Château Bacon et Nicolas Tayol lancent une première vente en ligne qui clôturera la Semaine digitale du Cheval ce week-end
Samedi et dimanche prochain, la première vente aux enchères en ligne Château Bacon conclura la Semaine digitale du Cheval. Fruit d’une collaboration entre Virginie Coupérie-Eiffel, organisatrice de concours, cavalière et éleveuse girondine qu’on ne présente plus, et Nicolas Tayol, cavalier et marchand de chevaux installé en Haute-Savoie, cet événement commercial propose une sélection de quinze produits âgés de deux à six ans, nés et/ou formés en France. À cinq jours du coup d’envoi des enchères, les deux associés évoquent leur démarche et leurs ambitions.
Comment vous est venue l’idée de cette première vente aux enchères commune?
Virginie Coupérie-Eiffel : J’organise des ventes depuis longtemps au château Bacon, notre domaine familial situé en Gironde, souvent en parallèle du Jumping de Bordeaux, qui attire toujours beaucoup de monde, début février. Cette année, quand j’appris l’annulation de l’édition 2021, en raison de la crise sanitaire, j’ai dû changer mes plans. Par le passé, j’organisais aussi des ventes de Noël, qui fonctionnaient bien, alors j’ai décidé d’avancer l’événement à décembre et de l’appuyer sur la Semaine digitale du Cheval. À partir de ce moment-là, Nicolas et moi avons foncé parce que le temps pressait! Lui réfléchissait depuis longtemps à l’idée d’une vente, et moi j’aime beaucoup travailler en partenariat car l’union fait la force! Comme il est installé tout près de la frontière suisse (à Ballaison, en Haute-Savoie, ndlr) et que les dates tombaient en plein CHI de Genève, autre événement qui attire beaucoup de passionnés, nous nous sommes dit qu’il pourrait présenter chez lui tous les chevaux en cours de formation, âgés de quatre à six ans, et moi les chevaux d’élevage au château Bacon. Et puis le CHI de Genève a été annulé, alors nous avons décidé que cet événement serait à 100% digital.
Nicolas Tayol : Cette idée a germé à Fontainebleau pendant la Grande Semaine de l’élevage. Puis, Virginie m’a parlé de l’initiative de la Semaine digitale du Cheval et m’a évoqué son souhait d’effectuer une belle sélection de jeunes chevaux pour essayer de mettre sur pied une vente à la fin de cette Semaine digitale. Nous avons beaucoup échangé durant les semaines suivantes. Dans un premier temps, nous avons songé à organiser deux soirées de ventes physiques à l’amiable, puis l’évolution de la situation sanitaire nous a encouragés à revoir notre copie. Nous avons alors saisi cette occasion pour organiser deux sessions d’enchères en ligne. Non seulement c’est dans l’air du temps, mais Virginie et moi aimons innover, alors nous nous sommes lancés!
Nicolas, vous concernant, c’est une première, en termes d’organisation d’événement commercial.
Nicolas Tayol : Oui, en effet. Depuis que j’ai créé ma société, j’ai toujours sélectionné, acheté et vendu des chevaux. Ce qui me plaît dans cette initiative commune est que Virginie et moi partageons de nombreuses valeurs, appartenant tous deux à des familles d’éleveurs, de femmes et d’hommes de cheval passionnés. Nous élevons et voyons grandir nos chevaux. Et nous les sélectionnons avec les mêmes critères: modernité, charisme et intelligence. L’un comme l’autre, nous adorons regarder sauter un jeune cheval, en liberté ou sous la selle, et imaginer sa future carrière.
Virginie Coupérie-Eiffel : Et pour moi, vendre aux enchères sera une première, ce que je trouve très excitant!
“Mettre à l’honneur le savoir-faire français, en matière de sélection, élevage, formation et valorisation”
Historiquement, il y a toujours eu pas mal de ventes de chevaux de trois ans et de foals. Depuis quelques années, on voit aussi se développer de nombreuses ventes d’embryons. De votre côté, vous avez privilégié une sélection mixte, avec des sujets âgés de deux à six ans. Qu’est-ce qui a motivé ce choix?
Nicolas Tayol : Nous nous sommes dit que nous devions nous distinguer des autres. En France, contrairement à ce qu’on peut observer aux Pays-Bas, en Belgique ou ailleurs, il existe peu de ventes de chevaux de sport en cours de formation. Nous avons souhaité emprunter cette voie, et mettre en valeur le savoir-faire à la française, avec des chevaux nés et/ou élevés et formés en France. C’est une première, qui plus est en ligne, et nous espérons que le succès sera au rendez-vous.
