La FEI adapte ses règlements pour maintenir à flot la Coupe du monde Longines malgré la pandémie

La quarante-deuxième édition de la finale annuelle de la Coupe du monde, rayée du calendrier en 2020 alors qu’elle se devait se dérouler à Las Vegas, aux États-Unis, en raison de la pandémie de Covid-19 et de la fermeture des frontières, pourra-t-elle bien se tenir à Göteborg du 31 mars au 5 avril? Vu la vitesse et dans quelle ampleur le calendrier des ligues qualificatives a été décimé, on peut en douter. Pour mettre toutes les chances de son côté, et surtout garantir des conditions sportives aussi équitables que possible, la Fédération équestre internationale a adapté les règlements de son circuit indoor.



Incontournable fil rouge de la saison intérieure sur le Vieux Continent, la ligue d’Europe de l’Ouest de la Coupe du monde Longines est, cette année, violemment décimée par la Covid-19, à mesure que les restrictions sanitaires se renforcent un peu partout pour endiguer la deuxième vague de la pandémie. Jusqu’à présent, huit des treize étapes ont déjà été annulées, à Oslo, Helsinki, Lyon malgré la volonté farouche de GL events Equestrian Sport de maintenir le programme sportif du CHI Longines Equita, mais aussi de Stuttgart, Madrid, La Corogne, Londres et Amsterdam. À l’heure actuelle, restent maintenues les CSI-W de Vérone, Malines, lequel pourrait exception­nellement se dérouler à Lierre, Bâle, Leipzig, à condition que les organisateurs allemands puissent remplir un tant soit peu leurs tribunes, et Bordeaux. Cette ligue d’Europe est la plus importante du circuit puisque dix-huit Européens, plus quelques éventuels non-Européens domiciliés sur le continent, y décrochent leur ticket pour la grande finale.

La ligue nord-américaine, qui offre pas moins de quatorze tickets, a également été durement frappée par la crise sanitaire puisqu’elle ne compte plus que deux rendez-vous, prévus à Lexington et Guadalajara, tandis que les escales de Sacramento, Washington, Toronto, Las Vegas, Fort Worth et Wellington ont été retirées du calendrier. Ailleurs dans le monde, les réalités sont très variables et toute tentative de prévision serait hasardeuse.

Face un tel nombre d’étapes annulées, la FEI a été forcée de passer à l’action. Le conseil d’administration de la FEI a approuvé un règlement spécial Covid-19 de la Coupe du monde FEI lors d’une réunion en septembre, et tout est désormais en place pour une voie de qualification alternative en vue de la finale”, a expliqué une porte-parole de la FEI à GRANDPRIX et World of Showjumping. “S’il y avait de nouvelles annulations en raison de la pandémie internationale, le calendrier officiel serait mis à jour, et les mesures nécessaires au respect des règles seraient proposées directement au conseil d’administration. En accord avec le comité d’organisation du CHI-W de Göteborg (hôte des finales des Coupes du monde de jumping et de dressage, prévues du 31 mars au 5 avril, ndlr), nous évaluons en permanence la situation actuelle et l’impact de la crise sanitaire globale. La FEI travaille conjointement avec le comité organisateur de Göteborg en charge de la finale 2021 de la Coupe du monde Longines FEI, et étudie différents scénarios afin de trouver les meilleures solutions pour garantir la santé et la sécurité de toutes les personnes investies. Cela inclura tous les athlètes, humains et équins, ainsi que les équipes assistantes, les officiels, les médias et les spectateurs. Naturellement, l’objectif est d’organiser la meilleure finale possible malgré les circonstances actuelles. »

À Göteborg, les organisateurs suédois de Got Event disent espérer réellement pouvoir accueillir comme prévu le sommet de la saison indoor. “Beaucoup de choses restent incertaines à l’heure actuelle, mais il n’y a aucun doute sur notre ambition”, déclare ainsi Erika Olsson, cheffe de projet du Gothenburg Horse Show (GHS). “Nous avons l’ambition d’organiser l’édition 2021 en gardant sans cesse en tête la santé et le bien-être de toutes les parties prenantes, en suivant les instructions et prérequis des autorités nationales et locales.” “Nous sommes en contact permanent avec la FEI et suivons le développement de près lorsqu’il s’agit des étapes qualificatives”, ajoute Tomas Torgersen, directeur technique et âme du CHI-W suédois. “Nous dialoguons continuellement avec nos collègues organisateurs en Europe afin de tirer leçon de leurs évènements.”

