Julien Épaillard de A à M (partie 1)

Communément qualifié de surdoué, Julien Épaillard semble né avec un don naturel pour l’équitation. Récemment, le Normand a franchi un nouveau cap dans sa carrière en devenant numéro un français au classement mondial Longines des cavaliers. Est-ce seulement le fruit d’un piquet de chevaux de meilleure qualité, mené par l’élancée Queeletta, qui pourrait permettre au quadragénaire de vivre ses premiers Jeux olympiques l’été prochain à Tokyo? D’un regain de motivation lié à sa collaboration avec les écuries Chev’el? Ou bien d’une prise de conscience que c’est peut-être maintenant ou jamais qu’il faut tenter de marquer l’histoire? Quoi qu’il en soit, rien ne semble arrêter le redoutable et rapide pilote, que ses proches ont accepté de dépeindre à travers un abécédaire.



Ici avec son père Philippe et de son fils Brieuc, Julien attache beaucoup d’importance à la famille.

Ici avec son père Philippe et de son fils Brieuc, Julien attache beaucoup d’importance à la famille.

© Collection privée

A COMME ADAPTATION. Si l’on peut trouver à Julien Épaillard bien des qualités de cavalier, l’un de ses meilleurs atouts est sûrement sa capacité d’adaptation. Devenu professionnel en milieu des années 1990, durant lesquelles il a participé à deux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers, le Normand, qui évolue à haut niveau depuis plus de vingt ans, a vu une ribambelle de chevaux passer dans ses écuries. Entre le grand Mister Davier (SF, Quiniou x Leprince de Thurin), le généreux Cristallo A*LM (Holst, Casall x Corofino), le délicat Virtuose Champeix (SF, Rubins des Bruyères x Avec Espoir), l’appliquée Toupie de la Roque (SF, Kannan x Nabab de Rêve), le puissant Alibi de la Roque (SF, Mylord Carthago x Kannan) et l’élancée Queeletta (Old, Quality x Landor S), pour ne parler que des plus récents, on ne peut pas dire que Julien privilégie un modèle en particulier. “Il peut s’adapter très rapidement à n’importe quel cheval”, confirme Bertrand de Bellabre, qui suit le Normand depuis toujours et en a été l’entraîneur privé pendant près de neuf ans et demi jusqu’à récemment. “S’il a un partenaire plutôt lent, il sait le rendre rapide, mais il sait aussi canaliser ceux qui ont plus de sang. Même s’il a des préférences, il a toujours monté avec succès des chevaux différents.” Son père, Philippe Épaillard, ancien cavalier et gérant d’une structure équestre, cite sa capacité d’adaptation comme sa première qualité. “En fait, il utilise son cheval tel qu’il est construit, donc s’inscrit aux antipodes de l’équitation allemande, par exemple, où le cheval doit davantage s’adapter au cavalier.”

B COMME BON ÉLÈVE. “Julien a toujours été très attentif aux conseils que je lui donnais, et dont il a rapidement vu les fruits”, reconnaît Bertrand de Bellabre. “Pendant sa jeunesse puis quand il a fait appel à moi il y a une dizaine d’années, la communication a toujours été très simple entre nous. Je l’épaulais avec ses différents chevaux. En fait, nous travaillions sur des choses très simples; je l’aidais simplement à trouver la bonne direction ou rester sur la bonne voie. Il connaissait son métier, donc je n’avais pas besoin de lui dire comment sauter un vertical (rires)! En tout cas, j’ai l’impression que notre collaboration lui a été bénéfique, donc je suis heureux.” 

C COMME COACH. Depuis un peu plus d’un an, Julien Épaillard œuvre en tant qu’entraîneur pour les jeunes talents de l’écurie Chev’el, fondée par Sophie et Olivier Sadran. Après avoir lui-même connu un certain nombre de coaches, le quadragénaire se plaît à transmettre, à son tour, son expérience. Il accompagne notamment Jeanne et Louise Sadran, les deux filles de Sophie et Olivier, ainsi que Nina Mallevaey. Louise, quinze ans, alterne entre le circuit Poneys et les CSI 1* et 2*, débutant à 1,40m. De leur côté, Jeanne, dix-neuf ans, et Nina, vingt ans, ont été rapidement confrontées aux plus grands et évoluent désormais à haut niveau. Ainsi, la première citée a pu disputer trois Grands Prix CSI 5* cet été avec Vannan, dont deux à l’Hubside Jumping de Grimaud, ne concédant que cinq puis quatre points. Et la seconde a débuté cette année en Grands Prix CSI 4* avec Virtuose Champeix, hissé au plus haut niveau par Julien, signant une très belle troisième place mi-octobre à Saint-Lô. “Je suivais sa carrière depuis longtemps, même si je ne le connaissais pas personnellement”, raconte Nina. “Même si, à une époque, on le voyait moins que Kevin Staut ou Pénélope Leprevost, je l’ai toujours admiré. Il est très rapide et ne met jamais ses chevaux dans le rouge. Il vient parfois à la maison (l’écurie Chev’el est établie à Gauré, à une vingtaine de kilomètres de Toulouse, ndlr) pour nous entraîner, mais compte tenu de la distance et de la crise actuelle, nous travaillons davantage en concours depuis quelque temps. Pour autant, nous nous appelons régulièrement et nous lui envoyons souvent nos vidéos pour débriefer. Il nous pousse à être meilleures sans nous mettre de pression ou nous stresser, et il reste toujours positif, ce qui est très agréable. Ses conseils sont toujours bien dosés. Humainement, il est toujours détendu et a souvent la petite blague qui va bien! Je suis très heureuse de profiter de son expérience.”

