Chez les Ancelin, on élève tout feu tout flamme

À la Grande Semaine de Fontainebleau, Franck Ancelin a monté six chevaux, dont quatre portant l’affixe du Feu, l’élevage qu’il gère avec sa femme Sophie. Ces quatre chevaux ont en commun d’être apparentés à Unesco du Feu, l’étalon maison, qui est soit leur père, soit leur propre frère. Zoom sur cette aventure bourguigno-bretonne.



S’il n’est pas issu d’une famille baignant dans le monde du cheval, Franck Ancelin a cependant découvert très tôt l’équitation. “Je suis fils de boulanger. J’ai commencé à monter à poney à quatre ans et je n’ai plus arrêté.” La passion du cheval grandissant, ses parents lui achètent son premier cheval à l’âge de dix-sept ans, puis Franck passe son monitorat, ce qui l’amène à exercer au club de Beauvais, où il rencontre Sophie, qui deviendra son épouse et la mère de leurs trois enfants. Ensemble, ils partent s’installer à Chalon-sur-Saône, où ils ouvrent un club et se lancent dans l’élevage, il y a déjà vingt-cinq ans. “Nous avons démarré avec des juments que nos parents avaient achetées et nous en avons acquis une ou deux nouvelles, sans vraiment les chercher, en saisissant des opportunités. Toutes nos reproductrices ont du sang et ont concouru. Je pense que c’est important car on connaît ainsi leurs qualités, leurs défauts ainsi que leur caractère et leur comportement en piste”, explique Franck, qui fait suivre le nom de ses poulains de l’affixe du Feu, en hommage à ses parents. “Ils avaient une boulangerie qui s’appelait “Au feu de bois”. C’est un remerciement en forme de clin d’œil, car ils m’ont beaucoup aidé.” 

Il y a un peu plus de vingt ans, Sophie et Franck Ancelin se rendent chez Bernard Piedagniel, à Bricquebec-en-Cotentin dans la Manche, où ils acquièrent une pouliche qui va s’avérer déterminante pour leur élevage. “Bernard nous a montré Jessy du Donjon, une toute petite pouliche de deux ans. Je trouvais qu’elle avait l’air d’une ponette, mais Sophie l’aimait bien et a voulu l’acheter. Nous avons un peu monté Jessy en concours, où elle a montré beaucoup de respect. À l’élevage, elle nous a d’abord donné Thésée du Feu (SF, Gascon du Meix), qui a concouru en Amateur, puis Unesco du Feu (SF, Diamant de Semilly), notre étalon maison”, raconte Franck. Cet achat était judicieux, puisque Jessy du Donjon (SF, Éclair des Bois er Cabriole des Forge par Laeken) provient d’une souche maternelle où l’on retrouve de bons gagnants à chaque génération et de nombreux Selle Français ayant concouru au plus haut niveau, comme Lévrier II (ISO 163, SF, Arabel x Quo Vadis), Brin d’Honneur (ISO 162, Olifant x Ivanoé, Ps), Aferco (ISO 168, Laudanum, Ps x Incitatus), Quattro B (ex-Ciel d’Espoir, Qredo de Paulstra x Pandore du Thot), Gotha Brécourt (Olisco x Paladin des Ifs), Instit (ISO 148, Calypso de Moyon x Narcos II), Isky (ISO 147, Calypso d’Herbiers x Quat’Sous), Nayana (ISO 175, Royal Feu x Narcos II), Nymphe de la Vallée (ISO 146, Cumano x Lieu de Rampan), Symphonie des Biches (ISO 164, Kannan x Damiro B), Volver de la Vigne (ISO 154, Diamant de Semilly x Cumano), ou encore Piaf de B’Neville (ICC 169, Cap de B’Neville x Rêve d’Elle), médaillé d’or par équipes et d’argent en individuel en concours complet aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016 sous la selle d’Astier Nicolas.



