L'album photo de Roger-Yves Bost (partie 2)

Alors que Roger-Yves Bost fêtait ses cinquante-cinq ans hier, la rédaction de GRANDPRIX vous propose de revenir sur la carrière du multimédaillé français à travers un album photo. // Un style incomparable, une motivation sans pareille, une bienveillance à toute épreuve et déjà plus de trois décennies à haut niveau. Sacré champion d’Europe individuel en 2013 avec Castle Forbes Myrtille Paulois puis champion olympique par équipes l’an passé avec Sydney Une Prince, Roger-Yves Bost fait désormais partie du club des légendes équestres. Retour sur une carrière frappée du sceau du succès.



© Kit Houghton

PHOTO À DROITE.

Jorphée du Prieur, première des illustres partenaires de Roger-Yves Bost, a notamment remporté l’or individuel aux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers de Geesteren en 1983. 

“Jorphée était une super jument, très rapide et élégante. Nous l’avions achetée lors de la finale des six ans, en 1981. Elle a été la première monture importante de ma carrière. C’est avec elle que j’ai disputé mes premiers championnats Juniors, Jeunes Cavaliers et Seniors. Nous avons même gagné la Coupe des nations de Hickstead! À l’époque, j’avais dix-neuf ans et montais en tenue militaire parce que je faisais mon service. Je passais la semaine sur une base, et je montais le week-end à Fontainebleau. J’ai eu de la chance d’habiter Barbizon, tout près de là. J’ai même disputé le CSI-W de Bercy en militaire! Nous formions une bande avec Patrice (Delaveau), Hubert (Bourdy), Philippe (Rozier), Pierre (Durand), Hervé (Godignon) et Éric (Navet). Nous nous tirions tous la bourre en concours! Finalement, le fait de vouloir nous dépasser les uns les autres nous a poussés à devenir meilleurs. Nous étions un petit groupe de jeunes qui montaient bien, et nous avons tous accédé au haut niveau! C’était une belle époque.”

PHOTO CI-DESSOUS.

Dès ses premiers grands championnats Seniors, en 1990, Bosty a décroché l’or par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Stockholm avec Norton de Rhuys. 

“Norton était un très bon cheval, très puissant. Je me souviens qu’il avait eu une longue pause de cinq mois avant les championnats du monde. Nous étions revenus en forme en décembre en remportant le Grand Prix du Salon du cheval de Paris, puis le Grand Prix de Bercy en mars, où cette photo a été prise. Ce jour-là, j’avais battu John Whitaker et Milton! D’ailleurs, je suis très heureux que le concours revienne sur le circuit! Honnêtement, je n’étais pas vraiment stressé à Stockholm parce que j’avais déjà un peu d’expérience et que nous formions une belle équipe de France. Pour autant, gagner l’or était incroyable, surtout pour mes premiers championnats Seniors! En seconde manche, je n’avais droit qu’à quatre points pour décrocher l’or et je m’y étais tenu, si bien que le quatrième n’avait même pas eu besoin de repartir!”

© PSV Morel



© PSV Morel

PHOTO À DROITE.

En 1996, le Francilien a disputé ses premiers Jeux olympiques à Atlanta avec Souviens Toi III, terminant quatrième par équipes et quarante et unième en individuel. 

“Souviens Toi était un excellent cheval, très imposant et puissant. Il était très moderne pour l’époque. Je l’aimais beaucoup. S’il concourait aujourd’hui, je suis sûr qu’il pourrait encore tout gagner! Il a eu une vie pas comme les autres. À sa naissance, il était même destiné au dressage! Il a mis quelque temps à arriver dans mes écuries. À nos débuts, j’ai eu du mal avec lui, car il s’arrêtait souvent. Heureusement, nous avons progressé ensemble. Cette magnifique photo a été prise sur le dernier obstacle de la seconde manche de l’épreuve par équipes des Jeux olympiques d’Atlanta. Le lendemain, je me rappelle avoir été déçu quand j’ai retrouvé mon cheval boiteux en arrivant aux écuries. Il s’était fait une entorse, ce qui m’avait contraint à déclarer forfait. J’étais triste, mais très content quand même d’avoir vécu cette première expérience. Nous avions participé à la cérémonie d’ouverture, l’ambiance était incroyable! Malgré cela, nous étions vraiment coupés du reste des Jeux. Nous dormions tous ensemble dans une maison à cinquante kilomètres d’Atlanta, pas au village. En fait, pour nous, cette compétition ressemblait davantage à un gros CSIO et nous ne nous rendions pas compte de ce que nous vivions. À Rio, l’an passé, c’était beaucoup mieux car nous avons vraiment baigné dans l’ambiance olympique.”

