Le Coty, une histoire, deux femmes
Fin 2011, Ambre Husson a repris le haras du Coty, fondé au tournant des années 1990 par Borianna Chapron, épaulée par son défunt époux Gilbert. Même si elles n’ont pas pu se transmettre le patrimoine génétique ayant engendré Orégon, Kikuyu, Sangria et Améthyste, les plus belles perles du Coty, ces deux femmes partagent une authentique passion pour les chevaux de sport. Devenu haras et écurie de propriétaires à la faveur d’un programme de rénovation très réussi, ce charmant domaine de plus de quarante hectares, situé sur les hauteurs de Bonnières-sur-Seine, dispose de tous les atouts pour faire naître de futurs champions.
UNE LOCOMOTIVE NOMMÉE DÉSIRÉE
Le panorama ne manque pas de charme. En contrebas, la petite ville-dortoir de Bonnières-sur-Seine, située au bord d’un méandre du fleuve, à mi-chemin entre Paris et Rouen, et traversée par l’une des plus anciennes voies ferrées de France. Juste au-dessus, c’est l’autoroute A13, dont on entend à peine le trafic. Lorsqu’on franchit les portes du haras du Coty, on découvre un charmant domaine de quarante-quatre hectares, parcouru par un chemin serpentant entre deux coteaux de prés, nommés Coty sur le cadastre communal. Après la sécheresse estivale, mi-septembre, le vert a déjà repris ses droits dans cette zone humide sise aux confins des Yvelines et de l’Eure, de l’Île-de-France et de la Normandie. Dans les herbages, sous le regard de leur mère, les poulains de l’année gambadent avec entrain, offrant un spectacle dont on ne se lasse jamais.
Le premier cheval né ici, en 1990, fut une jument, Câline du Coty (ICC 122, SF, Quappa x Nebos, Ps), qui concourut en complet au niveau Amateur après s’être bien comportée sur le Cycle classique à cinq et six ans. Deux ans plus tôt, Borianna et son époux Gilbert Chapron, ancien directeur de la société de promotion immobilière Cogedim, avaient acquis la ferme, dont les champs étaient alors cultivés et dont le bâtiment principal était une stabulation à vaches. “L’homme qui nous a vendu l’exploitation voulait prendre sa retraite. Et Régis Spillemaecker, qui était alors installé au centre équestre de la Houssaye, juste à côté, nous a vendu la maison qui est située tout près”, raconte cette septuagénaire enjouée. “Nous avons transformé la stabulation en une écurie de douze boxes et avons fait construire un hangar pour entreposer le foin et la paille. Au début, mon mari et moi avons essayé d’être autosuffisants pour nourrir nos chevaux, alors nous produisions nous-mêmes notre avoine, notre orge et notre foin. Vu la superficie, on m’a vite conseillé d’acheter des poulinières et de les faire se reproduire.”
Pour se lancer, Borianna Chapron suit d’abord son instinct. “Au début, j’ai acheté une fille d’Anglo-Arabe, puis des Pur-sang, en suivant mon ressenti. En fait, je me suis un peu fait avoir, parce que celles-ci ne correspondaient pas trop aux attentes des Haras nationaux, qui ne considéraient plus cette race comme amélioratrice pour le Selle Français. Du coup, j’ai commencé à utiliser des étalons privés, ce qui était encore assez rare à l’époque. J’ai commencé par Narcos II (dès 1990, ndlr), puis Quidam de Revel, Quick Star et quelques autres”, témoigne encore l’éleveuse retraitée. “J’étais proche de Philippe Canet, le père de Guillaume, qui avait un haras près de Civry-la-Forêt (à vingt-cinq kilomètres au sud de Bonnières, ndlr). Nous allions aux concours d’élevage ensemble et nous donnions beaucoup de mal pour bien présenter nos poulains. C’était une période très sympa, qui m’a laissé les meilleurs souvenirs. Mes produits ont régulièrement été primés dans ces concours. Après, c’était plus compliqué parce que je n’avais pas les moyens de les faire valoriser pour bien les commercialiser. Au début, je n’avais que des stagiaires de temps en temps, puis j’ai embauché une cavalière, et puis un autre, qui venait régulièrement débourrer les plus jeunes.”
