Excalibur Larzac, la nouvelle pépite de Christèle Derosch
Parmi les éleveurs pionniers de chevaux d’endurance, Christèle Derosch et son affixe Larzac figurent de longue date sur le devant de la scène. Lors de la Grande Semaine d’Uzès, tenue du 7 au 11 octobre, Excalibur Larzac, sacré champion des six ans dans la Vitesse libre avec sa cavalière et propriétaire Cécile Miletto Mosti, a fait une nouvelle fois parler de cet élevage cévenol.
Vendredi 9 octobre, Excalibur Larzac (PsAr, Saïd Lotois x Rumel el Masan) a brigué le titre de champion de France des chevaux de six ans lors de la Grande Semaine d’endurance, à Uzès. Déjà très réputé dans la discipline, l’élevage Séranne Larzac de Christèle Derosch, situé à La Vacquerie-et-Saint-Martin-de-Castries, dans l’Hérault, département des sublimes Cévennes, a une nouvelle fois prouvé toute sa qualité. “Nous sommes très contents de cette victoire parce qu’Excalibur Larzac a confirmé tout ce que nous pensions de lui”, se réjouit Christèle Derosch, sa naisseuse. “Il avait remporté le titre à quatre ans en 2018 (avec Laurent Mosti, l’époux de Cécile Miletto Mosti, sa cavalière et propriétaire actuelle, ndlr), ce qui peut parfois ressembler à un coup de poker... L’année dernière, chez les cinq ans, il avait été classé Excellent, malgré un trotting assez moyen. Les performances s’enchaînant, cela commence à être significatif! À quatre et cinq ans, les chevaux restent encore des bébés, et ceux qui tirent leur épingle du jeu ont été préparés pour ce championnat. Les gens comme moi, qui élevons de manière naturelle et extensive, avons souvent des chevaux trop jeunes pour être préparés pour ce type d’échéances. Donc être champion des six ans, cela signifie beaucoup pour nous!”
Afin de donner les meilleures chances à son protégé de briller à haut niveau, Christèle Derosch l’a cédé à Laurent Mosti et son épouse Cécile Miletto Mosti, membre de l’équipe de France, médaillée d’argent aux Jeux équestres mondiaux de Lexington en 2010. “Cécile et Laurent, à qui je peux confier des chevaux en valorisation et qui m’achètent un à deux chevaux chaque année, ont acquis Excalibur à un an”, raconte l’éleveuse. “Cécile est une amoureuse des origines de Persikland. Sa carrière dans l’endurance a commencé avec Dynamik (PsAr, Persik. Djenoun), donc un fils de Persik (PsAr, Kankan x Arax, mythique étalon de la discipline, ndlr) né chez Francis Poujol. Le hasard veut que la maman d’Excalibur, Attliha (PsAr, Persik x Nichem), soit issue de l’élevage de Monsieur Poujol! J’avais acheté sa mère, Sham Maliksa (PsAr, d’une mère par Malik), qui était pleine de Persik. Elle était ma première jument Arabe et je l’avais achetée très cher afin de lancer mon élevage. Malheureusement, elle est morte pendant le poulinage... Du coup, Monsieur Poujol nous a confié Attilha, que nous avons valorisée en compétition. Elle a même été classée Excellent à cinq ans lors de la Grande Semaine d’Uzès en 1994 (à l’époque, la mention Élite n’existait pas et la course réservée aux chevaux de cinq ans était de 90 km, ndlr). Comme nous avions perdu sa mère, Monsieur Poujol nous a proposé de faire naître un poulain, et Ilam est née. Il l’a tellement bien aimée qu’il l’a croisée trois années de suite avec notre étalon Rumel el Masan (PsAr, Masan x Alhabac)! En résumé, l’acquisition d’Excalibur était aussi un choix de cœur pour Cécile, en dehors du fait qu’il était très beau et très frimeur!”
UN ÉLEVAGE NÉ DE LA RANDONNÉE
Éleveuse depuis plus de trente ans aujourd’hui, Christèle Derosch a démarré son activité d’élevage à son arrivée dans les Cévennes, après une première vie parisienne. “Quand nous sommes arrivés à La Vacquerie avec mon compagnon, nous pratiquions la randonnée et commencions l’endurance”, narre la passionnée. “Depuis gamine, Florac me faisait rêver, et j’ai vite eu envie d’élever des Arabes. Au début des années 1990, ces chevaux coûtaient encore très cher... Mon compagnon avait des Barbes, des Arabes Barbes, et même un Arabe, qu’il avait dégoté un peu par hasard. Moi, j’étais propriétaire de Rumel el Masan, que j’avais eu la chance de récupérer d’une amie qui avait arrêté d’élever, et de mes deux premières pouliches. Nous étions régulièrement en contact avec Yves Richardier (grand éleveur français d’endurance et co-fondateur du Syndicat des éleveurs du berceau de l’endurance équestre causses Cévennes, ndlr), qui était un peu mon mentor depuis mon adolescence. C’est lui qui nous a orientés vers Francis Poujol en 1993, lorsque nous cherchions une bonne jument pour démarrer mon élevage. Quand celui-ci a été créé, j’étais lancée et j’ai eu accès à de la génétique de qualité. J’ai eu beaucoup de chance car tout est allé très vite, et les premiers poulains que j’ai produits ont performé. Toutefois, j’ai réalisé l’importance du pedigree plus tard, et ma rencontre avec Guy Barry (fondateur de l’élevage Lotois, ndlr), il y a une douzaine d’années, n’y est pas étrangère. Excalibur est le mariage de toutes ces expériences. En regardant ses origines, on se rend compte que les lignées maternelles sont les plus importantes. Dans son pedigree, il y a quatre souches basses fondamentales: du côté de son père Saïd Lotois (PsAr, Zulus x Djenoun), on retrouve notamment les jument Iasmina (PsAr, Djenoun x Dahman) et Djebelia (PsAr, Dahman x Ba Toustem), issue de son ancêtre Cherifa, qui font partie d’une ligne maîtresse en course de plat. Du côté maternel, via Rumel el Masan et Alhabac, père de mère de ce dernier, on trouve Rodania, la jument ayant le plus de descendants dans le monde (après avoir été importée par la Grande-Bretagne au XIXe siècle, ndlr), et Crabet. Attilha, elle, descend de la lignée de Verana. Beaucoup de grands cracks français d’endurance ont les souches basses croisées de Rodania et Cherifa. Des recherches scientifiques récentes nous apprennent d’ailleurs qu’il y a eu des mutations génétiques infimes chez Rodania et Cherifa, ce qui semblerait indiquer un ancêtre commun. Ce mariage est donc extrêmement fort en termes de génétique. Cette dernière ne ment jamais!”
Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX (n°121).