D COMME DÉTAILS. Être le meilleur ne nécessite pas que des qualités sportives, surtout à haut niveau. Chaque ingrédient compte. “Julien est un entraîneur génial car il nous rend très pointilleux”, loue encore Nina Mallevaey. “Il nous a transmis son souci du détail et répète que perdurer à haut niveau demande beaucoup de précision, dans les soins et la gestion des chevaux, les embouchures, les petits réglages, la reconnaissance, etc. Chaque détail a son importance.” Un constat partagé par Brieuc Épaillard, le fils de Julien, très investi dans le milieu des courses. “Mon père est très drôle, mais il est aussi très rigoureux dans tout ce qu’il entreprend”, confie-t-il. “Rien n’est laissé au hasard. D’ailleurs, il est méticuleux même dans sa vie personnelle, et je crois que c’est ce qui fait la différence.”



Ici en selle sur Arpège Pierreville*HN, le Normand a eu la chance de se voir confier plusieurs étalons des Haras nationaux en début de carrière.

Ici en selle sur Arpège Pierreville*HN, le Normand a eu la chance de se voir confier plusieurs étalons des Haras nationaux en début de carrière.

© Scoopdyga

E COMME ÉQUIPE DE FRANCE. Ayant disputé sa dernière Coupe des nations au CSIO 5* de Gijón en août 2016 avec le puissant Quatrin de la Roque*LM (SF, Quick Star x Kannan), et couru son dernier CSIO à La Baule en 2018, Julien Épaillard s’apprêterait-il à retrouver enfin la veste bleue de l’équipe de France? On l’espère. Sa longue absence peut s’expliquer par le fait que l’Augeron, à une époque, disposait de chevaux peu aguerris et inadaptés à ces épreuves. Par exemple, son ancien cheval de tête, Usual Suspect d’Auge (SF, Jarnac x Papillon Rouge), avec lequel il a remporté le Grand Prix CSI 5* du Longines Paris Eiffel Jumping en 2017, puis celui de Doha en 2019, ne sauterait pas bien les rivières ni sur herbe. S’étant justifié à plusieurs reprises à ce sujet, le pilote nie avoir favorisé le lucratif double circuit Longines Global Champions Tour/Global Champions League (LGCT/GCL) au détriment du Coq. Pour rappel, il a fait partie de l’équipe des Saint-Tropez Pirates en 2017 et 2018, avant d’intégrer les Monaco Aces en 2019, aux côtés de Jeanne Sadran notamment. Et les épreuves du LGCT/GCL se disputent majoritairement sur sable et sans obstacle d’eau. “Bien sûr que j’aimerais le revoir en équipe de France, ce serait une consécration!”, s’enthousiasme son père, Philippe. “Sans la pandémie, il aurait probablement été sélectionné aux Jeux olympiques de Tokyo (peut-être avec Queeletta, seule monture de Julien figurant dans le Groupe 1 de la Fédération française d’équitation, ndlr), donc son retour était planifié. La route est encore longue, mais je lui souhaite de rester à ce niveau et de représenter la France dans les plus grands événements.” Thierry Pomel, sélectionneur des Bleus depuis 2019, dit aussi compter sur lui pour les prochains rendez-vous. “J’espère le revoir en Coupes des nations dès l’an prochain, pour l’équipe bien sûr, mais aussi pour lui et pour qu’il gagne des médailles. J’ai beaucoup d’admiration pour Julien et je lui souhaite vraiment de remporter des titres. Il a déjà eu de super résultats chez les Jeunes, et il mériterait de les réitérer en Seniors. Il était déjà dans mes petits papiers cette année, mais le projet a malheureusement avorté à cause de la Covid-19.”