Got Event, organisateurs du GHS, récolte actuellement de nombreuses informations quant aux modalités d’ouverture des enceintes sportives dans le contexte créé par la pandémie. “Des matches de football, nationaux et internationaux, se tiennent actuellement dans notre stade”, argue Lotta Nibell, directrice générale de Got Events. “La ligue suédoise de hockey a également démarré. L’équipe de Frödula joue déjà au Scandinavium (l’arène où se tient traditionnellement la finale de la Coupe du monde, ndlr). Pour l’instant, les matches se déroulent à huis clos, mais nous espérons pouvoir bientôt rouvrir les tribunes. Nous avons créé un groupe de travail spécifique pour la sécurité des événements durant cette pandémie de Covid-19. L’expérience et le savoir engrangés ailleurs seront évidemment bénéfiques au GHS. Nous devons garder en tête que le GHS, l’un des événements annuels récurrents, est essentiel pour la ville et génère des revenus importants pour une industrie hôtelière qui a été violemment touchée par la crise. Notre souhait est donc de voir Göteborg rempli de chevaux à l’occasion du week-end de Pâques.”



Un nouveau règlement spécial Covid-19

La route peut encore sembler longue vu les perspectives désastreuses offertes en octobre. En effet, les gouvernements européens ne cessent de renforcer les restrictions alors que s’envolent les courbes d’évolution de la pandémie. Des couvre-feu et des confinements partiels refont surface. Dans les conditions actuelles, la tenue d’un véritable circuit indoor semble mal engagée. Cependant, avec les alternatives de qualification édictées dans le nouveau règlement spécial Covid-19 de la Coupe du monde, la FEI a pris en compte tous les scénarios possibles – même celui de l’annulation totale d’une ligue. Même s’il pourrait être mis à jour en fonction de l’évolution de la situation dans chaque région du monde, ce règlement contient déjà des solutions alternatives pour toutes les situations imaginables. Il contient également des notions offrant davantage de flexibilité aux organisateurs en termes de dates butoirs et de dotation générale 

Ligues annulées. Si une ligue voit toutes ses étapes qualificatives annulées, le classement mondial des couples entrera alors en jeu pour déterminer les qualifications. Ce classement sera établi en fonction des résultats obtenus lors des compétitions comptant pour le classement mondial Longines du 1er mars 2020 au 28 février 2021. Le nombre de compétitions comptant pour le classement de chaque couple sera limité à quinze. Sera également pris en considération le nombre de partants ayant terminé l’épreuve concernée. Dans les épreuves comptant trente cavaliers ou plus, le maximum de points sera accordé, puis 95% des points dans celles comptant vingt-cinq à vingt-neuf cavaliers, 90% pour vingt-vingt-quatre cavaliers, et ainsi de suite…

Ligues incomplètes. Les ligues ayant eu une ou plus étapes qualificatives annulées en raison de la pandémie de Covid-19, et comptant moins de trois qualitatives demeurant au calendrier avant le début de la saison, sont désignées comme des ligues incomplètes. Les résultats des qualificatives restantes peuvent être utilisés pour établir le classement de la ligue dans certains cas. Par exemple, pour les ligues incomplètes incluant plus d’une fédération nationale, mais dans lesquelles les restrictions de voyage liées à la Covid-19 empêchent la participation de certaines d’entre elles à une ou deux qualificatives, la ligue ne sera pas annulée. Les points Coupe du monde seront alors alloués pour les étapes qualificatives concernées, mais seulement si des cavaliers d’au moins trois nations de la ligue participent. Le classement de la ligue sera établi en prenant compte seulement les étapes qualificatives auxquelles au moins trois fédérations nationales de la ligue ont pu participer. Si ce n’est pas le cas, le classement des couples sera utilisé pour déterminer les qualifications. Les ligues incomplètes n’incluant qu’une fédération nationale ne seront pas annulées et les résultats de la ou des qualificatives compteront pour le classement de la ligue comme d’habitude.

Ligue nord-américaine. Pour cette ligue, il a été décidé que les deux étapes restant au calendrier ne compteraient pas en vue de la qualification pour la finale. Étant donné que les règles habituelles fixent des quotas de qualifiés par fédération nationale, soit dix pour celle des États-Unis (sept pour la côte Est et trois pour la côte Ouest), et deux chacune pour celles du Canada et du Mexique, celles-ci auront la responsabilité de sélectionner elles-mêmes les cavaliers qu’elle souhaitent envoyer en finale, selon les quotas habituels.

Ligue d’Europe centrale. Celle-ci a fait l’objet de règles additionnelles. Ainsi, le classement des sous-ligues Nord et Sud sera établi en prenant en compte toutes les qualificatives auxquelles des cavaliers représentant au moins trois fédérations nationales de la ligue participent. S’ils ne peuvent y participer en raison des restrictions de voyage imposées par la pandémie de Covid-19, le comité technique de saut d’obstacles de la FEI peut envisager d’inviter d’autres athlètes de cette ligue à disputer la finale selon des critères spécifiques à établir.

