Le développement du Code de points et quelques changements au menu de l’Assemblée générale de la FEI en dressage

Jusqu’au 25 novembre, la Fédération équestre internationale (FEI) organise sa traditionnelle Assemblée générale. En cette année exceptionnelle, les Comités techniques de dressage et paradressage n'ont pas pu se réunir physiquement. Ils ont cependant pu mener à bien leur travail lors de plusieurs conférences téléphoniques, se concentrant notamment sur le développement du Code de points, le Grand Prix version raccourcie, le circuit des Coupes des nations, ou encore l’interdiction du haut-de-forme.



Lors de son discours, Frank Kemperman, président du Comité technique de dressage de la FEI, a évoqué nombre de constats, qui, bien que mitigés, se veulent positifs : “En raison de la pandémie Covis-19, deux tiers des épreuves de dressage ont été annulées cette année. Le maintien des championnats d’Europe pour toutes les catégories Jeunes à Pilisjaszfalu (HON) en août dernier est pour le Comité une réelle satisfaction. Côté para-dressage, vingt-et-une épreuves sur trente-cinq ont dû être annulées cette année. Une situation d’autant plus regrettable que 2020 aurait dû être une année record pour le nombre d’événements”. Il évoque néanmoins la bonne forme des sports para-équestres : malgré le report d’un an, les Jeux de Tokyo compteront vingt-huit comités nationaux paralympiques représentés. En raison du nouveau format, plus de nations sont en effet en mesure d'aligner une équipe (seize équipes, contre quatorze à Rio de Janeiro). 


Le développement du Code de Points, déjà en pour-parlers depuis quelques années, devient cette année le principal sujet de questionnement en matière de jugement. Celui-ci devrait permettre de fournir une référence standardisée pour chaque mouvement ; par la mise en place de routines de recherche visuelle normalisées, et de demandes de traitement cognitif réalistes et durables. Une nouvelle notation applicable par les juges même après plusieurs heures d’épreuves, contribuant ainsi à assurer plus de clarté, d'équité et d'ouverture dans le système. Une proposition de code de points pour un nombre déterminé de mouvements lors du test du Grand Prix est actuellement à l’étude. Une fois ce principe approuvé, la poursuite des travaux d'élaboration d'un code de point sur tous les autres tests sera effectuée. 

Bernard Maurel, juge FEI 5*, fait partie du groupe ayant travaillé sur l’instauration de ce code de points : “jusqu’ici nous fonctionnions avec un roadbook pour la notation. Cette modification du système de jugement fait suite, à l’origine, à une demande du club des cavaliers de dressage eux-mêmes. Cela fait quelques années maintenant que nous travaillons à ce sujet au sein d’un groupe animé par Katrina Wüst. Nous avons mis en place d’une part un firewall pour les notes de quatre et moins (un contrat non rempli sur un mouvement, par exemple un changement de pied aux deux temps au milieu d’une ligne au temps, ne pourra dans tous les cas pas valoir plus de 4, quelle que soit la qualité de la suite de cette ligne) puis un descriptif pour les notes allant de 5 à 10 reprenant les codes d’évaluation déjà en place, un « très bien » à 8, un « assez bien » à 7, « suffisant » à 6, etc. C’est un travail titanesque car nous devons nous atteler à instaurer ce code de points mouvement par mouvement, pour le Grand Prix d’abord, puis les autres reprises. Il s’agit de créer un véritable référentiel, pour que la notion de « jugement subjectif » soit moins évoquée. C’est une grande force du système FEI : la formation des juges internationaux est très sérieuse, et le code de points devrait encore renforcer cela. En France, le niveau des juges est tout à fait correct également, même si on l’aimerait encore plus solide.

Ces changements sont source d’une profonde satisfaction, ils prouvent que la discipline évolue, que nous allons vers plus de compréhension entre les juges, les cavaliers et leurs entraîneurs. Vous savez, un bon juge est comme un miroir : il n’a pas de pouvoir, il porte simplement la responsabilité de refléter d’une manière juste le travail présenté par le couple le jour J”.

Raphaël Saleh, également juge FEI 5*, rappelle cependant que ce code de point ne se veut pas une course vers le plus spectaculaire, mais une meilleure passerelle entre les juges, les cavaliers et le public : “Il faut être prudent. Le plus important reste de ne pas dénaturer notre discipline. Dans un piaffer, ce n’est pas la hauteur des membres qui compte. Ce n’est pas, et ce ne devra jamais être une question de mode. L’harmonie, le travail juste ou non qui se devine en amont, le respect du physique et du mental du cheval sont des notions difficilement quantifiables par un ordinateur. La compétence primordiale des juges restera la capacité à discerner le mouvement juste et honnête vis à vis du cheval et de son entraînement. Il était nécessaire de mettre plus au clair le système de jugement. Cette façon de juger, plus codifiée, permettra d’éclaircir et de mieux assimiler les notations attribuées par les juges, ce qui n’est pas si mal avec le dressage. Cela devrait amener plus de compréhension pour les néophytes, et des échanges plus sains entre les cavaliers et les juges.”