Après le décès de son mari, en 1994, Borianna restructure quelque peu son activité. “Pour pouvoir maintenir ce que nous avions construit, j’ai décidé de prendre des chevaux en pension et de travailler de façon plus professionnelle. Pour avoir un statut d’exploitante, j’ai même pris des cours dans un lycée agricole, ce qui m’a beaucoup aidée.” Côté élevage, Ombelle du Pontot (Hamster, AA x As du Beaumanoir) donne naissance à quelques bons produits, dont Funny Girl du Coty, (ISO 133, SF, Quidam de Revel), Jacaranda du Coty (ICC 133, SF, Calypso d’Herbiers), huitième du championnat des chevaux de six ans en 2003 à Arnac-Pompadour avec Catherine Lacroix, et surtout Orégon du Coty (ICC 145), propre frère de Jacaranda, valorisé jusqu’en CCI 5*-L par Sylvain Davesne avant de finir sa carrière avec l’Italienne Evelina Bertoli. Quant à elle, Qikrane de la Loge (SF, Double Espoir x Brilloso) offre à Borianna Chapron Indigo du Coty (ISO 135, SF, Urleven Pironnière).
UNE LOCOMOTIVE NOMMÉE DÉSIRÉE
Avec Désirée du Val (SF, Quidam de Revel x Narcos II), que la Francilienne acquiert en 1996, la qualité fait un bond en avant. Cette jument baie est issue d’une souche ayant donné plusieurs gagnants à 1,50m, dont l’étalon Apple de River (ISO 162, SF, Narcos II x Jalisco B) et son frère utérin Fénix de River (SF, Aiglon Rouge), tous deux nés chez Fréderic-Henri Monneron, en Eureet-Loir, ainsi que Kimoni du Château Belle Vue (sBs, Lys de Darmen x Narcos II). En 1998, elle engendre Kikuyu du Coty (ISO 170, SF, Voltaire), produit le mieux indicé du Coty à ce jour. “Quand je la faisais sauter dans mon petit rond, à partir de deux ans, elle était vraiment impressionnante”, se rappelle sa naisseuse. Formée par Jack Grandpierre, cavalier de l’élevage, celle-ci est acquise à cinq ans par Inès de Balanda, la fille de Gilles. “Je suis très proche de la famille. D’ailleurs, j’étais allée voir Gilles (alors installé dans les Yvelines, ndlr) dès mes débuts”, se souvient Borianna Chapron. “Je crois même qu’il a débourré l’un de mes premiers chevaux. À l’époque, je le faisais beaucoup rire avec ma manière de m’occuper de mes chevaux! Depuis, nous sommes toujours restés amis. Du reste, c’est Nadine, la mère d’Inès, qui m’avait fait acheter Désirée. Kikuyu est le premier cheval que j’ai réellement bien vendu et l’on peut dire qu’Inès a vu juste.”
Philippe Lazare, Olivier Guillon, Gilles et surtout Inès, tous établis dans un périmètre relativement réduit entre l’Eure et les Yvelines, achèvent la formation de la jument. Deuxième du Grand Prix CSI 2* de Riom à huit ans, le couple se classe encore à ce niveau l’année suivante à Arezzo, puis dans des Grands Prix à 1,50 m à Hérouville-Saint-Clair, San Lazzaro et Manerbio la saison suivante, avant de gagner les épreuves reines du CSI 3* de Béthune et du National Pro Élite de Fontainebleau, en 2008. Ces performances encouragent Gilles de Balanda, alors sélectionneur de l’équipe de France, à sélectionner Inès et Kikuyu pour les Coupes des nations des CSIO 5* de Falsterbo et CSIO 4* de Prague et Zagreb, avec à la clé une deuxième place puis deux victoires. Au printemps 2009, après un début de saison un peu moins brillant, la cavalière confie la jument à son ami Olivier Guillon. Les deux s’entendent très vite et bien, remportant le Grand Prix CSI 3* de La Courneuve, puis une épreuve à 1,50m au CSI 5* de Cannes et contribuant surtout à la médaille d’or de l’équipe de France aux Jeux méditerranéens de Pescara. Inès récupère sa jument dès la fin de l’été et glane quelques classements, avant de lui offrir une jolie retraite un an plus tard. Disparue en décembre 2013, elle n’a malheureusement pas laissé de descendance malgré une tentative de croisement avec Diamant de Semilly en 2012.
