2020 en complet : entre Covid, management du risque et préparation de l’avenir

Ce 23 novembre, la Fédération équestre internationale (FEI) organise son Assemblée générale en ligne, pandémie de Covid-19 oblige. Un temps de cette journée va être dévolu au concours complet. Les documents préparatoires publiés par la Fédération présentent les principales décisions prises en 2020 pour la discipline. Synthèse.



Le coronavirus, sujet majeur de préoccupation en 2020

Sans surprise, la pandémie et ses conséquences sur le grand sport mondial ont constitué une préoccupation essentielle pour la FEI depuis le début de l’année et, entre autres, pour son Comité en charge du concours complet, présidé par le cavalier olympique David O’Connor. En cause : le report des Jeux olympiques de Tokyo à 2021, l’annulation de plus de cinquante pourcent des compétitions internationales et la nécessité d’en atténuer l’impact pour la discipline, et le nécessaire soutien aux organisateurs pour que les concours aient bel et bien lieu quand cela était possible, et se déroulent dans de bonnes conditions de sécurité sanitaire.

Ainsi, comme cela avait été annoncé dès mars en accord avec le Comité international olympique (CIO), les pays ayant gagné leur qualification pour le Japon – dont la France – la conserveront en 2021. Les deadlines de qualification des couples ont quant à elle été repoussées d’un an, ouvrant de ce fait des perspectives olympiques à des paires chevaux/ cavaliers pour qui les Jeux seraient venus trop tôt en 2020. 

Par ailleurs, afin de faciliter la tenue des événements, et dans la mesure où la circulation entre pays a été difficile tout au long de la saison, l’obligation de faire appel à des officiels de compétition étrangers par les organisateurs de CCI4*- L et S a temporairement été suspendue. L’extension de ce régime applicable en temps normal aux seules Australie et Nouvelle-Zélande, sera réexaminée en décembre. Et un guide spécifique a été publié à l’intention des organisateurs d’événements, afin de les aider à les mettre en œuvre dans le contexte de pandémie. 

Enfin, la période prise en compte pour déterminer l’éligibilité des cavaliers à des niveaux d’épreuve donnés au 1er juillet dernier a été étendue de six mois, s’étant donc étendue sur les huit dernières années et demi au lieu des huit ans habituels. Ceci pour pallier le manque de compétitions et donc, d’occasions de performer, de la saison écoulée. Cette mesure pourrait être réitérée lors de l’évaluation des cavaliers de janvier 2021.

Si, à n’en pas douter, la FEI n’en a pas fini avec la gestion des effets de la Covid d’autres sujets ont par ailleurs fait l’objet d’échanges et de décisions par le Comité en charge du complet. 



Le management du risque au cœur des enjeux

Sujet clé pour la FEI depuis plusieurs années, la sécurité a fait l’objet de nombreux échanges et décisions au cours de l’année écoulée. Et la FEI s’est attachée à ce que tous les acteurs de la discipline se saisissent de sa politique de gestion des risques. 

Le Programme de Risk Management a poursuivi ses travaux en se fondant sur les données collectées depuis 2000, permettant une meilleure gestion des risques et des enjeux techniques de la discipline. Ces statistiques ont été enrichies de celles de la saison en cours, avec une baisse du taux de chute rapporté au nombre de partants, de 5,57 % en 2019 à 3,67 % en 2020 (données provisoires à la fin juillet, les données plus récentes n’étant pas encore disponibles, ndlr). Néanmoins, ces résultats doivent être appréhendés avec prudence, notamment au regard de la suppression de cinq des six CCI 5*-L de l’année, soit la catégorie où le taux de chute est le plus élevé. Et le Comité, tout en se félicitant des réalisations récentes, insiste sur la nécessité de poursuivre la mise en œuvre de nouveaux moyens pour limiter les accidents, en fréquence comme en gravité.

En janvier 2020, s’est par ailleurs tenu un séminaire dédié au management du risque. Il a été suivi depuis de plusieurs réunions et conférences téléphoniques du groupe de pilotage dédié à ce sujet, sous-division du Comité incluant notamment Laurent Bousquet, entraîneur de l’équipe de France de complet de 2010 à 2013. Parmi les avancées notables : la finalisation du travail sur les technologies utilisées pour les obstacles frangibles (susceptibles de tomber en cas de choc important, et ainsi d’éviter la chute du cheval, ndlr), dont l’usage devrait être rendu obligatoire pour certains profils d’obstacles de cross dans tous les niveaux d’épreuves – et non plus seulement en 4*, 5* et championnats –, à partir du 1er janvier 2021. Le groupe s’est également penché sur le système des qualifications par niveau d’épreuve, la gestion des blessures, l’utilisation de la vidéo en CCI 5*-L pour obtenir des informations techniques plus poussées, le développement d’un meilleur accès des officiels aux données du programme de Risk Management, ou encore la formation des cavaliers et de leurs coaches. 



Un septième CCI5*-L !

Aujourd’hui composée de six concours phares (Burghley, Badminton, Lexinton, Luhmühlen, Pau et Adelaïde), le circuit des CCI5*-L, s’apprête à vivre un bouleversement. Ainsi, le test event mené en août ayant été concluant, le calendrier 2021 de la FEI va s’enrichir d’un septième événement dans la catégorie reine de la discipline : il se tiendra à Fair Hill, dans le Maryland (USA), en octobre 2021. L’essai sera mené sur cinq ans, et un premier bilan tiré après la troisième édition. 

Par ailleurs, si six des huit épreuves qui le composent ont été annulées en 2020, le circuit de la Coupe des nations reverra bien le jour l’an prochain, dans la mesure de ce que permettra le contexte sanitaire. Jamais remporté depuis sa création en 2016, le Tri-Star Grand Slam – prévu pour récompenser le vainqueur la même année de trois des quatre CCI 4*-S se déroulant en Grande-Bretagne – sera lui aussi reconduit. Idem pour l’Event Rider Masters, né en 2016, et particulièrement prisé des cavaliers au regard de sa dotation globale alléchante. Ses organisateurs réfléchissent cependant à l’introduction, dans le futur, d’un nouveau format de compétition, afin d’attirer davantage de sponsors. 

Sur une proposition émise par le département Solidarité en 2019, La FEI réfléchit également à la création d’un Eventing World Challenge qui faciliterait l’accès des nations émergentes au plus haut niveau. Le principe en avait été validé par le Comité le 25 mars dernier. Les prochains développements sont en attente. 

En revanche, l’Africa Eventing Cup Series, qui vise à développer la discipline sur le continent africain en offrant des épreuves de niveau CCI 1*, ne sera pas reconduit. Ses deux premières éditions de 2018 et 2019 se sont révélées insatisfaisantes en raison des problèmes rencontrés par les athlètes pour traverser les frontières, du coût financier de chaque compétition, et de la difficulté pour les pays en lice à présenter trois couples en équipe. Le comité du concours complet et le Département Solidarité de la FEI réfléchissent à la mise en place d’un challenge alternatif sur un autre modèle.

Tout au long de l’année, le Comité s’est également attelé à proposer des évolutions pour le règlement relatif à la discipline du complet, dans un dialogue avec les fédérations nationales et l’ensemble des parties-prenantes de la discipline.