L'album photo d'Hervé Godignon

Après son portrait hier, découvrez aujourd'hui l'album photo retraçant les plus grands moments de la carrière d'Hervé Godignon, illustre ancien cavalier de l'équipe de France de saut d'obstacles.



© Bob Langrish

PHOTO À DROITE.

Ici, en finale de la Coupe du monde en 1990 à Dortmund, La Belletière a offert à Hervé sa toute première médaille internationale dès 1989, le couple glanant le bronze par équipes aux Européens de Rotterdam. Dans le quatuor français, il y avait aussi Michel Robert, Philippe Rozier et Pierre Durand.

“Honnêtement, j’ai peu de souvenirs précis de mes championnats et victoires. D’ailleurs, il m’arrive d’accompagner des élèves en concours et de me rendre compte une fois sur place que j’y ai gagné le Grand Prix par le passé ! Je n’ai pas une bonne mémoire des chiffres. En réalité, de Rotterdam, je ne me rappelle que l’excellent marchand de gaufres, dont Bosty doit également se souvenir ! (rires) La Belletière, c’est dix ans de ma carrière. À un moment, j’avais décidé de l’envoyer à la retraite. Quelques mois plus tard, je me suis retrouvé sans cheval pour participer à l’épreuve du Club des Habits rouges (association créée en 1936 pour regrouper cavaliers, propriétaires, éleveurs et autres acteurs impliqués dans le haut niveau national et international, ndlr), qui correspondait à un Grand Prix à 1,50 m, organisée en marge du championnat de France. J’ai alors décidé de ressortir du pré La Belletière, qui n’avait plus concouru depuis un an ! Après un rapide coup de tondeuse et une séance de cavaletti, nous sommes partis à Fontainebleau… et avons remporté l’épreuve ! Beaucoup de gens pensent que Quidam de Revel a été mon meilleur cheval. Pour moi, ce fut La Belletière. Quidam était un vrai cheval de championnats, mais pas un gagnant, contrairement à La Belletière ! Elle a disputé deux finales de Coupe du monde, les championnats d’Europe de 1989 et un paquet de Grands Prix. En 1990, nous n’avons malheureusement pas pu aller aux Jeux équestres mondiaux de Stockholm, ce qui avait fait le bonheur de mon ami Éric Navet (double médaillé d’or avec Quito de Baussy, tout juste âgé de huit ans, ndlr). En plus, nous venions de gagner le Grand Prix du CSIO de Stockholm ! Hélas, ma jument s’est fait une entorse au boulet en trébuchant à la réception d’une rivière au CHIO d’Aix-la-Chapelle. C’est peut-être l’un de mes plus grands regrets, parce qu’elle était alors au sommet de sa forme ! J’ai gardé l’un de ses produits, Highlander One (SF, Prince d’Incoville), qui n’a pas réussi une grande carrière sportive, mais qui a donné de bons produits en croisement avec mes poulinières.”

PHOTO EN-DESSOUS.

Pour ses premiers JO, en 1992 à Barcelone, Hervé Godignon a décroché une médaille de bronze par équipes aux côtés de Michel Robert, Éric Navet et Hubert Bourdy, avant de terminé à une belle mais frustrante quatrième place individuelle.

“La photo a été prise un poil tôt, mais je crois que c’est cet obstacle que j’ai fait tomber en seconde manche de la finale individuelle… Il n’y avait pas les guêtres postérieures à l’époque! (rires) Sans cette faute, il y aurait peut-être eu un film intitulé “Quidam”! Je le répète, bien qu’il soit devenu mythique en tant qu’étalon, Quidam n’a pas été mon meilleur cheval. Du reste, nous n’avons gagné que deux épreuves en quatre ans de collaboration! Il y a eu le Grand Prix de Rome, où nous avions signé le seul double sans-faute, et celui de New York, au terme d’un barrage de folie contre Gem Twist (Ps, Good Twist x Noble Jay), Big Ben (BWP, Étretat x Flevo) et Milton (KWPN, Marius x Any Questions), les cracks de Greg Best, Ian Millar et John Whitaker. Cette première expérience olympique est à la fois l’un de mes meilleurs et pires souvenirs. Nous étions si proches du but… J’avais plus qu’assumé mon ambition de médaille, ayant passé toute l’année à le répéter et admis que revenir sans serait un échec… Et j’ai raté. Je suis resté deux ou trois jours sans pouvoir parler. Quand on est un gagneur, on ne peut pas faire bonne figure après ça, d’autant que je n’arrive pas à cacher mes sentiments, qu’ils soient heureux ou tristes. Nous avions heureusement décroché une médaille de bronze par équipes, ce qui m’a un peu consolé. Il y avait une ambiance fabuleuse entre nous cette année-là. À l’époque, le vivier de l’équipe de France était plus restreint et la majorité de nos compétitions étaient des CSIO, donc des concours par équipes. De ce fait, nous étions beaucoup plus soudés et avions réellement créé quelque chose. Et puis, il y avait de sacrés personnages dans ce groupe! Forcément, je nourris encore quelques regrets quant à cette quatrième place. Pour autant, surtout depuis que je commente des épreuves à la télévision, je me rends compte à quel point il n’y a qu’un cheveu entre un exploit et une contre-performance… C’est parfois un peu frustrant.”

