Épineux sujet, la débaptisation des chevaux tourmente les éleveurs

Lauréats de Grands Prix CSI 5*, étalons reconnus ou cracks en devenir, de nombreux chevaux, toutes disciplines confondues, ont été déchus de leurs noms d’origine, laissant leurs naisseurs et éleveurs passionnés démunis. En jumping, le phénomène ne décroît pas. Impuissants, les éleveurs voient perte d’affixe rimer avec perte de reconnaissance. Un problème de plus, qui vient s’ajouter à un secteur déjà en difficulté. Pour l’heure, la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH) ne semble pas faire de ce délicat sujet sa priorité. 



Berdenn de Kergane, alias Casco Bay, semblait promis à un grand avenir avec l’Américain Laura Kraut avant de disparaître subitement.

Berdenn de Kergane, alias Casco Bay, semblait promis à un grand avenir avec l’Américain Laura Kraut avant de disparaître subitement.

© Scoopdyga

Cornet Obolensky, Glock’s London, Lady Lindhenhof, Zirocco Blue, Queensland E, Claude Monet, Hello M’Lady, ou plutôt conviendrait-il de dire Windows van het Costersveld, Carembar de Muze, Nangaye de Kergane, Quamikase des Forêts, Quinto de la Hamente Z, Je Maintiendrai et Gwindeline. Qu’ils aient remporté les plus belles épreuves de la planète, qu’ils soient des étalons de renommée mondiale ou des jeunes pousses en devenir, ces chevaux ont tous été débaptisés, déchus de leurs noms d’origine. S’il semblerait que quelques raisons puissent donner un semblant d’explication face à ces changements de noms, le préjudice subi par les éleveurs reste incontournable. 

“Quand nous, éleveurs, dessinons nos croisements, c’est comme un peintre, qui, en partant d’une toile blanche, réalise un chef-d'œuvre. Notre satisfaction est d’essayer de réaliser les meilleurs croisements, et de les affiner en fonction de nos juments. Quand nous avons la chance de faire naître un bon produit, cela revient un peu à s’assimiler à un peintre qui signe sa toile”, imageait Raphaël Dulin, en avril dernier, lors de la réalisation d’un portrait de Coquin de Coquerie (Z, Consul de la Vie x Fergar Mail). Désormais renommé Hello Vincent, l’étalon brille au plus haut niveau avec l’Écossais Scott Brash. Mais, plus rien - ou presque - ne rattache le sculpteur Dulin à sa gravure Coquin. “Ces choses-là devraient être interdites”, souffle l’éleveur installé à Subligny, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Saint-Lô.

Cette dépossession, de nombreux autres éleveurs l’ont vécue, le phénomène existant depuis de nombreuses années mais s’intensifiant ces dernières années. “Je ne sais pas si on peut interdire ces pratiques, mais il faudrait au moins sensibiliser les gens aux efforts que font tous les éleveurs et à la récompense que peuvent leur procurer leurs chevaux”, reprend Raphaël Dulin. “On trouve que ce n’est pas très normal”, renchérit Louis Menier, à la tête de l’élevage de Kergane, situé à Saint-Brieuc-de-Mauron, en Bretagne, à soixante kilomètres à l’ouest de Rennes. “Ce n’est pas logique. Si nous utilisons un affixe, c’est pour permettre à l’élevage d’être reconnu et identifié. À la limite, que les gens en rajoutent un autre derrière, pourquoi pas. Mais il faut laisser le nom d’origine. Pratiquement les deux meilleurs chevaux que nous ayons fait naître, Nangaye de Kergane (ISO 168, SF, Grand Chef Bleus x Type d’Elle) et Berdenn de Kergane qui commençait à bien tourner (ISO 157, SF, Quaprice Boimargot (ex Quincy) x Flipper d’Elle) ont été renommés. C’est dommage car cela nie le travail de l’éleveur.”