DE CHALON-SUR-SAÔNE À VANNES

Crédité d’un double sans-faute à Fontainebleau à quatre ans avec Franck Ancelin, pour une vingt-cinquième place dans le championnat, suivi d’une dix-huitième place à cinq ans, Unesco du Feu se classe par la suite jusqu’en Grands Prix à 1,40m avec Franck, puis jusqu’à 1,30m avec Sophie, qui ne tarit pas d’éloges sur son cheval de cœur. “C’est le meilleur cheval que nous ayons fait naître. Il est attachant, c’est un régal. C’est le cheval de ma vie, il ne lui manque que la parole.” En 2018, avec Unesco, Sophie est même récompensée du titre de vice-championne de Bretagne Amateur 1, une région où le couple s’est installé depuis trois ans. Il a jeté son dévolu sur une ravissante ferme située près de Vannes, dans le Morbihan. Disposant de vingt-huit hectares, Sophie et Franck continuent l’élevage avec une dizaine de poulinières, qui leur donnent six poulains par an en moyenne. Franck assure la formation des jeunes chevaux de l’élevage, ainsi que de chevaux de propriétaires, et donne également des cours, tandis que Sophie gère un gîte, aménagé au sein du haras et pouvant accueillir jusqu’à huit personnes. 

Outre Unesco du Feu, indicé 146, les Ancelin ont fait naître d’autres bons Selle Français comme Jésabelle du Feu (ISO 134, Alfa d’Elle x Boris de Vauptin), Velours du Feu (ISO 133, Controe), le fils de celle-ci, ou encore Brilloso du Feu (ISO 135, Lando x Balou du Rouet), sacré champion de France des jeunes foals mâles en 2011 à SaintLô. Cette année, à la Grande Semaine de Fontainebleau, Franck a qualifié quatre chevaux qu’il a fait naître : trois produits d’Unesco, ainsi que sa propre sœur, Flamme du Feu. Moins en réussite dans le championnat des cinq ans, où ses candidats ont dû se contenter de la petite finale, il a en revanche réussi une finale parfaite avec Goldstar du Feu (Unesco du Feu x Quick Star) et Gormiti du Feu (Unesco du Feu x Osier du Maury, AA), qui ont tous deux réussi un double sans-faute, Goldstar terminant seizième et obtenant la mention Très Bien, et Gormiti se classant trente-sixième. 

S’il prend garde à ne pas utiliser systématiquement son étalon, Franck Ancelin est très satisfait des produits d’Unesco. “Je pense qu’il transmet son intelligence de la barre et son respect, ce qui donne des chevaux assez bien dans leur tête, avec de l’équilibre et courageux. Unesco a de la taille, il est chic et a un super galop. De fait, on pourrait passer toute la journée sur son dos tellement son galop est bon. Je pense qu’on peut le croiser avec des juments un peu fortes et quelconques, car ses produits sont tous dans le sang. Unesco leur apporte du chic. Quelques copains professionnels l’ont utilisé et n’en sont pas mécontents. La première année, nous l’avons croisé à quatre ou cinq juments différentes pour voir, mais nous ne voulions pas rester dans un cercle clos en n’utilisant qu’Unesco, donc nous sommes revenus à davantage de diversité dans nos choix par la suite. Nous sommes très contents de ses produits. Ce qui les caractérise ainsi que tous les produits de sa famille, c’est le respect: ils ne veulent pas toucher de barre. De plus, ils sont très solides et ont une bonne santé”, vante l’éleveur. Avec leurs moyens, Franck et Sophie Ancelin ont développé un petit élevage d’où n’est pas encore sorti de grand crack, mais qui leur a donné beaucoup de bons chevaux utiles. Après un quart de siècle de labeur, le couple est plutôt satisfait du résultat. “Nous faisons notre petit bout de chemin, avec ce que nous avons et ce n’est pas si mal”, conclut Franck.

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX (n°121).