Le feuilleton Eurocommerce n’est pas terminé

Eurocommerce, entreprise immobilière néerlandaise autrefois propriétaire d’une écurie composée de nombreux cracks, dont London, double vice-champion olympique à Londres en 2012 avec Gerco Schröder, avait fait faillite en cette même année. S’en était suivi un long feuilleton médiatico-judiciaire autour de Ger Visser, le fondateur, et sa famille. Après de multiples rebondissements, cette cessation d’activité avait conduit à la vente aux enchères des différentes montures, dont le crack alezan, adjugé 8,6 millions d’euros hors frais et taxes au milliardaire autrichien Gaston Glock. Pour Ger Visser, l’affaire est loin d’être terminée. La justice néerlandaise vient de le condamner à trois ans de prison pour falsification de documents.



Aux Pays-Bas, Ger Visser a été condamné à trois ans de prison pour falsification de documents dans le cadre de la faillite de sa société immobilière Eurocommerce – qui possédait également les écuries éponymes et de nombreuses montures, dont le crack de Gerco Schröder, London (ex-Carembar de Muze). Impliqués dans cette affaire, sa femme Patricia et ses enfants, Ger Jr et Kristel ont écopé de travaux d’intérêt général. Ces documents falsifiés – de faux contrats de location et différents rapports, selon les médias néerlandais – ont été fourni par la famille alors que ces derniers faisaient appel d’une première condamnation. En effet, Ger Visser avait déjà été condamné à trois ans et demi de prison en 2016, pour fraude, alors que sa société avait fait faillite en 2012. L’objectif de ces documents était de prouver “un complot du magnat de l’immobilier désormais décédé Dik Wessels de Rijsen, de la Rabobank, de la banque FGH et du ministère public pour pousser à la faillite les entreprises d’Eurocommerce ”, écrit le journal De Stentor

Cette supercherie n’a pas tenu. Et si quatre ans d’emprisonnement avaient été requis à l’encontre du patriarche de soixante-sept ans, et deux ans concernant les autres membres impliqués, les peines prononcées ont été réduites car certains faits ne pouvaient être prouvés. Le feuilleton judiciaire pourrait ne pas s’arrêter-là puisque la famille Visser n’a pas rendu public son intention ou non de faire appel. 



Rappel des faits

En juillet 2012, Eurocommerce, puissante société immobilière néerlandaise, basée à Deventer, à cent kilomètres à l’est d’Amsterdam, et dont les bénéfices se comptaient autrefois en dizaines de millions d’euros, a été déclarée en faillite par les juges. Elle était la propriété de Ger Visser, qui possédait alors une écurie du même nom, dont l’illustre et bien nommé London venait de remporter deux médailles d’argent – par équipes puis en individuel – aux Jeux olympiques de Londres, sous la selle de Gerco Schröder. À la suite de cette décision, l’alezan avait été saisi et immobilisé pendant une semaine au Royaume-Uni, dans les écuries de Ben Maher, avant d’être autorisé à retourner chez lui, gâchant fortement le bonheur de son entourage de rentrer aux Pays-Bas avec deux médailles olympiques. “Je savais qu’il y avait des problèmes, mais pas que cela pourrait arriver a` ce moment-là`. C¸’a e´te´ très difficile de rentrer avec mes deux médailles, mais de ne pas savoir ce que mon cheval allait devenir. Heureusement, ma groom a pu rester avec lui. London a ainsi pu garder son rythme habituel sans être trop perturbe´”, avait déclaré Gerco Schröder en 2014 à GRANDPRIX.

Ger Visser avait essayé de désolidariser les écuries de son entreprise immobilière, en les cédant à son fils Ger Jr pour un euro symbolique, mais cette transaction n’avait pas été du goût des autorités et du principal créancier d’Eurocommerce, la banque Rabobank. Le début d’un véritable feuilleton, notamment autour de l’avenir du crack London et de la vente des différents chevaux, tenant en haleine les médias et amateurs de saut d’obstacles pendant plusieurs mois. Jusqu’à début mars 2014, le couple avait pu concourir, se voyant dans l’obligation de remporter des gains pour subvenir aux besoins de l’écurie. À ce moment, la justice avait définitivement invalidé la vente de cette dernière entre le père et le fils Visser, condamnant toutes les montures, mais également le matériel et les véhicules, à être vendus aux enchères.

 



Eurocommerce, de nombreux cracks et de nombreux succès

Compte tenu de son palmarès élogieux et de son âge, London avait été adjugé 8,6 millions d’euros, soit près de 11 millions avec les taxes et frais à l’armurier milliardaire Gaston Glock, que sa jeune épouse, Kathrin, avait initié à la chose équestre. Il était alors devenu l’un des chevaux de sport les plus chèrement vendus de l’histoire. Le couple de mécènes autrichien, jusqu’alors impliqué dans le monde du dressage aux côtés d’Edward Gal et Hans-Peter Minderhoud, avait donc permis à Gerco Schröder de conserver l’étalon alezan sous sa selle. Ensemble, ils ont encore concouru jusqu’en début d’année 2019, avant que le cavalier n’offre une retraite sportive bien méritée à son partenaire.

Eurocommerce possédait dans son écurie de nombreuses montures de calibre international et a permis à Gerco, ainsi que son frère aîné Ben de briller dans les plus beaux concours et championnats, enchaînant les succès. New Orleans avait accompagné Gerco aux championnats d’Europe 2011. D’autres cavaliers bénéficiaient à l’époque du soutien d’Eurocommerce, comme Wout-Jan van der Schans avec Seoul, Sacramento, Nevada et Miami, Albert Voorn avec Lexington et Tobalio ou encore la Belge Annelies Vorsselmans avec Vingino et Capetown. Plusieurs montures avaient rejoint les nations du Golfe, à l’image de California, Tobalio ou Vingino.