Dgin du Pestel*Mili, l’atout charme de Donatien Schauly

Cet après-midi, Dgin du Pestel*Mili a signé la cinquième meilleure reprise de dressage du championnat du monde des chevaux de sept ans. Le Mondial du Lion, ce hongre, né chez Chantal Puertolas et propriété du ministère de la Défense, le dispute sous la selle de Donatien Schauly, qui le forme depuis ses débuts et croit beaucoup en lui. Portrait.



Dgin du Pestel*Mili, hongre par Nartago et Inascott du Lozon (SF, Verdi) naît en avril 2013 chez la regrettée Chantal Puertolas, disparue en août 2017, dans les champs fleuris du modeste haras de Pestel, à Remilly-les-Marais, à vingt kilomètres de Saint-Lô, dans la Manche. À trois ans, il séduit l’École militaire d’équitation (EME) et intègre le piquet de jeunes chevaux du Centre sportif d’équitation militaire de Fontainebleau, en Seine-et-Marne. Inclus dans le cycle de formation classique de l’EME, le Selle Français se révèle délicat. C’est pourquoi il est rapidement confié à l’expérimenté adjudant Donatien Schauly, multiple champion de France de concours complet, médaillé de bronze par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Tryon 2018 avec Pivoine des Touches (SF, Nykias x Elf d’Or), et sélectionné aux Jeux olympiques de Londres. J’ai récupéré Dgin l’hiver de ses trois à quatre ans”, débute son cavalier. C’était un grand poulain d’1,75m, taquin et dominateur, très étalon malgré sa castration. Il avait la fougue et la déconcentration de la jeunesse mais j’ai vite remarqué son intelligence, son grand équilibre et sa bonne classe de galop.”

“Comme il était très sec à son arrivée, nous avons pris le temps de le remplumer avant de le présenter à trois compétitions sur le Cycle classique des quatre ans afin qu’il s’habitue à l’ambiance et au transport. Ce circuit lui a plutôt bien réussi puisqu’il a fini deuxième du championnat, en septembre 2017 à Pompadour.” Après une pause de six mois, Dgin et Donatien reprennent le chemin des concours. Ils finissent deuxièmes de l’étape du Cycle classique des cinq ans de Fontainebleau, puis s’en tiennent à deux autres étapes, à Mourmelon-le-Grand et Saumur.



L’antichambre de la cour des grands

Dès le début de la saison 2019, le couple s’impose à Fontainebleau. Mon cheval n’étant a priori pas destiné à la commercialisation (car propriété du ministère de la Défense, ndlr), j’ai la chance de pouvoir évoluer sereinement et de prendre mon temps pour l’affermir peu à peu”, commente l’Adjudant. De par sa taille, il a une très grande amplitude et ne semble pas impressionné par la hauteur des obstacles. Il est néanmoins encore gêné pour raccourcir ses foulées et se compacter. Nous travaillons quotidiennement pour l’assouplir et lui apprendre à alterner entre équilibre horizontal et vertical, tout en conservant une bonne poussée des postérieurs. Il est encore très vert dans son apprentissage, nous sautons peu, à la maison comme en compétition (vingt-trois épreuves à ce jour, en tout et pour tout, ndlr). Je pense qu’il a de bons moyens, à mettre en œuvre en travaillant son élasticité. Il est joueur et volontaire, il me plaît beaucoup.”

Dgin cherche toujours à faire bien”, loue son cavalier. Pour sa saison de six ans, nous avons continué les compétitions, sans pour autant viser les performances (le couple s’est néanmoins imposé à Fontainebleau, Vernoil-le-Fourrier et Mourmelon, ndlr)Cette année a marqué un tournant. Je trouve Dgin plus serein, notamment au dressage. En septembre au Haras national du Pin, nous avons terminé deuxièmes du championnat de France des sept ans Pro 2, derrière Thomas Carlile et Dartagnan de Béliard (SF, Quite Easy x Diamant de Semilly). Nous avons débuté par une très belle reprise de dressage mais qui aurait pu être encore meilleure car j’ai trop cherché à le décontracter et j’en ai perdu ma rêne”, sourit Donatien. Au cross, il est rentré dans le temps maxi et n’a pas semblé fatigué en fin de parcours. Mieux encore, il a fait preuve de maturité en commençant à gérer lui-même son équilibre en phase d’abord. Il a également réussi un sans-faute à l’hippique, bien que j’aie noté quelques petites raideurs. Un mois auparavant, nous avions couru le CCI 3*-S du Grand Complet sur la même piste, et je pense que ça l’a mis en confiance.”



Objectif Paris 2024

“Je le trouve bon dans les trois disciplines”, poursuit l’adjudant Donatien Schauly. “Il devient souple en dressage, guerrier au cross et commence à mieux appréhender les lignes serrées à l’hippique, même si cela reste à travailler. Je travaille son équilibre pour réussir à le recomposer plus facilement après l’avoir déplié. C’est le fruit d’un travail d’assouplissement quotidien sur le plat. À la maison, il est d’abord sorti à la longe, au marcheur ou en promenade par mon cavalier Jeunes Chevaux, puis passe sous ma selle pour sa seconde séance de travail. Celles-ci sont assez courtes, de l’ordre de trente à quarante minutes car il se montre très attentif. Il est inutile d’en faire plus. Nous devons faire attention car il saute les clôtures des paddocks, malheureusement placés près de la route… Nous préférons le mettre dans un rond de longe sécurisé, avec deux mètres de hauteur de palissade. Ainsi, nous sommes plus tranquilles ! (rire). »

“Je sens qu’il est doué et vraiment intelligent, comme s’il devinait ce qu’on attend de lui. Il me fait penser à mon ancien cheval, Ocarina du Chanois*Mili (SF, Fango in Blue*HN x Ténor de Condé*HN), avec lequel Donatien avait glané la médaille d’argent par équipes lors des championnats d’Europe de Luhmühlen en 2011, puis participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Nous visons une sélection aux Jeux olympiques de Paris 2024. Je pense que Djin en a les capacités, il faut juste que je poursuive son dressage, car il n’a que sept ans. Il fait partie de mon piquet de concours composé de douze chevaux, dont sept sont en âge de concourir et cinq sont sous la charge de mon cavalier de jeunes chevaux. Il est prévu que Dgin poursuive sa carrière en complet, mais il aurait peut-être les qualités concourir également en saut d’obstacles”, note le Bellifontain, qui évolue dans cette discipline jusqu’à 1,50m, notamment dans le Grand National.

En attendant, le Selle Français fait donc partie des couples retenus pour le Mondial du Lion, prestigieux championnats du monde des chevaux de six et sept ans, à huis clos en cette année de crise sanitaire. “Il vient de passer la visite vétérinaire”, disait son cavalier avant-hier. Nous allons surtout chercher à lui donner de l’expérience. La suite, ce sera du repos, au moins jusqu’à décembre. Le travail hivernal se concentrera sur une progression sur le plat, puis par la participation à des stages auprès d’autres professionnels ou avec le staff fédéral. Notre couple est encore en préparation, mais je l’aime bien jusqu’ici”, conclut avec le sourire Donatien Schauly. Bonne chance pour ce week-end. Cet après-midi, il a signé la cinquième meilleure reprise de dressage.



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