Ils ont fait briller la France en finale de la Coupe du monde

Inscrite dans le calendrier de la Fédération équestre internationale depuis 1979, la finale de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles n'a été remportée qu'une seule fois par un cavalier français: Bruno Broucqsault. Revivez en images et à travers des témoignages l'histoire du drapeau tricolore en finale de la Coupe du monde.



© Jan Gyllensten

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S’il n’a étrangement disputé que deux finales de Coupe du monde au cours de sa carrière, le grand Éric Navet avait terminé neuvième de celle de Del Mar, en 1992, avec Roxane de Gruchy (SF, Le Sartillais x Éclat, Ps). 

“La finale de Del Mar s’était courue dans un grand stade. Il y avait des tribunes couvertes tout autour de la piste, avec un espace VIP au milieu. À l’époque, il n’y avait même pas de toit au-dessus! Pour que cela ressemble à un concours indoor, les organisateurs avaient tendu une toile au-dessus de la piste. Je retourne souvent en concours là-bas, puisque j’habite aujourd’hui juste à côté. Depuis, le toit a été prolongé au-dessus de la piste. Ce qui faisait la différence, c’était surtout la taille de la piste, bien plus grande que celles de la majorité des autres concours hivernaux. C’était immense! Cela m’avait avantagé dans le sens où Roxane était une grande jument qui avait besoin d’espace pour se sentir à son aise. De ce fait, cette finale était agréable à monter. La concurrence était rude avec les frères Whitaker, Nick Skelton, les Allemands Franke Sloothaak, Ludger Beerbaum et Otto Becker, sans compter les Américains. Et contre toute attente, cette finale avait été gagnée par l’Autrichien Thomas Frühmann et Genius (Han, Genever x Don Carlos). L’épreuve de vitesse avait été difficile pour nous parce que Roxane n’était pas très rapide. Comme nous avions aussi renversé une barre, nous avions terminé assez loin de la tête. Nous étions alors remontés au fil des tours, notamment le dimanche, où nous avions réussi l’un des seuls doubles sans-faute!”

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Après deux premières finales moyennes, Alexandra Ledermann avait obtenu son meilleur résultat en 1997 à Göteborg, se classant dixième avec le majestueux Rochet Rouge M (SF, Jalisco B x Le Tyrol). 

“Je ne me souvenais même plus de mon résultat! Pour être honnête, j’ai peu de souvenirs de cette finale… Ce ne fut pas une grande réussite, sans toutefois être une catastrophe. La seule chose dont je me souvienne est que nous avions fait les fous dans un parc d’attractions avec plusieurs journalistes, dont Pascal Renauldon et Pierre Costabadie! En revanche, je me rappelle bien ma première finale, en 1992 à Del Mar. C’était tellement inattendu et nouveau pour moi! C’était une finale spéciale parce qu’elle s’était disputée à l’extérieur. Pour respecter le règlement de la FEI, ils avaient tendu un filet au-dessus la piste! Le parc était magnifique, avec des obstacles à thèmes. Je me souviens de très gros parcours et que ma petite Punition (SF, Turf du Lude, TF x A Tempo, Ps), qui toisait 1,61m, s’était donnée comme jamais! Elle sautait vraiment avec son cœur. Cette finale a été le déclencheur de ma carrière. Mes amis Danièle et Dominique Mars, futurs propriétaires de Rochet, étaient venus m’encourager. Ils n’avaient pas encore de chevaux à l’époque, et avaient été tellement grisés et séduits par l’atmosphère qu’ils avaient eu envie de m’en acheter un. Ils m’avaient dit qu’ils viendraient m’applaudir aux Jeux olympiques de Barcelone! Comme nous étions sur la longue liste, ils croyaient que les quatre finalistes de Del Mar (Alexandra, Éric Navet, Roger-Yves Bost et Philippe Rozier, ndlr) seraient sélectionnés pour Barcelone, ce qui n’avait pas été le cas! (rires) Du coup, ils ont décidé d’acheter Rochet pour les JO suivants! Et cela a fonctionné (le couple ayant décroché le bronze individuel à Atlanta, ndlr)...”

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À ce jour, Bruno Broucqsault reste le seul Français à avoir triomphé en finale, en 2004 à Milan, aux rênes de Dilème de Cèphe (AAC, Starky d’Anchin x Et Hop).

“Si je me souviens bien, j’avais marqué des points à Oslo, Helsinki et Berlin, puis validé ma qualification pour la finale à Malines. J’avais conclu la série à Bois-LeDuc, où j’avais encore marqué des points. Dilème était vraiment en forme et sautait très bien. J’étais très déterminé. Nous avions mis tous les atouts de notre côté afin d’arriver à Milan dans les meilleures conditions possibles. J’avais aussi la chance de pouvoir compter sur un bon sélectionneur (Jean-Maurice Bonneau, ndlr) et une équipe qui m’était fidèle depuis très longtemps. Tout s’était déroulé comme nous l’espérions. Je suis évidemment très content d’avoir remporté cette finale! Cela reste un superbe souvenir et forcément une fierté d’être le seul Français à y être parvenu. Pour la France et pour moi, c’était incroyable. Gagner cette compétition, de même que les championnats d’Europe et du monde, c’est toujours difficile parce que cela se joue sur plusieurs jours. Il faut des chevaux très réguliers, car la moindre faute est souvent fatale!”