Désirée du Val est aussi la mère de Joyce du Coty (SF, Diamant de Semilly), elle-même à l’origine de Rhéa de l’Ici (ISO 139, SF, Highlander One) et Ugolin d’Authou (ISO 144, SF, Kannan), ainsi que de Maneken du Coty (ISO 148, SF, Darco), classé en CSI jusqu’à 1,60m avec la Britannique Louise Morley avant d’être exporté aux États-Unis, de l’étalon Pimm’s du Coty (ISO 145, SF, Kannan), classé jusqu’en Grand Prix CSI 2* avec Frédéric Lagrange, de Quarry du Coty (ISO 139, SF, Kannan) et d’Améthyste du Coty (ISO 159, SF, Diamant de Semilly), la dernière pépite née chez Borianna Chapron, formée par Erwan Cadiou et gagnante d’épreuves cotées jusqu’à 1,50m avec l’Italien Luca Maria Moneta. “Je l’ai revue l’an passé à l’Hubside Jumping de Grimaud, et cela m’a fait très plaisir. Elle ne manque pas de sang, et Luca s’en occupe très bien”, dit encore Borianna, établie juste à côté de l’écurie du golfe de Saint-Tropez après avoir vécu plusieurs années dans une réserve d’Afrique du Sud. “Je suis partie là-bas après la cession de l’élevage. Les lions, girafes et antilopes ont un peu remplacé mes chevaux, mais je dois avouer que ma passion s’est ravivée depuis qu’il y a tous ces concours à dix minutes à pied de chez moi!” Enfin, Désirée a aussi donné Carlita de Gaïa (ISO 150, SF, Levistan), troisième du championnat des six ans en 2018 avec Thomas Lévêque. “Tous les produits de cette jument sont excellents, c’est incroyable”, admire son ancienne propriétaire.
ET DAÏKIRI ENGENDRA SANGRIA
L’autre grande matrone du Coty, bien que moins régulière dans sa production, est à n’en pas douter Daïkiri des Forêts (SF, Muguet du Manoir x Ukase), qui n’est autre que la mère de Sangria du Coty (ISO 164, SF, Quincy). Moins bien indicée – pour l’heure – que Kikuyu, la baie est devenue la plus glorieuse ambassadrice du haras bonniérois. Vendue à deux ans à Julie Étourneux, une jeune cavalière vendéenne qui l’a élevée et débourrée, elle débute en concours Club et sur le Cycle libre, avant de séduire Swann Bourven, qui la forme de cinq à huit ans, âge où elle n’évolue encore qu’à 1,35 m. Elle séduit alors Roger-Yves Bost, en quête de nouveaux chevaux pour les Jeux olympiques de Rio. Après seulement quelques mois de travail, début 2015, le couple se classe en Grands Prix CSI 2* à Oliva et Chantilly, avant de gagner le Grand Prix CSI 3* de Vermezzo. En 2016, c’est Sydney une Prince (ISO 174, SF, Baloubet du Rouet x Alfa d’Elle) qui participe au triomphe olympique de l’équipe de France sous la selle de Bosty, mais Sangria n’est pas en reste, finissant septième du Grand Prix CSI 5* de Hong Kong, puis quatrième à Cannes et troisième du Grand Prix CSI 4* de Valence. En 2017, malgré une élimination, le duo gagne la Coupe des nations de La Baule. La confiance revient, et Philippe Guerdat le sélectionne pour les championnats d’Europe Longines de Göteborg, avec à la clé deux bons parcours sur trois, mais une décevante septième place collective. Cinquièmes de l’étape de la Coupe du monde de Malines, Bosty et Sangria se classent treizièmes de leur première finale du circuit Longines, au printemps 2018 à Paris. Hélas, la jument se blesse lors de la Coupe des nations du CSIO 5* de Rome, manquant les Jeux équestres mondiaux de Tryon. Heureusement, la forme revient au fil de la saison 2019, marquée par des performances dans le Grand Prix CSI 5* de Windsor, la Coupe des nations CSIO 5* de Sopot, une victoire dans le Grand Prix CSI 4* de Valence, une bonne finale de Global Champions League à Prague et enfin une troisième place dans le Grand Prix CSI 5* de Villepinte.
En 2020, année grandement perturbée par la pandémie de Covid-19, la paire continue sur sa lancée dans les épreuves majeures du CSI 5*-W de Bordeaux (cinquième) et de CSI 5* disputés à Doha (troisième) et Grimaud (cinquième). “Je suis ravie de voir Sangria concourir à ce niveau, mais aussi de pouvoir lui rendre visite de temps en temps dans les écuries de Grimaud. Bosty l’adore. Il me dit toujours que c’est sa jument préférée - peut-être est-ce pour me faire plaisir! En tout cas, je rêve de les voir aux Jeux olympiques”, reprend Borianna. “Il y a d’autres bons produits de Daïkiri, mais je les ai moins revus car la plupart d’entre eux ont été exportés jeunes: un en Suisse, un autre dans un pays nordique et un autre encore en Afrique, lors d’une vente Fences.”
