L'album photo de la famille Fuchs

Après un portrait familial paru hier, découvrez aujourd'hui l'album photo de la famille Fuchs. Revivez quelques-uns des plus grands moments de la carrière de Thomas, Markus et Martin Fuchs.



© Kit Houghton

PHOTO À DROITE.

Monture emblématique de Thomas Fuchs, la délicate Dollar Girl (ex-Dunja) lui a notamment permis de terminer septième des Jeux équestres mondiaux de Stockholm en 1990. 

“J’adorais la tête de Dollar Girl. C’était une grande jument exceptionnelle, qui est arrivée à la fin de ma carrière de cavalier. Elle partageait la tête de mon piquet de chevaux avec Major AC Folien (ex-Gandhi), que je n’ai pas gardé très longtemps mais avec lequel j’ai énormément gagné. Je l’aimais beaucoup, mais il ne fallait jamais aller contre lui. Il était très fainéant, ce qui nécessitait d’utiliser souvent la cravache. Ce n’était pas mon genre de cheval, je préférais les plus sensibles et difficiles, comme Dollar Girl, qui était délicate et très chaude! À Stockholm, j’avais complètement raté la première épreuve, j’avais même oublié la fin du parcours... Heureusement, j’ai ensuite enchaîné les sans-faute. J’avais déjà un peu d’expérience, puisque j’avais notamment couru les championnats d’Europe de Munich en 1981, où nous avions décroché une belle médaille d’argent. L’année suivante, j’ai remporté l’une de mes dernières médailles par équipes aux Européens de La Baule.”

PHOTO CI-DESSOUS.

Associé à Dylano, avec lequel il avait terminé quatrième de la finale de la Coupe du monde à Del Mar, en 1992 à Barcelone, Thomas Fuchs a achevé ses deuxièmes Jeux olympiques par une septième place individuelle. 

“Cette photo a été prise au Real Club de Polo de Barcelone. Dylano n’a honnêtement pas été le meilleur cheval de ma carrière, mais il se donnait énormément et connaissait son métier. Il n’était pas très respectueux mais il avait pas mal de moyens et était très agréable à monter en piste: facile et très courageux. Il arrivait à se sortir des combinaisons les plus compliquées. Je me souviens toutefois d’un enchaînement très dur lors de ces Jeux, qu’il n’avait pas su sauter sans faute. C’était terrible! Ces parcours stupides n’existent heureusement plus de nos jours. Dylano appartenait à ma femme, Renata; ils avaient même gagné les championnats de Suisse ensemble. Je l’ai récupéré après le départ de Dollar Girl, afin d’avoir un cheval pour ces JO. Je me suis retiré du haut niveau quelques années plus tard. J’étais un peu lassé et je n’étais pas assez dur avec moi-même. Depuis, je n’ai jamais eu envie de reprendre. D’ailleurs, je prends bien plus de plaisir à cheval aujourd’hui, sans pression.”

© Kit Houghton



© Kit Houghton

PHOTO À DROITE.

En 1988 à Séoul, Markus Fuchs a couru ses tout premiers JO aux rênes de Shandor, terminant septième par équipes et en individuel.

“Les JO ne ressemblent à rien d’autre. Nous sommes sur place pendant deux semaines pour une seule épreuve, contrairement à tous les autres concours où nous sommes très occupés. Cela peut être difficile à gérer. Shandor était assez jeune (neuf ans, ndlr) pour une telle échéance. Lors de la première manche, je me souviens d’un triple très embêtant. Les choix de distance étaient très compliqués: certains demandaient à leur cheval une foulée, et d’autres deux! Moi, j’avais mal négocié l’abord, et Shandor a refusé… Alors que je n’étais que quarante-huitième, je me suis qualifié in extremis pour la finale individuelle, grâce à la règle olympique (seuls trois cavaliers d’une même nation peuvent y avoir accès, ndlr). Nous avions une belle équipe avec mon frère Thomas, Walter Gabathüler et Philippe Guerdat. D’ailleurs, Walter avait dû monter Jogger, le cheval de réserve qui appartenait à mon frère, parce que le sien s’était blessé en arrivant (scénario qu’avait également vécu l’Allemand Ludger Beerbaum, qui avait dû monter The Freak, la monture de Dirk Hafemeister, après la blessure de Landlord, ndlr). Lors de la reconnaissance de la première épreuve par équipes, Thomas a motivé et aidé Walter en lui disant: “Ça c’est facile pour Jogger”, “Ça, c’est vraiment pour Jogger!” À la sortie, Philippe a demandé à Thomas: “Mais si tout est si facile pour Jogger, pourquoi tu montes Dollar Girl?” C’était très drôle!”

