Un nouveau chapitre s’ouvre pour Romain Duguet

Le cavalier suisse Romain Duguet, français d’origine, retrouve l’Hexagone après de nombreuses années installé chez nos voisins helvétiques, dont les deux dernières passées à Lossy, dans le canton de Fribourg. Il rejoindra au 1er décembre le haras de Bory, dans les Yvelines, accompagné de ses différentes montures. Moins présent depuis la retraite de Quorida de Treho et le changement de selle de Twentytwo des Biches - passée dans les écuries de son compatriote Bryan Balsiger en 2018 - le pilote a pour objectif de retrouver le haut niveau. 



“Saisir les opportunités qui s’ouvrent a` nous”, a écrit aujourd’hui le Franco-Suisse Romain Duguet. Ainsi démarre la nouvelle aventure du cavalier de quarante ans, qui représente depuis 2013 le drapeau rouge à la croix blanche, après avoir débuté sa carrière sous les couleurs tricolores. Ce dernier a accepté l’offre de Patrick Postillon. “Nous nous connaissons et au détour d’une conversation, il m’a fait une proposition”, celle de rejoindre le haras de Bory, situé dans les Yvelines. À La Boissière-École, il bénéficiera d’“infrastructures de qualité´” idéalement localisées sur le territoire français et en bordure de la forêt de Rambouillet.  

L’objectif de ce déménagement est clair: Romain Duguet souhaite “revenir au plus haut niveau, mais également continuer à faire ce je sais faire, c’est-à-dire permettre à mes chevaux d’évoluer, puis les commercialiser ou les valoriser à travers le sport de haut niveau.” S’il est vrai que le Suisse est moins présent ces derniers mois en CSI 5* - sa dernière apparition remontant au CSIO 5* de La Baule en mai 2019 – il ne manque cependant pas d’ambition et profite de ce temps pour donner de l’expérience à des montures moins expérimentées.  

Le haras de Bory accueille déjà plusieurs cavaliers de haut niveau, dont le jeune complétiste Victor Levecque ainsi que Maëlle Martin, actuelle compagne du cavalier helvétique et qui concoure actuellement avec Ubiana d’Albain (SF, Kannan x Laudanum), propriété de Romain Duguet – le couple a d’ailleurs obtenu une quatrième place dans une épreuve à 1,45m au CSI 4* de Saint-Lô le week-end passé. “Si nous devons travailler ensemble avec certains chevaux, cela ne me pose pas de problème. Ce n’est pas la priorité. Le but est que chacun reste indépendant, afin de garder le meilleur équilibre possible”, détaille l’Helvète à propos d’une éventuelle collaboration entre eux.



Reconstruire une écurie de haut niveau

Alors qu’il prendra ses quartiers dans ses nouvelles installations le 1er décembre prochain, Romain Duguet pourra compter sur plusieurs montures. Il sera notamment accompagné de Bel Canto de Boguin (SF, Grenat de Grez*HN x Arpège Pierreville), qui “a seulement neuf ans mais en lequel je place beaucoup d’espoirs”. Le couple a été l’auteur d’une deuxième et d’une cinquième place fin juillet lors du CSI 2* du Fontainebleau Classic Summer Tour 1, leur dernière sortie internationale en date. Calder (Holst, Casall x Coriano), dont il est propriétaire, et qui a déjà concouru jusqu’en CSI 5*, est également du voyage. “De plus, j’ai pas mal de jeunes chevaux, que j’achète entre trois et cinq ans, qui m’appartiennent. Ils sont actuellement en France et je vais les rapatrier au haras de Bory. J’espère aussi trouver d’autres montures.” Ses différents propriétaires suisses le suivent dans cette nouvelle aventure. Il espère que d’autres le rejoindront pour “reconstruire une vraie bonne écurie”, une fois ses valises posées dans l’Hexagone, avec le grand sport en ligne de mire. 

Depuis deux ans, le Franco-Suisse évoluait à Lossy, dans le canton de Fribourg, où il avait construit ses propres boxes au sein des écuries appartenant à Romain Barras. Même s’il change de pays, son cœur reste de l’autre côté de la frontière, puisqu’il a “toujours la même” volonté de rester Suisse. “Cela n’enlève rien du tout à mon contact avec la Suisse. Je veux continuer à monter pour la Suisse”, insiste-t-il. Depuis son changement de nationalité en 2013 pour raisons familiales – alors installé de l’autre côté de la frontière depuis 2006, il y avait rencontré son ex-femme et mère de ses deux enfants, Christiana Duguet –, il s’est forgé un beau palmarès, notamment grâce à l’exceptionnelle Quorida de Treho (SF, Kannan x Tolbiac des Forêts). Avec l’alezane brûlée, à la retraite depuis 2018, l’Helvète a ainsi atteint le haut niveau, participant à ses premiers Jeux olympiques à Rio de Janeiro en 2016 avec à la clé une sixième place par équipes. Le couple a également glané le bronze l’année précédente lors des Européens Longines d’Aix-la-Chapelle, une première en grand championnat pour le cavalier. Ensemble, ils ont également remporté les Coupes des nations de Lummen en 2014 et Saint-Gall en 2015, ainsi que le Grand Prix cette même année. Romain et Quorida ont ajouté à deux reprises l’étape de la Coupe du monde Longines d’Helsinki en 2015 et 2016 et le Grand Prix du Saut Hermès en 2015 à la liste de leurs victoires. Le succès était aussi au rendez-vous aux rênes de l’alezane Twentytwo des Biches (SF, Mylord Carthago*HN x Kalor du Bocage), deuxième de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha en 2017 et médaillée de bronze par équipes lors des Européens Longines de Göteborg la même année. 

Depuis, le chef d’équipe Andy Kistler a passé la main à Michel Sorg, en août 2020, avec qui Romain Duguet entretient de bonnes relations. Et cet éloignement géographique est loin d’être un frein à son potentiel retour en équipe nationale. “J’ai eu une franche discussion avec notre nouvel entraîneur, Michel Sorg. C’est clair que je suis motivé, et le staff fédéral aussi”, révèle-t-il. “Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, c’est facile d’envoyer une vidéo. Comme mes propriétaires suisses me suivent également, je pourrai revenir de temps en temps faire des concours ici.”

Romain Duguet place de grands espoirs en Bel Canto de Boguin, neuf ans.

Romain Duguet place de grands espoirs en Bel Canto de Boguin, neuf ans.

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