Virginie Coupérie-Eiffel : Oui, l’idée est vraiment de mettre à l’honneur le savoir-faire français, aussi bien en termes de sélection génétique, que d’élevage, de formation et de valorisation. Nous voulons récompenser cette méthode douce, artisanale et proche de la nature, où l’on prend peut-être davantage son temps qu’ailleurs.
Nicolas Tayol : Même si les ventes ont lieu en ligne, tous les chevaux peuvent être vus et, selon leur âge, essayés, chez Virginie ou chez moi, jusqu’au 11 décembre. Il suffit simplement de nous contacter. D’ailleurs, j’ai déjà reçu les visites de Nicolas Delmotte et Mark McAuley. En outre, nous avons joué le jeu de la transparence en publiant sur notre plateforme les radios, rapports vétérinaires et vidéos, ce qui donne une photo très complète de chaque cheval. Sur demande, nous pouvons évidemment transmettre davantage d’informations.
Virginie Coupérie-Eiffel : De même, les pouliches et poulains stationnés chez moi sont visibles. J’ai également deux chevaux de cinq ans qui étaient qualifiés pour la Grande Semaine et que j’ai choisi de préserver, donc qui n’ont jamais concouru au nord de la Loire. Comme Nicolas, sur demande, je peux fournir davantage d’informations, de photos ou de vidéos à tous les potentiels acheteurs. Je l’ai d’ailleurs fait ces derniers jours avec des clients étrangers.
Comment avez-vous opéré cette sélection?
Nicolas Tayol : Certains chevaux étaient déjà dans nos écuries, et nous en avons acheté d’autres en vue de cet événement. Nous avons essayé de nous mettre à la place de nos potentiels clients. Le fait de travailler à deux, plus trois autres personnes qui ont intégré notre comité de sélection, nous a permis à l’un et l’autre de bénéficier d’un regard critique sur nos présélections et de ne garder que les tout meilleurs sujets, correspondant au mieux à nos critères. De fait, nous allons peut-être regretter certaines ventes, mais nous avons préféré jouer le jeu à fond et donner à cet événement une image de qualité.
Virginie Coupérie-Eiffel : Il y a des chevaux de mon élevage, bien sûr, dont certains qui n’ont jamais encore été mis en vente. De fait, je vends rarement mes produits avant l’âge de cinq ou six ans. D’une manière générale, nous avons favorisé des chevaux avec de l’influx, de l’instinct, de la sensibilité et une volonté sans faille de donner du plaisir à leur cavalier. J’ai grandi avec ces chevaux-là, Selle Français et Anglo-Arabes. Ce ne sont pas toujours les plus puissants, mais les croisements avec des pères étrangers nous permettent de compenser cela de génération en génération, ainsi que de progresser en termes de locomotion. Qu’ils concourent avec des cavaliers professionnels ou amateurs, l’idée est qu’ils soient toujours compétitifs à leur niveau.
En termes de génétique, on observe une grande diversité, et pas uniquement des origines à la mode…
Nicolas Tayol : Contrairement aux vendeurs d’embryons, nous nous sommes concentrés en priorité sur la qualité intrinsèques des chevaux, même si nous savons que les origines jouent un rôle important, notamment pour les clients en quête de futures poulinières. Il y a d’ailleurs neuf juments parmi notre sélection de quinze produits.
Virginie Coupérie-Eiffel : Compte tenu de notre objectif de mise en avant du savoir-faire français, il y a surtout des chevaux français, onze SF et une Anglo-Arabe, dont certains issus de la souche originelle de l’élevage de Bacon, qui me tient très à cœur, et d’autres de juments performantes que j’ai montées, mais il y a aussi un KWPN de quatre ans, une BWP de cinq ans et une sBs de six ans. Tous trois ont été formés depuis leur plus jeune âge par des cavaliers français sur les circuits de la Société hippique française. Il y des produits à former et d’autres prêts à concourir, et une majorité de juments, provenant de belles souches, dont certaines ont déjà eu d’excellents résultats sur les circuits Jeunes Chevaux, mais aussi deux entiers et des hongres. Bref, nous avons essayé d’avoir une offre aussi complète que possible.
Cette initiative a-t-elle vocation à perdurer au-delà de cette si particulière année 2020?
Nicolas Tayol : Oui, c’est clairement notre objectif. Nous avons travaillé comme des fous ces deux derniers mois pour mettre tout cela sur pied, alors autant continuer sur notre lancée! L’avenir nous dira à quel rythme nous pourrons le faire. Et en fonction de cela, nous élargirons peut-être notre processus de sélection à davantage d’éleveurs et propriétaires.
For Win de la Brune (Canturo et Pialotta de la Brune par Fidji du Fleury) © Manon Lane