© Jan Gyllensten



© PSV Morel

PHOTO À DROITE. 

Aux côtés d’Alexandra Ledermann, Patrice Delaveau et Roger-Yves Bost, le Normand, en selle sur Viking du Tillard, a disputé ses seconds JO à Atlanta en 1996, terminant quatrième par équipes…

“Ce championnat est certainement l’un de mes meilleurs souvenirs en équipe de France. En raison des incertitudes climatiques, nous sommes arrivés sur place un mois avant l’échéance avec nos chevaux afin qu’ils puissent s’acclimater à la chaleur et l’humidité. Nous avons vécu une aventure humaine incroyable : un mois entier à vivre ensemble, à tourner comme des lions en cage avant le top départ! En plus, nos tempéraments étaient très différents. La Fédération avait loué de superbes écuries et une délicieuse grande maison située près d’un immense lac. C’était fantastique ! Nous étions très rigoureux au travail, mais profitions bien de nos plages de liberté. Nous avions un super bateau à disposition, étions allés sur un stand de tirs typiquement américain, et j’allais jouer au golf de temps en temps. Je partageais ma chambre avec Patrice (Delaveau, ndlr); nous faisions des soirées spaghettis! Ce sont d’excellents souvenirs. La compétition ne s’était pas mal déroulée, surtout pour Alex, médaillée de bronze individuelle (avec Rochet Rouge M, SF, Jalisco B x Le Tyrol, Ps). Par équipes, nous avions terminé au pied du podium, à un rien du Brésil. Viking avait certainement réussi les meilleurs Jeux que l’on puisse imaginer. Il avait d’ailleurs été le meilleur cheval de l’équipe (quatre points un quart puis sans-faute, ndlr) et avait signé l’un des quelques sans-faute en première manche de la finale individuelle. En seconde manche, j’avais écopé d’une malheureuse faute, et le ciel m’était tombé sur la tête… Pendant une fraction de seconde, j’avais perdu ma concentration, ce que j’avais immédiatement payé sur le suivant. Et avec un point de temps en plus, je m’étais éloigné du barrage… C’était une grosse déception, mais cela reste un souvenir fantastique.”

PHOTO EN-DESSOUS.

Les Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle, en 2006, ont été les derniers grands championnats d’Hervé, alors accompagné d’Obélix. La France avait alors pris l’eau… 

“J’aurais pu davantage avancer ma main sur ce saut… (rires) Obélix était un gros nounours, un cheval formidable. Je l’avais fait acheter à six ans par des partenaires à mon ami Olivier Desutter (cavalier professionnel du Nord, sacré champion de France en 2009, ndlr), au départ avec un objectif commercial. Finalement, après un an de collaboration, j’ai dit à ses propriétaires qu’il semblait avoir davantage de potentiel que ce que nous croyions. Je leur ai demandé d’attendre avant de le vendre, ce qu’ils ont fait jusqu’à l’année suivante. Ils m’ont alors fait une fleur en me le revendant au prix où ils l’avaient acheté, et je les en remercie encore. Cela m’a permis de joindre l’utile à l’agréable et de participer à ces JEM. Je ne me doutais pas que ce serait mes derniers championnats car je me sentais en pleine forme. J’ai pris ma retraite sportive quelques années plus tard, en 2011, parce que mes relations avec la FFE se dégradaient. J’étais très en colère, mais je n’en garde pas de remords parce que j’avais cinquante-quatre ans et déjà vécu une belle carrière. Pour autant, je vois bien que John Whitaker ou Ian Millar continuent à des âges bien plus avancés ! Quand il m’arrive de remonter de temps en temps, je me dis que je repartirais bien comme en 14, même s’il faudrait que je perde quelques kilos! (rires) Évidemment, le fait de n’avoir jamais décroché de médaille individuelle reste un regret, mais pas une frustration. J’ai participé à une centaine de Coupes des nations, qui restent mes épreuves préférées. Je me suis construit dans le collectif. Tous ceux qui ont eu l’occasion de s’investir dans ces épreuves le savent. D’ailleurs, je trouve que des cavaliers comme Steve Guerdat et Kevin Staut sont remarquables en termes de dévouement à leur équipe.”

