“Nous n’abandonnons pas l’idée d’avoir des championnats d’Europe en 2021”, Michel Asseray

Compte tenu de l’annulation du CCI 4*-S du Pouget, la saison française de concours complet s’est achevée avec la série très réussie de trois rendez-vous qui se sont tenus en octobre à Lignières, Le Lion-d’Angers et Pau. En Europe, restent toutefois programmés les CCI de Pratoni del Vivaro, d’aujourd’hui à dimanche en Italie, puis de Barroca d’Alva, au Portugal, où s’enchaîneront bientôt trois week-ends de compétition. Ainsi, le tandem incarnant l’encadrement fédéral depuis 2013, autrement dit Michel Asseray et Thierry Touzaint, n’est pas encore en vacances. Entre deux inspections d’infrastructures de concours, le premier nommé, directeur technique national adjoint, est revenu sur cette fin de saison et sur les perspectives qui attendent les Bleus dans les semaines et mois à venir, avec en ligne de mire les Jeux olympiques de Tokyo, et championnats d’Europe, qu’il ne désespère pas de voir finalement reprogrammés au calendrier international de l’année 2021.



Comment allez-vous et comment vivez-vous le nouveau confinement décrété par le Gouvernement?

Thierry Touzaint et moi ne sommes pas inactifs, puisque nous sommes sur la route entre le château de Bertichères et le domaine de Grosbois, pour inspecter des terrains qui devraient ou pourraient accueillir de beaux concours complets dans un futur plus ou moins proches. Nous cherchons toujours de nouveaux endroits ou bien nous essayons de ne laisser passer aucune opportunité. Nous travaillons donc, dans le respect des mesures sanitaires imposées par les autorités.

Quid des cavaliers, dont le calendrier de compétitions a récemment été amputé des Internationaux du Pouget, prévu mi-novembre?

L’annulation des CCI du Pouget est regrettable, mais la saison n’est peut-être pas tout à fait terminée. Certains cavaliers réfléchissent à participer à la série de trois week-ends de concours (comprenant notamment des CCI 4*-S et L, ndlr) programmés du 17 novembre au 6 décembre à Barroca d’Alva (un complexe situé à trente-cinq kilomètres à l’est de Lisbonne, ndlr), au Portugal. Cela pourrait les aider à qualifier des chevaux sur certains niveaux en vue de l’année prochaine. Tous, comme tout le monde, ont vécu une année très particulière, avec une saison sportive tronquée par le confinement. Cependant, dans l’ensemble, tous les chevaux qui devaient courir ont pu le faire. En France, nous avons eu de la chance que toute la filière se remobilise vite et bien, à commencer par les organisateurs de concours, si bien que les cavaliers en quête de qualifications ont pu enchaîner les CCI 4*-S, le Grand National, un CCI 4*-L à Lignières. Certains ont été perturbés par l’annulation du concours qui devait se tenir le week-end dernier à Kronenberg, aux Pays-Bas. Les concours de Barroca d’Alva leur donneraient alors la possibilité de se repositionner.

Quel bilan tirez-vous de la séquence de trois rendez-vous internationaux qui se sont tenus en octobre à Lignières, Le Lion-d’Angers et Pau?

D’abord, je remercie chaleureusement les organisateurs, qui ont relevé le défi et délivré trois événements sans fausse note et salués par tous. Compte tenu de toutes les incertitudes qui ont plané au-dessus de nos têtes toute l’année, maintenir de tels rendez-vous n’avait rien d’évident. Au Lion, les organisateurs du Mondial ont choisi le huis clos et tout s’est bien passé, de même qu’à Pau, où les équipes de Pascal Sayous ont faire du très bon boulot. Une semaine plus tard, le concours n’aurait peut-être pas pu avoir lieu, alors il faut les saluer pour avoir tenu bon.

Au Lion, sportivement, les cross ont été à la hauteur de championnats du monde de chevaux de six et sept ans. Et la nouvelle piste de dressage et de saut d’obstacles a fait l’unanimité. C’est un vrai petit bijou. Concernant les résultats, on est toujours dans l’observation pour ce qui concerne les chevaux de six ans. Dans la classe d’âge supérieure, quelques chevaux ont montré un potentiel très intéressant, au-delà même de leurs résultats. Je crois que Thierry est reparti plutôt satisfait. Évidemment, ils ne sauteront pas dans le grand bain l’an prochain, mais on pense déjà aux Jeux olympiques de Paris 2024.

