“Nous nous sommes assez reposés cette année, je me sens capable de tout en 2021”, Jos Verlooy

Jos Verlooy a vingt-cinq ans et de grandes ambitions. Ce n’est pas comme si son palmarès n’était pas déjà fourni. Médaillé d’or par équipes et de bronze en individuel des derniers championnats d’Europe Longines de Rotterdam, il compte aussi à son actif deux finales de la Coupe du monde Longines ainsi que deux finales mondiale des Coupes des nations, en plus de multiples victoires et classements dans les plus beaux Grands Prix internationaux. Exigeant et surdoué, la pépite du saut d’obstacles belge a désormais les Jeux olympiques de Tokyo et les championnats d’Europe de Riesenbeck en ligne de mire. Rien de plus, rien de moins.



Comment se passe ce deuxième confinement pour vos chevaux et vous?

Plutôt bien pour le moment, puisque nous avons la chance de pouvoir prendre part à des CSI 2*. C’est une bonne période pour préparer nos jeunes chevaux à la compétition. J’ai le temps de bien m’occuper d’eux et de les former correctement. Je place beaucoup d’espoirs en Luciano van het Geinsteinde (BWP, Quinn van de Heffinck x Air Jordan), un étalon qui a le potentiel pour sauter des Grands Prix et pourrait devenir mon cheval de tête à l’avenir. Concernant les autres chevaux de sept ans que je monte en ce moment, Nashville (BWP, Diamant de Semilly x Darco) et Next Funky de Muze (BWP, Elvis ter Putte x Vigo d’Arsouilles), l’avenir nous dira ce qu’il leur réserve, mais ce sont aussi deux chevaux de grande qualité avec lesquels j’ai un bon feeling.

Qu’en est-il de Varoune (Old, Verdi x Cordalme) et Igor (BWP, Emerald van’t Ruytershof x Nabab de Rêve), vos chevaux de tête ?

Varoune et moi avons concouru il y a deux semaines à Opglabbeek. En l’espace d’un week-end, il s’est classé huitième du Grand Prix dominical à 1,60m et a remporté une autre épreuve à 1,45m! Cette année lui réussit plutôt bien. Notre deuxième titre de champions de Belgique glané en septembre en témoigne. Il est très en forme en ce moment et j’espère pouvoir le monter au CSI 4* de Salzbourg, la seule grande compétition qui reste cette année. Igor est au repos en ce moment, au moins jusqu’au début de l’année prochaine. Je reprendrai l’entraînement à ce moment-là, pour le préparer doucement aux grandes compétitions de 2021.

Vous pensez aux Jeux olympiques de Tokyo?

C’est sûr que les JO sont mon principal objectif de l’année, mais j’ai aussi les championnats d’Europe en tête. Ayant deux chevaux aussi doués qu’Igor et Varoune, il me serait difficile de ne pas penser à ces deux échéances. Si j’en ai l’opportunité, j’irai avec Igor à Tokyo, puis à Riesenbeck avec Varoune. Nous nous sommes assez reposés cette année, je me sens capable de tout en 2021!

Comment avez-vous vécu cette année 2020, et ce calendrier de compétitions complètement perturbé par la pandémie de Covid-19?

J’ai ressenti beaucoup de déception en voyant les compétitions annulées ou reportées les unes après les autres, car mes chevaux sont vraiment en forme en ce moment et j’avais hâte de montrer ce dont nous étions capables. Nous avions tellement travaillé ces deux dernières années, justement en vue des Jeux olympiques, que la pilule a été dure à avaler. Néanmoins, le confinement m’a aussi donné l’occasion de faire travailler mes jeunes chevaux, qui étaient passés au second plan derrière Igor et Varoune. Finalement, j’ai pu tirer quelques bénéfices de cette année qui se présentait assez mal.

Le 21 juin, Jos s’était classé deuxième d’un Grand Prix CSI 4* de l’Hubside Jumping, à Grimaud



“Commercialement, ces derniers mois ont été très calmes”

Vous travaillez au sein de l’écurie de commerce EuroHorses, fondée par votre père, Axel. Dans quelle mesure la pandémie de Covid-19 a-t-elle impacté vos activités?

Elle a eu un impact négatif dès que les frontières du pays se sont fermées et que nous avons dû nous confiner. Les clients ne pouvaient plus venir voir ou essayer les chevaux que nous mettions en vente. Nous n’en n’avons pas vendu autant que d’habitude et ces derniers mois ont été très calmes, bien que l’activité soit repartie tout doucement. Comme en France, nous avons cependant la chance de pouvoir concourir en ce moment, ce qui nous facilite le travail de présentation de nos jeunes chevaux, à Lierre, par exemple.

Le commerce vous intéresse-t-il au point de vouloir reprendre un jour la gestion des écuries familiales?

Cela fait partie de mes plans, mais pas pour tout de suite. Je réserve cela pour l’avenir. Il est assez compliqué de concilier la gestion d’une écurie de commerce et la compétition, donc je préfère me consacrer au sport pour le moment. Je suis assez jeune encore, j’aurai tout le temps du monde pour m’intéresser plus tard à la valorisation des jeunes chevaux. Il est important pour moi de me faire un nom dans le monde sportif avant d’entamer une autre carrière, davantage dans l’ombre.

Vous avez déjà acquis une belle réputation avec toutes vos victoires à haut niveau et vos médailles…

Je travaille dur tous les jours pour devenir meilleur donc je ne ressens pas trop de pression par rapport à cela. Je me concentre entièrement sur mon travail. J’échange aussi beaucoup à ce sujet avec Harrie Smolders, qui travaille avec nous et qu’on pourrait qualifier de mentor. Je me tourne toujours vers lui quand j’ai besoin de conseils, à la maison comme en compétition. Il n’y a pas de rivalité entre nous, bien que nous concourrions pour des équipes différentes (Harrie Smolders est néerlandais, ndlr), et il a toujours des choses très pertinentes à dire, tout comme les autres cavaliers qui ont beaucoup plus d’expérience et de maturité que moi. Les échanges que j’entretiens avec eux jouent une part certaines dans mes succès.

Le fait que vos parents soient tous deux d’anciens cavaliers internationaux ne vous a-t-il pas aidé à accéder plus facilement au plus haut niveau?

C’est possible, j’ai toujours pu compter sur leur soutien, autant quand j’avais besoin de conseils que pour m’aider à choisir de bons chevaux. Néanmoins, quand on regarde tous les cavaliers du top trente mondial, tous ont commencé assez jeunes, comme moi, et sont aussi arrivés au haut niveau à force de travail constant. Je suis très exigeant envers moi-même et je pense qu’on ne peut réussir dans ce sport que grâce au travail et à une motivation sans faille. Peu importe le temps qu’il faille pour arriver au sommet, il ne faut jamais abandonner et continuer à s’entraîner sans relâche pour atteindre son but. C’est ce que j’essaie de mettre en œuvre tous les jours. Le fait que mes parents m’aient aidé au début de ma carrière a peut-être joué dans mon ascension, mais je pense aussi m’être construit par moi-même.