© PSV Morel



© Sportfot

PHOTO À DROITE. 

Hervé Godignon se rappelle avec beaucoup d’émotion, et des larmes aux bords des yeux, de sa rencontre avec Quedge Déenne (SF, Élan de la Cour x Rosire), l’une de ses dernières partenaires en CSI.

“Ma Pépette ! On m’avait fait parvenir une vidéo de Quedge jeune, et je suis immédiatement tombé sous son charme. Je suis alors entré en contact avec Céline Moyaux (son ancienne cavalière et propriétaire gardoise, malheureusement décédée en 2014, ndlr). Nous avons rapidement tissé des liens et Céline, pour laquelle j’avais énormément de respect, me l’a vendue. Après son décès, j’ai récupéré les poulains de son élevage pour aider son papa… Quedge a connu beaucoup de blessures ces dernières années, mais a repris la compétition en début d’année à Oliva avec Julien Épaillard, à qui je l’ai confiée. J’espère qu’elle va réussir son énième come-back ! Pendant sa convalescence, elle s’est reproduite par transferts d’embryons. J’ai deux produits d’elle, âgés de deux et trois ans, dont un par Calypso d’Herbiers (ancienne charismatique monture d’Hervé, ndlr). D’ailleurs, s’il est un cheval de coeur pour moi, c’est bien Calypso ! Il me semblait bien correspondre à Quedge, qui est un peu plus petite que lui et très chaude. Elle m’a également donné un poulain avec Alicante (Holst, Casall x C-Indoctro), l’ancien cheval de Jérôme Guéry. Avec Julien (Épaillard, ndlr), nous avons aussi fait faire un transfert avec Mylord Carthago (SF, Carthago x Jalisco B) l’an dernier. J’aime beaucoup l’élevage.”

PHOTO EN-DESSOUS.

Fin janvier, la Fédération colombienne d’équitation a recruté l’ancien champion au poste de sélectionneur national. Hervé a ainsi succédé à Marcel Delestre et Jean-Marc Nicolas.

“C’est mon dernier challenge en date, après avoir découvert cette fonction au service de la Finlande. J’ai rencontré Carlos et René López pour discuter d’un éventuel projet, puis j’ai effectué un voyage de quatre jours en Colombie pour rencontrer les dirigeants de la fédération à l’occasion des championnats nationaux. Les discussions ont vraiment débuté début novembre à Lyon, et il nous a encore fallu quelques semaines pour finaliser le projet. J’ai signé un contrat d’un an, sûrement reconductible en fonction de la qualification de l’équipe pour les Jeux olympiques de Tokyo. Nous tenterons de décrocher l’une des places offertes cet été aux Jeux panaméricains de Lima, au Pérou. Nous serons notamment en concurrence avec le Brésil, le Venezuela et le Chili, mais je pense que c’est un objectif atteignable. Je connais les Colombiens depuis longtemps, surtout les frères López avec lesquels j’ai monté et que j’ai vus arriver chez Jean-Pierre Vilault (éleveur et marchand alors installé à Notre-Dame-d’Estrées, en Normandie, ndlr). Je connais bien aussi Nicolas Toro, qui a même travaillé chez moi. Et j’ai récemment découvert ceux installés aux États-Unis, essentiellement en Floride. Carlos (López, cinquième des JEM de Tryon et quatrième de la finale de la Coupe du monde Longines l’an passé à Paris, ndlr) a beaucoup de performances à son actif, mais le vivier colombien ne se limite pas à lui, d’autant que nous allons aussi pouvoir compter sur des chevaux en devenir. Je pense vraiment pouvoir monter une très belle équipe!”


© Scoopdyga