“Je suis assez optimiste compte tenu du nombre de couples dont nous disposons”, Thierry Pomel

Nommé sélectionneur de l’équipe de France de saut d’obstacles il y a tout juste deux ans, Thierry Pomel s’active à préparer ses troupes en vue des deux grandes échéances de l’année : les Jeux olympiques de Tokyo et les championnats d’Europe de Riesenbeck. À condition que la situation sanitaire soit clémente, bien entendu ! À six mois du rendez-vous majeur de la saison 2021, le sexagénaire fait le point sur l’état de forme de ses troupes, les étapes clés en vue de ses sélections, la liste préolympique et l’absence de Viking d’la Rousserie et Uccello de Will. 



Comment se déroule cet hiver pour les équipes de France ? 

Les stages fédéraux se poursuivent et représentent une activité intense. Henk Nooren et Barnabas Mandi interviennent auprès de nombreux cavaliers, aux côtés d’Édouard Coupérie (sélectionneur adjoint de l’équipe de France de saut d’obstacles, ndlr) ou de moi-même. Ces rassemblements sont faits pour accompagner, aider et soutenir les cavaliers dans la préparation de leurs objectifs. Il est aussi question de parfaire leur formation dans le travail de fond de leurs chevaux. Nous leur proposons aussi un travail sur les fondamentaux, que ce soit sur le plat avec Barnabas Mandi et à l’obstacle avec Henk Nooren. Ces stages sont très intéressants et permettent de faire passer des messages pour le développement des cavaliers et des chevaux. J’ai également suivi le premier groupe de cavaliers préolympiques en concours complet (Thierry Pomel intervient depuis 2013 auprès de l’équipe de France de complet, qu’il conseille sur la partie jumping, ndlr). Je m’étais engagé auprès de Michel Asseray et Thierry Touzaint (le directeur technique national en charge du complet et le sélectionneur, ndlr) pour accompagner et aider le staff et les troupes jusqu’aux Jeux de Tokyo donc je tiens parole. Les couples du premier groupe que j’ai pu voir mercredi au Lion d’Angers vont vraiment bien. Leur première échéance sera le Grand National de Saumur, fin février. Les chevaux sont en bel état de forme. 

En saut d’obstacles, comment se portent vos troupes ? Le moral est-il bon ? 

Tout le monde est en bonne forme ! Les rassemblements nous ont permis de faire le point sur les chevaux préolympiques et de réaliser la première étape du suivi vétérinaire. Cela a été réalisé par le vétérinaire fédéral Jérôme Thévenot ainsi qu’une vétérinaire néerlandaise. Nous avons ainsi pu réaliser des tests de condition et un contrôle de lactates. Tout cela a été très intéressant. Il s’agit d’un bon point de départ et il y aura d’autres étapes dans ce suivi.  Les chevaux en forme : certains sont déjà repartis à Oliva, d’autres se préparent à aller à Vilamoura ou Vejer de la Frontera. J’espère que ces tournées vont pouvoir se dérouler dans de bonnes conditions. Elles sont d’ordinaire toujours très bénéfiques dans la préparation des couples. En ce qui concerne le moral des cavaliers, nous espérons bien sûr tous retrouver une saison normale. Toutefois, les feux ne sont pas complètement au vert compte tenu de la situation sanitaire. Nous savons que la saison indoor ne proposera rien, nous espérons donc que les tournées dans le sud de l’Europe pourront être bénéfiques à tout le monde. 



“Ma mission est de faire des choix”

Si la saison n’est pas perturbée par la situation sanitaire, quelles seront les étapes clés en vue des sélections pour les championnats ? 

Que ce soit pour les Jeux olympiques et championnats d’Europe, les concours CSI 4* et 5* seront bien sûr de bons repères pour les sélections. Fin avril, il y aura également le championnat de France, auquel j’aimerais que tous les cavaliers participent. Puis il y aura bien entendu les différents CSIO que nous avons choisis en vue d’une qualification pour la finale de la Coupe des nations de Barcelone (à savoir ceux de La Baule, Saint-Gall, Sopot et Rotterdam, ndlr). Il y aura aussi les CSIO pour lesquels nous avons reçu des invitations, à l’image de ceux de Rome, Aix-la-Chapelle ou encore Knokke. Ces concours seront une très bonne préparation et j’y présenterai différentes équipes dans l’optique de réaliser ma sélection. 

À quel type de couple destinez-vous les sélections pour les championnats d’Europe de Riesenbeck, programmés du 30 août au 4 septembre à Riesenbeck, dans les installations de Ludger Beerbaum ? 

