Les chevaux de légende du siècle dernier : les performers-reproducteurs

Tout sport est ponctué d’exploits qui font sa légende. Dans ce dossier, voici la présentation de vingt chevaux qui ont fait la légende du saut d’obstacles mondial au siècle dernier et ont construit son histoire... Alors que ces vingt inoubliables chevaux sont répartis en quatre catégories, entre performers, performers-reproducteurs, reproducteurs et étoiles filantes, focus sur la deuxième de celles-ci: les performers-reproducteurs.



Les sports équestres ayant connu un essor important après la fin de la deuxième guerre mondiale, la rédaction de GRANDPRIX a choisi de revenir sur soixante ans d’une histoire ponctuée de grands et de petits exploits à travers vingt chevaux qui ont marqué leur époque. Un classement subjectif, bien entendu, avec des choix difficiles. Qui dit choisir, dit renoncer et, selon les points de vue, certains chevaux, absents de ce classement, auraient peut-être mérité d’y figurer. Nous pensons, par exemple, à Pomone B, Flambeau C, Norton de Rhuys ou Thor des Chaînes, du côté français. Ou encore à Big Ben, Gem Twist, Joli Coeur, Classic Touch, Weihaiwej, Dollar Girl, Tinka’s Boy, Sandro Boy, Cumano, tout comme au tout récent champion olympique Hickstead, qui n’auraient pas dépareillé dans un tel classement. Tous ceux-là, et bien d’autres que nous oublions sûrement, trouveront leur place dans une prochaine rubrique, et se verront mettre à l’honneur. 

Nous établissons ce classement d’après quatre catégories: les performers, qui ont marqué l’histoire uniquement par leurs propres performances. les performers-reproducteurs, qui ont eu une carrière sportive marquante, tout en engendrant des chevaux performants à très haut niveau. Les reproducteurs, qui n’ont pas réussi d’exploits sportifs retentissants, mais ont laissé une trace mémorable dans l’histoire par le biais de leurs descendants. Les étoiles filantes, qui ont réussi un exploit retentissant mais sans lendemain. Si le choix de vingt chevaux est cornélien, celui de leur classement l’est tout autant et n’a de valeur que celle que l’on veut bien lui accorder, certaines places pouvant tout aussi bien être interchangées.



Baloubet du Rouet, porte-drapeau du Selle Français

BALOUBET DU ROUET (1989-2017) 

Né en France dans la Manche, chez Louis Fardin 

Origines: Galoubet A x Starter 

Né chez Louis Fardin, Baloubet du Rouet est vendu à Diego Countinho Pereira, qui le confie aux bons soins de Nelson Pessoa. Le Sorcier brésilien éduque patiemment le fougueux étalon dans ses jeunes années, avant de confier le fils de Galoubet à son fils Rodrigo. Le couple réussit l’exploit inégalé de remporter par trois fois consécutives la finale de la Coupe du monde, en 1998, 1999 et 2000, enchaînant sur trois podiums les années suivantes. Rodrigo et Baloubet remportent également deux finales du Top Ten, une multitude de Grands Prix et surtout le titre de champion olympique (sur tapis vert) à Athènes en 2004, année où il est le meilleur cheval mondial au classement WBFSH. Blessé en 2006, Baloubet ne peut pas reprendre la compétition et fait ses adieux début 2008, pour se consacrer à la reproduction. Il s'est révélé être un formidable étalon depuis, ayant notamment donné Sydney Une Prince, Chaman, Balou du Rouet, Palloubet d'Halong, ou encore Napoli du Ry.

CENTO (1989-2018) 

Né en Allemagne chez Heinrich Schoof 

Origines: Capitol I x Caletto II 

Présenté à la Körung du Holstein en 1992, Cento est acheté par le Haras Dobel, qui le confie à Otto Becker à l’âge de six ans. Dès leur début, les victoires sont au rendez-vous, d’abord dans les épreuves internationales de sept ans puis sur le circuit du haut niveau. D’une fiabilité exemplaire et doté par la nature d’une grosse puissance, Cento devient rapidement l’un des piliers de l’équipe allemande. Souvent placé, mais rarement gagnant, Cento a cependant inscrit le mythique Grand Prix d’Aix-la-Chapelle à son palmarès en 2000, ainsi que ceux de San Patrignano, Munich ou encore Hannover et bien sûr de nombreuses victoires en Coupe des nations. Vainqueur de la Coupe du monde à Leipzig en 2002, Cento a également rapporté quatre médailles par équipes lors des grands championnats dont deux d’or, aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 et aux championnats d’Europe de Donaueschingen en 2003. Après une dernière victoire en Coupe des nations à La Baule, Cento fait ses adieux à la compétition à Aix-la-Chapelle, pendant les Jeux équestres mondiaux de 2006. Avec déjà quelques produits à haut niveau, Cento s’annonce comme un grand reproducteur, avec notamment Centino du Ry, Norton d’Eole ou Chippendale Z, Cento Lano ou encore Requiem de Talma, actuellement sous la selle d'Alexandra Ledermann. 