Pour être complet quant au premier chapitre de l’histoire équine du Coty, citons une dernière poulinière, Palisandra (ISO 141, Westph, Pakt x Zeus, ex-Gordios), ancienne partenaire de Frédéric Boilevin et Eugénie Angot, qui a mis au monde Royaltie du Coty (ISO 139, SF, Jaguar Mail), puis Schilling du Coty (SF, Jazz Band Courcelle), étalon approuvé en 2009 à Saint-Lô, adjugé 25 000 euros aux ventes Nash dans la foulée et dont on a perdu la trace par la suite. Malheureusement, tout ce patrimoine génétique a peu à peu quitté Bonnières, la propriétaire des lieux ayant vendu ses chevaux un à un, y compris ses dernières poulinières. Ainsi, aucun poulain n’y naîtra entre 2010 et 2016.
Fin 2011, lorsqu’elle reprend l’exploitation, Ambre Husson repart donc d’une feuille blanche mais avec le franc soutien de ses parents, respectivement avocat d’affaires et sophrologue. Un sacré défi pour cette jeune cavalière qui a grandi dans la région et été formée notamment au centre équestre... de la Houssaye, repris entre-temps par Michel Ismalun, instructeur et chef de piste international. “Les chevaux ont toujours fait partie de nos vies, y compris de celles de mes frères et sœurs”, raconte Ambre. “Mon histoire avec le Coty a commencé par un cheval malade, Moohican (SF, Un Ami du Houley x Chat d’Or), avec lequel je concourais en Club et qui a dû être opéré pour se faire retirer des mycoses dans les poches gutturales. Comme il avait été pris en charge un peu tard, sa convalescence a demandé un suivi très étroit, ce qui n’était pas possible là où j’étais. C’est ainsi que j’ai rencontré Madame Chapron. De fil en aiguille, j’ai compris qu’elle aspirait à passer à autre chose. À ce moment-là, mes parents cherchaient à acquérir une structure. Nous ne savions pas trop où cela nous mènerait, mais nous nous sommes tout de suite sentis bien dans cet endroit, paisible et parfaitement situé.”
AMBRE HUSSON, PRÉCOCE ET DÉTERMINÉE
Les Husson entreprennent de grands travaux de rénovation. En quatre ans, un nouveau barn sort de terre, un garage est transformé en club-house, les allées et cours sont pavées avec goût, et une grande piste en sable est aménagée en contre-bas. L’élevage se mue alors en haras du Coty, où se développe vite une écurie de propriétaires. “Cela me semblait essentiel, aussi bien pour élever et former mes chevaux dans de bonnes conditions que pour recevoir des clients. De fait, accueillir des chevaux en pension, de sport comme d’élevage d’ailleurs (à l’instar des poulinières produisant pour l’affixe Verdoso, ndlr), m’assure des revenus complémentaires stables, et leurs propriétaires sont les premiers acheteurs potentiels de mes produits”, explique Ambre, qui a parfait sa formation auprès de Virginie Coupérie, au château Bacon, en Gironde, après avoir obtenu un bac scientifique, suivi des études de biologie par correspondance et validé un BTS productions animales. “Toute cette organisation, que j’ai imaginée jeune, me permet de vivre au plus près de mes poulains et de les manipuler régulièrement, ce qui facilite d’autant leur débourrage et leur formation.”
La première poulinière de la jeune éleveuse, Parme de Hus, est une fille Z de Pilot*de Hus et de Minne I, laquelle n’est autre que la mère de Conrad de Hus (Holst, Con Air), vice-champion d’Europe en 2015 à Aix-la-Chapelle avec le Belge Grégory Wathelet. À Bonnières, Parme a engendré Gatsby du Coty (SF, Kannan), puis Kelstar du Coty (PFS, Very Star Kerveyer). Pour sa part, Uelva de Preuilly (SF, Diamant de Semilly x Jalisco B) a mis au monde Hermione du Coty (SF, Montender), puis Jaël du Coty (Delstar Mail). Kaliste de Bacon (AA, Quercus du Maury x Iago C) a donné naissance à Helma Muze du Coty (SF, I’m Special de Muze), suivie de Kallie du Coty (SF, Qlassic Bois Margot). Ida du Mauger (SF, Aladin du Chesnay x Vésuve), elle, est la mère de Hateïa du Coty (SF, Quincy), Ilya du Coty (SF, Canturo) et Kimya du Coty (SF, Conte Bellini), tandis que Talentieuze de Belval (PFS, Lancer, DRPon x Cosmos de l’Aumont, NF), échangée contre un cheval, est à l’origine d’Harmonieuze du Coty (PFS, Welcome Sympatico), Iley du Coty (PFS, Salam du Roc) et enfin Kennedy du Coty (PFS, Daho du Paradis). Pour gagner du temps et garantir le bien-être de ses juments, Ambre les fait principalement inséminer chez elle, avec de la semence réfrigérée.
