Divine Méniljean, sur les traces de Vicky
Lors du dernier Sologn’Pony, à Lamotte-Beuvron, le titre de champion de France des poneys de sept ans Future Élite a récompensé la bouillonnante Divine Méniljean. Née chez Alexandre Gruson, dans l’Orne, cette petite-fille de Vicky, grande ponette de sport dans les années 1990, s’est fait remarquer dès son plus jeune âge par une extrême sensibilité et une énergie débordante. Formée par Valérie Rohmer, l’alezane n’aura pas renversé une seule barre de la saison 2020, qu’elle a achevée avec le meilleur des triomphes!
Le 21 août dernier, Divine Méniljean (PFS, Ulk d’Été x Linaro) s’est imposée lors du championnat de France des poneys de sept ans Future Élite, organisé dans le cadre du Sologn’Pony. Sur la piste du parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron, l’alezane d’1,47m a dévoilé toute l’ampleur de son talent en signant trois parcours sans pénalité, puis en concluant son barrage sans faute avec le rapide chronomètre de 41’’02, sur des barres cotées à 1,20m. “Le premier jour, Divine Méniljean était vraiment chaude, donc un peu plus difficile à gérer que d’habitude, même si le parcours s’est quand même bien déroulé. Au fur et à mesure des trois jours de compétition, elle a commencé à se détendre un peu, et elle a fini la semaine en beauté”, explique Valérie Rohmer, sa cavalière. Professionnelle désormais basée non loin de Rouen, après de nombreuses années passées dans le Nord, près de Hardelot, la sympathique quadragénaire valorise à la fois des poneys et des chevaux. L’Ornois Alexandre Gruson, naisseur et propriétaire de Divine Méniljean via la Scea Equidis, lui confie les produits de son élevage depuis quatre ans maintenant. “Je connais Valérie depuis que nous sommes enfants car nous sommes tous deux originaires du Nord. Nous avons longtemps concouru ensemble jusqu’à un bon niveau (ils évoluent encore parfois en CSI 2*, ndlr). Je recherchais quelqu’un pour valoriser tous nos poneys, qui connaissait le métier, avec un certain niveau et un gabarit adéquat. Valérie répondait à tous les critères. Nous l’avons convaincue avec ma femme de monter nos poneys, car elle concourait essentiellement à cheval.”
Sous la selle de Valérie depuis ses six ans, la sanguine Divine a connu une préparation pour le Sologn’Pony somme toute correcte, malgré le confinement et l’arrêt des compétitions. “Elle n’a pas fait tomber une barre de l’année”, raconte sa cavalière. “J’avais déjà réalisé deux parcours sans faute avant le confinement (deux Préparatoires à 1,10m et 1,15m, ndlr). Après ça, j’ai effectué quelques parcours dans des épreuves Préparatoires (jusqu’à 1,20 m, ndlr) qui se sont bien déroulés, et elle a participé aux deux épreuves des sept ans Future Élite lors de la TDA de Magnanville, avec à la clé une victoire le deuxième jour.” La cavalière ne tarit pas d’éloges sur cette sensationnelle ponette. “Elle est particulière, et il faut instaurer des codes avec elle. Elle a tellement de qualités que c’est à nous de nous adapter.”
Cette victoire en championnat n’est pas une surprise. “Nous savions dès le début que Divine était très talentueuse”, explique Alexandre Gruson. “Elle est assez délicate, donc il lui fallait quelqu’un avec du métier pour pouvoir performer comme elle l’a fait. Même si rien n’est jamais sûr avec les chevaux, nous nous doutions qu’elle ferait de belles choses car elle en a les capacités.” Pour cause, les résultats de Divine ont été au rendez-vous dès ses premiers pas en compétition, à l’âge de cinq ans. Si sa toute première apparition au Pin-au-Haras, en avril 2018, avait été sanctionnée de douze points, elle avait ensuite réalisé huit parcours parfaits et un seul pénalisé d’une faute durant la suite de la saison. Son premier championnat dans la catégorie des cinq ans D s’était soldé par un résultat plutôt moyen, sortant de piste avec quatre puis douze points de pénalités. L’année suivante, elle s’était classée troisième dans les six ans D, après avoir signé quatre sans-faute lors de la finale, dans le Loir-et-Cher. En tout, l’alezane avait signé treize parcours parfaits au cours de la saison, et seulement un seul pénalisé de quatre points. À la suite de cette belle année 2019, l’alezane a donc obtenu un IPO 146. “Pour moi, Divine a vraiment tout pour elle : les moyens, le respect, le recul de la barre, l’envie de bien faire... Elle est exceptionnelle mais un peu chaude, toujours un peu excitée. Il faut arriver à la gérer!”, détaille sa cavalière.
Vicky (IPO 170, PFS, Olvic, AA x Fudge du Gaillon), une ponette dont les performances sportives ont marqué les années 1990, est l’illustre ancêtre de Divine. Propriété de la famille Gruson, “cette alezane a suscité les convoitises de beaucoup de gens, mais mes parents n’ont jamais voulu s’en séparer, même s’il y avait eu de grosses sommes en jeu”, rappelle Alexandre Gruson, qui a d’ailleurs monté cette fameuse ponette, de même que ses cousines, Aurélie et Émilie Dhenry. Avec cette dernière, Vicky a même été sélectionnée pour les championnats d’Europe du Touquet en 1998, où le couple s’est classé treizième de la finale individuelle. Elle a également été sacrée double championne de France Grand Prix Élite de saut d’obstacles, en 1996 avec Aurélie, et en 1999 avec Émilie. La légendaire ponette est à la base de l’élevage au haras de Ménil Jean. “Un éleveur ne peut pas rêver mieux que de poursuivre l’aventure avec une jument qui a autant compté”, confie Valérie. “Elle a amené tant de bonheur dans la famille Cruson! C’est une belle histoire, car tout part de cette fameuse Vicky, qui était juste incroyable.”
