre soirées de Ventes (trois d’Élite et une de Service), cent vingt-cinq lots ont été présentés, âgés de six mois à quatre ans, dont cent quinze ont trouvé preneur, soit la proportion exceptionnelle de 92%. Pour la partie Élite, le total des échanges s’est établi à 2.865.200 euros, dont 191.000 euros concernent des lots rachetés par leur vendeurs. Pour la troisième fois en vingt-neuf soirées de ventes depuis sept ans, la barre symbolique du million d’euros de chiffre d’affaires de chevaux réellement vendus a été franchie samedi soir à Bois-le-Roi. Au-delà des records, le prix médian des foals s’est élevé à 21.670 euros et celui des poulains de trois ans à 28.480 euros, qui sont comparables à ceux de 2019.

Si le top price de 100.000 euros est allé à un impressionnant fils de Cornet Obolensky, Hadès de Mars, on peut remarquer que deux des poulains les mieux vendus, Hipster V’Gas (56.000 euros) et Hors Norme du Lavoir (52.000 euros), sont issus de Balou du Rouet, quatorzième du dernier classement des meilleurs pères de gagnants en saut d’obstacles établi par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH). Cornet Obolensky, cinquième du classement de la WBFSH, était aussi le père le mieux représenté de la sélection Élite avec sept produits, adjugés pour un total de 274.000 euros. Suivaient Cicero Z, dix-huitième meilleur père de gagnants en jumping, et Contendro, vingt-cinquième meilleur père de gagnants en jumping et incontestable leader en concours complet, avec cinq produits chacun vendus respectivement pour 197.200 et 153.000 euros, puis Balou du Rouet, avec quatre produits (dont deux rachetés) cédés pour 144 000 euros.



D’autres ventes à venir jusqu’au 2 novembre

Concernant les pères de mères, c’est Diamant de Semilly, par ailleurs père de trois candidats, qui a tenu la corde avec six produits, vendus pour 233.000 euros, dont 94.000 pour la seule Utrella van de Helle, un nouveau record, probablement mondial, pour un foal femelle. Celle-ci est issue d’Echo van’t Spieveld et de Diamantina van’t Ruytershof, propre sœur du crack étalon Emerald van’t Ruytershof et lauréate de nombreux Grands Prix à 1,45m, 1,50m et même 1,60m sous les selles de Niels Bruynseels et Constant van Paesschen. Utrella a été acquise par un groupe d’éleveurs menés par Christian Bihl, de l’élevage de Vains, ce qui semble là aussi être un cas unique pour une si jeune jument, là où les jeunes mâles sont souvent achetés par des syndicats, misant sur leur carrière future à l’étalonnage. Le podium de ce palmarès met en valeur Baloubet du Rouet et Calvaro, qui comptaient chacun quatre petits-fils et filles, cédés respectivement pour 107.000 euros et 62.000 euros. Enfin, du côté des stud-books, le Selle Français a naturellement dominé en nombre avec cinquante-cinq représentants, adjugés en moyenne 28.527 euros, on a compté pas moins de quinze candidats inscrits à Zangersheide ayant atteint un prix moyen de 29.680 euros, et neuf BWP, qui ont changé de main à 38.333 euros en moyenne.

“L’effet principal de la crise sanitaire a été ressenti au niveau des exportations qui ne représentent qu’un cinquième du chiffre d’affaires au lieu d’un tiers ces dernières années”, selon les associé. Sur seize chevaux exportés, six sont partis en Suisse, trois au Maroc, et un en Belgique, au Canada, en Espagne, aux États-Unis, en Irlande, à Monaco et aux Pays-Bas. Pour la première fois, la possibilité était offerte aux enchérisseurs de se manifester sur internet en suivant en direct la vente retransmise notamment sur le site de l’agence Fences. Plus d’un tiers des lots proposés ont fait l’objet d’enchères sur internet et quinze ont été adjugés par ce biais, dont Rikketik van de Poltahoeve (BWP, Tangelo van de Zuuthoeve x Skippy II). “Cette possibilité déterminante en période de restriction des déplacements sera certainement offerte à nouveau en 2021”, indique l’agence. Ce modèle hybride avait également contribué au succès de la première vente organisée à l’élevage de Riverland par Mickael Varliaud et la jeune agence The Best Horses, le 27 août.

En attendant l’édition 2021, l’agence continue à proposer à la vente, 100% sur le web, des chevaux qu’elle a sélectionnés cet été: dix-sept foals Élite le 5 octobre, trente-quatre trois-ans les 12 et 13 octobre, trente-six foals les 19 et 20 octobre ainsi qu’une trentaine d’embryons et de poulinières les 2 et 3 novembre. “À l’issue de ce semi-marathon, on pourra dresser un bilan de l’évolution et de l’état du marché de l’élevage au terme de cette année si particulière”, concluent les associés de l’agence. Compte tenu de l’intense activité commerciale constatée autour du Petit Parquet et de la carrière des Princes lors de la Grande Semaine de l’élevage, qui s’est achevée hier à Fontainebleau, on peut toutefois imaginer que cette année 2020 ne sera pas catastrophique parce que les professionnels gardent un bon degré de confiance en l’avenir. Espérons évidemment, dans l’intérêt de toute la filière, qu’ils aient raison.