Quelques changements annoncés sur les circuits internationaux

Le test du Grand Prix court, récemment validé, sera introduit dans la saison de Coupe du monde 2021/2022, y compris lors de la finale. Selon l'avis du Comité, le Grand Prix court assurera un niveau de difficulté équivalent au test actuel. Il tiendra donc compte des mêmes exigences minimales d’éligibilité (les résultats que le cavalier et le cheval, en combinaison ou individuellement, doivent atteindre pour concourir à un certain niveau) et apportera les mêmes points au classement. 

Un nouveau concept de Coupe des nations en dressage a été développé et le projet est actuellement en cours d'examen. Le Comité souhaite introduire ce nouveau format en 2022.

Les Jeux panaméricains devraient maintenir le format actuel pour l’échéance de 2023. Après consultation avec le Comité équestre panaméricain, le Comité technique de dressage a accepté de reporter le passage au niveau Grand Prix à l'édition suivante. 

Le circuit de la Coupe du monde sera vraisemblablement maintenu à l’identique en 2021/2022. Au vu de la situation exceptionnelle liée à la pandémie de Covid-19, il a été proposé de ne pas lancer d’appel d’offres pour de nouveaux sites, et de reconduire les mêmes événements que ceux de la saison 2020/2021.

Enfin, un point final sera apporté au sujet de l’ordre de départ des couples sur chaque championnat à venir. En effet, lors des championnats d’Europe Jeunes cet été en Hongrie, une erreur d’édition dans le règlement avait placé le paragraphe en question en annexe, puis l’avait vu disparaître lorsque les annexes Jeunesses avaient été fusionnées. L’erreur avait alors été soulignée par l’ensemble des chefs d’équipe. La version définitive se définira vraisemblablement comme telle : pour les épreuves par équipes et individuelles, un tirage au sort ordinaire déterminera l'ordre de départ sur chaque test. Pour la Reprise Libre en Musique : un tirage au sort par groupes de cinq sera effectué en sens inverse dans le classement du concours individuel. 

Concernant la plateforme Dressage en ligne lancée en Juin 2020 : le comité a discuté du nouveau concept de dressage en ligne et en a conclu que la plateforme ne pourra être utilisée que comme outil de formation. La nouvelle plateforme en ligne d'eDressage spécifique aux athlètes para-équestres leur permet de télécharger des vidéos de leurs tests pour recevoir les commentaires de juges expérimentés, un outil de soutien précieux pour leur formation. 



Du nouveau pour l'équipement du cavalier

Le haut de forme définitivement écarté des terrains dès 2021 

Un point clé sera voté concernant les casques : la règlementation applicable au 1er Janvier 2021 prévoit bel et bien le port d’un casque de protection correctement attaché, abolissant définitivement le port d’un haut de forme. Les modifications validées par la FEI prévoient le port d’un casque protecteur correctement attaché par tout athlète à tout moment lorsqu’il monte à cheval et lors de l'inspection des chevaux, ainsi que pour toute autre personne présentant le cheval dans une zone d’inspection. Le port d’un casque protecteur en forme de chapeau haut de forme pourra cependant être utilisé. 

Vers une évolution modérée des tenues vestimentaires en compétition 

Lors des conférences de travail préparatoire à l’Assemblée Générale, une incohérence a été pointée sur le port des vestes aux couleurs des Fédérations nationales, autorisé en RLM mais pas sur le GP et GPS. Jusqu’à ce jour, le raisonnement derrière la règle actuelle était de conserver la tradition mais de donner une certaine liberté sur les RLM. À compter du 1er janvier 2021, une veste, ou queue de pie, approuvée par la fédération nationale de chaque athlète sera désormais autorisée sur les trois tests, en dressage et paradressage, afin de valoriser le travail d’équipe de chaque nation. Les modifications validées par la FEI sont les suivantes : Le casque de protection sera noir ou de couleur (disparition de la mention “couleur sombre”). Les bottes d’équitation, noires ou de couleur foncée. La veste en variante de la queue-de-pie sera autorisée, sous réserve d’une approbation en amont par chaque fédération nationale). Les vestes ou queues-de-pie rayées ou multicolores ne seront pas autorisés. Seront acceptés les discrets détails “de bon goût”, comme un col d'une teinte différente, un passepoil modeste ou certaines décorations en strass. 

 

Cette Assemblée générale sera donc bien le reflet d’un travail efficace des Comités techniques tout au long de cette année malgré le contexte actuel. Le dressage semble tourné vers l’avenir en matière de jugement, ce qui montre la progression de l’ouverture d’esprit des juges et la sortie progressive des codes traditionnels.