À Pau, comme au Lion, Pierre Michelet a réussi à concocter une magnifique épreuve de fond, digne du niveau 5*. Le plateau était peut-être plus beau que jamais, compte tenu de la présence de nombreuses stars venues de Grande-Bretagne, dont certaines avaient sûrement ciblé le CCI 5*-L de Burghley (annulé par ses organisateurs britanniques, ndlr). Le classement a été largement remanié le samedi, puis encore le dimanche, sans le moindre accident ni la moindre chute, ce qui est rarissime à ce niveau. C’était du très beau sport, et Pierre a encore une fois prouvé qu’il était l’un des plus grands chefs de piste au monde. Concernant le classement final, il n’y a pas eu de grandes surprises: sauf exception, les meilleurs couples sur le papier ont trusté les premières places. De notre côté, on a vu des couples jeunes ou inexpérimentés se frotter à ce niveau de compétition non sans réussite, et avec la manière.



“Je crois en la capacité des Japonais de livrer les Jeux olympiques de Tokyo”

Quelles seront les perspectives des cavaliers et chevaux dans les semaines et mois à venir. Des stages sont-ils déjà programmés?

Pour l’instant, la plupart des chevaux sont en phase de récupération, notamment ceux qui ont couru à Pau et Lignières. Les cavaliers les laisse décompresser et devraient le remettre progressivement au travail à partir de décembre ou janvier. Les premiers stages seront programmés dans la foulée, comme toujours. Cette recette mise en place de longue date par Thierry fonctionne, alors il n’y a pas de raison de la changer. Il y aura des regroupements à Saumur pour voir comment vont les chevaux et les faire travailler dressage, saut d’obstacles et cross, puis il y aura le Grand National, une sortie à l’étranger et le travail de sélection. Les programmes des chevaux seront définis à la carte par Thierry et les cavaliers. Comme Thierry me le souffle à l’oreille, il faut aussi voir comment la conjoncture sanitaire va évoluer un peu partout, ce qui pourrait éventuellement nous amener à corriger notre copie.

Contrairement aux cavaliers de dressage et de jumping, ceux de complet n’auront pour objectif que les Jeux olympiques de Tokyo, puisque les championnats d’Europe initialement prévus au Pin-au-Haras n’ont pas pu être reprogrammés… C’est d’autant plus dur que les JO ne concerneront que quatre couples, dont un remplaçant…

D’abord, nous n’abandonnons pas l’idée d’avoir des championnats d’Europe en 2021. Nous ne sommes pas la seule fédération nationale à penser qu’ils devraient bel et bien avoir lieu et qu’il faut pousser en ce sens. La Fédération équestre internationale a pris tant de temps à revenir sur sa décision initiale d’annuler les Européens (en raison du report des JO à l’été 2021, ndlr) que certains organisateurs (il évoque ici Ustica, l’association organisatrice du Grand Complet du Pin, ndlr) ont jeté l’éponge, de peur de ne pas pouvoir les organiser dans de bonnes conditions. Cet état de fait a fait tant de déçus que je n’imagine pas les fédérations européennes ne pas remuer ciel et terre pour que des championnats aient finalement lieu. Après la terrible année que nous venons de traverser, ce serait un bonheur pour nous de pouvoir faire vivre un grand rendez-vous à neuf couples plutôt que quatre. Ce serait une juste récompense de l’engagement des cavaliers et propriétaires.

Quel est votre degré de confiance quant à la tenue des JO de Tokyo?

Je suis assez confiant à ce sujet. Je crois en la capacité des Japonais de livrer ces Jeux olympiques de Tokyo, y compris avec un protocole sanitaire strict et précis. On sent qu’ils en ont vraiment envie et on sait à quel point ils sont capable d’organiser les choses avec minutie et rigueur. Peut-être serons-nous isolés avant de partir, puis en arrivant là-bas. Nous nous plierons aux règles quoi qu’il arrive. J’étais pessimiste et je commence à y croire.