À année particulière, Grande Semaine particulière

En cette année 2020 rendue si singulière par la pandémie de Covid-19, la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau, regroupant les finales nationales du Cycle classique de saut d’obstacles et les finales Jeunes Chevaux et Poneys de hunter, orchestrées par la Société hippique française, ainsi que les championnats de France des pouliches Selle Français de deux et trois ans, ne pouvait être autrement que singulière elle aussi. Elle l’a été à bien des égards, mais elle a pu avoir lieu et remplir son rôle de plateforme commerciale. Et c’est bien là le principal.



Décalée d’un mois en raison de l’interruption du Cycle classique de mimars à fin mai, liée à la période de confinement décrétée pour endiguer la pandémie de Covid-19, l’édition 2020 de la Grande Semaine a dû faire face à des conditions climatiques difficiles, qui ont obligé la Société hippique française à organiser toutes les épreuves sur les carrières en sable du stade équestre du Grand Parquet. Pour la première fois dans l’histoire de cet événement vieux de plus de trente ans, les chevaux n’ont donc pas pu fouler le terrain en herbe du Terrain d’Honneur. Si la Grande Semaine y a sûrement perdu un peu de son prestige, force est de constater, au vu des précipitations qui sont tombées avant et pendant la semaine, que cette solution était sûrement la meilleure possible pour garantir le bon déroulement des épreuves et protéger l’intégrité physique des chevaux. Si la carrière O’Delant, servant généralement de paddock d’échauffement du Terrain d’Honneur, a quelque peu laissé à désirer, notamment le vendredi après les fortes précipitations qui se sont abattues sur la Seine-et-Marne, le nouveau sol du Petit Parquet, qui a notamment accueilli les finales, s’est avéré d’une qualité remarquable, de l’avis de tous les cavaliers. 

Cette Grande Semaine a été raccourcie, débutant le mardi et se déroulant sur six jours, contre neuf en temps ordinaire, puisque les finales nationales du Cycle libre de saut d’obstacles, habituellement programmées le premier week-end, n’ont pas eu lieu cette année, laissant place à une Grande Semaine de dressage ramassée sur trois jours et accueillie à Fontainebleau alors qu’elle se tient d’habitude à l’École nationale d’équitation de Saumur. Autre particularité de cette édition, pour la première fois de son histoire, la Grande Semaine ne s’est pas clôturée par la finale des six ans, qui s’est déroulée le samedi, mais par celle des sept ans. 

Celle-ci a vu Margaux Rocuet réussir un doublé inédit, remportant le titre avec Djibouti de Kérizac (SF, Quincy x Le Tot de Semilly) et prenant la deuxième place avec Dubaï du Cèdre (SF, Baloubet du Rouet x Diamant de Semilly). C’est également un triplé pour Margaux Rocuet, qui a obtenu son troisième titre consécutif avec cette génération des « D » après avoir remporté le championnat des cinq ans en 2018 avec Dana de Kerglenn (SF, Mylord Carthago x Diamant de Semilly), puis celui des six ans en 2019 avec Dadja de Moricerie (SF, Arko III x In Chala A). L’écurie Rocuet, véritable place forte du jeune cheval en Bretagne, a obtenu deux titres lors de cette Grande Semaine, avec la victoire de Fée de Caryan (SF, Vigo d’Arsouilles x Lamm de Fétan) dans le championnat des femelles de cinq ans sous la selle d’Alexandre Bosc, qui disputait sa première finale à Fontainebleau. Du reste, les bizuts ont été à l’honneur, à en juger par les premières participations gagnantes d’Aurélien Georges-Picot, dans le championnat des quatre ans avec Gino des Luthiers (SF, Giovani de la Pomme x Quincy), d’Adrien Trouiller, dans la catégorie des six ans non SF et AA avec Curaçao Island (Holst, Casalito x Quidam de Revel), ainsi que pour Antoine Ermann, chez les six ans avec Élios de la Lie (SF, Air Jordan x Mister Blue), un hongre né chez son père, Jean-Yves Ermann. 

Du côté des naisseurs, mention spéciale pour les élevages d’Authuit, de Beaufour et de Lure, qui ont tous obtenu deux mentions Élite. Du côté des cavaliers, seule Faustine Laferrerie a vécu cet honneur. Sur un autre plan, ô combien important, le commerce semble avoir été plutôt florissant lors de cette Grande Semaine, avec beaucoup de chevaux demandés et essayés, et de nombreux étrangers présents autour des carrières bellifontaines, à l’image des Belges Philippaerts père et fils, Niels Bruynseels, Christophe Ameeuw et Stephan Conter, ou encore du Suisse Martin Fuchs, numéro deux mondial et champion d’Europe en titre. 

Cette série des Grandes Semaines fut également particulière pour Yves Chauvin, qui y était présent pour la dernière fois en tant que président de la Société hippique française, lui qui avait annoncé, lors de la dernière assemblée générale, vouloir quitter son poste à la fin de cette année. D’Arnac-Pompadour à Uzès en passant surtout par Fontainebleau, la famille de l’élevage de chevaux de sport a eu autant d’occasions de saluer celui qui préside à sa destinée depuis fin 2012.

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX (n°121).