Je vais procéder par étape et dans un premier temps me concentrer sur les Jeux olympiques, pour lesquels l’état de forme du moment sera bien sûr primordial. L’échéance se rapproche mais nous sommes encore à presque six mois de son coup d’envoi. Dans un premier temps, nous allons voir comment les chevaux débutent leur saison et de quelle façon ils évoluent pour arriver à l’évènement. Ceux qui concourront aux Jeux olympiques ne pourront bien sûr pas participer aux championnats d’Europe. La sélection dépendra de ce qu’il se sera passé à Tokyo. Je suis assez optimiste compte tenu du nombre de couples dont nous disposons. J’ai aussi à l’esprit l’idée qu’il faut penser au futur et aux championnats du monde de 2022, ou même aux Jeux olympiques de Paris 2024. Cela pourrait donc être l’occasion de donner la chance à des couples d’avenir. 

La Fédération française d’équitation a récemment publié la liste des neuf couples susceptibles d’être sélectionnés pour les Jeux olympiques. Comment celle-ci a-t-elle été composée ?

Cette liste a été dressée par rapport à l’expérience des cavaliers et de leurs chevaux. Elle s’est basée sur les participations à des concours de niveau 4* ou 5*. Celle-ci n’est absolument pas définitive et d’autres couples en sont très proches. Mais je suis sélectionneur, j’ai pour mission de faire des choix. Choisir, c’est renoncer. Je n’ai par ailleurs pas voulu dresser une liste trop élargie, car j’estime que je ne suis pas là pour faire croire à des gens qu’ils peuvent aller aux Jeux olympiques alors que ce n’est pas le cas. Ce rendez-vous est ce qu’il y a de plus grand dans notre sport. 

Dans cette liste, seuls trois chevaux ont déjà participé à un championnat. Comment jugez-vous l’expérience de ce groupe ? 

Je crois que nous n’avons rien à redire quant à l’expérience et au métier des cavaliers qui y figurent. Tous participent à des concours de très haut niveau et des championnats. Celui qui a pris part à moins de championnats en Seniors est Julien Épaillard. Mais il dispose d’une expérience immense et sait ce qu’est la définition d’une équipe.  



“Pour Viking, les choses sont en train de se définir”

Simon Delestre l’a confirmé à GRANDPRIX, il ne montera plus Uccello de Will. Comptiez-vous sur ce cheval puissant pour défendre les couleurs de la France en championnats ? 

Je dirais que tous les chevaux qui concourent à très haut niveau et qui obtiennent des performances sont susceptibles de m’intéresser. Il faut aussi savoir ce qu’est un cheval olympique. Cette échéance nécessite un cheval capable d’enchainer les épreuves et avec une santé physique irréprochable. Uccello s’était fait mal à Sopot (en juin 2019, ndlr) et on l’a assez peu revu depuis (en 2020, l’alezan a concouru dans sept concours, ndlr). Bien sûr, j’ai des regrets à chaque fois qu’un cheval disparait du piquet d’un de nos cavaliers français. Cela m’ennuie, mais je sais que d’autres chevaux arrivent et je me tourne vers l’avenir. Le cours de notre sport est ainsi fait ; les chevaux changent de selle, de propriétaires, doivent être arrêtés… Pour pallier à cela, il faut toujours en avoir de plus jeunes en préparation. Nous comptons d’ailleurs beaucoup de chevaux de huit ans très intéressants pour l’avenir. 

Kevin Staut n’est présent dans cette liste qu’une seule fois, avec Tolède de Mescam*Harcour. Pourquoi n’est-il pas en lice avec son meilleur cheval Viking d’la Rousserie ?

Comme l’a rappelé la directrice technique nationale Sophie Dubourg, tout n’est pas fermé et je ne veux pas faire d’effet d’annonce. Tous les chevaux qui ont été recensés dans cette liste préolympique l’ont été car les choses sont bien définies avec leurs propriétaires. Dès lors qu’il y a un doute ou une ambiguïté, le couple n’est pas annoncé, ce qui est le cas avec Viking. Les choses sont en train de se définir. Je le rappelle, des couples qui ne sont pas sur cette liste peuvent finir par l’intégrer. J’espère en tout cas que les choses vont bien se définir pour que l’on puisse annoncer Kevin avec Viking. Cela fait l’objet de discussions et d’échanges avec Kevin, qui suit cela de près et qui nous donne régulièrement des nouvelles. 

Que peut-on vous souhaiter pour cette saison ? 

J’ai hâte que tout reparte et que la situation sanitaire revienne à la normale. Concernant ce Covid-19, j’espère que les choses vont aller dans le bon sens de façon globale, pas uniquement pour notre petit monde.