Pour que les barres de Spa ne soient plus un problème

Quelques cavaliers de renom ont pris de leur temps pour expliquer leur façon d'aborder un spa. 



“Éviter de venir avec un cheval ouvert en sous-train”, Éric Navet

Du côté d'Eric Navet, on reçoit quelques précisions supplémentaires : “Le spa fait par­tie des obstacles les plus simples à sauter; surtout quand il est isolé. En revanche, quand il est dans une combinaison, cela peut poser plus de problèmes. Lorsqu'on saute un spa, il fout surtout éviter de venir avec un cheval ouvert en sous-train, et de monter les dernières foulées avec des foulées croissantes. Il faut venir de loin avec des foulées constantes, un bon rythme de galop, sans ouvrir les chevaux et venir frapper dans le pied de l'obstacle pour éviter le risque de faute. Car en effet, le spa est large et se saute moins bien que les oxers, obstacles sur lesquels les chevaux sont souvent plus ten­dus. Il faut faire prendre de l'engagement aux chevaux et avoir une bonne énergie au galop afin qu'ils frappent bien le sol et passent le spa dans les meilleures conditions possibles. À largeur égale, entre un spa et un oxer, un cheval se réceptionnera plus loin sur un oxer que sur un spa. Sur le spa, il ne fait souvent pas un beau saut, il se contorsionne et peine dans la trajectoire”, explique Eric Navet. 

Faire une faute sur un spa arrive même aux plus grands. Éric Navet a lui aussi connu des mésa­ventures sur des spas, mais celle qu'il n'oubliera ja­mais fut la faute commise avec la jument d'Elena Lundbäck lors de la tounante du championnat du monde de Jerez. en 2002. “Cette faute ne m'a peut être pas coûté le titre, mais elle m'aura coûté le barrage pour le titre. Je suis allé sauter le spa avec une jument un peu trop ouverte et pas assez armée, alors elle n'avait pas assez de force pour sauter et couvrir l'obstacle. J'aurais dû réajuster mon abord et venir sauter plus dans le pied. J'aurais dû faire une foulée de plus tout en reconstrui­sant mon obstacle et en réarmant la jument pour abor­der le spa avec plus d'engagement. Je n'aurais alors pas fait cette faute-là qui m'a coûté si cher. J'ai été trop tenté par la distance qui était belle. C'est bien de voir ces dis­tances de loin mais cela peut pa1fois poser un problème, et cette fois-là je me suis fait piéger.”



Thierry Pomel : “Il faut se rapprocher de l'obstacle”

“Cet obstacle est souvent redouté. Beaucoup de cava­liers n'ont pas l'habitude d'en sauter et ne savent pas comment l'aborder. Mais cet obstacle n'est pas si com­pliqué à franchir. C'est un peu comme un oxer, il fout toujours se rapprocher de l'obstacle et arriver assez près du pied avec un bon galop pour donner de la propul­sion. Il faut pouvoir couvrir l'obstacle. Sur un spa, le sommet de la trajectoire est décentré par rapport à un saut sur un oxer”, explique consciencieusement Thierry Pomel, en dessinant du bout de la botte le schéma de la courbe parabolique du saut sur un oxer et sur le spa. 

Hubert Bourdy et le regard panoramique! 

Son collègue, Hubert Bourdy (malheureusement disparu depuis la publication de cet article, qui remonte à avril 2009) ne trouvera pas vrai­ment de mots savants pour expliquer comment il monte un spa, mais aura néanmoins peut-être la réponse : “Moi, je ne me pose pas de question, je ne sais pas comment je monte un spa, j'avance avec un regard panoramique!”, dit-il avec humour. Roger-Yves Bost, interrogé par son ami Hubert Bourdy, nous donne quelques pistes. “Il faut monter en avançant, avec du galop et fixer son regard sur le pied. Cependant, on ne monte évidemment pas de la même manière un spa à 1,10m qu'un spa à 1,40m” affirme Bosty avec le sourire. Edouard Mathé dit lui “le monter comme un oxer normal en soutenant tout de même un peu plus dans la jambe. Il n y a rien à faire de spécial et rares sont les chevaux qui ne sautent pas cet obstacle!”

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX n°5, en avril 209.