La Grande Semaine d’Uzès s’est adaptée à la crise sanitaire… et à la crise sportive aux Émirats arabes unis

Malgré le contexte sanitaire, impactant l’ensemble de la filière équestre, les finales nationales Jeunes Chevaux d’endurance, qui se sont déroulées le week-end dernier à Uzès, ont toutefois réussi à réunir les meilleurs chevaux de la discipline et à attirer les acheteurs. La qualité est toujours présente en dépit d’un lot de sujets réduit. Compte tenu de la suspension de la Fédération émiratie, il n’en demeure pas moins que le commerce a été compliqué cette année pour les différents professionnels, qui s’appuient en majeure partie sur ce bel événement pour promouvoir et vendre leurs chevaux.



Si cette édition 2020 de la Grande Semaine d’Uzès a poussé ses organisateurs à s’adapter aux nouvelles règles sanitaires ayant pour but d’endiguer la pandémie de Covid-19, il y a aussi une volonté commune de trouver une issue favorable au problème de géopolitique sportive qui oppose depuis quelques années la Fédération équestre internationale et la Fédération des Émirats Arabes unis. Pour rappel, septembre dernier, la FEI a prononcé à l’encontre de sa fédération membre “une suspension totale de toutes les activités équestres, dépendantes de la FEI, y compris les événements nationaux, jusqu’au 31 décembre 2020. Une extension renforcée pour la discipline de l’endurance jusqu’au 31 mars 2021.” En cause, le non-respect des règles constaté dans le cadre de la Sheikh Mohammed Cup et de la Président’s Cup. Quand on sait que les écuries émiraties demeurent les premiers clients de l’élevage français de chevaux d’endurance, il y a de quoi s’inquiéter.

Pour Erwan Tréguer, courtier en chevaux d’endurance depuis plus de dix ans, cette édition d’Uzès gardera une saveur toute particulière. “Quand je réussis un bon Uzès, nous vendons 10% des partants, soit entre 60 et 70 chevaux. Cette année, cela représente moins de dix chevaux. Ce chiffre s’explique uniquement par la mise à pied de nos clients par la FEI, qui n’ont de fait pas pu se déplacer. C’est la deuxième fois, après 2015, que je réalise un bilan aussi mauvais sur le marché d’Uzès. À chaque fois, c’est quand la FEI intervient et sanctionne en premier lieu, les Émirats arabes unis.”



“Les méthodes de la FEI doivent être revues”, Erwan Tréguer

Le constat, est sans appel, et sans rentrer dans le cœur du sujet, il relève néanmoins d’un dysfonctionnement notable. Si ce pays fédéral situé au cœur du Moyen-Orient, féru de ce sport, est mis à pied, il ne participe plus à l’essor économique de la filière, à travers l’achat de ces chevaux d’exception, dont les sommes peuvent garantir la rentabilité des grands élevages. Ils restent de loin les premiers acquéreurs, devant les Européens. Il y a donc eu très peu de transactions. À noter toutefois la présence d’un représentant pakistanais, Anzak Mehmood, officiant pour le compte d’écuries émiraties et de différents collectifs.

Un point positif qui reste à souligner, “la qualité est toujours au rendez-vous”, poursuit Erwan Tréguer. “On trouve toujours des pépites malgré le nombre”. Pour les clients, cela semble un peu frustrant. “Uzès reste le seul endroit du monde où des finales réunissent autant de jeunes chevaux, environ six cents.” Quant aux prix de vente des chevaux, ce contexte ne semble pas trop les influencer. “Le top des chevaux a été vendu. Les clients sautent le pas. Les prix se maintiennent plutôt bien. Cependant, nous n’avons pas que des chevaux de top niveau à vendre. Nous arrivons également à vendre des chevaux de bonne qualité. C’est ce qui nous permet de maintenir l’équilibre et de tenir économiquement.” Mais quel avenir pour l’endurance? “Il faut rester positif et s’adapter en permanence aux évolutions du marché. L’idée étant de trouver une issue favorable. Tout le monde veut respecter les règles mais les méthodes de la FEI doivent être revues. Trouver une harmonie dans la pratique, et ne pas oublier que nous sommes tous animés par la même passion de l’endurance”, conclut Erwan Tréguer.