PHOTO CI-DESSOUS.

En 2001, Markus Fuchs et Tinka’s Boy ont remporté la finale de la Coupe du monde à Göteborg, terrassant Rodrigo Pessoa et Baloubet du Rouet, triples tenants du titre, devant qui ils s’étaient inclinés l’année précédente.

“J’ai remporté cette finale au terme d’un barrage incroyable contre Rodrigo et Baloubet. Ma victoire constituait une sacrée surprise! Je n’étais même pas censé y participer parce que je n’avais pas marqué assez de points. Mais cette année-là, une épidémie équine a frappé l’Europe, et le comité d’organisation craignait que les Américains ne viennent pas à cause de cela. Ils ont donc décidé de qualifier davantage d’Européens, dont moi! Finalement, tous les Américains sont venus, et ce fut un record de participation (quarante-cinq couples contre quarante habituellement, ndlr). J’ai poursuivi ma carrière sportive après le départ de Tinka’s Boy, puis j’ai arrêté en 2009. J’avais cinquante-neuf ans, je commençais à avoir mal au dos… J’avais aussi perdu un très bon cheval, emporté par une maladie, et il me fallait retrouver de jeunes à former. Mes propriétaires étaient toujours prêts à me soutenir, mais il me manquait la motivation pour tout reprendre à zéro, d’autant que les chevaux commençaient à coûter très cher à l’époque. Il y avait bien moins de CSI5* qu’aujourd’hui. Je suis peut-être un peu jaloux! (rires) En tout cas, je pense avoir arrêté au bon moment, juste avant la crise financière.”

© Scoopdyga



© Sportfot

PHOTO À DROITE.

Martin Fuchs a très tôt suscité la fierté de son père Thomas, notamment lorsqu’il a remporté le bronze individuel aux championnats d’Europe Juniors d’Auvers, en 2007, avec Karin II CH.

“Nous avions, à sa demande, inscrit Martin dans un centre équestre à mi-chemin entre notre maison et l’école. Il y montait quasiment tous les soirs. Il a été doué très tôt, notamment parce qu’il travaillait énormément. À l’école, il a attendu de gagner des épreuves pour oser dire à ses copains qu’il pratiquait l’équitation, qui était perçu comme un sport de filles. Sa mère et moi l’aidons encore beaucoup. Nous l’avons soutenu dès le début, sans trop en faire, car nous avions exagérément poussé notre premier enfant à monter à cheval, et il a fini par en avoir marre... Philippe (Guerdat, ancien coéquipier devenu ami, ndlr) m’a d′ailleurs souvent conseillé vis-à-vis de Martin à l′époque, parce qu’il connaissait la situation. C’est en plus avec un vieux cheval de Steve, son fils, que Martin a fait ses premiers concours!”

PHOTO CI-DESSOUS.

Aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, après avoir dû se contenter d’une médaille en chocolat par équipes, Martin Fuchs a décroché l’argent individuel avec Clooney 51, juste devant Steve Guerdat et Bianca, médaillés de bronze. 

“Il nous manquait une médaille individuelle en championnats, c’est désormais chose faite! C’étaient mes premiers JEM, donc cela ne commence pas trop mal… (rires) Ma famille a tenu un rôle important dans ce succès. J’ai commencé l’équitation avec ma mère, puis, après avoir acquis quelques bases, mon père a pris le relais et m’a épaulé. Malheureusement, mon frère n’a pas pu venir à Tryon, mais il me soutenait devant sa télévision! Il a même enregistré mon parcours de la première manche pour que je puisse l’analyser. Notre saison avait très bien commencé avec notre victoire dans le Grand Prix Longines du CSI5* de Bâle, mais Clooney a malheureusement dû être opéré de coliques en avril. Il s’en est bien remis, mais émotionnellement, cette année a été compliquée. Je suis très heureux qu’il soit de retour, aussi incroyable qu’auparavant! Il a été fantastique. Après mon parcours, j’ai regardé celui de mon ami Max (Kühner, qui a chuté du podium provisoire après deux fautes de Chardonnay 79, ndlr). Évidemment, j’aurais bien voulu que Simone (Blum, la championne du monde en titre, ndlr) commette une faute pour que je puisse décrocher le titre, mais elle a été loin d’effleurer la moindre barre. Elle a bien mérité son titre.”

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°108.


© Sharon Vandeput/Hippo Foto