Si beaucoup de naisseurs s’avouent déçus, certains, à l’instar de Bernard Mols, qui a fait naître Jerenmias van het Hulstenhof (BWP, Cooper van de Heffinck x Irco Mena)- désormais Hello Jefferson -, préfèrent tirer le positif dans cette situation. “Les gens qui s’intéressent vraiment aux chevaux voient toujours mon nom sur les listes de départ. S’ils veulent vraiment savoir d’où vient le cheval, ils me retrouvent”, plaide le Belge, qui se dit ravi de voir son produit évoluer au plus haut niveau. 

Malgré tout, le préjudice subi par les éleveurs reste important. Pour Fabrice Paris, qui a fait naître Quamikase des Forêts (désormais Zirocco Blue VDL, ISO 181, SF, Mr Blue x Voltaire), la déception est toujours intacte. “Il y a encore de cela une dizaine de jours, un nouvel investisseur est venu à l’élevage et il ne savait pas du tout que Zirocco était né chez moi. Les conséquences sont très grandes”, raconte l’éleveur normand, établi à Couvains, à quelques kilomètres au nord de Saint-Lô. “Mon cheval n’a pas fait la carrière de Baloubet du Rouet, mais quelqu’un comme Yannick Fardin doit sa renommée à Baloubet. Et pour nous, dont les chevaux ont été débaptisés, c’est beaucoup plus difficile.”

Plus que la tristesse de voir leurs chevaux changer de nom, ce sont le manque de reconnaissance à l’international et la perte de traçabilité des produits qui affectent ces naisseurs. L’expérience de Françoise et Emmanuel Wera, à la tête des écuries de la Hamente, en Wallonie belge, va en ce sens. Le couple a fait naître Quinto de la Hamente Z, un fils de la bonne Magie de Ménardière (ISO 136, SF, Socrate de Chivre x Lezin du Parnasse) associée à l’étalon Quick Fire de Ferann. Quinto, ou plutôt Queensland E, vainqueur en Grand Prix CSI 5* avec l’Israélienne Dani G. Waldmann, a été révélé au plus haut niveau par le jeune Néerlandais Frank Schuttert, disciple de Jos Lansink. “C’est notre grand désespoir”, déplore l’éleveuse face au changement de nom de son protégé. “Nous avions perdu Queensland de vue, et c’est en faisant des recherches internet avec Hippomundo et d’autres sites que nous l’avons retrouvé, un peu par hasard. Avant d’arriver chez Jos Lansink, il a quand même un petit peu transité : en Italie, en Syrie, puis il est revenu en Belgique, où il a vraiment explosé. S’il avait gardé son nom de naissance, Quinto de la Hamente, on l’aurait retrouvé plus facilement, c’est certain.” En recherchant Queensland - désormais baptisé d’après la dénomination d’une province australienne - dans un moteur de recherche, les occurrences concernant l’étalon sont en effet bien faibles…



Des débaptisations inévitables ?

Queensland E, ou plutôt Quinto de la Hamente, n’est autre que le frère utérin de Winnetou de la Hamente, monture de la Suédoise Evelina Towek.

Queensland E, ou plutôt Quinto de la Hamente, n’est autre que le frère utérin de Winnetou de la Hamente, monture de la Suédoise Evelina Towek.

© Stefano Grasso/LGCT

Après avoir retrouvé la trace de leur Quinto de la Hamente, Françoise et Emmanuel Wera ont tenté de faire rétablir le nom d’origine de leur produit. Malheureusement, les démarches du couple n’ont pas abouti. “Je me suis renseignée et ai pris contact avec la Fédération belge. De leur côté, ils se sont mis en relation avec Jos Lansink, qui était le propriétaire de Queensland à l’époque. Mais ils ont refusé de changer le nom parce que cela engendre des frais”, poursuit Françoise Wera. Dans un échange de mails datant de décembre 2019, la Fédération royale belge des sports équestres (FRBSE), avait indiqué que le changement de nom coûterait 1350 euros au propriétaire du cheval.