F COMME FAMILLE. De l’extérieur, la famille semble très importante pour Julien. Au départ, c’est elle qui l’amène à se plonger dans le monde équestre. “À deux ans, il était déjà sur un Shetland, et il a sauté ses premières barres à cinq ans!”, sourit Philippe Épaillard. “Il y avait des chevaux partout à la maison, donc il a naturellement commencé très tôt à s’intéresser à eux. Je me souviens l’avoir accompagné partout en concours, jusqu’au fin fond de la Suisse, pour qu’il puisse progresser ! Cela représente beaucoup de kilomètres et de temps. Dès qu’il a eu son permis en poche, il a volé de ses propres ailes.” “C’est vrai que la famille compte beaucoup pour mon père”, confirme Brieuc Épaillard. “Nous nous réunissons assez souvent tous ensemble et il est toujours prêt à s’organiser pour nous voir. Nous avons aussi un groupe de discussion familial sur WhatsApp et il est toujours le premier à partager des vidéos!” Julien est aussi le père de Luis, onze ans, fruit de son heureux mariage avec Susana García-Cereceda, cavalière émérite et femme d’affaires espagnole. 

G COMME GAGNEUR. Même si les bases de données disponibles sur le site internet de la FEI ne sont pas complètes, on peut dire, sans prendre trop de risques, que Julien Épaillard fait partie des cavaliers européens ayant remporté le plus d’épreuves internationales de haut niveau ces dernières années, et toutes catégories confondues, puisqu’il excelle autant dans les épreuves contre la montre que dans les Derbies et Grands Prix. Depuis le 1er janvier 2015, le pilote a accroché pas moins de deux cent vingt et une épreuves internationales à son tableau de chasse! À titre de comparaison, Roger-Yves Bost, que l’on surnomme régulièrement “la Fusée”, en a remporté cinquante-cinq. Du côté des étrangers que l’on sait performants, le très efficace Italien Emanuele Gaudiano en compte deux cent trente-sept, et on en dénombre cent vingt-quatre pour le Britannique Guy Williams. En bref, quelle que soit l’épreuve, Julien Épaillard est toujours un adversaire coriace. “En Juniors, il voulait déjà tout rafler!”, se souvient Bertrand de Bellabre. “Ce n’était pas toujours facile de canaliser un compétiteur comme Julien. À l’époque, j’avais beau parfois lui donner des conseils pour mieux préparer ses abords ou travailler son galop, il ne comprenait pas tellement ce que je lui racontais parce qu’il gagnait toutes les épreuves sans avoir besoin de ça (rires)!” “Je pense que ce tempérament de gagneur lui vient de sa confiance en lui”, analyse Reynald Angot. Le champion du monde par équipes de Jerez de la Frontera, en 2002, est un grand ami de jeunesse de Julien, avec lequel il a fait ses armes près de Saint-Lô. “Il ne doute jamais de lui. Parfois, il doit réfréner son instinct pour ne pas aller trop vite, mais il gagne énormément d’épreuves grâce à son assurance.”

H COMME HARAS NATIONAUX. S’il a appris les bases de l’équitation au centre équestre familial, c’est au Haras national de Saint-Lô, dans la Manche, que Julien Épaillard a entamé son ascension vers le haut niveau. De 1987 à 1999, cette structure publique était dirigée par Guy Bideault, malheureusement décédé le 25 février dernier à quatre-vingt-deux ans. Précurseur dans l’élevage, celui-ci a largement poussé, aux côtés de Didier Domergue, son sous-directeur, pour que les étalons phares des HN soient valorisés à haut niveau, et n’a pas hésité à les confier à de jeunes cavaliers peu expérimentés. C’est notamment grâce à lui que Julien Épaillard a pu récupérer Arpège Pierreville (SF, Uriel x Jasmin), avec lequel il a obtenu le titre de champion d’Europe Juniors par équipes en 1996, Si Tu Viens (SF, Uriel x Ibrahim, Ds), sacré champion d’Europe Jeunes Cavaliers en individuel l’année suivante, ou encore Aferco (SF, Laudanum, Ps x Incitatus), médaillé de bronze par équipes aux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers en 1998.

I COMME INTROVERTI. À rebours du monde qui l’entoure, et de bien des cavaliers avides de fans et d’exposition médiatique, notamment pour séduire sponsors et partenaires, Julien Épaillard n’est pas du genre à se pavaner sur les terrains de concours, à déclencher des polémiques, et encore moins à étaler ses exploits et sa vie privée sur les réseaux sociaux. Il fait même partie des rares cavaliers à n’avoir ni page Facebook ni compte Instagram - il a supprimé celui-ci au cours de l’année! Si on le sait plutôt fêtard et doté d’un vrai sens de l’humour, le Normand n’est ni le plus communicatif ni le plus extraverti en public. Et avec la presse, il s’en tient au minimum exigé par le protocole. “Julien sait ce qu’il veut dans la vie et il est très déterminé, mais il peut parfois manquer un poil d’ouverture, dans sa vie professionnelle comme en privé”, concède son père. En d’autres termes, Julien Épaillard est un champion, pas une star.