Naturellement, tous ces équidés, dont les plus âgés sont attendus en 2021 sur le Cycle classique, devront faire leurs preuves en concours. “Je veux produire des performeurs, mais aussi des chevaux qui, même un peu moins performants, séduiront les clients. Ils doivent donc être modernes, avoir un joli look et une bonne tête. De ce fait, même si ce n’est pas mon idéal, je commence à apprécier les chevaux très fins et vifs”, avoue Ambre. Aujourd’hui âgée de vingt-quatre ans, elle forme elle-même ses produits, accompagnée de Calliane Decerle, qui gère notamment les débourrages. “Je travaille aussi beaucoup avec Sylvain Misraoui, qui est installé à un kilomètre d’ici, de l’autre côté de l’autoroute. Je lui confierai les produits qui nécessitent un cavalier expérimenté, de même qu’il valorise déjà des chevaux de clients et des jeunes que nous avons achetés.”
En 2020, sans surprise, le commerce n’a guère été florissant. “Je n’ai vendu qu’un foal, mais ce n’est peut-être pas si grave. Je cèderai peut-être les autres à un prix plus avantageux dans quatre ans. D’ici là, les bons chevaux se feront peut-être remarquer plus facilement. En tout cas, je préfère voir le verre à moitié plein. Je pense également présenter prochainement quelques poulains dans des ventes aux enchères, ce qui permet de gagner de l’argent, mais aussi de se faire connaître. Je devais le faire cette année, mais je me suis laissé encore un peu de temps vu les restrictions sanitaires. En attendant, tout se passe bien. De plus, j’ai eu la chance de faire naître beaucoup de femelles, ce qui me permettra de renouveler sans souci mon cheptel de poulinières.”
Même si elle a pu conserver l’affixe du Coty, avec la bénédiction de Borianna Chapron, la jeune Francilienne aurait évidemment aimé pouvoir exploiter les anciennes souches du Coty. “Je trouve dommage de ne pas avoir pu les racheter ou les récupérer, car Madame Chapron a produit de bons et très bons chevaux en vingt ans. Je pense notamment à celle de Désirée du Val, qui est morte il y a quelques années. Quand je suis arrivée, il n’y avait plus que la jument d’un client et deux hongres. Plus tard, j’ai essayé de racheter une jument, mais je n’ai pas réussi. Et puis beaucoup de produits de Madame Chapron ont été exportés, ce qui complique les choses. Si je pouvais mettre la main sur un embryon, je le ferais, car cela permettrait de récréer un lien et de satisfaire d’anciens clients qui me recontactent parfois.”
Ayant pris du plaisir à participer aux concours d’élevage, notamment avec les produits de sa ponette, Talentieuze, Ambre s’interroge aujourd’hui quant au réel intérêt de ces rassemblements, entre valorisation des talents innés des équidés et prime à la préparation, voire à la sur-préparation... “En dehors des chevaux naturellement très bons et précoces, que je destinerais volontiers aux ventes aux enchères, je préfère laisser grandir et mûrir tranquillement mes chevaux. Après tout, combien de poulains primés jeunes disparaissent du circuit après...” En 2021, la jeune femme attendra trois produits de Qlassic Bois Margot, deux de Conte Bellini et deux d’Eldorado van de Zeshoek. Depuis le Var, où elle coule une retraite joyeuse, Borianna Chapron ne souhaite que le meilleur à la jeune femme. “Ambre est très passionnée. Ses parents l’ont bien aidée à développer le haras, et le résultat en vaut la peine. Je suis ravie que cette belle histoire se poursuive et je lui souhaite toute la réussite qu’elle mérite.” Alors, vivement l’arrivée sur les terrains de concours des produits “2.0” du Coty, en espérant que parmi eux émergent de dignes successeurs de Kikuyu, Sangria et Améthyste.
Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.