Finalement, si aucune ligue n’est capable de remplir ses quotas pour la finale de Göteborg, et ce pour n’importe quelle raison, le comité de saut d’obstacles peut envisager d’autoriser des remplacements par des cavaliers d’autres ligues. Ces critères spécifiques devront être établis par la FEI. 

Le règlement temporaire a revu à la baisse certaines exigences imposées aux organisateurs, notamment en Europe de l’Ouest. Tout d’abord, des exceptions à la date limite de soumission des dates au calendrier de la Coupe du monde ont été autorisées pour les qualificatives de niveaux 1* à 4*La FEI peut également, au cas par cas, autoriser un CSI 5*-W d’Europe de l’Ouest à devenir un CSI 4*-W, mais seulement pour la saison en cours et sous certaines conditions. C’est notamment le cas de l’étape inaugurale de Vérone. Le niveau global de l’événement doit être conforme à celui des précédentes éditions et seule la dotation générale du concours peut être abaissée au niveau de celle d’un CSI 4*. En revanche, le Grand Prix Coupe du monde ne peut offrir moins qu’il n’offrait la saison dernière. L’événement doit être conforme à toutes les autres exigences d’un CSI 5* européen. Les organisateurs ne peuvent pas non plus augmenter les frais à la charge des cavaliers par rapport à ceux demandés lors de l’édition précédente de leur événement. 



Les organisateurs naviguent à vue

Alors que les gouvernements européens ne cessent d’accentuer leurs mesures de lutte contre le coronavirus, à l’image de l’Irlande, premier pays de la zone à re-confiner sa population, les organisateurs sont encore dans l’expectative. En Belgique, les organisateurs du CHI-W de Malines, prévu du 26 au 30 décembre, envisagent de délocaliser l’événement dans le manège du complexe équestre d’Azelhof, à Lierre, hôte de nombreux concours de niveaux inférieurs. Il s’agirait de sauver l’événement, dédié à la mémoire du regretté Eric Wauters, qui se disputerait alors à huis clos ou devant un nombre beaucoup moins important de spectateurs. En Suisse, les organisateurs du CSI 5*-W de Bâle, prévu du 7 au 10 janvier, restent prudents. “Il est difficile en ce moment de se projeter car la situation en Suisse n’est pas très positive. Nous en saurons peut-être un peu plus la semaine prochaine”, explique Andy Kistler, président du concours et ancien chef d’équipe de la Suisse.

En Allemagne, pays qui a enregistré son nombre record de contaminations hier, avec plus de dix mille cas positifs en vingt-quatre heures, l’heure est à la réflexion pour Volker Wulff, directeur du CHI-W de Leipzig, qui doit avoir lieu du 14 au 17 janvier. L’intérêt est grand”, a-t-il déclaré au média allemand Sport Im MDR. “Tout est très vague pour le moment, mais nous avons encore trois mois. La planification s’appuie sur le statu quo, donc nous avançons toujours en fonction de l’état de la situation à l’instant T. Selon la situation actuelle, nous pourrions organiser un événement à trente à quarante pour cent de nos capacités réelles (en termes d’accueil de public, ndlr).” Le scénario de l’annulation est malheureusement bel et bien envisageable pour les organisateurs désignés pour recevoir la finale en 2022. Si mille billets ont déjà été vendus, un événement sans spectateur n’est pas imaginable pour eux. “Si les spectateurs sont bannis, le Salon du cheval de Leipzig n’aura pas lieu”, assène l’Allemand.

Enfin, à Bordeaux, étape mythique du circuit, programmée du 14 au 17 février, on constate le statu quo par rapport au dernier entretien accordé à GRANDPRIX par la directrice de l’événement, Sabine Zaegel (à retrouver ici). “Les équipes de Congrès et Expositions de Bordeaux travaillent, depuis le début de la crise sanitaire que nous traversons et avec toutes les incertitudes qu’elle comporte, pour adapter au mieux l’événement au fil des mesures annoncées. Animés par la passion partagée du sport équestre mais également tempérés par le manque de visibilité à moyen terme, nous espérons être en mesure de vous donner, début novembre, des précisions sur le format retenu pour l’édition 2021 du Jumping international de Bordeaux”, a-t-elle écrit cet après-midi aux spectateurs, exposants, partenaires et fournisseurs du CHI-W, qui doit aussi recevoir la finale de la Coupe du monde d’attelage. Croisons les doigts.