“À Valkenswaard, l’année passée, Françoise et Emmanuel Wera avaient deux chevaux (Queensland E et Winnetou de la Hamente, frère utérin du premier cité, ndlr) dans la même épreuve du Longines Global Champions Tour de Valkenswaard (une épreuve à 1,55m, ndlr). Et c’est quelque chose de vraiment spécial pour un éleveur”, note le Belge Frederik de Backer, journaliste, commentateur et passionné d’élevage. “Si, sur la liste de départ les deux chevaux avaient été identifiés sous leurs noms d’origine, avec le suffixe « de la Hamente », les gens auraient pu faire le rapprochement et comprendre qu’ils étaient issus de la même mère. Pour un éleveur, cette liste de départ aurait été un vrai trésor, qu’ils auraient gardé toute leur vie. Mais les noms ont été changés et cela a enlevé de la valeur au travail de l’éleveur.”

Et Françoise Wera d’ajouter : “Nous faisons naître cinq à six chevaux par an. Nous sommes de petits éleveurs passionnés, et on arrive à Valkenswaard avec deux chevaux dans l’épreuve du Global. Notre vétérinaire, qui était sur place, nous a fait remarquer que Paul Schockemöhle, qui élève plus de trois-cents poulains par an, n’en n’avait pas un dans l’épreuve ! Nous, on en avait deux. Alors, on a eu de la chance de tomber sur Magie de Ménardière et il faut croire que nous n’avons pas trop mal élevé et choisi nos étalons. Mais pour nous, c’était une immense fierté.”

Si dans le cas de Queensland, la motivation qui a entraîné ses anciens propriétaires à changer son nom reste vague, dans certaines situations, les débaptisations sont obligatoires. “Parfois, ces changements de noms sont nécessaires. Cela a notamment été le cas pour Zirocco et Dallas”, explique Wiebe Yde van de Lageweg, fils aîné de Wiepke, le fondateur du groupe néerlandais VDL. “Les règles du studbook KWPN sont telles que si un étalon est approuvé, il doit porter un nom commençant par une lettre donnée en fonction de son année de naissance. En revanche, s’ils ont précédemment été approuvés dans un autre studbook, avant d’entrer au KWPN, alors ils peuvent garder leurs noms d’origine.”

Wiebe Yde van de Lageweg, qui gère désormais une grande partie des affaires de son père à l’élevage, juge toutefois que les conséquences de ces débaptisations “forcées” ne sont pas si importantes. “Si les chevaux sont moins bons, même en gardant leur nom d’origine, il n’y a aucune promotion pour les naisseurs”, détaille l’homme d’affaires. “Alors que si les chevaux obtiennent de bons résultats, peu importe le nom qu’ils portent, tout le monde finit par connaître leurs éleveurs. J’ai aussi eu des chevaux vendus dans d’autres pays qui ont été renommés. Mais on ne peut rien faire face à cela. Les gens achètent les chevaux. À partir de là, ils sont libres de faire ce qu’ils veulent avec leurs équidés, et de payer pour changer leurs noms s’ils le souhaitent.”

Frederik de Backer expose une autre théorie, qui pourrait expliquer ces débaptisations : “En Belgique, nous sommes des cracks pour donner des noms que personne d’autre ne peut prononcer. Pour ces raisons-là, je peux comprendre qu’il y ait des gens qui veuillent changer le nom d’un cheval. Mais est-ce une bonne raison pour le faire ? Ça, c’est une autre question.” Ne serait-il pas possible, pour les propriétaires, cavaliers, soigneurs, d’établir un nom d’écurie, comme cela est déjà souvent le cas ? Ainsi, les chevaux pourraient garder leurs noms d’origine dans le sport et dans l’élevage, laissant à leurs naisseurs, qui concèdent pléthore de sacrifices pour faire vivre leurs structures, la reconnaissance qu’ils méritent. 

“En Belgique, il y a une règle depuis quelques années qui nous oblige à ne pas changer les noms des chevaux. Nous gardons donc leurs noms originaux. Pour nos étalons, nous faisons parfois un nom plus court pour le marketing. Mais sur leurs passeports et dans le sport, tous les étalons gardent leurs noms complets”, nuance Tom Lemmens, vice-président du studbook Zangersheide. “Nous avons acheté en France il y a quelques années Atomic d’Ick. Là, nous l’avons renommé Atomic Z. Nous avons expliqué à son naisseur, Richard Dick, que ce n’était pas vraiment un nom que l’on pouvait utiliser dans les pays anglophones et il l’a très bien compris (l’éleveur utilise désormais l’affixe “DK”, ndlr). Dans le cas de Dominator 2000 Z par exemple, dans le sport il garde ce nom, tandis que dans le marketing on utilise Dominator Z, qui est plus court. C’est la même chose pour Emerald van’t Ruytershof.” 

