“Des sponsors se sont rétractés et il était impossible de boucler le budget du CSI 3* de Montpellier”, Harold Boisset

Vainqueur de deux Grands Prix CSI 2* à Oliva ces deux dernières semaines, avec Divine de la Roque puis Katinka van het Valenberghof, Harold Boisset est toujours aussi compétitif quand il s’agit de faire parler sa pointe de vitesse. Le cavalier, qui s’entraîne au quotidien au centre équestre de Grammont, non loin de Montpellier, est revenu sur ses deux victoires acquises avec deux juments compétitives qu’il estime énormément. Il a également évoqué ses autres montures en lice en Espagne, son programme de concours, ainsi que l’annulation du CSI 3* de Montpellier, qui aurait dû se tenir ce week-end et pour lequel il a endossé le rôle de directeur sportif.



La compétitive Katinka van het Valenberghof a permis à Harold Boisset de s'adjuger de nombreuses victoires, dont le Grand Prix du CSI 2* d'Oliva le week-end dernier.

La compétitive Katinka van het Valenberghof a permis à Harold Boisset de s'adjuger de nombreuses victoires, dont le Grand Prix du CSI 2* d'Oliva le week-end dernier.

© Sportfot

Vous venez de remporter deux Grands Prix CSI 2* à Oliva, avec Divine de la Roque puis Katinka van het Valenberghof. Que retenez-vous de ces deux victoires?

Divine est arrivée dans mes écuries en mars, juste avant le confinement. Elle avait déjà obtenu de bons résultats avec toute la famille Hécart et Edward Levy. Elle est très compétitive et jusqu’à maintenant, je l’avais engagée à 1,50m dans deux étapes du Grand National, mais pas vraiment en CSI. Elle me fait énormément penser à Quolita Z (son ancienne crack, ndlr) dans la façon de la monter, et c’est un plaisir d’avoir des chevaux comme ceux-là en concours. Pendant ces quinze jours, elle a toujours été présente à 1,45m (en plus de sa victoire dans le Grand Prix, elle compte une autre première place jeudi dernier, et plusieurs classements, ndlr). De son côté, Katinka a toujours un petit peu plus de mal à se mettre en route quand elle arrive sur un nouveau terrain. Elle est très compétitive, mais pas toujours avec la manière. La première semaine était un peu en demi-teinte, même si elle a bouclé l’épreuve majeure du samedi avec quatre points au barrage. La deuxième semaine, elle a terminé deuxième le premier jour dans l’épreuve à 1,45m, puis a concédé quatre points le deuxième jour à cette même hauteur. Je la sentais en forme donc j’ai choisi de l’engager dans le Grand Prix. Et tout s’est déroulé comme je l’avais prévu, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas!

Finalement, vous savez toujours aller vite au barrage!

Quand nous sommes dans le bain des concours, nous voyons ce que font les cavaliers. Si les tournées comme Oliva ne sont que des CSI 2* voire 3*, il y a toujours entre quinze et vingt couples qualifiés pour les barrages. Ces derniers se courent de plus en plus vite par rapport à quelques années en arrière. Tout le monde veut gagner, alors nous y allons et donnons tout!

Vous êtes enthousiaste à propos de Divine de la Roque. Maintenant que vous la connaissez mieux, quels sont vos objectifs avec elle?

C’est une jument à vendre et elle m’a été confiée dans cet objectif. Il n’y a pas vraiment de plan. Sportivement, elle est extraordinaire, ce que j’ai d’ailleurs dit à la famille Hécart. Elle doit en être à une faute tous les dix parcours environ, ce qui est exceptionnel! Mais le but reste de la commercialiser...



“Katinka van het Valenberghof peut gagner les trois jours et ne pas se dégrader dans sa qualité de saut”

À treize ans, T'Obetty du Domaine reste toujours aussi compétitive.

À treize ans, T'Obetty du Domaine reste toujours aussi compétitive.

© Sportfot

Katinka van het Valenberghof évolue depuis toujours à vos côtés. Pensez-vous qu’elle ait l’étoffe des meilleures juments et planifiez-vous un début en CSI 5*?

Nous avons acheté Katinka quand elle avait encore trois ans. Elle a toujours beaucoup gagné, déjà lorsqu’elle était jeune, et n’a renversé aucun obstacle à quatre et cinq ans sur le Cycle classique. De l’extérieur, les gens s’interrogent sur ses moyens. En selle, si je lui laisse le temps et que je ne la presse pas - ce qui est un peu mon défaut - j’ai la sensation qu’elle va donner le meilleur d’elle-même. Elle est très respectueuse, ce qui lui permet de se sortir de toutes les situations. Elle a déjà terminé deuxième d’un Grand Prix CSI 3* l’an dernier (en avril 2019 à Oliva, ndlr), mais de là à dire qu’elle peut sauter un Grand Prix CSI 5*… En tout cas, c’est une jument formidable pour les épreuves à 1,50m. Elle peut gagner trois jours de suite sans que sa qualité de saut ne se dégrade. Elle n’a pas besoin d’être préparée pour le dimanche comme certains chevaux. Elle a beaucoup d’énergie et de sang; plus elle saute, plus elle s’améliore. C’est une bonne chose pour enchaîner les concours. Comme tous mes chevaux, l’objectif est de l’amener au plus haut niveau possible, perdurer et essayer plus haut. Cette année a été un peu particulière, et il nous est difficile d’accéder à certains concours, donc nous verrons pour la suite.

