Equi-rider, un nouveau système de compétitions interclubs connectées, distanciées et décarbonées

“Donner un nouveau souffle aux centres équestres en profitant des possibilités offertes par le numérique.” Un jour, à table, “en se passant le sel”, Maxence et son père Jean-Claude Berard ont eu une idée: mettre en place un système de compétition connecté et global. Le principe consiste tout simplement à installer le même parcours sur la carrière de plusieurs centres équestres pour y mettre à l’épreuve leurs cavaliers en conditions de compétition, puis établir un classement global, avec des lots à la clé grâce à des partenariats avec différentes marques. GRANDPRIX a décortiqué ce projet inédit et sinon prometteur, du moins dans l’air du temps, ère 4.0 oblige.



Maxence Berard est un jeune homme de vingt-cinq ans dynamique et bien ancré dans son époque. Ainsi, être moniteur et entraîneur, co-dirigeant avec son père du centre équestre du Val de Sienne à Gavray, dans la Manche, ne l’empêche pas d’être ultra-connecté. “C’est à la faveur du confinement que nous avons eu tout le temps de réfléchir... J’ai pas mal échangé avec d’autres professionnels autour de moi, et on a trouvé dommage, quand les centres équestres ont rouvert, qu’il soit seulement possible de monter individuellement, et non plus de s’affronter, afin de respecter les règles de distanciation. Alors, l’idée a germé d’un système de confrontation à distance”, raconte-t-il. “Je suis fan de numérique, et je trouve que dans l’univers de l’équitation, on n’utilise pas assez à bon escient tous les outils qui sont mis à notre disposition. Avec Equi-rider, l’idée est de proposer une utilisation raisonnée du numérique, au service du sport dans un projet fédérateur. Et au passage, cela limite les déplacements, ce qui va dans le sens des préoccupations écologiques actuelles!”

Maxence poursuit : “Le projet doit être crédible sportivement, simple et accessible dans son application et rentable et flexible pour les clubs”. Ainsi, chaque compétition s’étend sur un mois, pour disposer d’une nécessaire flexibilité, les clubs ayant les uns et les autres différents impératifs. Pour un club, il suffit de s’inscrire sur la plateforme à la date qui lui convient. Il reçoit alors le parcours trois jours avant le jour J. Pour plus de clarté, les obstacles y sont dessinés de profil, avec pas plus de six verticaux et six oxers, afin que chacun puisse, quelle que soit sa base de parcs d’obstacles, le monter. C’est Mickaël Barbe, chef de piste aguerri, qui a officié sur de nombreuses pistes pour les championnats de France Club/Ponam et Tournées des As, et qui préside de la commission Ponam/Club au Comité régional d'équitation de Normandie, qui est en charge de la conception des parcours: “C’est un sacré challenge! En effet, les parcours proposés doivent pouvoir être mis en place par des gens qui sont certes des professionnels du milieu, mais pas rompus au métier de chef de piste. Ils faut donc énormément réfléchir en amont et anticiper afin de lever le moindre doute. Qui plus est, je n’ai pas devant moi les divers environnements, donc il n’y a aucune marge d’adaptation! Le plan doit ainsi être plus que précis. Je dessine des parcours avec le moins de lignes droites possible, afin que chaque cheval ou poney de tout niveau puisse s’y retrouver en jouant avec le tracé, en modulant les courbes. Finalement, ces parcours sont basés sur un jeu de mouvements puisqu'on demande aux cavaliers de soigner leurs tracés plus que d’évaluer leurs distances. Et puis, le fait qu’il y ait deux tailles de piste demande également un travail approfondi.” Oui, car, afin que chaque club puisse participer, et tous n’ayant pas la même taille de carrière/manège, deux tailles de pistes sont proposées, 65x25m et 70x35m - ce qui mènera à deux classements. Les barres sont ajustées selon le niveau d’épreuve, qui va de 30cm à 120. À la clé à la fin de chaque mois, au terme de l’annonce de ce classement, de nombreux lots obtenus grâce à des partenariats avec diverses marques - ce mois-ci, Equibuzz.



Un test plutôt réussi et prometteur en juin

Afin d’appliquer le concept et de se rôder, Maxence a organisé une compétition “test” au mois de juin, réunissant les cavaliers de son propre club, le Val de Sienne, et ceux du centre équestre voisin de la Renarderie. Maxence est enjoué: “Les cavaliers étaient ravis, et les résultats très homogènes.” En août a eu lieu la première compétition “officielle” d’Equi-rider, avec des lots offerts par Harcour. “Nous étions quatre, avec la Renarderie, Brimborion Equitation (92) et le club hippique de Kourou (Guyane). Il y a eu au total pas moins de cent-cinquante cavaliers. En septembre, on a été pris par la rentrée, et ce mois-ci, ça a bien pris. Les clubs se sont inscrits tout au long du mois, et ça continue ce weekend (24-25 octobre), avec nous (Val de Sienne), le Pôle hippique de Saint-Lô et Moyon (50). L’idée est de recommencer chaque mois, avec pourquoi pas, plus tard, une sorte de championnat.” 

L’idée d’Equi-rider est née pendant le confinement. Elise Goffinet, à la tête avec son époux Laurent de Renarderie Équitation, exprime sa satisfaction : “Le projet nous a paru vraiment attractif, permettant d’organiser correctement des compétitions malgré les contraintes liées à la crise sanitaire. Et puis c’est peu contraignant, on choisit sa date et ce n’est même pas forcément un dimanche! Pour les amateurs, ça n’a pas vraiment pris car ils sont attachés au fait de partir en concours et à l’ambiance de concours, où ils retrouvent souvent leurs amis. Depuis cet été, il y a eu beaucoup de compétitions organisées un peu partout, ils ont eu de quoi faire! Cela a en revanche eu beaucoup de succès auprès des petits niveaux, ceux qui ne prennent pas forcément l’initiative d’aller en concours à l’extérieur.” Même son de cloche du côté d’Eléonore Fabris, trésorière du club hippique de Kourou, en Guyane: “Compte tenu de notre situation géographique, nos cavaliers évoluent un peu en vase clos et sont toujours confrontés aux mêmes couples. Ce concept nous permet de concourir avec des cavaliers évoluant dans d’autres contextes, ce qui nous aide dans la formation de nos jeunes élèves, surtout pour ceux qui se destinent à participer aux championnats de France. Nos cavaliers sont fiers de représenter le département de la Guyane dans des compétitions nationales et de montrer leurs compétences. Sans compter que dans le contexte sanitaire actuel, cela nous permet d’organiser des petits concours à la maison tout en participant à un classement beaucoup plus vaste, ce qui est motivant pour tout le monde.”

Et comment le projet Equi-rider a-t-il été accueilli par le Coren (Comité Régional d'Equitation de Normandie)? Mickael Barbe répond tout à fait positivement. “L’idée, née pendant le confinement, était parfaitement adaptée à la situation, et cela continue, puisqu’il y a notamment un couvre-feu dans certaines régions. Nous vivons une époque où éviter les transports, ou du moins les réduire, présente un avantage certain. En tant que président de la commission Ponam/Club au Comité régional d'équitation de Normandie, je trouve l’initiative intéressante car elle propose quelque chose de différent de ce qui existe déjà, c’est toujours enrichissant. À voir comment cela évolue et grandit!”

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