Le Belge note également d’autres exemples qui peuvent conduire à un changement de nom : “Cette année, il y a énormément d’éleveurs qui appellent leurs poulains Covid-19 et Corona. On imagine bien que ces noms-là ne pourront pas être utilisés indéfiniment au cours de la vie du cheval. Il y a aussi des naisseurs qui donnent des noms qui ne vont pas dans le sens du commerce. En Belgique, les éleveurs utilisent souvent des noms qui sont très longs. Certaines personnes trouvent cela très bien, mais je pense que tous les partis doivent essayer de ne pas être trop extrémistes et de trouver un compromis.”



Trouver un terrain d’entente

Coquin de Coquerie, comme tous les chevaux des propriétaires de Scott Brash a été renommé.

Coquin de Coquerie, comme tous les chevaux des propriétaires de Scott Brash a été renommé.

© Scoopdyga

Sachant cela, il serait primordial que les éleveurs, studbooks et propriétaires s’accordent. “Avec les changements de noms, il y a deux difficultés. D’abord, lorsque les chevaux sont exportés en Amérique et qu’ils concourent sur le circuit national, il est impossible de retrouver ceux qui ont été débaptisés”, résume Frederik de Backer. “Ensuite, il y a une perte de données pour l’élevage. Lors d’approbations, de sélections, ou de ventes de poulains, les liens ne sont pas toujours faits entre les différents noms donnés à un même cheval. Un jury peut alors penser que la souche n’est pas assez bonne, même si, en réalité, elle l’est ! Les éleveurs aussi peuvent croire que leur lignée n’est pas assez bonne s’ils n’entendent plus parler de leurs produits, et se séparer de bonnes juments. C’est vraiment dommage d’un point de vue général, car nous perdons des données qui sont importantes pour améliorer l’élevage et les sélections.” 

La dureté du métier d’éleveur n’est pas nouvelle, quand bien même la situation sanitaire tend à empirer la chose. Pour autant, il revient aussi aux éleveurs de rester unis dans ce combat, même secondaire. “J’ai acquis une petite sœur d’Hello Sanctos (ex Sanctos van het Gravenhof, SBS, Quasimodo van de Molendreef x Nabab de Rêve), mais elle n’était pas encore baptisée”, appuie Fabrice Paris, qui tient à maintenir une ligne de conduite claire vis-à-vis des débaptisations “On vient de le faire, et sa naisseuse m’avait demandé de conserver son affixe. Je l’ai fait bien volontiers. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi j’ajouterais “des Forêts” à son nom. Cette pouliche-là n’est pas née chez moi, je l’ai achetée pour diversifier ma souche et seuls ses poulains porteront mon affixe.”

À l’inverse, quelques éleveurs semblent n’aller que dans un sens. Fernand Leredde, disparu en 2017, avait fait un procès contre la famille Mars, qui, à l’époque, avait renommé Rochet Rouge (ISO 194, SF, Jalisco B x Le Tyrol) en Rochet M. Mais, l’éleveur avait lui aussi choisi de débaptiser un étalon : Chef Rouge (ISO 141, Holst, Cassini I x Caretino). Dans le cas des pères, les changements de nom peuvent avoir des conséquences durables. Pour preuve, de nombreux produits de l’excellent Windows van het Costersveld (BWP, Clinton x Heartbreaker), né chez Thierry Degraeve, portent des noms dérivés de Cornet Obolensky… Et non pas de son nom originel !