FOR PLEASURE (1986-2011) 

Né en Allemagne chez Robert Diestel 

Origines: Furioso II x Grannus 

Né du croisement entre une souche hanovrienne classique et l’étalon Selle Français, importé en Allemagne, Furioso II (ex-Vertuoso), For Pleasure est destiné aux ventes de Verden. Mais, présentant ses qualités, Robert Diestel, son éleveur, décide au dernier moment de ne pas le présenter à cette vente et de le garder. Après ses années d’apprentissage en jeunes chevaux, For Pleasure est confié à Lars Nieberg. Dès l’âge de neuf ans, l’étalon se montre performant à haut niveau, termine deuxième de la finale Coupe du monde de Göteborg et obtient, l’année suivante, sa sélection pour les Jeux olympiques d’Atlanta, avec une première médaille d’or par équipes. En 1997, nouvelle médaille d’or par équipes aux championnats d’Europe de Mannheim, puis For Pleasure est confié à un jeune cavalier prometteur: Marcus Ehning, qui remporte trois nouvelles médailles d’or par équipes: deux lors des championnats d’Europe, ainsi qu’un nouveau titre olympique à Sydney, le tout assorti d’une médaille de bronze individuelle aux championnats d’Europe de Donaueschingen. Une blessure contractée en 2005 met un terme à la carrière sportive de For Pleasure, qui fait ses adieux à Aix-la-Chapelle en 2006, avec près de 1,8 millions d’euros de gains. Si For Pleasure a beaucoup sailli surtout après sa carrière, il laisse une production impressionnante et très qualiteuse. On peut notamment citer Firth Of Lorne, Fit For Fun, Flora de Mariposa, Prêt À Tout, For Joy van't Zorgvliet*HDC, ou encore Barron.

GALOUBET A (1972-2006) 

Né en France dans l’Eure, chez Colette Lefrant-Ducornet 

Origines: Almé x Nystag 

Fils du chef de race Almé et d’une jument trotteuse, Galoubet A est repéré par Gilles Bertran de Balanda à l’âge de cinq ans. Impressionné par son formidable coup de saut, il le fait acheter par Jean-François Pellegrin, joaillier à Marseille. Galoubet est sacré champion dés cinq ans puis champion de France à l’âge de sept ans, remportant la même année le Grand Prix CSI de Wiesbaden. Rapidement, Galoubet A devient le chouchou du public. Ses sauts démesurés et ses légendaires ruades le rendent célèbre dans le monde entier. En 1982, Galoubet et Gilles sont membres de l’équipe de France championne du monde à Dublin. Malheureusement, un peu de temps dépassé leur ferme les portes de la finale tournante. Désireux de privilégier la reproduction, Jean-François Pellegrin décide de stopper la carrière sportive de Galoubet, au grand dam de Gilles Bertran de Balanda. Premier étalon français à faire la monte en insémination artificielle, Galoubet n’a néanmoins pas la côte auprès des éleveurs. Il est alors vendu aux Etats-Unis, où il rejoint le haras de Meg Douglas. Très vite, on s’aperçoit que les produits de Galoubet sortent vraiment du commun. Dès sa première année de production, et malgré une jumenterie peu sélectionnée, il fait naître de grands champions, à l’instar de Quick Star, Quatoubet du Rouet, Baloubet du Rouet, Taloubet Z

QUITO DE BAUSSY (1982-2015) 

Né en France dans le Calvados, chez Alain Navet 

Origines: Jalisco B x Prince du Cy 

Si Eric Navet a connu de nombreux succès avec beaucoup de chevaux différents, c’est à Quito de Baussy qu’il doit d’avoir écrit les plus belles pages de son palmarès. Son père, Alain Navet, lui confie à quatre ans ce produit de l’élevage familial. Faisant preuve d’une maturité précoce, Quito de Baussy débute le haut niveau à huit ans et est sélectionné pour les Jeux mondiaux de Stockholm cette même année. Alors que beaucoup, dont son cavalier, le pensent trop jeune pour ce type d’échéance, Quito revient doublement médaillé d’or, faisant preuve d’une sérénité incroyable pour son jeune âge. Nouveau titre l’année suivante devant le public français de La Baule, où Eric Navet et Quito de Baussy deviennent champions d’Europe en individuel. Trois médailles par équipes viennent s’ajouter à ce palmarès avec le bronze aux Jeux olympiques de Barcelone et aux championnats d’Europe de Gijon pour finir sa carrière par une médaille d’argent aux Jeux mondiaux de La Haye. Malgré cette fantastique carrière de compétiteur, Quito de Baussy n’a pas eu un succès fou en tant que reproducteur. Père de nombreux très bons chevaux, il a notamment donné Marquis de la Lande, Darius du Murier, Hermes de Rêve, Jumpy de Kreisker, Equito du Houssel, Fakir de Kreisker, Priam de Chasnay, et Isky de Baussy.