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Lors de la même finale de Milan, en 2004, Eugénie Angot s’était classée à une fort belle quatrième place avec Cigale du Taillis (SF, Jalisco B x Galifol). 

“Nous avions passé une superbe semaine, notamment parce qu’elle s’était bien passée pour Bruno Broucqsault et moi! Nous étions quatre Français (Hubert Bourdy et Jean-Marc Nicolas s’étaient également qualifiés, de même que Yann Candelé et Christophe Barbeau, qui montaient respectivement pour le Canada et la Suisse, ndlr), ce qui était assez rare. Je retiens surtout qu’il y avait un très fort esprit d’équipe, même si cette compétition était individuelle. Nous étions très soudés et tout le monde s’entraidait. Moi, je vivais ma première finale, puisque je venais d’être parachutée au plus haut niveau. Tout me paraissait formidable. De mémoire, la finale était belle et vraiment difficile. Je me souviens que même les cavaliers les plus expérimentés pestaient un peu lors des reconnaissances, trouvant les parcours très gros, surtout le dernier jour! Moi qui étais toute nouvelle, j’avais forcément trouvé cela très difficile. D’ailleurs, j’avais fauté sur le dernier obstacle du deuxième jour après avoir perdu un étrier. Sans cela, j’aurais pu jouer les trouble-fête! À vrai dire, ne plus figurer dans le tiercé de tête m’a aussi permis d’aborder le dernier jour plus sereinement. Je crois me souvenir que Bruno et moi avions réussi les deux seuls doubles sans-faute de cette ultime épreuve.”

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Qualifié cette année pour sa neuvième finale consécutive, Kevin Staut a terminé quatre fois parmi les sept premiers, obtenant son meilleur résultat, une troisième place, à Göteborg en 2013, associé à Silvana*HDC (KWPN, Corland x Widor).

“Les pays scandinaves sont passionnés de chevaux, et l’ambiance à Göteborg est toujours dingue. En 2013, il y avait eu du monde du premier au dernier jour! Pour moi, c’était l’année qui suivait les Jeux olympiques de Londres, donc nous traînions encore cet échec. C’était aussi le début de mes problèmes de dos et j’étais en pleine crise à cette période… Cela montre que le sport peut être très aléatoire! On peut aborder une échéance en forme et passer à côté, ou au contraire arriver avec des doutes et se révéler. J’étais content de cette troisième place, satisfait d’avoir retrouvé un bon niveau. Le dimanche, j’aurais pu éviter ma faute sur le deuxième obstacle en première manche. Mais lors de la seconde, nous étions un peu à bout de souffle, d’autant que cette finale était assez épaisse et difficile. Silvana avait donné le maximum d’elle-même. La victoire de Beezie Madden (avec Simon, KWPN, Mr Blue x Polydox) était très calculée, avec la belle équitation qu’on lui connaît. Steve a été le perdant de cette finale (avec Nino des Buissonnets, SF, Kannan x Narcos II, ndlr). L’année précédente à Bois-le-Duc, il avait terminé derrière Rich Fellers (vainqueur avec Flexible, ISH, Cruising x Safari, Ps) parce qu’il n’était pas allé assez vite au barrage. Là, il n’a pas voulu répéter la même erreur et a pris beaucoup de risques. Comme il a commis deux fautes, Beezie n’avait plus qu’à assurer son barrage. Steve a donné beaucoup d’intensité à cette finale, et a eu le mérite d’essayer. Silvana va très bien, elle vit toujours dans le même box qu’avant et nous continuons à la monter. Elle s’est très bien adaptée à sa nouvelle vie. Elle adorait sa vie d’athlète, mais elle a tourné la page et profite bien de l’herbe normande!”

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Le dernier résultat notoire d’une “Veste Bleue” en finale reste la brillante deuxième place de Pénélope Leprevost et Vagabond de la Pomme (sBs, Vigo d’Arsouilles x For Pleasure) en 2015 à Las Vegas.

“Vagabond est un cheval très agréable avec un sacré mental. Globalement, cette finale m’a paru agréable et assez facile pourlui. Il a toujours répondu présent. J’avais réussi à faire ce que j’avais planifié lors des reconnaissances. C’était un championnat dans le confort. Comme il était encore très jeune, nous étions allés à Las Vegas pour lui donner de l’expérience. C’était donc une très bonne surprise de terminer deuxièmes! Vagabond était un peu ému lors de la Chasse, mais très concentré. Le dimanche, je l’ai senti fatiguer sur les trois derniers obstacles de la première manche, d’autant que je lui ai demandé un gros effort sur l’oxer 10. De fait, je sentais que si je le ralentissais, il n’aurait pas assez d’énergie pour sauter correctement le dernier obstacle. Nous sommes restés dans notre bulle tout au long de la semaine. J’ai savouré ces parcours et j’étais très contente d’avoir choisi Vagabond! C’était la première fois qu’il prenait l’avion et qu’il participait à un championnat, et tout s’est bien déroulé!”

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°105.


© Arnd Bronkhorst/FEI