“Je ne suis pas du tout opposé à ce que des affixes soient ajoutés aux noms des chevaux par les propriétaires”, relativise Louis Menier. “Je suis bien conscient que les sponsors veulent être associés à leurs chevaux. Mais, à la base, le cheval est quand même né chez l’éleveur. Il faut donc conserver les noms d’origine. Pour cela, quelques fédérations ont tenté de prendre des mesures. Certains sites, dont celui de la Fédération équestre internationale, conservent encore les noms d’origine des équidés. En Belgique, la législation concernant l’interdiction de rebaptiser un cheval, qui est entrée en vigueur il y a une poignée d’années, ne s’applique qu’au sein du pays, laissant donc la possibilité à n’importe quel acheteur étranger de modifier le nom du cheval à sa guise. 

Dans l’Hexagone, la Fédération française d’équitation (FFE) et l’Institut français du cheval (IFCE) permettent d’utiliser un alias, mais laissent apparaître en premier lieu les noms de naissances des montures. Mais, pour qu’une mesure pérenne soit prise, à l’échelle européenne voire mondiale, il faudrait une action de la WBFSH, Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport. Dans les colonnes du hors-série spécial élevage de GRANDPRIX paru cette année, Jan Pederson, président de la WBFSH estimait “très frustrant pour un éleveur de voir le nom de son cheval modifié et perdre son affixe d’élevage.” 

“Ce problème peut sembler facile à résoudre, mais quand quelqu’un achète un cheval, il en dispose des droits de propriété, et il est compliqué de lui interdire quoi que ce soit”, ajoutait également le Danois. “Dans certains cas, un contrat de vente peut inclure une clause interdisant tout changement de nom. Mais cette pratique n’est pas courante.”Une mesure qu’a d’ailleurs adoptée Fabrice Paris dans certains cas. “Les éleveurs ont d’autres soucis comme la santé de leurs élevages, le commerce. Mais c’est un sujet qui devrait être prioritaire pour la WBFSH”, assume Frederik de Backer. “Beaucoup de choses seraient ainsi traçables, plus simples à suivre, et cela permettrait de donner de la valeur aux souches. Très occupée, la WBFSH ne semble pourtant pas faire de ce problème une priorité… du moins, pour l’instant.

Alors, en attendant, certains médias jouent un rôle dans la reconnaissance du travail des éleveurs. “Quand un cheval change de nom, comme Glock’s London (BWP, Nabab de Rêve x Chin Chin) par exemple, je ne le fais pas à chaque fois, mais une fois sur deux, je précise que son nom original est Carembar de Muze”, fait valoir Frederik de Backer. Et Tom Lemmens d’enchérir : “Je pense qu’il est important que les noms de naissance des chevaux soient toujours mentionnés, au moins entre parenthèses. Nous le faisons souvent dans le magazine consacré au Zangersheide. Je trouve qu’il est primordial que les gens puissent toujours voir les noms originaux et que les éleveurs soient en mesure de suivre leurs chevaux.” Au CSI de Saint-Lô, il y a quelques semaines, Raphaël Dulin a constaté avec tristesse qu’aucune mention n’avait été faite à son sujet lorsque Coquin de Coquerie s’est présenté en piste avec Scott Brash. “À Saint-Lô, j’étais dans les gradins, le commentateur ne savait même pas qui j’étais. Il n’y a pas eu un mot sur mon élevage”, s’attriste le Normand. “Il faudrait que les commentateurs se documentent un peu. Kamel Boudra, de son temps, avait bien vendu le cas de Zirocco Blue. Grâce à lui, tout le monde savait que son nom d’origine était Quamikase des Forêts.”

Le combat contre les débaptisation des équidés pourrait paraître propre à quelques pays, tels la France ou la Belgique, où les affixes sont largement utilisés. En Allemagne, la pratique de l’affixation est moins courante, mais tend à se développer. Pour preuve, s’il en faut, que la reconnaissance du travail d’éleveur de chevaux de sport est importante, le géant Paul Schockemöhle appose désormais ses initiales derrière le nom de ses produits. Loin de combler la différence observée avec le monde des courses - où les naisseurs touchent des primes lorsque leurs chevaux remportent de l’argent en compétitions -, il n’en demeure pas moins que les éleveurs méritent leur part du gâteau. Face aux sacrifices qu’ils concèdent nuit et jour pour permettre aux cavaliers d’exercer leur sport à travers le globe, la moindre des choses serait de les laisser briller à travers le nom de leurs chevaux.