Pouvez-vous évoquer les différentes montures que vous aviez emmenées en Espagne? 

En plus de Kalinka et Divine, j’ai emmené T’Obetty du Domaine (SF, Kashmir van Schuttershof x Diams du Grasset), avec moi depuis toujours également. Elle a énormément gagné et reste compétitive à treize ans, ce qui est une bonne chose. J’ai aussi concouru avec Diva de Cazeneuve (SF, Berlin x Heartbreaker), sept ans, qui m’a rejoint la semaine avant mon départ. Elle n’a pas trop de métier et a donc sauté des parcours à 1,25m et 1,30m, avec plusieurs classements à la clé. Sa propriétaire, Ève Tournayre, a participé au Cycle classique des six ans l’an dernier, et a peu concouru cette année. C’est une jument très sympathique et déjà très compétitive. Cette tournée lui a fait du bien car elle a sauté sur trois pistes différentes pendant deux semaines d’affilée. Il est encore un peu tôt pour dire à quelle hauteur elle sautera, mais elle m’a aussi été confiée dans un but commercial, à plus ou moins long terme. Il se peut qu’elle soit encore dans mes écuries l’an prochain. Elle a une bonne volonté mais manque de métier, car elle n’a pas beaucoup couru à sept ans. 

Vous évoquiez en mai le souhait du propriétaire de T’Obetty du Domaine, Bertrand Barascud, de la vendre. Qu’en est-il aujourd’hui? 

Elle est toujours à vendre, mais il est plus compliqué de trouver le bon rapport qualité-prix quand les chevaux vieillissent. Elle est atypique, mais donne toujours le meilleur d’elle-même en piste. Aujourd’hui, nous n’avons pas trouvé de client, même si nous l’avons proposée plusieurs fois. Elle est toujours au rendez-vous dans les épreuves comptant pour le classement mondial, mais n’est pas vendue pour le moment.



“Au centre équestre de Grammont, il y a eu de nombreux nouveaux adhérents”

Comment avez-vous vécu l’annulation du CSI 3* de Montpellier, qui devait se tenir du 22 au 25 octobre, et dont vous êtes le directeur sportif? 

C’est décevant. Nous avons essayé de faire tout ce qu’il était possible pour le maintenir. Des sponsors se sont rétractés, donc il nous a été impossible de boucler le budget. Les engagements seuls ne couvrent pas les frais d’un tel événement. Raisonnablement, il n’était pas possible de mettre sur pied cet événement qui est trop jeune pour faire une année dans le rouge. Nous espérons l’organiser à nouveau la saison prochaine et que tout rentrera dans l’ordre.

La saison indoor s’amaigrit semaine après semaine. Quel est votre programme pour les mois à venir? 

Je rentre une semaine pour participer à un concours national, puis je retournerai trois semaines à Oliva avec d’autres chevaux. En France, je ne sais pas trop ce qui va rester au programme, et la météo devient moins belle et plus froide. S’il n’y a pas de concours indoor, je pense qu’il vaut mieux aller en Espagne, où il fait encore 25°C et un grand ciel bleu. Ces conditions sont excellentes pour concourir à l’extérieur! Ma saison s’arrêtera sûrement fin novembre, pour reprendre à nouveau lors des tournées espagnoles l’an prochain. J’y vais régulièrement car étant installé à Montpellier, j’y suis en neuf heures et demie de route. Pour trois semaines, les programmes font que nous pouvons emmener de nombreux chevaux. De plus, il y a de bonnes dotations dans les épreuves comptant pour le classement mondial. C’est parfait pour lancer ma saison en février, et comme cette année, outre le Hubside Tour de Grimaud auquel je n’ai pas eu accès, il n’y a pas eu énormément de concours avec un label supérieur à 2*, je retourne donc en ce moment en Espagne.

La crise que nous traversons actuellement a durement impacté les structures équestres recevant du public. Vos activités au centre équestre de Grammont ont-elles pu redémarrer normalement avec la rentrée? 

Je suis salarié du centre équestre. L’activité a redémarré dès cet été. Comme les gens n’ont pas forcément pu partir en vacances, ils ont dû trouver des occupations pour leurs enfants donc il y a eu énormément de stages. La rentrée s’est plutôt bien passée. Il y a eu de nombreux nouveaux adhérents, je pense que les gens cherchent à pratiquer des sports en extérieur. C’est une bonne chose car pendant trois mois, il n’y pas eu de cours et tout a été annulé, ce qui a été compliqué car la structure compte une quinzaine de salariés.