PHOTO CI-DESSOUS.

En 1998, le cavalier a contribué à la médaille d’argent de l’équipe de France aux Jeux équestres mondiaux de Rome, en selle sur Airborne Montecillo.

“C’était un très bon cheval, pas très grand mais vraiment magnifique, avec un joli modèle. Il était rapide, puissant, mais pouvait être un peu anxieux quand il y avait trop d’agitation. Je l’aimais beaucoup. Nous avions notamment remporté la Coupe des nations de Hickstead en 1998, ce qui reste un très bon souvenir. Malheureusement, sa carrière s’est arrêtée trop tôt. Il concourait beaucoup et un jour il s’est arrêté. Il ne voulait simplement plus sauter donc nous l’avons mis à la retraite. C’est dommage. Même si Rodrigo Pessoa s’était montré le plus fort en individuel, nous avions réussi de bonnes choses entre notre médaille d’argent par équipes et celle de Thierry (Pomel) et Thor des Chaînes (SF, If de Merzé x Ti Frère) lors de la finale tournante.”

© PSV Morel



© Dirk Caremans

PHOTO À DROITE.

En juillet 2009, avec le fameux Idéal de la Loge, Bosty a gagné la deuxième de ses trois Coupes des nations d’Aix-la-Chapelle. À ce jour, il reste le cavalier français le plus capé dans cette épreuve mythique.

“Idéal était incroyable. Il m’a aidé à revenir à haut niveau et à renouer avec les grands succès. Rien que pour cela, je lui dois beaucoup! J’avais connu un creux de cinq ou six ans, sans aucun cheval de Grand Prix, et Idéal est arrivé. Je l’ai monté dès ses cinq ans, j’ai pris le temps de le construire. À la fin, je le connaissais par cœur! Il était assez spécial, les gens en avaient carrément peur! C’était un cheval très gentil, mais il avait peur de rentrer en piste, par exemple. Je devais souvent descendre de cheval pour y arriver! Il avait des côtés très dominants, mais il était agréable à vivre. Il n’était pas vraiment fait pour les championnats, car pas toujours régulier. D’ailleurs, nous n’avons participé qu’aux Européens de Windsor. En revanche, il se montrait redoutable en Grands Prix, notamment sur les grands terrains, où il a beaucoup gagné! Nous avons aussi terminé deuxièmes de celui d’Aix-la-Chapelle, ce qui n’est pas rien. Et en 2009, nous avons aussi gagné la Coupe des nations. J’ai gagné cette épreuve trois fois dans ma carrière, ce dont je suis plutôt fier.”

PHOTO CI-DESSOUS.

Le 25 août 2013 à Herning, au Danemark, Roger-Yves Bost a accompli la plus belle performance individuelle de sa vie en devenant champion d’Europe avec l’attachante Castle Forbes Myrtille Paulois. 

“Ah, Myrtille… Là, c’est le dernier obstacle du triple, la dernière barre à franchir pour devenir champion d’Europe. J’avais vraiment fait attention à ne pas faire une faute de postérieurs, ça se voit! Ce jour-là, Myrtille a réussi quelque chose d’exceptionnel. Je n’aurais jamais pensé qu’elle en était capable, elle était à 150% de ses capacités! À Herning, elle volait littéralement tous les jours, elle était franchement incroyable. Je prenais les épreuves une par une, il ne pouvait rien m’arriver! C’est un très beau souvenir. Décrocher ma première médaille individuelle à quarante-sept ans, c’était un moment incroyable… J’ai commencé à monter Myrtille assez tard, elle avait onze ans. Elle a été très bien façonnée par Jessica Kürten, son ancienne cavalière. Elle est arrivée à maturité quand je l’ai récupérée et nous avons vécu de grandes choses en trois ans. Malheureusement, elle s’est blessée en fin de carrière… mais elle m’a tellement donné, elle aussi! Myrtille est le seul cheval dont j’ai affiché une photo à la maison. Enfin, en début d’année, j’ai ajouté un grand poster de Sydney que l’on m’a offert après les JO de Rio. Début octobre 2017, j'étais allé lui rendre visite en Irlande chez sa propriétaire. Malheureusement je n’ai pas pu la voir parce qu’elle était encore au centre d’insémination, mais j’ai vu sa pouliche de Vivaldo. C’est son sosie tout craché! Elle va bien en tout cas, elle mange de l’herbe à sa faim!”

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°103.

© Scoopdyga