Divine a tout pour être la digne héritière de sa grand-mère, à qui elle “ressemble énormément” selon son naisseur. Sa mère, Ulotte Méniljean, est une fille de Vicky et a pour père Linaro, “une référence de l’élevage à l’époque”. Avant qu’Ulotte n’entame sa carrière avec Alexandre Croison, deux transferts d’embryon ont été effectués, donnant naissance à deux pouliches, Cassandre (IPO 140, PFS, Tricky Choice du Pena x Linaro) en 2012 et la fameuse Divine en 2013. “Tricky Choice du Pena et Ulk d’Été me paraissaient être deux très bons pères d’avenir. Je ne me suis pas trop trompé puisque Cassandre a fini troisième du championnat de France des sept ans en 2019 et Divine a conquis le titre cette année!” Les débuts de Divine ont toutefois été délicats, surtout lors de son pré-débourrage à quatre ans, où elle était “particulièrement stressée et inquiète. Au démarrage, c’était un phénomène”, révèle son propriétaire. “Il a fallu beaucoup de temps pour la canaliser. C’était particulièrement compliqué! Elle ne comprenait pas qu’il fallait s’arrêter pour que nous puissions descendre. Quand elle avait cinq ans, c’est Adrien (Leplay, ndlr), le compagnon de Valérie, qui venait d’accoucher, qui a évolué avec Divine. Il s’est occupé de la gestion du montoir, qui n’était pas encore tout à fait assimilé.” Physiquement, la pouliche “avait un très joli modèle. Elle est très bien faite. Elle a toujours eu un peu de style et attirait les regards.”
L’énergie débordante que Divine déploie en concours se retrouve lors des entraînements à la maison. “Dès que l’on commence à travailler et à sauter, elle monte dans les tours!”, précise Valérie. “Au quotidien, j’ai la chance de bénéficier de nombreux chemins extérieurs donc j’essaie de beaucoup l’aérer, de composer avec sa sensibilité et de ne pas trop l’embêter. Il faut être assez malin pour s’adapter à elle.” En dehors de cela, la bouillonnante alezane dévoile “un amour” de ponette, “adorable aux soins comme au box, à la longe ou en balade”.
Alexandre Gruson, stationné depuis treize ans au haras de Ménil Jean, à Putanges-le-Lac, dans l’Orne, développe peu à peu son affixe. Son élevage comptabilise déjà de bons résultats et ne cesse de croître depuis une quinzaine d’années. Outre le titre de Divine cette année, Diabolo Méniljean (PFS, Ulk d’Été x Quabar des Monceaux) a également pris la dixième place du même championnat. “En 2014 à la Grande Semaine de Fontainebleau, Vertu Méniljean (SF, Diamant de Semilly x Muguet du Manoir) a été sacrée championne de France des cinq ans. Divine a également une tante, Chipie Méniljean (PFS, Aron N x Kannan), qui a remporté le championnat de France des cinq ans D à Lamotte-Beuvron en 2017”, énumère-t-il. “Ce sont des poneys avec une génétique hors norme et un potentiel incroyable. Je pense que c’est ce que l’on fait de meilleur sur le marché du poney aujourd’hui”, affirme d’ailleurs Valérie, qui valorise jusqu’à l’âge de sept ans les produits de l’élevage. “La famille Gruson est plus que passionnée. Ils sont fous des chevaux et des poneys, et vivent à travers ça. C’est une belle réussite car tous les ans, il y a des résultats!”
Divine compte déjà deux descendants, tous deux nés via des transferts d’embryon. L’année dernière, la pouliche Jet Set Méniljean (PFS, Champagne d’Ar Cus x Ulk d’Été), dont le père a été champion de France des six ans D en 2018 sous la selle de Romane Orhant, a vu le jour, tandis que ce printemps, c’est un poulain, King Méniljean (PFS, Dexter Leam Pondi x Ulk d’Été), qui est né. Une seconde aventure qui s’annonce d’ores et déjà pour l’alezane. “Divine n’est pas à vendre, car je veux la conserver pour l’élevage après sa carrière sportive. Nous essayons de garder au maximum les femelles de la souche de Vicky”, expose Alexandre Gruson. Si la championne s’annonce très prometteuse, elle va devoir composer avec une nouvelle jeune cavalière de quatorze ans lors de ses prochaines apparitions. En effet, Héloïse, la nièce d’Alexandre, en a récupéré les rênes, comme cela était prévu depuis le départ avec Valérie. “Il faut canaliser son énergie. Ce sera vraiment le challenge pour Héloïse”, analyse-t-elle. “Nous allons tout mettre en place pour essayer de fabriquer le couple, en espérant performer au meilleur niveau possible”, annonce Alexandre. “Je pense que nous pourrons les voir en équipe de France, même si avec les chevaux, nous ne savons jamais vraiment comment cela va évoluer”, prédit son amie. “Les qualités de la jument sont incontestables, mais elle est assez difficile, donc il faudra simplement prendre son temps.” Gageons que nous reverrons très prochainement la talentueuse Divine Méniljean aux honneurs.
Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.