J COMME JEUX OLYMPIQUES. Si les Jeux olympiques de Tokyo ont bel et bien lieu à l’été 2021, il y a fort à parier que Julien Épaillard fera au moins partie des candidats présélectionnés. S’il ne peut s’avancer trop rapidement, Thierry Pomel compte bien évidemment sur lui. “Aujourd’hui, Julien dispose d’un piquet de chevaux performant, large et de haut niveau. Et il a pris de la bouteille depuis le temps, il mûrit bien! (rires) Il a engrangé de l’expérience, perdant parfois des épreuves par excès de fougue. En tout cas, je pense qu’il a le métier pour aborder de grands rendez-vous. Il a de belles années devant lui.”

K COMME KARTING. “Julien aime les sports mécaniques, et pratiquait pas mal le karting (de même que la moto-cross et le quad, ndlr)”, se rappelle Reynald Angot. “À vrai dire, quand je pense voiture, je me souviens surtout de notre départ pour les championnats d’Europe de Klagenfurt (en Autriche, lors desquels Reynald avait été sélectionné en individuel avec Rosire*HN, SF, Uriel x Ultra Son, et Julien avec Si Tu Viens*HN, ndlr), en 1996. Nous avions pris sa voiture, une Renault Super 5 GT Turbo, pour nous rendre jusqu’à l’aéroport. Je nous revois encore, bloqués dans les embouteillages sous 40°C, étouffés par la chaleur... Sa voiture avait commencé à sérieusement chauffer à cause du radiateur qui tournait à bloc, alors nous avons dû la pousser sur le périphérique (rires)! Nous avons bien cru ne jamais pouvoir partir en Autriche! Heureusement, l’histoire s’est bien terminée puisque nous sommes rentrés avec deux médailles individuelles: l’or pour lui, et l’argent pour moi.”

L COMME LAITERIE DE MONTAIGU. Pour parvenir à se maintenir au plus haut niveau et revenir en équipe de France dans les années 2015 avec Quatrin de la Roque, Julien a pu compter sur la sympathique et passionnée équipe de la Laiterie de Montaigu. Très impliquée dans le secteur équestre depuis 2012, la marque lui a confié de nombreuses montures d’un niveau allant d’1,45 m à 1,60 m, telles que Cristallo A*LM, Shériff de la Nutria*LM (SF, Diamant de Semilly x Papillon Rouge) et Quatrin. Fin 2017, leurs chemins se sont séparés après six saisons fructueuses. “La Laiterie de Montaigu est heureuse d’avoir contribué à sa mesure aux succès de Julien Épaillard”, avait alors annoncé la société vendéenne, qui accompagne désormais Philippe Rozier. “L’entreprise et ses salariés remercient Julien et toute son équipe pour avoir porté leurs couleurs et leur souhaitent toute la réussite qu’ils méritent dans leurs futurs challenges sportifs.” 

M COMME MOTIVATION. La motivation est le carburant de toute réussite. Elle est d’autant plus indispensable pour un athlète de haut niveau, qui doit consentir à des sacrifices pour espérer devenir le meilleur. De l’extérieur, Julien semble avoir franchi un nouveau cap ces dernières années. Serait-ce le fruit d’un regain de motivation? “Comme tous les cavaliers, Julien en a besoin”, confie Bertrand de Bellabre. “Je sais, parce qu’il me l’a dit, qu’il a retrouvé une vraie motivation il y a un peu plus de deux ans et qu’il a eu envie de travailler davantage. À mon avis, le fait d’avoir de bons chevaux, de bons propriétaires et un beau projet à moyen terme le stimulent beaucoup. Coacher de jeunes cavaliers doit aussi pas mal lui plaire. Lorsque je l’ai eu au téléphone, récemment, il m’a dit qu’il bossait comme un acharné et qu’il était très motivé! Et je le crois sans l’ombre d’un doute parce qu’il lui est déjà arrivé de me confier être un peu démotivé. Julien est très entier.” “Nous sommes tributaires de la qualité de nos chevaux dans ce sport, donc j’imagine que son piquet le motive”, analyse Reynald Angot. “Il a un système qui fonctionne très bien aujourd’hui. Je pense qu’au fil des années, il s’est remis en question et a modifié ce qui ne marchait pas. Le talent, on a toujours su qu’il l’avait, mais la solution était davantage dans la gestion et la préparation de ses chevaux. Au début, il courait un peu après tout. Désormais, il a mûri et sait amener un cheval à être prêt le jour J. Il s’est forgé sa propre méthode grâce à son expérience, a pris de l’assurance, et cela paie aujourd’hui, ce qui me rend très heureux pour lui!”

La deuxième partie de cet article, paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX, sera publiée demain.