“Aucune structure équestre ne peut plus survivre sans commerce”, Édouard Mathé

Du 13 au 25 octobre, le centre équestre de Royan, sis à Saint-Palais-sur-Mer, en Seine-Maritime, organise des CSI 2* particulièrement prisés par les cavaliers français, qui plus est en cette fin de saison qui s’annonce assez pauvre en concours. Vainqueur dimanche du Grand Prix de la ville à 1,45m, Édouard Mathé, co-gérant de l’écurie Tendercapital, revient sur son parcours gagnant avec Alcazar Sitte et sur son actualité sportive. Entretien.



Edouard Mathé et Exquis de Vizy.

Edouard Mathé et Exquis de Vizy.

© Judith Collon

Après avoir été formé par l’Helvète Adrian Schmid, Alcazar Sitte (sBs, Rexar du Houssoit x Nabab de Rêve), partenaire de votre victoire de dimanche, est successivement passé sous les selles du Néerlandais Kevin Jochems, de l’Irlandais Denis Lynch, du Japonais Mike Kawai et enfin de l’Italien Roberto Previtali. Vous-même avez récupéré ce hongre de quatorze ans en 2019. Que pouvez-vous dire de lui?

En effet, Alcazar Sitte est arrivé chez nous en octobre 2019 à la faveur de son rachat par mon écurie, Tendercapital Stables, cofondée par mon associé Moreno Zani. Alcazar est un cheval puissant et expérimenté, destiné à sauter les plus belles épreuves et tirer vers le haut nos jeunes chevaux. Évidemment, cette année ne s’est pas vraiment déroulée comme prévu… Alcazar a repris les concours en juillet, à Royan justement, puis a sauté plusieurs fois en France et en Italie. Dimanche, le barrage du Grand Prix de la ville de Royan lui a bien plu car il n’a pas touché une barre et obtenu le plus beau chronomètre (le couple a devancé l’irlandaise Susan Fitzpatrick sur Verdict de Kezek et la Bretonne Margaux Rocuet avec Trafalgar Kervec, ndlr). Il est en pleine forme! Si les événements se maintiennent, il sautera encore deux à trois concours.

Le 16 octobre, vous avez également gagné une épreuve à 1,35m réservée aux six ans avec Exquis de Vizy (SF, Diamant de Semilly x Kannan). Quel avenir dessinez-vous pour ce jeune cheval, que vous avez initié à la compétition à quatre ans?

Nicolas Meyers, un de mes propriétaires, et nous, Tendercapital Stables, avons acheté Exquis de Vizy aux ventes Fences. Il est sans aucun doute le meilleur cheval de notre écurie! Il a de très belles origines et nous l’avons d’ailleurs croisé à mon ancienne jument de concours, Eva van het Harteveld (BWP, Coriano x Nabab de Rêve). Né cette année, leur poulain, K’Exquis DLG, est somptueux! Il va sans doute séduire de plus en plus d’éleveurs mais pour l’instant nous gardons en tête l’objectif sportif. C’est un futur bijou, nous voulons prendre notre temps, le préserver et le laisser gentiment grandir. Nous verrons jusqu’où il ira. 

Vous êtes à nouveau engagé à Royan cette semaine. Comment êtes-vous organisés et combien de chevaux avez-vous amenés?

L’écurie Tendercapital est représentée par trois cavaliers, et nous avons emmené quinze chevaux en tout. Mathilde (Pinault, dix-huit ans, élève d’Édouard Mathé qui évolue sous les couleurs de l’écurie depuis 2018, ndlr) en a cinq, Rose (de Balanda, seize ans, autre élève d’Édouard, ndlr) en a engagé six et moi quatre. Chaque cavalier est aidé d’un groom. Les concours de Royan sont toujours agréables car nous sommes près d’une forêt, ce qui nous permet de faire marcher nos chevaux en main dans une atmosphère très plaisante et ainsi d’entretenir leur moral. Il y a de la place, nous respirons.



“Je suis étonnement assez positif dans le contexte actuel”

Comment est constitué votre piquet de chevaux?

Nous en avons actuellement une quarantaine au travail, âgés de quatre à huit ans pour la très grande majorité d’entre eux. Alcazar est le doyen de l’écurie, du haut de ses quatorze ans, mais il est encore jeune et fringuant! (rires). Nous avons également quelques chevaux de propriétaires. Nous avons surtout investi dans de bons jeunes, avec pour objectifs de les former et les valoriser en compétition, Rose et moi. Rose va d’ailleurs récupérer Rigoletto LS (SLS, Carusso LS x Santo Domingo La Silla), mon ancien cheval de concours âgé de onze ans, qui s’est remis d’une blessure. Si nous tendons à une optique sportive, il est également nécessaire que nous vendions des chevaux de temps en temps. Aucune structure équestre ne peut plus survivre sans commerce. Nous devons équilibrer l’équation suivante: faire du sport et le financer… sans pour autant nous retrouver à pied.

Une heure de route sépare le centre équestre de Royan, à Saint-Palais-sur-Mer, et Sainte-Même, où vous étiez installé chez Philippe Pertus, un ami de votre famille. Vous évoluez donc un peu à domicile, ici!

Je suis originaire du Poitou-Charentes et je garde plein de souvenir de ce terrain de concours, que je parcourais en étant gamin. À l’époque, c’était déjà le concours réputé des environs! Jacques Couderc (gérant du centre équestre de Royan et organisateur du concours, ndlr) a accompli un super travail. La piste en sable est très belle, les environs sont vallonnés et herbeux… J’aime vraiment venir ici, on s’y sent bien.

Quels sont vos objectifs sportifs et prochaines échéances?

Nous partirons ensuite disputer deux CSI 2* à Gorla Minore, du 15 au 21 novembre en Italie. Ensuite, ce sera le CSI 2* du Mans, mi-décembre. Pour sa part, Alcazar va se reposer au moins jusqu’à février. Et nous allons profiter de la période hivernale pour que Rose prenne le temps de se former avec ses nouveaux chevaux.

Comment voyez-vous l’avenir dans le contexte pandémique actuel?

Je suis étonnement assez positif. Nous avons la chance de faire un sport d’extérieur, j’ai bon espoir que les mesures sanitaires continuent à être applicables et ne puissent plus constituer un frein. Si c’est maintenu, en janvier et février 2021, nous prévoyons de nous rendre au Mediterranean Equestrian Tour d’Oliva, en Espagne, avec une bonne vingtaine de chevaux. L’idéal serait que chacun de nous trois (Édouard, Rose et Mathilde, ndlr) puissent avoir des chevaux capables de sauter des Grands Prix d’ici deux ans. Néanmoins, nous restons prudents et vivons encore un peu au jour le jour.



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